Concorde, sous-sol, 16h30.
A l’entrée du long couloir, une femme mince se tient droite, les deux mains sur la valise qu’elle a posée devant elle. Elle pourrait hésiter sur la direction à prendre mais non. Elle pleure. Pas de chaudes larmes, non – des larmes presque sèches.
Alors du fond du couloir montent les notes d’un orchestre folklorique slave. Je m’arrête, moi aussi, puis je prends le couloir où résonnent l’accordéon, la contrebasse et les voix graves. Et c’est vrai qu’il sont bons que c’est beau. Maintenant je sais pourquoi la femme pleure.
Et c’est encore plus beau de les entendre en sachant que derrière, à quelques mètres, cette femme est encore là, immobile au pied des marches – comme ces scènes peintes qui nous sont révélées par un personnage dans un coin du tableau.
Puis l’orchestre passera à des danses plus rapides, et au loin je verrai la frêle silhouette se détourner. La magie s’éclipsera doucement.
De retour chez moi j’écris cette note en écoutant l’orchestre sur un CD auquel ne manquent que les murs d’un couloir du métro. J’ai monté le son pour mieux revoir le visage de la femme. Je ne pleure pas parce que je suis un homme parce que mon âme est sèche occidentale, mais je trinquerais bien à la vodka.
C’est étonnant, la nostalgie de rien. Mais c’est beau.
Commentaires
Bah, c'est balo, t'eusses du prendre le métro avec les filles que t'avais emmené pour le woody allen....
Moi et les chansons tristes ça fait 2.
...
Ah ben non, ça fait plus que 2... Ouh les maths !
A la vodka, tu m'étonnes..
(J'ai vu le Vicky Christina Barcelona)
(Tu vois qd je disais que la plus prude du groupe se faisait toujours avoir)
> Castor : ha ha! je leur passerai la bo
> Bon sens : ... mais je n'ai pas dit que la musique était triste!
> Mathilde : juste un doigt, hein...
(la moins prude ne s'en sort pas mieux, si ?)
(faudra qu'on en reparle)
La nostalgie de rien… J'aime bien ça… Parfois, c'est encombrant (parce qu'il y a aussi la nostalgie de tout), mais c'est délicieux la nostalgie avec son petit basculement vers la folie si on n'y prend pas garde…
Emotion bien rendue. Ca m'a fait le coup le le 26 août dernier, place d'Italie, lors de la comémo de la libération de Paris, avec les 3 élus de quartier, la fanfare municipale du XIIIe et la Marseillaise, les deux anciens combattants et leur couronnes de fleurs. Je passais par là par hasard, je suis restée scotchée, une émotion incroyable. Me suis sentie balotte mais c'était bon aussi. A bientôt.
Tiens, à propos de métro (ahum), j'ai profité d'un déplacement en TGV pour lire ta nouvelle trainesque.
Tout ceci rend mes déplacements plus mornes encore !!!
> Ficelle : juste, sur la "nostalgie de tout" (j'ai des garde-fous solides ;)
> Blabla : l'empathie a des moments étonnants... (attention, bientôt le 11 novembre!)
> CUI : mais je n'entends pas rendre les voyages mornes, dis-donc ! ;-)
Magnifique!
(tu écris ?) (chut) (c'est ça le garde-fou, hein?) ;-)
> C. Sauvage : (oh! merci)
> ficelle : si je n'avais que celui-là je tournerais vite chèvre...
mais qu'est ce que tu faisais dans les soutes du Concorde à cette heure là ??
et si les muses hantaient les sous-sols ?
> Gondolfo : ... du tourisme, bien sûr!
> CQ9 : elles sont partout...
Pour info, j'ai répondu au fameux "I love your blog" qui circule en ce moment dans la blogosphère et tu es dedans. Voila.
Joli.
Une vodka, quand tu veux, pour parler de nostalgies de rien.
> CQ9 : well... merci ! (avec autant de relations, on va croire que c'est du piston)
> Ecaterina : à mon retour des pays du schnaps, ce sera parfait!
Il écrit vachement bien le bougre, par contre question station de métro c'est moins bon.
Il ne faut jamais fréquenter Concorde car cette station est dangereuse. Et ce truc en est une bien belle preuve.
Il suffit de lire la plan du métro secret pour savoir quelles stations éviter.
Bien le bonjour néanmoins même bonsoir puisque il fait déja nuit.
Tu me le montreras, ce plan du métro secret ?
(Salutations! Je rentre dans 15 jours, on causera crêmerie, aussi ;)