Il y a des gens qui commencent dans un quartier populaire, finissent au Flore et appellent ça Réussite. Pour ce blog, c’est un peu l’inverse : il aura commencé après un happening improvisé au Flore (en mettant en feuilleton cette histoire, là), et s’amuse maintenant dans les couloirs du métro. Et dans un quartier populaire, où il se sent bien mieux.
Pour les livres, c’est un peu pareil.
Quand j’ai ouvert le premier blog, j’étais en train d’écrire "Eliminations directes" - que j’appelais déjà "Truc" mais pas encore "Truc n°1". J’avais mis quelques extraits du travail en cours. Puis un coup de téléphone de Dominique Gaultier, du Dilettante, et c’était parti. L’annonce, la signature du contrat, la recherche du titre, la couverture, la sortie… De tout ça j’ai parlé, je crois, mais de façon un peu cryptée. Pour les initiés, en quelque sorte. L’air du temps commandait aux jeunes auteurs d’ouvrir le "blog-du-livre", de faire leur propre pub, et je n’en avais aucune envie. Le livre aurait sa vie propre, sans ce blog (et l’attachée de presse du Dilettante était parfaite (salut Claire)).
L’une des rares étapes dont j’aie parlé vraiment, pour Hors jeu, ce sont les dédicaces aux journalistes. Parce que c’était vraiment amusant, en fait. Et depuis trois ans, chaque mois, des internautes anonymes tombent ici en tapant exemplaires de dédicasse ou exemple de dédicace sur Google.
Ensuite, il y a eu Truc n°2. Une histoire dont j’avais eu l’idée il y a dix ans, et dont je pensais faire une petite fable amusante.
Je ne crois pas en avoir parlé ici. Peut-être parce que je n’ai pas réussi à m’amuser tant que ça en l’écrivant. Peut-être aussi parce que l’histoire, même si elle me plaisait beaucoup, parlait de livres, de librairies, de courants littéraires – le genre de sujet dont je me fous plutôt, d’habitude. J’avais même écrit par avance la note de blog qui aurait accompagné la sortie du livre. Je me souviens d’une discussion alors avec Philippe Jaenada, qui me parlait de "livres qui nous ressemblent". C’était si juste. J’aime les romans de Phj parce qu’ils lui ressemblent. Et Truc n°2, sur certains plans, ne me ressemblait pas.
Bref ! Je l’ai donné au Dilettante en mai 2009, et ai essuyé un refus très sympathique mais très ferme de Dominique G. (c’est un important pour un éditeur, j’imagine, que de savoir refuser un manuscrit avec classe ; si j’en crois ce que j’entends ici ou là, ce n’est pas donné à tout le monde). Un bon petit coup derrière la tempe, quand même. Exit n°2, donc.
Dans le même temps, j’avais commencé à donner des cours d’alphabétisation (pardon : un atelier sociolinguistique) dans un centre social du XIXe (arrondissement). Le genre de truc qui me ressemble beaucoup plus, en fait. J’aurais pu en faire ici quelques notes qui auraient senti bon l’énergie que je retrouvais après chaque cours ; je ne l’ai pas fait parce que la grande Lidell, qui préparait la création de rue fromentin, m’avait demandé d’écrire un livre dessus. Et que la maison se crée ou non, je le sentais bien, ce livre. J’en avais déjà le titre, pour une fois. Ce ne serait pas vraiment un roman, pas vraiment un témoignage, mais quand on sent bien les choses on peut se foutre des problématiques de chef de rayon.
… Et donc le voilà, ce "B.a.-ba".
Juste avant Noël, avec l’attachée de presse (France!), j’ai dédicacé le livre à quelques journalistes. Décidément, l’exercice n’est pas déplaisant. Certaines de ces dédicaces ressemblaient plus à des hommages qu’à des "envois" classiques, mais après tout, on n’a pas si souvent l’occasion d’écrire à des gens dont on respecte le travail.
Je me souviens bien du moment où j’ai dédicacé le livre à Audrey Pulvar. C’était en pleine "affaire Montebourg", France Inter venait de lui retirer une chronique et j’enrageais de la voir mise dans le même sac que certaines consœurs plus présentatrices que journalistes… J’avais écrit, donc, sans oser rêver que sur France Inter on parlerait de…
… Et puis, si.
Dire que ce matin j’avais éteint la radio à 8 heures…
Merci à tous ceux qui m’ont signalé cette chronique.
Vous comprendrez qu’après ça je ne vous parle pas trop du livre. Audrey Pulvar le fait tellement mieux que moi.
... Et l’histoire ne fait peut-être que commencer.
J’ai podcasté aussi la météo.
Ils annoncent un temps petit-nuageux sur le nord de Paris.
Commentaires
Très sympa cette mise en ligne du back off de l'écrivain qui se doit évidemment d'écrire un second livre quand le premier a bien fonctionné.
Bonne route :)
Comme quoi Audrey a tort de se plaindre et qu'il n'y a pas que la politique qui compte.
Bravo, je sens que ce livre sera un succès !
je vais acheter ton livre. cool, non ?
> Bon sens : merci! je vais essayer de regarder devant ;)
> pandore : hé hé... inch'allah, te diraient (laïquement) nos élèves!
> ctoileblog : cool ! ^
C'est bien tout ça ! À lire, donc… Et à suivre ;-)
J'ai une question !
Tu dis que tu avais mis en ligne des extraits du bouquin bien avant qu'il ne devienne un bouquin. Je l'ignorais puisque j'ai lu ton livre sans savoir le début de l'histoire.
Mais bon, bref, ma question est la suivante :
quand toi, ou d'autres (car cela se fait également sur d'autres blog) mettez en ligne des extraits (dans l'ordre ?) de votre manuscrit, n'avez-vous pas peur qu'un écrivain en mal d'inspiration vienne les piquer ? Ou s'inspire très très largement de l'histoire si elle est originale ?
je vais vendre ton livre (à défaut d'en faire un billet...) ! cool, non ? ;-)
(j'en ai déjà parlé aujourd'hui parce que d'habitude, on a toujours un jour d'avance sur les sorties officielles mais là, comme par hasard, alors que je t'attends toi et Marcus, même pas...)
Hors sujet total: qu'est-il arrivé à "et si nous prenions un peu de hauteur ?" (comme quoi on voit quand même que la ligne a changé)
J'ignorais tout de l'origine de ce blogue. Très intéressant.
J'aime surtout venir vous lire. co pas noté l'adresse de votre blogue sans raison!
Accent Grave
Je rêve que mon SMS (ou un autre d'un(e) Lucky Luke du texto) soit arrivé à temps pour que tu aies l'occasion d'entendre un bout d'Audrey en live, parce que le boum boum du live, c'est autre chose que le clic clic clic du podcast.
> ficelle : pourquoi donc pensé-je à Nathalie Sarraute en lisant ce commentaire? ;-)) (merci!)
> Bon sens : je n'ai jamais pensé à ça - tout comme je n'ai jamais pensé à protéger ce que j'écrivais. Les idées vraiment originales sont rares, en fait, et elles se dévoilent rarement en un extrait...
(... cela dit, si j'ai une idée vraiment originale, c'est certain, j'attendrai d'avoir fini d'écrire pour en parler!)
> Emeraude : cool, oui! ;-)
(tu me diras quand il arrive ?)
> Netzah : ha! un jour d'automne mon oeil est tombé dessus et je me suis demandé qui était le con prétentieux qui avait écrit ça ;)
(welcome back!)
> Accent grave : merci !
(je franchis régulièrement l'océan grâce à vous)
> CUI : ton rêve est devenu réalité - le temps de retourner à la radio, j'ai fugacement entendu mon nom, puis le téléphone a de sonné... atmosphère irréelle (c'était une belle matinée^)
Je vais te lire aussi, et avec un grand sourire joyeux. (B.A. - ba comme baba, donc.)
Je trouve que Pulvar a été mieux que Dunlopillo.
(J'y peux rien, son nom me fait penser à une marque de matelas)
on va payer tout cela en champagne surtout.
Quand tu m'as parlé de ce livre, je me suis dit que tu tenais là un sujet en or !
> Sophiek : allô maman baba, oui ! pour le sourire, j'espère bien ! ;)
> ex-hf : tu bullais sur ton matelas mardi matin ?
(oui, yes, ja, aiwa)
> Aymeric : dire que si on me l'avait pas demandé je n'aurais sûrement pas eu l'idée d'en faire un livre...
Hé bien mon libraire de Nanterre avait mis ton livre bien en évidence sur la table des livres stars du moment, et pas juste pour faire joli, même si la couverture est très jolie (et pas frime, juste, vraiment très jolie). Ni à cause d'Audrey Pulvar d'ailleurs. Sans doute parce qu'il donne lui aussi, m'a-t-il dit, des cours d'alphabétisation dans le XIXè (siècle aussi).
Je l'ai donc acheté, ton livre, et je t'en dirai des nouvelles.
(C'est Clara qui va être contente, peut-être un peu déçue de de voir partager la scène avec d'autres apprentis).
Au lundi 24 quoiqu'il en soit...
Bravo.
Tiens, nos métiers se ressemblent dirait-on. Jusqu'à mon futur retour à Paris (j'allais dire à la civilisation.)
> Isa : Clara est presque assez grande pour comprendre qu'elle doit partager un peu, non ?
(elle aura un exemplaire rien que pour elle ;)
> Dérobée : merci... je repense à cette demoiselle de 17h54, et ce manuscrit dépassant de son sac.
Profitez de la mer, la civilisation (j'allais dire je) vous attend
En ma qualité de fan d'Audrey Pulvar, j'approuve ce billet.
Non, sérieusement, très beau compte-rendu d'un parcours qui semble lui-même pas moche du tout.
(ah zut, ça fait un peu éloge funèbre, le parcours au passé). Donc: bonne suite de livres à ta ressemblance!
Merci Marco ! On va tenter de se ressembler, tandis que d'autres cherchent désespérément à rassembler.
Et que toutes les Colères retombent... ^
J'ai envie d'écrire des jolis mots sur l'admiration et l'amitié mais si j'ai bien compris, on nous regarde...
Dites-donc, jeune homme! Il y a des endroits pour ça.