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  • Le courage de Suppr

    Un des dangers, quand on écrit un roman, c'est d'avoir quelque chose à dire. Quelque chose de précis, j'entends. Parce qu'on est toujours tenté de faire détour pour placer telle ou telle idée, et cela se fait presque toujours au détriment de la force narrative.

    Parfois, miracle (ou talent) (ou travail acharné ?), l'idée se coule parfaitement dans l'histoire. Parfois même la grâce est là et l'idée devient histoire. A défaut, il faut savoir abandonner - avoir le courage de la touche Suppr.
    - T'as raison, vivre dans le Suppr, c'est pas si facile, mais au fait pourquoi tu nous racontes ça ?
    - Parce que cette idée que je n'arrive pas à placer, je pensais la mettre ici.
    - Fais comme chez toi.

    La voilà, donc, l'idée. Au cœur du Truc en cours, à plus d'un titre.

    « Il faut autant de travail pour écrire un mauvais roman qu'un bon. »
    (A. Huxley)

    Allez, au boulot.

  • Mais quel est ce système qui siffle sur nos têtes

    Pendre banquiers et traders haut et court ? C'est tentant. Mais...

    « La mondialisation financière n'est un pas un phénomène cosmique. Elle s'est imposée par une série de décisions réglementaires, de lois, de directives. Qui sont les architectes du système actuel ? Ce ne sont pas les banquiers, mais les gouvernements. Et qui sont les propagandistes qui parachèvent l'œuvre des architectes ? Ce sont les experts, et les médias qui donnent la parole à ces experts. »
    (Frédéric Lordon, économiste, CNRS)

    L'ensemble du raisonnement est ici (n'hésitez pas à passer les 4 premières minutes). Un bon sens rare et salutaire sous l'outrance rigolarde, mais négligeant sans doute les forces à l'œuvre en coulisses.
    On pourrait le compléter par cette phrase-là - elle est signée d'un initié :

    « La lutte des classes existe, c'est un fait, mais c'est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter. » (Warren Buffet, 2006)

    Rien à ajouter, votre honneur.

  • Parlez à vos voisins

    Ligne 4, 22h15

    Dans mes mains, le très bon Glu, d'Irvine Welsh. A côté de moi un Chinois est plongé dans une grille de sudoku. Les Chiffres et les lettres.
    Non loin de nous, un type debout, l'air très (trop) sérieux. Man on a mission.

    Soudain au-dessus de nous un claquement. Mon Chinois sursaute. C'est une pub qu'on vient d'arracher, me dit mon petit doigt niché au fond de l'oreille. Il a raison : déjà le type qui avance d'un pas décidé dans la rame et s'apprête à arracher la pub Closer pendue au plafond.
    Dans les yeux de mon voisin, je lis la peur, alors je le rassure, lui explique les antipub, tout ça. Le voilà perplexe. Il traduit pour la jeune femme qui l'accompagne, elle me lance un regard interdit.
    Maintenant le gars est au fond de la rame, il attend un peu pour décrocher les deux pubs PriceMinister ("Revendez vos cadeaux"). Calme avant la tempête, mais bientôt un arrêt en station et hop ! il passe à l'action. Mes Chinois sont choqués. Je rigole.

    Deux minutes plus tard, je lève la tête. Notre terroriste n'a pas arraché les pubs, il les a retournées. Maintenant sur fond blanc apparaît cette inscription - « Parlez à vos voisins ». Je tapote sur l'épaule de mon Chinois, lui montre, il déchiffre. Cette fois, il rit (non, pas jaune).

    Bien joué, gars. Souris, la prochaine fois, toi aussi.

  • Délassement

    « Le meilleur du travail de l’écrivain, comme n’importe quel artisan, vient après qu’on a surmonté la première lassitude. A cette lassitude succèdent l’entrain et une véritable capacité de travail. »
    (Victor Chklovski, Technique du métier d’écrivain, 1927)

    Ok, ok... Sur ce je file me délasser. Glander un peu avant de mettre le bleu de chauffe. Le combat contra la lassitude sera sans gland.
    Qu'elle se tienne à carreaux, comme dirait mon carnet si je le remplissais.

  • Avoir la cote

    16h40, Bibliothèque municipale.
    Au guichet "Renseignements", un fringant quinquagénaire explique qu’il ne trouve pas le livre qu’il cherche sur la sociologie de la séduction.
    - Hum… Vous avez la cote ? demande la bibliothécaire.
    - Euh… non.
    - Ah.
    Mais elle va voir ce qu’elle peut faire.

  • Expériences du bout du monde

    A l’est, une rue déserte et des volets clos. A l’ouest, la mer. Devant soi, du papier et du temps. Et tout plein d’expériences nouvelles à tenter.

    - Dire bonjour en entrant dans le pub.
    - Lire les pages locales de La Voix du Nord (annonce de la Saint-Valentin : "ton amour est aussi doux et sucré qu’une bonne crêpe dessert" - à lire avec l’acchent).
    - Acheter Le Figaro et Aujourd’hui Sport (le concept en bref : regarde la télé, fais-en un journal).
    - Décoder le langage des mouettes
    - Passer vingt minutes sur un cheval à bascule
    - Inventer des cocktails home-made (whisky-mandarine, une réussite)
    - Lire Jasper Fforde (Sauvez Hamlet) trois heures de suite, se lever avec une crampe et une idée. Faire passer l’une, rebondir sur l’autre.
    - Marcher sur une plage enneigée.
    - Ecrire vite et bien (avoir l’impression d’)
    - Retourner au café, saluer machinalement ; se rendre compte qu’il n’y a personne.
    - Couper à travers le jardin en broussailles d’une maison aussi vide que ses voisines ; se faire attendre à l’autre bout par la voiture de police qui n’attendait que vous.
    - Se dire qu’on va le finir, ce putain de bouquin.
    - Relire Courrier International avec du Nutella ; se demander pourquoi on ne ferait pas pareil à Paris.
    (tiens, oui, pourquoi ?)