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  • Loin

    Ça faisait un moment déjà qu'il m'agaçait, ce Truc#2, à reculer quand j'aurais voulu avancer.
    Alors j'ai choisi la méthode mafieuse.
    Je lui ai dit Viens, tous les deux on va faire un tour.
    On va discuter gentiment, les mots vont commencer à dépasser notre pensée et je lui vais lui mettre mon point final dans la gueule.
    Salutations à durée indéterminée.

     

  • Une nuit

    Une demoiselle très estimable me raconte qu’elle a lu Hors jeu en une nuit. Elle ne s’attarde pas à commenter, elle a raison.
    C’est exactement pour ça qu’on écrit des livres, non ? Que des gens que vous estimez (ou pourriez estimer) passent une nuit avec vous.
    (ou plusieurs - soyons fous)

  • Well done

    1190118-1546476.jpgLe cinéma engagé, aurait dit Sartre (qui pourtant), c’est du mauvais cinéma, et de la mauvaise politique. Mais avec Philippe Lioret j’étais confiant. L’engagement était dans le choix du sujet, pour le reste il s’agissait de cinéma, pas d’Eric Besson.
    Il aurait pu rater son affaire, cela dit. Ou se contenter d’une émotion efficace – le genre de film-choc dont on cause après la séance avec des mots un peu creux, chacun dans son style, mais globalement variante autour de ces deux thèmes de base : "Qu’est-ce que c’est bon" ou "Whaouh c’est fort", avant de passer à autre chose.
    Mais là non. Le film est allé plus loin. En sortant aucune envie de commenter la forme mais plutôt de parler du sujet, de sortir de la caverne, de se demander si, d’aller chercher les réponses à l’intérieur.
    Envie de dire Merci plus que Bravo.
    (Mais oui c’est bon, et oui c’est fort)

  • La librairie de demain ?

    Vendredi 14 heures, Salon du livre. A côté des stands rutilants des livres électroniques, ce panneau alléchant  - police futuriste et gros caractères:

    "La librairie de dem@in"

    Je m'avance - enfin je vais savoir.

    A l'entrée du stand, un écran plat diffuse en boucle un programme mou; sur une table, une caisse enregistreuse futuriste, comme figée au moment où elle commençait à peine à cracher un ticket de caisse.
    Derrière s'étend un grand espace.

    Il est vide.

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    EDIT 18/3 - Toujours aussi vide hier soir, la librairie de dem@in. Sauf qu'un joli petit couple s'embrassait sur une des tables.
    Non loin de là sur une estrade un auteur professait que le travail sur la langue, il n'y a que ça de vrai.

  • Vingt ans et une seconde

    film2.jpgLe fond est arc-en-ciel, la police est sympa. Quant au message, il s'inscrit clairement dans ce courant néo-bureaucratique dont les historiens diront sans doute qu'il a connu son âge d'or en France au début du XXIe siècle.

    Une seconde de perdue en station = du retard sur toute la ligne

    Le néo-bureaucratisme, c'était la névrose cool, notera sans doute une rétropsychologue, qui pointera le fantasme mécaniste du fonctionnement parfait et l'empreinte névrotique du temps réel (une seconde, quand on y pense, c'est 100 centièmes, pas un de moins - c'est énorme).

    En poussant leurs recherches, les historiens noteront que ce courant s'est développé sous une double influence : Brazil pour le fond, les Bisounours pour la forme.
    Ils dateront des années 1990 les premières tentatives de l'avant-garde néo-bureaucratique, avec ce chef d'œuvre : la série "Moi aussi je valibus".
    "Valibus", apprendront les étudiants, signait l'avènement de la signalétique primesautière et l'ascendant pris par les premiers communiquants sur les opérationnels (en marge des manuels, on indiquera que le manifeste totalitaire On va tous les communiquer date de cette même époque).
    La grande force de cette signaléthique, souligneront les historiens de l'art, réside dans sa profonde et géniale inutilité (combien de jeunes garnements auront pris le réflexe d'acheter un ticket au conducteur en lisant Moi aussi je valibus ? Les archives de la RATP parleront sans doute. En attendant, nul doute qu'il était important (campagne d'image) de rappeler à ceux qui avaient pris leur ticket qu'on était content d'eux, youpi, tu reprends du Banga, gentil voyageur ?)

    En poussant leurs recherches, les historiens lèveront sans doute quelques lièvres. Ils exhumeront quelques comptes-rendus de réunions, où des managers sans cravate entendaient "casser les codes" et "prendre la parole autrement". Peut-être même retrouveront-ils la vidéo d'un jeune diplômé zélé suggérant de parler comme les vrais gens. Ils déterreront aussi ce sympathique petit lapin qui risque de se pincer très fort s'il met les doigts sur la porte. Certains se demanderont si ce n'était pas là la première manifestation du néo-bureaucratisme, mais non. Situé à un mètre du sol, le petit lapin, lui, était clairement destiné aux enfants.
    Les sémiologues eux aussi analyseront le discours de ces grands artistes. Ils noteront qu'ils prenaient surtout le taxi. Ils parleront peut-être de peur du petit peuple qui prend le bus, ou de mépris - les deux sans doute. Ils noteront aussi qu'à compter de 1990, avec la victoire définitive des communiqueurs et des juristes, les entreprises de transport avaient cessé d'envisager de parler normalement à leurs usagers clients, qu'elles n'utilisaient plus que la voix qu'on prend pour parler à des enfants - et encore, la version pour gosses un peu simplets, genre "comme c'est mignon cette faute de français". Le petit lapin n'a pas mué.

    Dans leurs conclusions, les historiens se foutront bien de nous.
    Enfin, on peut l'espérer.

    (PS - si certains ont les visuels correspondants, pour une fois je suis preneur. Merci)

  • Quelquefois, en cravate

    302109.jpgUn bureau qui domine Paris, une table ovale, quelques bouteilles d'eau, des gobelets et des chemises bien repassées dans lesquelles attend un ordre du jour.
    M. Machin est déjà là, les autres aussi, on attend M. Truc.
    - Vous reprendrez du café ?
    - Et alors, avec la crise tout ça, ça va ?

    Enfin M. Truc arrive. Tous ensemble nous nous asseyons, ouvrons les chemises, entamons un tour de table. M. Untel ouvre la voie, Mlle X est en jupe mais la vie est tailleur, Mme Bidule fait court (sans sucre), M. Machin parle en cravate grise, M. Truc conclut en cravate rose. Il parle mollement mais s'écoute intensément. Il est hors-sujet bien sûr mais il laisse entendre qu'il reviendra sur ses pattes, attention écoutez-moi bien ce que je dis m'intéresse.

    Personne ne coupera M. Truc, alors chacun s'affaire. M. Machin desserre sa cravate, Mme Bidule ressert de l'eau, d'autres regardent par la fenêtre mais Paris est sous le brouillard, alors on regarde les feuilles devant soi, on se dit que le temps est pourri et surtout, surtout, que le temps est long, on a cru un instant que M. Truc allait conclure mais non, le voilà qui repart, et donc mon deuxième point...

    Quand soudain M. Machin se lève, la bouche ronde et l'œil enfantin, le doigt pointé vers la fenêtre :
    - Oh ! Regardez, un arc-en-ciel !

    Et c'est vrai qu'il est beau, et Paris qui sourit. Trois minutes d'extase collective loin de l'ordre du jour, certains se sont levés. Mlle X a repris des couleurs, elle rappelle que notre temps est compté. M. Machin se penche vers M. Truc.
    - Pardonnez-moi, je vous ai coupé.
    - Oh non, j'avais fini je crois.
    Puis il ôte sa cravate, et la vie continue.

     

  • Pendant les travaux... etc.

    proposition_TRIANGLE_TRAVAUX_tcm17-48458.jpgEn attendant...

    « Les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu'écrit la raison » (Gide)

    et en rappel :

    "Etre raisonnable par nature, mais déraisonnable par conviction"
    (E. Desplanques)