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  • 60 millions de commentateurs

    Note écrite la semaine dernière et laissée en plan pour raisons techniques
    C'est ça aussi, le recul sur l'actu.

    Pas facile de trouver sa voix.
    Certains passent leur vie à la chercher, avec plus ou moins de bonheur (pour les autres), d’autres préfèrent peinards emprunter la voix de quelqu’un d’autre. Celle de papa, par exemple, ou d’une autre personne qui nous aura marqué.

    Depuis l’explosion des médias, on peut aussi suivre la voix de quelqu’un de connu. Attention, il ne s’agit pas d’imiter, juste de s’inspirer. Un peu comme on adopterait le style vestimentaire de Curt Cobain, les moues étudiées de Lady Gaga ou la gestuelle gracieuse de 50cent.

    Evidemment, on adaptera ses modèles selon les circonstances.
    A l’écrit, on ne compte plus les écriveurs qui se sont "inspirés" du style Beigbeder – name-dropping, jeux de mots décomplexés, réflexions désabusées en passant, longs paragraphes faussement malins conclu par une phrase destinée à un dictionnaire de citations.
    A la limite, pourquoi pas.
    Et à l'oral...
    Ce dont je me suis rendu compte, cette semaine, c’est du nombre de personnes qui, à l'oral, empruntent des voix de commentateurs TV. Un formatage particulièrement pratique pour tous ceux qui n’ont rien à dire mais qui tiennent à le dire quand même.
    Exemple tout à l’heure sur un forum Internet, en regardant un match de Wimbledon, ce type qui a trouvé sa voix en suivant les pas de Lionel Chamoulaud :

    Soderling est tout prét de la corectionel

    (Merci, Knacki68)

    Et l’autre jour, l’exemple incroyable de ce jeune bcbg de 17 ans, président d’un syndicat lycéen, qu’interrogeait le journal de France 2, en pleine affaire du bac - écoutez juste quelques secondes et dites-moi que vous pensez à la même chose que moi :

    (NB – si vous avez tout écouté (j'en doute), vous aurez peut-être noté que contrairement aux apparences, sur la question posée il ne dit à peu près rien)

    Allez, nous voilà prévenus : les politiciens de demain parleront comme des journalistes de Capital.
    Vivement après-demain ?

  • Etonnants Voyageurs

    On1269533238_17930154_4-SAINT-MALO-T2-SUR-LA-CHAUSSEE-DU-SILLON-DE-SAINT-MALO-TRES-BELLE-VUEMER-plage-a-8-metres-Immobilier-1269533238.jpg m’avait déjà prévenu, que ce festival était spécial. Je m’en suis rendu compte dès le départ. 7h du matin, gare Montparnasse, et pas un écrivain pour râler – j’ai cru un instant que je m’étais trompé de quai.

    Dans le train derrière moi, une inconnue évoquait ses dernières productions. J’écris aussi de petites formats courts qui plaisent beaucoup, disait-elle.
    Dans le silence des siestes matinales montait aussi, depuis le siège de devant, la voix de Maylis de K., aussi incroyablement douce que sa plume peut être tranchante. Quand je t’ai connu, tu semblais triste, confiait-elle à son voisin ; je pensais que c’était cette soudaine médiatisation…
    Je suis resté sagement à ma place, mais j’avais choisi mon camp.

    Un petit tour sur les remparts de Saint-Malo, et zou, vers 14 heures commençait vraiment le salon.
    Je vous épargne les détails, mais en vrac, on retiendra l’accueil de la Droguerie de Marine (au plaisir!), les sourires bretons sur le stand, l’énergie tranquille d’Oxmo Puccino en milieu d’après-midi, les bonnes ondes charriées de bout en bout par les allées du festival, quelques lecteurs venus "spécialement pour vous" et d’autres, plus nombreux, arrivés là par hasard, attirés par une couverture, un titre ou des regards qui se croisent en silence, les bonnes ondes, toujours, et le plaisir étrangement renouvelé de la dédicace. Les yeux grands ouverts de David Vann, et le coucher de soleil au bord de l’eau. Manon Loizeau et les étudiants iraniens, un lundi matin, pour se sentir tout petit mais gonflé d’énergie. Le Muscadet, bien sûr, Madame France et Monsieur Robert, une grande blonde au comptoir et une petite brune au téléphone. L’Amérique et l’Afrique autour d’une douzaine d’huîtres. Et pour compléter le tableau, trois marins polonais s’effondrant en pleine rue vers 21 heures.

    Bon, ok, il y avait aussi un dimanche. Avec sa double gueule de bois. Ainsi donc, B.a.-ba  n’a pas eu le prix du livre Ouest-France, ce n’est qu’après coup qu’on apprendra qu’il s’en est fallu de peu face à Yahia Belaskri. Salutations tout de même aux jeunes membres du jury : c’était rafraîchissant de causer avec eux. Je suis à peu près sûr qu’à 18 ans, un sujet comme l’alphabétisation me serait passé bien au-dessus de la tête…
    Heureusement, entre deux aspirines et trois mouchoirs ce dimanche, il y a eu cette rencontre, salle pleine, avec l’italien Fabio Geda. Sujet du jour : les parcours des migrants (il a écrit l’histoire d’un jeune Afghan arrivé en Italie après 5 ans de fuite – lecture en cours), les cultures qui se mélangent (on en reparle), l’Européen du futur… et le football. Fabio me raconte qu’il joue dans "l’équipe nationale des auteurs italiens". Ha! Un championnat d’Europe est prévu en 2012. La France n’a pas d’équipe, paraît-il. Elle en aura bientôt une, je vous le dis.

    … Puis c’était déjà lundi soir. Un dernier verre d’eau, quelques idées de livres, des adresses mail notées sur des carnets de voyage et des promesses de revoyure. Et un dernier mot avant de monter dans le car avec Wilfried N’Sonde, qui faisait partie du comité de lecture du prix. Avec ce résumé lumineux : Si tu peux écrire une fiction avec l’énergie de B.a.-ba…
    Simple comme bonjour…
    Ça fait parfois bizarre, une évidence.
    Allez, salut.

  • Well...

    J'allais écrire quelque chose ici et puis je suis tombé sur ce reportage de Jean-Paul Mari à Duékoué, alors finalement, Paris, hein...

    Quelques minutes plus tard, on m'a envoyé le programme d'Etonnants Voyageurs, à St Malo, ce week-end. De quoi donner des envies de périgrinations sabbatiques pour quelques années.

    St Malo, ce sera aussi, je crois, la dernière étape du mini-tour de France de B.a.-ba.
    A moins, bien sûr, que la jeunesse de (Ouest) France réunie en jury ne lui donne un prix et ne lui offre une tournée bretonne.
    Verdict ce dimanche.
    Mais pour l'instant, vacances - et ça, ça n'a pas de prix.

    A bientôt.

    (PS - ah, si, quand même, juste pour prévenir. Je casserai la gueule au prochain qui me parlera de "décryptage de l'info". Voilà)