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  • Allez hop, on y va (1)

    « Jamais la servitude n’aura été si volontaire. Comment en est-on arrivé là, à vouloir à toute force notre asservissement, à chérir nos attaches, à considérer avec indulgence hiérarchies, obédiences et diktats noués pour notre bien autour de nos vies comme autant de rubans de couleur destinés à nous faire oublier le cadenas en fonte qui les ferme (…) » 

    Anne Dufourmantelle, Eloge du risque

  • L'amour à l'hôtel

    Je sais, le thème en ce moment est un peu tendancieux (Sofitel est pris qui… etc).
    Mais hier soir, à l’Hôtel Canal, avenue de Flandre, on était loin des tribulations de l’actu©.
    Dix chambres de l’hôtel, m'avait-on dit, avaient été pour un soir "investies" par des artistes, pour réinventer l’amour, comme toujours.

    Ales%20uns%20chez%20les%20autres.jpgu quatrième, dans la première chambre ouverte, des pieds dépassaient d’un lit. Au troisième, un florilège de toutes ces phrases nues que l’on peut prononcer avant ou après. Au premier, une vidéo hypnotique nous plongeait à la fenêtre d’une chambre à New-York, à attendre un rendez-vous qui ne vient pas. Des touristes américaines nous ont tiré de notre rêverie en parlant fort – c’était de vraies clientes de l’hôtel.
    Dehors il faisait beau, dans les chambres on faisait de la place sur le lit pour d’autres visiteurs, ici deux femmes se coiffaient en chantant Woman in love, là un rouget faisait l’amour à une pieuvre, dans les couloirs il faisait un temps de Pauchon, l’ambiance détendue était propice aux sourires en passant, parfaitement raccord avec le thème. Au rez-de-chaussée, devant le micro d’une journaliste de Rue69, l’organisatrice parlait avec ferveur de l’amour céleste de Platon tandis que dans son dos montaient des cris d’orgasme.

    Voilà, c’était une belle histoire d’un soir.

    Et la découverte d’un festival : tous les 19 du mois, dans le XIXe, c’est une rencontre nouvelle. Les uns chez les autres, ça s’appelle.
    Le 19 juillet, par exemple, il y aura concours de ricochets à La Villette.
    Chouette.
     

    PS – à deux pas de là, rue de Crimée, une dizaine d’adultes concentrés, de 18 à 50 ans, préparaient leur Diplôme Initial de Langue Française. Les successeurs des personnages de B.a.-ba. D’ici quelques jours, je pourrai enfin vous en parler, de ce livre. Inch’Allah.

  • Alger, France

    Je n’ai (presque) pas fait exprès, après les Résidences de proximité, d’ouvrir La Clôture, de Jean Rolin.
    Je savais qu’il y était question du boulevard Ney, entre la Porte de St Ouen et la Porte d’Aubervilliers. Je ne savais pas encore qu’il s’agissait d’une sorte de résidence d’un an, à la lisière de la ville, en compagnie de Lito le videur de McDo, des putes albanaises et de Gérard, l’homme qui vit (si si) dans un pilier du périph.
    En ouvrant le livre, je me suis souvenu que voici quelques années j’avais caressé l’idée d’écrire un livre que j’aurais pu appeler Porte de Clignancourt. Après l’avoir refermé, je ne sais pas encore si la lecture aura ravivé le projet ou si Rolin m’en a à jamais dissuadé, tant je doute de parvenir un jour à cette distance parfaite qu’il prend avec son sujet.

    En attendant, je suis allé l’autre jour à Alger, à 200 mètres de chez moi et à deux pas de Douala, pour voir St Etienne – Lille. C’était un petit hôtel-bar. Au comptoir et sur la table du fond, des hommes jouaient quelques centimes aux cartes ou aux dés, et s’engueulaient en arabe en buvant des Heineken. De l’étage est descendu Rachid, 25 ans, maillot de l’Algérie sur les épaules. Le fils du patron, je crois. Il s’est installé à côté de moi, m’a expliqué qu’il était supporter du PSG – parce que quand tu habites une ville, tu supportes le club. Et ce n’était pas du flan : il connaissait parfaitement les tribulations du PSG depuis près de dix ans. Bayal, un des joueurs de cartes nous a rejoints. Il portait un maillot de l’OL. Dix ans j’ai habité près du Parc, disait-il, j’ai vu les supporters du PSG, je ne peux pas ! Mais alors, pourquoi Lyon ? Moi je supporte le sport, et Lyon c’était les champions. Un légitimiste. Plus le match avançait plus nous parlions fort, les joueurs de dés s’étaient mis à parler football eux aussi. Puis Mavuba a marqué, Rachid s’est réjoui pour moi, j’ai attendu avec lui le résumé du match du PSG.
    J’ai payé mes deux bières avant de partir, le patron m'a rendu 10 euros de trop, il a fallu que j'insiste pour lui signaler son erreur. Avec le sourire.
    Désolé Rachid pour la finale d’hier. Mais je retournerai rue du Roi d’Alger.

  • Résidences de proximité

    Paris en toutes lettres, ce week-end. Et quelques jolis souvenirs.

    snaprmlw00005.jpgDimanche, à la Gaîté Lyrique, tandis que Stromae fêtait la fin du festival, trois auteurs un peu fatigués racontaient leur expérience croisée de Résidence de proximité. Ah, la belle idée : plutôt que la Villa Médicis, le festival avait proposé à trois auteurs de passer une semaine dans un lieu sans poésie immédiate (une semaine dans un hôtel à La Défense, quel pied).

    Au quatrième étage de la Gaîté, une installation faisait apparaître les textes comme s’ils s’écrivaient en direct. Une réussite.
    Dans l’auditorium, Robert McLiam Wilson racontait son bar de quartier, et l’écriture de premier jet – comme montrer son caleçon pas propre. François Bon racontait comment La défense n’offre aucun endroit où il soit supportable de se poser plus d’une demie-heure, hormis peut-être le "cimetière de Neuilly", à Nanterre, où reposent les morts pauvres de la ville riche. Et Joy Sorman se penchait sur les "incidents voyageurs" de la gare du Nord, ou les contrôleurs SNCF qui se changent dans un coin entre deux trains.

    Contrairement à la veille au 104, les questions de l’animateur ne comportaient jamais le mot Littérature (à prononcer avec un grand L, toujours)(merci!), on parlait de la vie, toute simple, et des façons de l’écrire, sans chichis.
    J’ai repensé à cette phrase de Jean Hatzfeld, la veille, quand on l’interrogeait sur la différence entre l’écriture journalistique et l’écriture romanesque. "Le journaliste répond aux questions que se posent ses lecteurs ; puis arrive le romancier, avec son temps propre, et ses propres questions."

    Voilà.
    Merci à ces Rencontres de m’avoir donné envie.
    Et puis, si d’aventure l’expérience se renouvelle, je suis candidat pour une résidence. Une semaine chez Ikea, ou place Stalingrad, ça me dirait bien.
    A bon lecteur, salut !

  • Cher Bernard-Henri,

    Je coupais des endives (blanches) et des radis (noirs) quand depuis la lucarne je vous ai entendu.

    Anne-Sophie L. vous interrogeait sur l'équipe de France de foot (quelle bonne idée). Ah, Benard-Henri! Sur un sujet auquel j'imagine que vous ne connaissez rien, vous aviez une occasion unique de prendre un peu de hauteur, de ne pas vous jeter tête baissée dans la mêlée (vous avez remarqué ? la tête baissée, on voit moins bien). Mais c'était plus fort que vous, sans doute. 

    - Il me semble difficile de dire que Laurent Blanc n'est pas raciste... Ou alors je n'ai rien compris depuis une dizaine d'années.

    Je me suis précipité pour noter ici ce magnifique éclair de lucidité, de peur de l'oublier. Peut-être, dans cette fraction de seconde, avez-vous pensé à Botul et à quelques autres. Alors vous avez souri, et vous avez ajouté :
    - ... Ce qui est possible, hein.

    Ah, Bernard-Henri.
    Vous commencez à comprendre.
    Bon dimanche.

  • Chère Matinale,

    Normandie - janv 2011 - 10.jpgDepuis quelques semaines, nous ne nous réveillons plus toujours ensemble.
    C'est un peu de ma faute, je l'admets : j’étais parfois trop pressé pour écouter tes histoires. Quant à la semaine dernière, n’en parlons pas, c’est toi qui es partie pour ce ridicule voyage en Angleterre avec ta cousine France 2...

    Malgré ces anicroches, tu le sais, nous nous aimons.
    J’attendais donc beaucoup de cette semaine de retrouvailles. Ah, comme tu criais hier matin en m’annonçant la mort de Ben Laden ! "Justice et fête!", claironnais-tu. J’avoue que ça m’a semblé bizarre que tu me parles de justice en parlant de la mort d’un homme, mais tu as bien le droit de te laisser emporter de temps en temps...
    Ce matin, d’ailleurs, comme les autres, tu es revenue à plus de mesure. Après l’amour les grands doutes : l’info se construit maintenant comme un roman Harlequin. Ce n’est pas ce doute bien sûr que je te reproche. C’est le "comme les autres".

    Te rends-tu comptes de tes premiers mots, quand je me suis réveillé ?
    Je vais te rafraîchir la mémoire. Pendant 25 minutes, tu as successivement :
    - commenté les sondages du FN (certes avec talent ; et alors ?)
    - hurlé avec les loups borgnes sur l’Affaire de la fédé française de foot (comme hier ton cousin Taddei (soupir))
    - remué la merde au PS en glosant sur les rumeurs.
    Les quatre premières personnes à qui tu as donné la parole dans ton journal de 8 heures disaient "Vous n’avez que ça à foutre ?" Et toi tu étais là, ton micro tendu, et tu rigolais. T’en rends-tu seulement compte ?

    Qu’as-tu fait de ta beauté, Matinale ? Où est passé ton éclat au jour naissant ? Toi et moi, c’était différent, disais-tu. Mais aujourd’hui, franchement, peux-tu me dire ce qui te distingue de ta rivale Europe ? Je ne sais plus trop. Demain, j’irai dormir demain avec elle, pour voir entendre. Je suis même prêt à supporter ses réclames.
    Et si elles sont insupportables, j’irai voir ta grande sœur Culture.

    Repose-toi s’il le faut, et retrouvons-nous vite. Chacun de son côté d’abord, veux-tu ?

    Je t’embrasse.