La semaine dernière, j'ai mis en note un paragraphe de Bernard Frank, sorte de prophétie des blogs en 1975.
J'avais hésité au départ avec cet autre passage, que j'ai retrouvé ce matin :
"Les feuilletons, pour l'écrivain, ce sont des piqûres, des injections d'amour-propre qu'il s'offre. Tranquillisants, drogues, piqûres. Encore une. Allez, encore une, dit-il, c'est la dernière, tu parles ! Il croit qu'il va pouvoir s'arrêter, du moins diminuer sa dose, mais ce n'est pas vrai L'accoutumance, le manque, qu'est-ce qu'il en fait ? Les vrais feuilletonnistes meurent à la tâche."
J'aurais pu dédier ces lignes à tous ceux qui, un jour ou l'autre, se sont sentis prisonniers de l'insidieuse addicitivité du blog.
Mais j'ai poursuivi ma lecture. Quelques lignes plus loin, Frank illustre son propos en évoquant Bertrand Poirot Delpech, et conclut (on est en 75) : "BPD, qui a en commun avec moi le même chiffre marqué au fer rouge sur l'omoplate gauche et à qui une sorcière a prédit, dans un film de Guitry, qu'il mourrait le même jour que moi à une heure près."
Bernard Frank est mort voilà dix jours. Poirot Delpech est mort hier. Je ne sais pas s'il croyait aux sorcières. Mais je ne peux m'empêcher de penser que la sorcière de Guitry n'y est pas pour rien.