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  • Peut-être une histoire d'amour

    page.jpgOui, c’est un vrai beau titre.
    Oui, il s’agit d’une fille - une Clara que Virgile ne connaît pas et qu’il va reconquérir.

    Et puis soudain, page 84 :

    "En arrivant à la gare Montparnasse, l’année de ses dix-huit ans, Virgile avait décidé que Paris serait l’objet de son amour, parce qu’il fallait bien mettre son amour quelque part. Paris ne le quitterait pas. Paris était là quand il en avait besoin. Paris n’exigeait pas de partir en vacances sur une île paradisiaque (…). Paris se moquait qu’il ne fasse pas la vaisselle pendant une semaine, qu’il ne se rase pas et s’habille mal. Paris l’aimait."
    (Martin Page, Peut-être une histoire d'amour)

    Amie Lidell, je t’attends au KFC pour en causer.

  • Portes ouvertes

    - Maman, pourquoi il ferme pas sa porte, le Monsieur ?

    Eh ben tu vois, petite, le Monsieur il va juste chercher son courrier en bas alors il ne voit pas vraiment l’intérêt de fermer sa porte. Parce que c’est un gros paresseux, aussi. Et puis il sait bien, le Monsieur, que tu ne vas pas l'ouvrir, sa porte, tu vois, c’est une question de conf…

    Pendant ce temps là, la mère me regarde avec un œil soupçonneux, elle se demande si elle ne va pas me dénoncer à la prochaine réunion de copropriétaires.

    Retour de courrier. On me vante une radio au son très qualitatif et un supplément TV me promet une prochaine série à forte valeur ajoutée sur TF1.
    Tout va bien.

  • Grandeur, légèreté, profondeur

    - Mais alors, qu’est-ce qu’un grand livre ? relança Mauve.
    - Disons, un livre qui fasse date, concéda G., que le sujet mettait mal à l’aise. Il n’y en a pas tant, des livres dont on se souvienne vraiment.
    - Un livre qui fasse autorité, tu veux dire ?
    - Ah non ! L’autorité, ça n’a qu’un temps. Et puis, les livres qui font autorité sont des livres qu’on ne lit pas.
    - Mais justement ! C’est ça, un grand livre, lança Junior : celui que les lecteurs trouvent grand, même quand ils ne l’ont pas lu !
    - Je crois que Grand préférerait être lu, dit doucement C..
    - Cela dit, c’est une vraie bonne question, rebondit Mauve. Le grand livre est-il dans l’intention de départ ou dans le résultat final ? Est-ce l’auteur qui fait le grand livre, ou ce que les lecteurs en retiennent ?
    L’auteur, bien sûr ! pensèrent-ils tous. Mais seul un silence répondit à Mauve, car au fond d’eux les livres en doutaient fort. (…)

    Truc n°2, p. 32

    safran foer.jpgJe parlais tantôt des bons petits livres et des vrais bons livres. Je me suis peu attardé sur eux finalement. Parce que tandis que j’écrivais cette note, près de mon lit, m’attendait un Grand livre – pas forcément celui devant lequel on se sent tout petit, non : celui dans lequel le lecteur peut mettre beaucoup de choses.

    "Extrêmement fort et incroyablement près".
    Le genre de titre qu’on ne peut pas retenir, mais ce n'est pas grave parce que c'est le genre d’auteur qu’on n’oublie pas. Jonathan Safran Foer, donc. L’histoire, si vous voulez vraiment, vous la trouverez . Mais ce n’est pas une histoire, ce livre – c’est mille histoires qui en font une.

    D’abord il y a eu le plaisir énorme de lire en VO, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps, avec une musique qui décidément n’est pas celle du français. Le rythme non plus, d’ailleurs. Et cette capacité à aligner des faits pour faire vivre des images plutôt que d’aligner des mots pour illustrer une idée. Juste quelques mots simples accrochés les uns aux autres – et sur ses bras du lecteur, la chair de poule qui monte vers les dernières pages.

    A chercher la profondeur l’auteur trouve souvent la lourdeur. En lisant Safran Foer, on comprend qu’il vaut mieux être léger pour atteindre la profondeur. Facts, facts, facts, putain. Et l’obligation d’inventer à chaque page.
    Un jeune branleur vous salue bien bas, M. Foer.

    PS - On me dit que ce livre était un peu décevant par rapport au tout premier de J. Safran Foer – Tout est illuminé. Chouette alors. De beaux moments en perspective.

    PSS - Merci Péri.

  • Chouette, un nuage

    audeguy.pngDans moins d’un mois, déjà, les serviettes auront été repliées, les plages auront été balayées et le ballet de la rentrée littéraire aura commencé.
    Cette année, comme tous les ans jusqu’en 2007, je m’en foutrai pas mal. Les courses aux prix ne m’amusent pas. Les grincheux encore moins qui ne manqueront pas de plaindre que tout est truqué (ah bon ?) et que c’est dégueulasse qu’on parle toujours des mêmes et que décidément le petit monde de l’édition etc (remplissez au hasard avec un poncife récupéré de l’année dernière)

    En fait, plutôt que la sempiternelle question "Pourquoi ne parle-t-on que de Machin(e) cette année ?" (toujours passionnant), je voudrais poser une autre question :

    Quand un vrai bon livre sort, ne finit-il pas toujours ou presque par émerger ?

    Je ne parle pas des "bons petits livres" qu’on a plaisir à lire – je parle des bons livres, ceux auxquels on repense encore une fois la lecture finie. Le chemin peut être long – très long peut-être – mais finalement…

    (ici, espace à remplir par la réflexion du lecteur.
    Salut à toi.
    Tes yeux brillent quand tu te fous de ma gueule tu sais ? c’est mignon.)

    Bref.

    Je pensais à ça en lisant La théorie des nuages, de Stéphane Audeguy. Voilà plusieurs années que j’entends parler de ce livre, j’ai complètement oublié ce que j’ai pu lire dessus mais j’en garde un petit mémo interne – ce gars-là m’intéresse. Encore fallait-il qu’il y ait rencontre. Parce que j’aurais pu me dire ça longtemps sans jamais le lire. Et puis, il y a quelques jours. Depuis Saramago, je n’avais lu que de bons petits livres (des mauvais, aussi), et enfin je suis tombé sur La théorie des nuages.

    - Ah ouais, super, Et alors, ça parle de quoi.
    - Ben, c’est un peu difficile à résumer.
    - C’est pas ça qui va me donner envie, hein
    - Si
    - Comment ça, si ?
    - Si. Peut-être pas maintenant, mais un jour. Tu ne te souviendras plus de cette conversation, tu te souviendras juste qu’on t’a dit un jour – ce bouquin, là, tu devrais le lire.

    Voilà.
    Ensuite, il y a eu L’attentat, de Yasmina Khadra. Même remarque.
    Et puis ensuite, mais alors là, vraiment…
    On en reparle.
    Bronzez bien, avec ou sans nuages.

  • Damned, je suis grillé

    Et juste au moment où... je tombe sur ceci :

    "Il faut que j'appelle Bertrand, il vaut la peine de quelques efforts mais je crains qu'il n'y ait pas grand chose de possible avec lui, parce qu'il manque d'ardeur et de conviction. Moi, je roule pleins gaz. J'ai peur que lui n'ait plus de carburant, qu'il n'ait débrayé et ne roule sur sa lancée."

    Qui donc a écrit ça ?

    (NB - ne pas croire tout ce qui est écrit, bien sûr)

     

    huguenin_journal.jpg EDIT 04/08 : Donc, c'était lui. Jean-René Huguenin est mort à 26 ans, en 1962, après avoir publié un seul roman. Mais depuis 1955 il tenait un journal.

    Un blog avant l'heure, où il n'aurait évidemment pas permis les commentaires, et devant lequel nous nous serions tous trouvés tout petits. Mais c'est bon de se sentir petit, parfois.

    Huguenin, c'est une force de caractère hors du commun, la vingtaine éternelle, celle qui n'est que doute et énergie, qui avance et refuse de tourner en rond. Le genre de vingtaine déjà mûre qu'on peut avoir à tout âge.
    On peut lire ce journal comme un livre sur l'inspiration, sans doute - mais c'est surtout une lecture qui inspire - le genre de type qui vous tire vers le haut quand il enlève le bas.
    D'ailleurs je m'empresse de fermer ma gueule pour me contenter de citer sa toute première note. Il a 19 ans alors, peut-être 20.

    "Je veux être la Force, la Résolution et la Foi. (...) Je me dis : Attention, attention.Tu n'as que vingt ans. Ne deviens pas comme la plupart des autres. Tu veux devenir solitaire et personnel et tendre quand même. Tu as raison. Mets tout en oeuvre pour le devenir. Tu as déjà fait des progrès dans ce sens, depuis deux ans. Mais tu es loin du but. Continue.
    Je me dis : Ne sois pas si nerveux. Tu ne feras jamais rien de bon en obéissant à ces fausses inspirations qui ne sont en réalité que des excitations. Il faut être lourd, croître avec application et fermeté, et se méfier des écarts qui font perdre tant de temps. Il faut être une sorte d'éléphant dans la forêt vierge.
    (...)
    Mais je ne puis m'attarder maintenant. Le principal, c'est que je veux devenir solitaire, inflexible et tendre. Me dominer toujours. Eternel."

    (J-R. Huguenin, Journal, 11 déc. 1955)