Et dire qu'il y a un mois j'écrivais ça...
« Le fond est arc-en-ciel, la police est sympa. »
Ha ha !
La police est peut-être sympa, mais les contrôleurs, eux, sont des enculés.
Enfin, au moins mon nouvel ami, Matricule 29285.
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Une seconde de perdue en station, etc. Certes. Mais Time is money, n'est-il pas, et on ne connaissait toujours pas le prix de cette fameuse seconde.
Eh ben maintenant, je sais.
Mais soyons factuels, ça vaudra mieux, des phrases courtes, et les faits, rien que l'effet. Un mot de trop sur une ligne = du retard sur toute l'histoire.
Donc.
20h34, porte de Clignancourt. Sur le réseau, un samedi peinard. Moi, je suis en retard.
Je descends les marches j'entends le signal sonore annonçant le départ je fonce dans les escaliers monte in extremis dans le premier wagon. Il est plein.
A Simplon je descends sur le quai pour changer de rame. Devant les premières portes, des petits groupes se forment (je comprendrai pourquoi plus tard). Je presse le pas, avise une porte où ne montent que deux personnes - un homme, une femme. Allons-y.
Pause - En temps normal, la scène se déroule ainsi : je presse le pas, la femme monte dans le wagon, avance pour laisser monter d'autres gens, je rentre et zou, c'est la fête, le signal sonore retentit le petit lapin jaune sourit aux enfants et la chenille redémarre.
Mais là, non.
1. La femme s'arrête avant de monter dans la rame et monte au dernier moment.
Jusque là pas de souci, mon cerveau bionique adapte instantanément rythme et trajectoire.
Sauf que.
2. La femme se plante à l'entrée et ne bouge plus. Une putain de Voyageur-planton©, il ne manquait plus que ça.
J'enclenche mes freins, un peu tard - résultat : collision (très légère), excuses minimales de ma part et le talon de ma chaussure coincé dans la porte qui se referme.
Une demi-seconde de perdue en station !
C'est alors que je remarque la veste de la femme. Une veste vert-moche. Je viens de tomber sur une bande de dangereux contrôleurs.
- Vous savez qu'il est interdit de monter pendant le signal sonore ?
C'est là qu'il aurait fallu sortir le sourire de petit garçon, Je suis vraiment désolé madame mais j'ai rendez-vous avec une amie et, vous comprenez... etc.
Mais essayez donc d'être poli-gentil-garçon quand dans votre cerveau secoué par la course tourne en boucle Et toi connasse tu n'es pas montée pendant le signal peut-être ? Et on ne t'a jamais dit qu'il fallait pousser son gros cul vers le fond pour laisser monter les voyageurs ?
Bref. Je marmonne un truc. Et déclenche le signal d'alarme un bon vieux classique du phénomène de bande. Toute fierté dehors, un Homme vole au secours de sa collègue agressée, verbe haut et ton viril.
- Vous avez un titre de transport à nous montrer, Monsieur ?
Ça a dû se voir que je lui suggérais silencieusement d'aller se faire enculer. Et puis, il devait être très déçu que mon titre de transport soit en règle. Alors il a dégainé son arme secrète.
- Dis-donc, Marco, c'est combien, Entrave à la circulation ?
Il s'est marré, le Marco. Il s'est marré, puis il a ouvert son petit cahier. L'entrave, c'est 75.
Ce qui, si on retient une demi-seconde de blocage, nous fait la seconde à 150 euros.
Et hop.
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A ce prix là, je me permets juste quelques suggestions de bon sens à la RATP :
- Investir dans un bon réseau de caméras de surveillance (il n'y a pas d'argent, nous dit-on, mais pour les caméras de surveillance on en trouve toujours ; c'est ça, le sens de l'histoire des priorités) ; ça permettrait de choper tous ces infâmes entraveurs qui occasionnent du retard sur toutes les lignes. Dans l'idéal, on détecterait la puce de leur pass Navigo et on prélèverait les amendes directement sur leur compte.
- Sévir, enfin. Je pense à ce petit salaud hier qui a bloqué les portes parce que sa femme courait moins vite que lui. En toute impunité.
- Faire le ménage en interne. Il serait temps de mettre à pied ce chauffeur qui l'autre jour a patienté 2 (deux!) secondes en station pour laisser monter une femme qu'il avait vue courir vers lui.