Il y a des films comme ça dont la critique semble incapable de dire du mal.
“Cleveland contre Wall Street”, à la base, c’est une belle idée : ravagée par la crise des subprimes (20 000 familles expulsées de leurs maisons faute de pouvoir rembourser leurs crédits immobiliers avec leurs taux délirants), la ville de Cleveland a voulu attaquer les banques de Wall Street, qu’elle accusait d’avoir provoqué la crise. Evidemment, les banques ont les moyens de faire traîner, le procès n’a jamais eu lieu. Alors Jean-Stéphane Bron l’a recréé, pour de faux, avec un vrai juge, de vrais avocats et de vrais témoins (tous appelés par l’accusation) et un jury populaire.
Casse-gueule, mais pourquoi pas.
D’ailleurs on m’en avait dit du bien.
J’aurais dû me méfier.
Le film commence parfaitement avec Springsteen-Seeger en BO, puis on comprend vite qu’à part le témoignage de familles expulsées et des révélations énormes (à Wall Street, ils penseraient qu’à faire du fric – dingue), on n’ira pas très loin dans le démontage de la crise. A l’arrivée, on en apprend dix fois moins qu’un documentaire d’un quart d’heure sur le sujet. Et on s’énerve en se disant que, décidément, on n’est pas près de faire payer les banques.
Je ne sais pas si les auteurs (ou les avocats de Cleveland) ont sincèrement pensé qu’ils pourraient se payer Wall Street en faisant passer une accumulation d’émotions et de truismes pour une démonstration implacable, ou s’ils ont juste raté leur coup.
Bref. On ne va pas s’éterniser, je voulais juste vous prévenir.
Mais Le bruit des glaçons, alors là oui. Blier & Dupontel, on the rocks.
A la vôtre.