Il est des films ou des livres dont le point de départ est une idée si simple et si géniale qu’on aurait rêvé de l’avoir eue nous-mêmes.
Au cinéma (je pense notamment au Truman show et Bienvenue à Ed TV qui préfiguraient la télé-réalité), ces films sont souvent décevants au final – comme si, tout heureux de leur trouvaille, les scénaristes s’étaient contentés de tirer vaguement quelques fils pour boucler en vitesse.
Et en littérature… J’ai beau me creuser la cervelle amollie par la fièvre, je ne trouve pas d’exemple. Il faudrait aller chercher du côté de la SF, peut-être, mais ma culture est limitée. Je ne trouve pas d’exemples, sauf un, récent : Les actifs corporels, de Bernard Mourad.
L’idée de départ est simplissime : imaginons que demain les personnes physiques aient le droit de se coter en bourse. Voilà, juste ça. Suivons ensuite les traces d’Alex Guyot, premier homme à se constituer en Société-Personne.
Des premiers rendez-vous en banque d’affaires pour déterminer un "noyau dur" d'actionnaires (question cruciale : quelle part de la société donner à la mère d’Alexandre ?) aux tentatives d’OPA par une collègue jalouse, l’auteur tire habilement tous les fils de son histoire sans jamais en faire trop. Sobre, inventif, efficace.
J’y repense souvent, à ce livre. D’abord parce que je me souviens de l’histoire dans son entier (pas si fréquent). Ensuite parce je sais que c’est précieux, une idée de roman, une vraie. Pour ma part je n’en ai pas eu une seule depuis que j’ai commencé Hors jeu, heureusement que j’en avais en stock.
Et depuis quelques semaines, une nouvelle raison d’y songer : Les actifs corporels vient de sortir en poche.
Prenez cette info comme un délit d’initié.