Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Flic

     J'ai commencé à le lire ce week-end et bang ! à Villiers-le-Bel une collision a mis le feu.

    Mais même sans la résonance de l'actualité, ce livre est passionnant, parce qu'il met de la vie, sans sucres ajoutés, là où on ne nous montre que du sensationnel ou des statistiques. 

    "Flic", c'est une série de chroniques sur la police ordinaire. On y croise peu d'émeutiers mais quelques petits trafiquants, des alcoolos et quelques drogués, des femmes battues, des suicidés - et au milieu des sourires de collègues ou une fraternisation surprise sur le bitume. C'est l'humain sous l'uniforme, un personnage de l'ombre des séries télé qui soudain devient personnage principal. En quelques pages, des petites histoires du quotidien, qui font mouche à chaque fois, ou presque, précisément parce que Bénédicte Desforges ne recherche pas l'effet.

    On en trouvera des exemples ici ou - parce avant d'être un livre ces chroniques ont été un blog (et franchement, la question "est-ce que ça méritait de devenir un livre", on s'en fout complètement).

    "Flic", c'est un peu la vie comme on refuse souvent de la voir, un livre qui donne envie de sortir dans la rue - pas pour manifester, juste pour y vivre un peu plus. 
    Parce que ce n'est pas son objet, le livre n'apporte pas de réponse à l'impasse actuelle. Mais il permet de se poser des tas de questions - et les bonnes.

    Je ne donne pas d'exemple, chacun aura les siens.

    Soyons unis, soyons en forme, enlevons les uniformes. 

  • Carte postale de… Paris

    C’est une entrée de métro paisible, gare d’Austerlitz.
    Trois hommes squattent devant l’entrée, ils sont en treillis et ils s’ennuient. Le fusil en bandoulière, les bras ballants mais la rangers fière. Je me rends compte qu’avant de partir je ne les voyais même plus. Dix jours seulement et j’avais oublié comme elle est belle, la France d’après d’aujourd’hui.

    C’est une rame de métro comme une autre.
    Presque comme sa voisine, dont les affiches publicitaires lancent ce beau cri : "Devenez radin" (avec Price Minist*r) (youpi).
    Sauf qu’ici un vandale génial a soigneusement arraché les deux affiches. Et voilà qu’au-dessus de la tête des voyageurs se proclame en double ce slogan unique : DEVENEZ.
    Chapeau l’artiste.

  • Cartes postales de Montréal

    Comme d’habitude, je ne poste mes cartes qu’une fois rentré à Paris… En voici quelques-unes, dans le désordre.

    15/11, quelque part au Nord…
    Un morceau de banquise près d’une eau non gelée. Sur terre manchots se déplacent par petits sauts maladroits, manquent de tomber à chaque pas. L’un d’eux me fait ostensiblement la gueule, dos tourné vers le mur, nageoires tendues et tête relevée. C’est que ça a sa fierté, un manchot, quand on ose se moquer.
    En contrebas une bande de gorfous agités du bancal entrent dans l’eau avec autant de grâce que moi dans une piscine. Soudain l’un d’eux remonte à la surface… Une impulsion sous l’eau, un petit saut et hop ! il se pose au sol sur ses deux pattes, droit comme un I.
    Voilà une heure que je les regarde, deux groupes d’enfants émerveillés m’ont déjà dépassé. Tout à l’heure, à la boutique du Biodôme, j’achèterai des cartes postales (des vraies).

    19/11, Université de Montréal
    La cafétéria est à deux pas, je suis venu écrire au milieu des étudiants mais là, dans la neige, ce n’est pas une étudiante qui vient vers moi.
    L’écureuil est un animal curieux, il bondit dans la neige jusqu’au bord de la terrasse, se met sur ses deux pattes arrières et me fixe d’un œil craintif. Je soutiens son regard, je repense à ses cousins croisés hier au Mont Royal ("il est mignon le petit écureuil", me dit une petite fille et je suis d’accord avec elle, sur le même ton), je repense aussi à cette Montréalaise se plaignant des écureuils pilleurs de poubelles… Finalement au bout de deux minutes c’est moi qui craque. Impossible de défier un écureuil.

    20/11, supermarché Metro
    Le Québecois est un peu anti-américain.
    La Québecoise, elle, n’est pas anti-oxydants.

  • Pause

    Je vous laisse la France en grève, prenez-en soin.

    Je vais me faire un régime spécial (Poutine - Molson), retour prévu vers le 25...

    Amusez-vous bien. 

  • De la beauté de Zadie Smith

    d1efa50df48524b03f9b8bc7d11cd36b.gifIl y a les Anciens dont la lecture me donne envie d’écrire, et quelques contemporains, du même âge ou plus jeunes, qui foutent quelques salutaires coups de pompe au cul de ma procrastination.
    Parmi les contemporeines, il en est deux qui me font toujours le même effet : Alanis Morissette (Former infatuation junkie, allez savoir) et Zadie Smith.
    Je me souviens de la claque que j’ai prise en lisant les 100 premières pages de Sourires de loup, en 2001, et en découvrant que cette fille avait un an de moins que moi. De la percussion, de la sagesse – et cette grâce de l’auteur confirmé qui sait aller en profondeur tout en s’effaçant, toujours, derrière ses personnages. Magistral.
    Je ne commenterai pas De la beauté, pas la peine. Sauf pour vous dire que depuis le milieu d’un roman de Zadie Smith, le petit milieu littéraire français paraît vraiment si petit qu'il en est tout petit.

    Et pour le plaisir... En lisant la deuxième partie du roman la nuit dernière je pensais qu’un paragraphe sur deux pourrait donner une note de blog. Alors j’ai pris celui-là presque au hasard.

    « Même Zora fut touchée par le charisme de Claire : vous aviez le sentiment en sa présence d’avoir la chance merveilleuse de vivre très précisément ce que vous étiez en train de vivre. Claire évoquait souvent dans sa poésie l’idée de la "justesse" : quand vos buts avoués et votre capacité à les atteindre – si petits et insignifiants fussent-ils l’un et l’autre – correspondent parfaitement, s’ajustent. C’est alors, affirmait Claire, que l’on devenait profondément humains, entièrement nous-mêmes, beaux. (…) En présence de Claire vous n’étiez jamais fautif ou inadapté. Vous étiez l’instrument et le parfait réceptacle de vos talents, croyances et désirs. Voilà pourquoi des centaines d’étudiants à Wellington se présentaient pour être admis à son cours. »

    (Zadie Smith, De la beauté, p. 267)

    Salut à celles et ceux rencontrés ici
    qui mettent de la vie dans chaque rencontre.
    (Ils/elles se reconnaîtront)

  • Fin de cycle (et début de...)

    (Attention, note mièvre) (et saoûle) (sans doute provisoire...)

    Je n'avais pas envisagé une seconde d'y aller et pourtant c'était sans doute important que j'y aille.

    Quand ce matin F. m'a appelé - alors, tu viens au Prix de Flore? - je ne savais même pas que.
    Immédiatement, j'ai pensé que je ne pourrais me pointer là-bas qu'à une seule condition : que je n'en aie plus rien à foutre. Que le canular de 2004 et la sortie du livre soient vraiment derrière moi. Que je ne sois qu'un type lamda qui passe une soirée lamb(a)da.
    Je me suis sondé vite fait, la réponse n'était pas évidente a priori - et pourtant elle est venue vite : oui, au fond, tout ça était bien loin derrière. 

    Alors j'y suis allé, à cette soirée que j'avais racontée il y a trois ans sans la connaître - et au retour je n'ai rien à écrire, sinon ceci : je ne m'étais pas menti. J'ai croisé quelques têtes sympathiques, trinqué avec des gens au sourire sans masque (et quelques jolis masques), je reviens raisonnablement saoûl, un cycle s'achève, un autre commencera bientôt.

    Après le Québec tout changera (tout doit souvent changer). Dans la continuité.
    Santé. Rideau. Bientôt.

  • A l'intérieur

    J’aime sortir du cinéma aux Halles, la nuit - la colonne antique de la Bourse du commerce qui se profile au pied de l’escalator, puis Saint Eustache qui se détache et les rues vides où se finit le film dans nos têtes.

    Et puis samedi soir. Peu après L’heure zéro, j’ai croisé dans une vitrine un type de presque trente-cinq ans – sympathique et plein d'allant, hein, mais juste le genre de jeune type qu’on vouvoierait plutôt, c’est bien la première fois que ça me faisait le coup.
    La barbe, le manteau, la chemise, les cheveux, je ne sais pas ce qui faisait ça. J’ai vérifié dans la vitrine suivante, ce n’était pas aussi net mais quand même. Pas vraiment un choc, plutôt une surprise, plus amusante que dérangeante.
    A l’intérieur il y avait un gamin de vingt ans facétieux qui rigolait franchement : Dis-donc, gars, il est réussi ton déguisement, ce soir.

    Tout à l’heure j’irai chez le coiffeur.

  • Propagande, suite

    Au cinéma ce soir, bande-annonce pour un film de Redford.
    Scène choc : Tom Cruise en Président met Meryl Streep sevant ses responsabilités (attention gros yeux du Tom, sens du devoir et drapeau US) :
    "Do you really want to win the war on terror ?"
    Le tout sur fond d'intervention militaire virile mais correcte et moderne.

    Je me materais bien un film de propagande soviétique, tiens.

  • And the Halloweener is...

    Mercredi midi. En haut de la rue, une petite colonie s’égaye en traversant.
    Une vraie colonie, cette fois : une cinquantaine d’enfants de 3-5 ans, de toutes les couleurs... et une demi-douzaine d’accompagnateurs avec des chapeaux orange.
    Un uniforme ? Mais non, couillon, c’est pire, c’est Halloween.

    En me rapprochant je comprends que ce n’est pas une chanson que la colo reprend en chœur, c’est un slogan. Je remonte encore, et j'entends :
    « On—veut—des-bon-bons ! On—veut—des-bon-bons ! »
    Les passants rigolent, la colonie en rajoute joyeusement.
    On—veut—des-bon-bons !
    Mais ce ne sont pas les enfants qui chantent - enfin presque pas. Ceux qui crient avec le plus d'enthousiasme, ce sont les profs accompagnateurs.

    J'en regrette presque de ne pas avoir eu de bonbon sur moi.
    Happy Halloween ;)