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  • Selon arrivage

    Bon, c'est vrai qu'il y a peu de notes ici, ces derniers temps. Faut dire que ce n'est pas vraiment la saison. Et puis, ça ne se produit pas sur commande - il y a bien quelques notes en boîte dans le placard de la réserve, mais les vraies belles notes ne sont pas en boîte, elles sont livrées fraîchement cueillies, elles poussent naturellement, dans la rue, sans engrais ni pub ni pesticides, les graines ont été plantées par d'autres et elles grandissent si on sait bien les arroser avec les yeux. A condition aussi que le climat s'y prête : une tempête ou une sécheresse, et c'est toute une récolte qui est gâchée. Le prix à payer pour garder un blog bio, en somme.

  • A l'ombre

    de la Basilique, hier à Saint-Denis, Jean-Louis Trintignant lisait Vian, Brel et Desnos.
    C'était beau, c'était court, c'était grand.

    - Heu... C'est tout ?
    - Ben oui. Rien de ce que je pourrais écrire ne serait à la hauteur.
    - Et nous, alors ? Tu vas nous dire qu'on n'avait qu'à y aller, c'est ça ?
    - Je te dirai que tu n'as qu'à regarder un programme et chercher la prochaine lecture. Ça fait combien de temps que tu n'as pas fait ça, hein ?
    - Ah ouais, tiens.
    - Ou une Nuit du conte, tiens - il y en a une à la Goutte d'Or le 8 juillet.
    - T'y seras ?
    - Peut-être bien, oui. J'ai envie qu'on me raconte des histoires.

     

    Merci G.

  • Aucun rapport

    avec la note précédente, bien sûr, mais hier soir j'ai vu un type acheter des capotes au distributeur Manix de la rue Caulaincourt.
    Je me suis rendu compte que c'est toute la première fois que je voyais ça.

  • Tomber amoureux

    "(...) Peu importe qu'il soit un quiproquo : que l'amour soit réciproque ou malheureux, tomber amoureux est toujours un début de victoire." (R. Enthoven, juin 2009)

    Il y a longtemps que je n'avais pas lu de livre qui transporte, du genre il-était-une-fois avec du neuf dedans. Longtemps aussi que je n'avais pas lu de livre d'une traite, en pleine nuit, quand la vie dehors n'existe pas, quand on ne devrait pas mais que, quand on est dans le livre et qu'il ne nous laisse pas sortir.
    Sur ma table de nuit s'accumulaient des livres que je n'avais pas très envie de finir. Et puis, au-dessus de la pile est arrivé Un temps fou.

    9782234062436.jpgDepuis son premier roman je suis sensible à la musique de Laurence Tardieu. Ses histoires sont dures mais les mots restent légers, et quand le livre se referme reste le souffle. Avec le dernier pourtant, le charme n'avait pas agi, je ne sais pas pourquoi les mots restaient collés à la page. Alors cette fois j'y suis allé avec précaution. J'avais peur d'être déçu et que ça soit de ma faute.
    Mais le charme est revenu.

    Un temps fou : un homme, une femme, une étincelle. Puis un souvenir, plus fort encore. Six ans plus tard, Maud (la narratrice) est mariée, elle a une fille. Mais l'homme rappelle, l'étincelle à nouveau - et le livre commence.
    On se demande où tout cela va mener ou plutôt non, on ne le sait que trop bien et on a envie de s'y laisser conduire, le désir est contagieux, sortir de nos vies, hésiter, lâcher prise...
    Et puis, vers le milieu du livre, alors que les deux protagonistes ont enfin cédé à l'inéluctable, la perspective change, l'histoire repart. L'amour, toujours. Se relever sept fois, tomber huit.

    Vers 3 heures j'ai reposé le livre doucement au-dessus des autres. Ce que je sentais, c'était l'envie qui revient, du livre vers le cœur et qui monte à la tête. J'ai passé une bonne nuit, en espérant bien qu'elle me mènerait vers d'autres.

    arton8194.jpgIl y en a eu une autre, d'ailleurs, de nuit. Toujours avec un livre, mais c'est un bon début.
    Dimitri Bogrov (de Marion Festraëts et Benjamin Bachelier) est une BD mais se lit comme un livre, paroles et dessin qui ouvrent l'imaginaire.
    L'histoire ? Un train pour Kiev dans la Russie de 1911. Un homme, une femme, des regards, un début, une histoire. Elle s'évanouit (dans la nature), il part à sa recherche, la retrouve, tente, échoue, retente... L'illustration est fine, les dialogues aussi, une belle dose d'énergie.
    Je ne sais pas parler de BD, sorry, mais on en cause très bien ici.

    Pas sûr que l'été soit très littéraire. Faisons en sorte qu'il soit romanesque.

     

  • Ballet dominical (I want my Kate Moss)

    Jean taille basse, t-shirt et lunettes noires, démarche chaloupée, elle avançait seule vers la Porte. Dans sa main droite la baguette du dimanche matin ; dans l'autre (cherchez l'intrus) un petit arrosoir en plastique multicolore. Etonnante jeune mère. Je l'ai regardée marcher jusqu'à ce que je puisse lire l'inscription que portait son t-shirt.

    I WANT MY KATE MOSS

    Dix mètres en arrière marchait un type du même âge, bermuda et vieilles baskets, t-shirt informe, aucun slogan sur la poitrine sinon une tâche de sueur naissante. Ses deux gros sacs Franprix pesaient lourd au bout des bras.

    J'imaginais déjà leur vie de couple, quand le sherpa a tourné à gauche dans le Passage.
    Kate Moss, elle, a continué tout droit.

  • Maîtres de balais

    7 juin 2009, Point Ephémère, 20 heures.
    L'Europe était loin, très loin - et juste à deux pas.

    Sur la scène, un écrivain (irlandais), un comédien (italien), un journaliste et un éboueur.
    Le danger, dans les événements estampillés littéraires® avec lecture publique, c'est que le public s'ennuie ou s'extasie devant le style en oubliant l'objet. Parfois c'est normal - l'auteur est en plein exercice de style, on vient écouter le texte comme on regarderait du patinage artistique. Parfois c'est dommage - l'auteur montre la lune et on regarde son stylo.
    Rien de tout ça, dimanche soir.

    Le texte de Robert McLiam Wilson parlait des éboueurs, guerriers d'une modernité forcément propre et qui produit du déchet comme jamais. Il racontait assez simplement pour qu'on se projette en gilet jaune et en balai, il racontait la douleur physique du ramassage et le regard des passants sur les balayeurs en pause. Et c'était littéraire, bien sûr, parce que sans pirouettes il parvenait à créer des images nouvelles - et parce qu'il en faut, du talent, pour se mettre en scène tout en s'effaçant devant son objet.

    Entre deux lectures, Dominique Carfantan, éboueur, racontait le métier - l'organisation du service, les glaneurs après les marchés, la privatisation du ramassage, les heures sup à nettoyer la merde du public venu voir le film d'Arthus Bertrand sur le Champ de mars.
    Quand les questions sont venues, elles s'adressaient autant à lui qu'à l'auteur. Et le public était debout - pas pour une standing ovation (quoi qu'il n'eût pas fallu grand'chose), mais parce que la salle était pleine, et qu'elle l'est restée parce qu'on avait beau parler poubelles, il n'y avait rien à jeter.

    C'était un beau dimanche soir, Paris en toutes lettres mais les lettres n'étaient qu'un prétexte pour parler de la vie, la vraie - et de nous, au singulier et au pluriel.
    Cheers, Mr Robert.

    PS1 : un extrait du texte ici (et oui, j'ai piqué le titre de Télérama - y en avait-il un meilleur ?).

    PS2 : retrouvé hier avec plaisir cette note de 2007, sur Les dépossédés.
    L'histoire continue, donc. Robert McLiam Wilson habite bien à Paris. Pour les prochains romans, on n'en saura pas plus. J'ai été heureux de vous offrir une bière (un demi! honte à moi) - pour les rois on y reviendra, mais dimanche soir déjà sur l'estrade vous leur avez mis quelques coups.

  • L'hymne à la joie

    drapeau-europeen.jpgNewsflash. La campagne pour les Elections Européennes aurait été déclarée disparue au-dessus de l'Atlantique, à quelques centaines de kilomètres de l'île Machin. Elle venait pourtant à peine de décoller avec vingt partis à bord, dont 18 franco-français. D'après les premiers éléments d'enquête, on soupçonnerait le parti aux commandes d'avoir sciemment sous-rempli le réservoir et dérouté l'avion vers la Turquie (les historiens rappelleront qu'il avait fait pareil en 2004). Aucune cellule psychologique n'a été mise en place. On raconte d'ailleurs que des scènes ignobles et minables ont eu lieu entre les passagers juste avant le crash. Les spécialistes estiment qu'on pourrait retrouver des débris jusqu'à Strasbourg.
    Un moment de recueillement sera organisé lundi matin ici même pour pleurer l'Europe, rêver de sa résurrection et fêter l'entrée d'Eva Joly au Parlement.

    (PS - Monsieur le rédac'chef, j'ai bien compté : depuis le 7 mai, vous avez consacré sur votre antenne 483 minutes à répéter, sondage et micro-trottoir à l'appui, que la campagne n'intéressait pas les gens. Avec ce temps, imaginez le nombre d'émissions que vous auriez pu organiser qui auraient élargi le débat et grandi votre antenne. Je n'en dis pas plus, je m'énerverais pour rien. Bien à vous.)

    (PPS - Il paraît que dans un pays d'Europe, mais je ne me rappelle plus lequel, une femme a été convoquée par la police pour avoir traité une ministre de menteuse dans un com' Youtube. Décidément, on est mieux en France, hein.)

    (PPPS - 07/06, 10h34 : "la liste royaliste n'a pas fait imprimer de bulletins en nombre suffisant". Vive le roi)

    (PPPPS - bienvenue à Strasbourg, Mme Joly)