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  • Tervetuloa uudelleen

    C'est l'histoire d'un mec qui voulait prendre un billet pour Stockholm et qui sans faire exprès se retrouve avec un aller pour Helsinki.

    Perso, je trouve qu'elle commence pas mal.

    La suite peut-être, dans quelques semaines.

    Amusez-vous bien.

  • Quand je serai grand

    , comme métier, je voudrais faire Jacques Prévert.

    Ça, je l'ai déjà dit.

    Mais quand je serai très grand, je ferais volontiers José Saramago.

    (oui, oui, je développerai.
    plus tard.
    là tout de suite je dois trouver un lit à Helsinki pour le 6/8)

  • Service public, Public Enemies

    (le beau plan de la semaine)

    Une fois n'est pas coutume, je vais faire comme si je m'y connaissais en ciné ici œuvre de service public.
    Disons, cette note pourrait sauver quelques heures à quelques-un(e)s, c'est déjà pas mal.
    Ainsi donc. Devant l'absence de films intéressants cet été, d'aucuns parmi vous pourraient être tentés d'aller voir Public Enemies. A cause de Johnny et Marion, peut-être. Ou alors influencés par les dithyrambes qui ont fleuri sous la plume panurgienne des critiques officiels (lesquels ont manifestement décidé de faire de Michael Mann un génie intouchable).
    A toi, donc, qui serais tenté, je dis attention. S'il y en a bien un qui pense que Michael Mann est "un des derniers vrais grands" du cinéma, c'est lui. Et c'est malheureusement la seule chose qu'il a à te dire. Pendant plus de deux heures, Mann te promènera dans un scénario dont il n'a manifestement rien à foutre, à laquelle il ne donne aucun rythme et dont il ne se sert que comme prétexte pour s'attarder sur les plans qu'il jugera dignes de son art - et quel art : un chrome de voiture, youpi ; une fusillade (cinq minutes), génial.

    Pendant deux heures Michael Mann ne nous raconte pas une histoire, il nous répète en boucle : "Regarde, petit, et admire ce plan que je vais te faire". Et c'est long, deux heures.
    N'hésite pas à le laisser en plan.

    (De rien, vraiment).

  • Daily Hordep’

    Tout à l'heure, chez Hordeprix, un consommateur mâle et un consommateur femelle se sont subitement embrassés au rayon frais. Tu te souviens ? demandait le gars. Apparemment, oui.

    Un peu plus loin, une grosse bonne femme parlait fort en promenant son mari en chaise roulante. Elle donnait des instructions pour qu'il agrippe les produits à sa portée. Il ne devait pas être très doué. Mais c'est vrai que t'es con, elle a conclu avant de tourner vers les produits ménagers.

    Quant à moi, comme tous les 20 juillet, j'achetais du shampooing. J'ai pas mal hésité devant le rayon. Finalement, j'ai acheté un shampooing Cheveux normaux. Si j'en juge par tout ce que j'ai vu dans le rayon, ça a l'air d'être une particularité assez rare.

    Et non, je n'ai pas la carte de fidélité.

  • Wii, je le veux

    Quand j'étais petit, je n'étais pas grand. Noël faisait déjà beaucoup de bruit (je crois), mais les gadgets électroniques étaient encore dans les labos de R&D.
    Un jour, chez l'ami-qui-me-battait-au-Subbuteo (il n'y en avait qu'un), dans le salon est apparu un drôle d'objet tout noir, avec des trucs fabuleux - des joysticks, on m'a dit (sûrement le 2e mot anglais que j'ai retenu après shit). Sur la console Atari, on a joué au ping pong pendant longtemps, jusqu'à ce qu'arrive le jardin et avec lui la table, et qu'on se rende compte que quand même c'était mieux en vrai.

    Entre-temps étaient arrivées sur les bureaux des parents d'étranges machines appelées ordinateurs - et bientôt chez certains de mes amis des trucs hyper-modernes : des TO7, avec des signes cabalistiques du genre C:// que je n'ai jamais compris. Il y avait des jeux géniaux, comme Arkanoid ou les Winter Olympic Games (le saut à ski était dément). Mes copains jouaient encore avec le joystick, moi j'étais devenu un virtuose du clavier en jouant avec les flèches, la barre d'espace et parfois même d'autres touches. Je vous raconte pas, c'était une époque de fous.

    joystick.jpgC'est à peu près à cette époque que j'ai eu une Vision - le genre de truc où soudain on domine le monde et où on sait qu'on a raison : je me suis dit que quand on aurait 60 ans, on aurait des jeux de dingues où il suffirait de faire les gestes devant l'écran pour faire bouger nos avatars, et qu'on pourrait jouer comme au vrai tennis dans le salon, et ce serait vraiment génial, parce qu'en vrai c'était quand même galère pour réserver des courts quand il faisait beau.
    Autant dire que j'étais assez impatient d'avoir 60 ans.

    Toutes les années qui ont suivi, j'ai vu que le Monde se démenait pour arriver à ma Vision. J'ai découvert les jeux d'arcades, avec plein de trucs où on perdait très vite, mais quand même super parce que dans le volant on pouvait ressentir les chocs du stock-car quand on coinçait un copain contre le mur du circuit. Ensuite je suis allé aux Etats-Unis - j'étais déjà un peu impressionné, mais je l'étais encore plus quand j'ai vu dans le salon une console de jeu.
    Et puis, allez savoir pourquoi, je me suis lassé très vite - avant même la fin du voyage. Je devais grandir, sûrement. Ou alors, c'est parce que je ne gagnais pas.

    Du coup, j'ai regardé les progrès suivants d'un œil un peu distant. Quand à L'Ecole on a tous eu des ordis j'ai vu fleurir des jeux où le graphisme commençait à être impressionnant - mais je préférais toujours jouer à des jeux simples avec les flèches et Enter pour aller plus vite, marquer plus de buts ou exploser mes voisins au Tetris à deux (j'ai été Champion du monde de 1994 à 1996).
    Et puis la vie est un jeu, je me disais, pas besoin d'ordi pour y jouer. C'était même mieux sans.
    Alors au moment où on me demandait de passer pro en étant payé pour jouer à Powerpoint, j'ai choisi une partie multijoueurs où on ne conserve pas les highscores, et où il n'est pas nécessaire de passer des niveaux pour changer de décor (j'ai terrassé le monstre du level beginner en appuyant sur Echap, et hop).

    ... Et la Wii est arrivée.
    Un peu trop tard pour m'exciter comme un gamin. Beaucoup trop tôt, aussi, vu que je n'ai pas encore soixante ans.
    Pour marquer mon désaccord avec ce mauvais timing et parce que je n'avais pas de copains qui, je n'y ai jamais joué. On dira que j'attendais qu'elle fasse encore des progrès pour que ma Vision devienne vraiment réalité.

    Mais quand la Grande Gameuse m'a proposé (que dis-je! quand elle m'a défié), évidemment, j'ai dit Wii avec des petits sauts d'excitation.
    Et donc j'ai joué au tennis entre un canapé et une table basse, comme dans mon rêve de gamin.
    Bien sûr il ne s'agit pas de Roger et Rafael, la console peut encore progresser sur le lob lifté et le revers chopé. Bien sûr, dans dix on regardera les premiers jeux Wii en rigolant comme on regarde aujourd'hui les Atari. Bien sûr, le Monde a le temps de progresser jusqu'à mes soixante ans.
    Reste que l'essentiel est là : comme dans mon rêve de gamin, j'ai gagné.
    C'était bon.

  • Le coup de la panne

    h-3-1069864.jpgD'abord on pense à toutes les mauvaises raisons pour lesquelles ce jour-là, précisément, on a fini par prendre sa voiture. Tous ces petits trucs qui nous ont mis en retard. Le bison pas si futé à la radio hier qui annonçait de vertes prairies. On se dit que si on avait eu un vrai bon livre, on l'aurait pris, ce métro, quitte à marcher après mais que pour d'autres raisons, en ce moment... Bref.
    A travers le pare-brise on contemple aussi toutes les petites ironies qui ont jalonné le parcours : la station bp fermée, l'embouteillage qui double la consommation d'essence - et ce dernier coup de frein, là, qui vous a privé du peu d'élan qui aurait suffi pour atteindre en roue libre la sortie Porte d'Ivry, avec cette route en pente juste là, devant - juste au moment où la route allait se dégager.
    Ensuite, on pense aux autres. On se souvient de toutes les fois où on a dépassé sur la route une famille en rade au milieu de la route un jour de grands départs. On se souvient que selon son humeur on les plaignait ou on les maudissait. On ne réagit donc pas au bras d'honneur d'un connard qui passe à côté - on sait.
    Et puis enfin on pense à sortir au milieu des klaxons, à choper dans le coffre son joli triangle, à le placer quelques mètres en arrière. On appelle l'ami chez qui on aurait dû arriver voilà déjà une demi-heure, on franchit hardiment une voie de périph, on saute le parapet, on appelle la dame derrière la borne orange.
    Et on attend. Avec ce gentil gilet jaune qui désigne à tout le monde le-con-qui.
    « Attends je vais te chercher un bidon et j'arrive, me dit l'ami.
    - Pas la peine, la dépanneuse est en route.
    - Mais si, tu vas voir.

    Le scénario de film d'action est limpide : je verrais arriver sa voiture de loin, il se garerait juste devant moi en faisant crisser ses pneus, j'aurais déjà débouché le réservoir, vite 5 litres pendant qu'au loin apparaîtrait l'orange clignotant de la dépanneuse. Alors la musique s'emballerait, gestes précipités.
    - Grouille-toi, putain, la dépanneuse arrive.
    - Putain mais j'y peux rien, j'arrive jamais à revisser ce bouchon du premier coup, c'est comme l'autre f...
    - On le revissera plus tard, magne !
    Bruits de portières, on y est presque. Mais...
    - Attends, John - le triangle !
    - Pas le temps, Mike, putain, démarre.
    - Non ! On ne peut pas le laisser là - trop dangereux pour les autres.
    - Mais on s'en fout, des aut...
    Musique crescendo, entre les voitures je récupère le triangle au moment précis où la dépanneuse fait son apparition dans le champ (énorme, en contre-plongée). Gros plan sur le dépanneur patibulaire qui commence à comprendre - il va descendre (lui mettre en main un outil tranchant), mais in extremis on remonte dans la voiture, avec la réplique qui tue pour clouer sur place le dépanneur - et hop, Amis 1, Système 0.

    Finalement la dépanneuse arrive. Et le dépanneur (sympa). Comme prévu, il y a bien une station Esso Porte d'Ivry - longueur totale de remorquage : 450 m. Le dépanneur remet de l'essence, je vais payer.
    Ça fait mal, hein ? me demande à la caisse le jeune type de la station. Avec commisération, il me demande - Combien ? Je mise sur 150, il parie 300. Gloups. Le dépanneur soudain me paraît moins sympathique.

    Quand viendra la facture, du coup, j'aurai presque le sourire.

    168 euros, ça fait un peu mal, mais pour vivre des expériences uniques il fait savoir mettre le prix.

  • On n'a pas si souvent l'occasion

    de vivre des instants vraiment historiques.
    C'est sans doute pour ça qu'hier TF1 et France 2 ont consacré l'intégralité de leur Vingtheures à l'enterrement de Michael J.
    Du moins, c'est ce qu'on m'a dit parce que perso j'étais pas là (j'avais un mot).
    Et ce matin, qu'apprends-je ? Que TF1 a rassemblé moins de 6 millions de fidèles (quand même) (mais ils sont 7,5M d'habitude), et France2 (qui paraît-il s'était pourtant démarquée avec un courageux sujet sur des "fans de la star" qu'un journaliste est allé rencontrer dans un café) n'a fait que 3,4M contre 5M les jours où il ne se passe rien.
    Comme quoi les gens sont vraiment des cons.


    PS - Un pensée pour la rédaction en chef du 19-20 de France 3, qui (toujours selon le salutaire Arrêt sur Images) n'a consacré qu'un tout petit sujet à l'Evénement. On se demande bien de quoi ils ont pu causer. Et on comprend mieux pourquoi France Télévisions a laissé partir Audrey Pulvar.

  • Talons hauts, jupe fendue (complètement fêlée)

    13h40. Personne ne l'avait annoncé, mais c'est défilé de mannequins près de la Porte St Martin - united colors of top models, avec une prédilection pour le blond et l'accent russe. Au bord des rades du Xe les ports sont altiers, les gorges déployées, les attitudes sûres d'elles-mêmes et les talons très hauts sur les pavés. « Je suis belle et c'est mon métier », disent les têtes et les jambes.

    Mais l'homme de la rue, porte St Martin, ne s'en laisse pas compter. Il voit bien, lui, que la beauté est très loin d'ici, sans papier glacé le canon russe le laisse froid. Surtout quand son regard tombe sur la grande blonde maigrichonne, en queue de défilé, aussi gracieuse que si elle tentait de franchi une rivière en marchant sur des galets. Elle a deux types à ses côtés, c'est peut-être elle la star du groupe. Mais quand le booker montre la star l'homme de le rue, lui, regarde le doigt. Ou plutôt les bras. Et les jambes. Faut dire qu'on les voit bien, ses jambes, tant la jupe est fendue. Elles sont aussi épaisses que les baguettes du restau japonais où on lui conseillerait bien d'aller manger, là tout de suite.

    La rue s'est tue pendant que passaient les mannequins, maintenant les badauds se regardent avec un sourire pincé. Pas un pour tomber dans le panneau de la beauté de rêve. Ici, pas de regard du photographe, juste une dizaine de personnes qui se regardent entre elles et qui savent qu'elles pensent toutes la même chose.
    Que pute de luxe, décidément, n'est pas un boulot alimentaire. Que cette jupe fendue était bien dure à voir. Et qu'il faut être bien fêlé pour s'imposer ça.
    Qui a donc décidé de remplacer les canons de la beauté par des baïonnettes ?

    (Salut à toi, copine en jeans)

  • La nana de la pub ipod

    Elle est montée à Chateau-d'Eau, de la vapeur de sueur montait déjà dans le wagon. Petit short bleu, top rouge et ongles vernis au bout des tongs - même sa peau avait le bronzage fluo. A la poche de son short, elle avait clipé un mini-baladeur qui l'isolait du monde. Avant de comprendre qu'elle était faite de chair et d'eau, j'ai cru qu'il s'agissait d'une de ces filles un peu abstraites qui dansent la modernité triomphante dans les pubs 3.0.
    Parisienne ? Touriste ? Peu importait - elle était citoyenne du monde et habitait dans son ipod.

    Quand elle s'est glissée en face de moi, j'ai entendu dans ses oreilles les basses tranquilles d'une rhythm'n'soup internationale. Ça se confirmait. Elle a commencé par se contempler les ongles. A chaque vermicelle dans la soupe elle se mordillait les lèvres de plaisir, au refrain elle souriait, ouvrait légèrement la bouche pour former quelques sons muets, et tout du long elle dodelinait de la tête comme-à-la-TV. De temps en temps elle regardait un peu le monde autour, toujours souriante, presque étonnée de voir d'autres gens.
    L'échange a été joli quand elle a vu qu'en face d'elle je prenais des notes - j'aurais pu être en train de faire son portrait au fusain, ça aurait été pareil. Elle m'a regardé écrire quelques instants (au crayon sur le dos d'une couverture de papier glacé - illisible) puis a fermé les yeux pour rentrer dans sa musique. Quand je levais les miens, je la trouvais regard mi-clos, le menton toujours en rythme.

    La seule chose qui m'a fait comprendre que je n'avais pas en face de moi une publicité vivante, c'est quand son oreillette droite est tombée et qu'elle a dû la remettre. Sans cesser d'onduler.
    Puis le métro s'est arrêté à Odeon et je suis descendu. Si j'avais su dessiner je lui aurais laissé son portrait. Malheureusement...
    Elle m'a regardé descendre, elle est restée sous terre et continuait à planer au-dessus de la ville.