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  • A l'occasion...

    Invité un soir de L’Humeur vagabonde, l’un des fondateurs de la revu XXI, avait raconté qu’on lui proposait toujours trop de sujets "à l’occasion de"… « Mais je m’en fous, de l’occasion, disait-il. Si une histoire ne vaut que "à l’occasion de", elle ne vaut rien. Tout ce qui m’intéresse, moi, ce sont les histoires ! »
    Un vent de fraîcheur était entré dans la librairie, c’était parfait (l’hiver n’était pas encore là).

    2526873932.JPGLa mort m’attendra a certainement été publié à l’occasion de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Sauf qu’il n’a peut-être pas été pilonné en même temps que tous ses voisins de table de l’été. Et tant mieux. Claire Raynaud y raconte l’histoire de Pierre Ndaye Mulamba, buteur vedette de l’équipe du Zaïre, première équipe d’Afrique noire qualifiée pour la Coupe du monde – c’était en 1974. Une histoire de foot, un peu, mais aussi de politique, beaucoup, et d’hommes, toujours. Comment onze joueurs, protestant contre la corruption d’un régime, décident en direct (en pleine coupe du monde!) de se laisser battre 9-0 par la Yougoslavie. Comment, plus tard, un ministre des sports exige d'un footballeur qu’il lui remette une médaille fraîchement acquise, parce qu’il va bientôt rendre visite à Mobutu et qu’il voudrait la lui donner. Comment ce footballeur se retrouve battu à mort après avoir refusé. Comment ce même sportif, vingt ans après la gloire, se retrouve gardien d’un parking sauvage au Cap…

    Une belle et triste histoire, lue à l’occasion de rien du tout – ou peut-être, sans le faire exprès, de la révolution tunisienne. Parce que c’est une histoire parfaite pour se rappeler que démocratie ou pas, rien n’est pire que la corruption dans le gouvernement des peuples.

    C’était la minute Acheter un livre neuf comme s’il était d’occase. Bonne semaine.

  • Under cover

    Et c’est reparti, comme en 2007, pendant quelques semaines je ne mettrai plus les pieds dans une librairie. Pour ne pas chercher du coin de l’œil si "B.a.-ba" y est ou non, pour ne pas me désespérer de ne pas l’y voir (commentaire censuré sur certains intermédiaires de la chaîne du livre), ou pour ne pas avoir la tentation dérisoire de le déplacer, là, un peu plus près du bout de la table.

    Sauf que depuis 2007, je sais. Il y a une librairie où je peux continuer d’aller en paix. Une librairie de quartier, bien au chaud, où je sais que le livre ne sera pas mais où ce n’est pas grave, et où je peux tranquillement donner mon nom, incognito, pour enregistrer ma carte de fidélité. C’est ma librairie de quartier.

    Il n’y a pourtant que de bons livres, à l’Humeur vagabonde.
    T9782919186006.gifenez : en vitrine l’autre jour, il y avait le Journal de Delfeil de Ton – huit petits feuilletons parus dans Charlie et Hara Kiri dans les années 70.
    Un exemple ? Allez, le premier jour.
    Lundi 1er : ce matin, légère douleur à l’épaule gauche après avoir frappé Germaine.
    (note pour toi, lecteur délicat : dans la suite de l'histoire, on découvrira que "Germaine" n'est pas (du tout) celle qu'on croit)

    Un humour grinçant, parfait pour les hivers un peu rudes, et qui nous montre en creux l’avancée du politiquement correct depuis 30 ans. Des textes publiés chez Wombat, une maison à la peinture encore toute fraîche, comme Rue fromentin, où l'on sait aussi qu'il n'y a pas plus jeune que certains anciens (question: qui est plus jeune que Delfeil de Ton au Nouvel Obs?).

    Il y avait aussi Same same but different, de Sandra Reinflet – dont on recausera plus tard, parce qu’il faut savoir lire les livres au moment où ils peuvent le mieux nous changer.

    J’y ai commandé enfin La mort m’attendra, de Claire Raynaud.
    Celui-là, je vous en cause la prochaine fois, là tout de suite je dois régler une question simple avec un conseiller téléphonique, ça devrait me prendre la journée.
    Sous vos encouragements.

  • Megalopolis

    Bon, on ne va pas parler que de soi, hein.

    Megalopolis4.jpgQuand ils ont commencé, ils ne savaient pas s’ils iraient au-delà du Numéro 3. Ils ont pris dans la gueule les grèves de Presstalis, mais ils sont allés voir les kiosquiers un par un pour parler de leur magazine. Et finalement, le N°4 est là.
    Pendant qu’on se répète en boucle que la capitale s’endort, Megalopolis s’infiltre dans des soirées clandestines en sous-sol. On y investit les logements vides pour étudier la crise du logement, on va au théâtre en banlieue, on s’invite aux réunions publiques du Grand Paris et on regarde des films de gangsters modernes qui circulent en DVD dans les gares de RER.
    Megalopolis, finalement, c’est un journal citoyen, avec un point de vue plus qu’une opinion, des partis pris mais pas d’a priori militant. Un magazine de journalistes, en somme. Des vrais. 

    Sinon, je vous recommanderais bien Incendies, et avec chaleur, mais j’imagine que d’autres l’ont fait avant moi.
    Ou alors, Même la pluie. Une équipe espagnole qui vient tourner un film sur Colomb et l’esclavage des Indiens en Amérique Latine, en embauchant au rabais de la main d’œuvre locale. Sur un sujet comme ça, rester fin pendant une heure, c’était déjà une gageure. C’est réussi. Ensuite, bah… Bah.

  • Petit résumé des épisodes précédents…

    Il y a des gens qui commencent dans un quartier populaire, finissent au Flore et appellent ça Réussite. Pour ce blog, c’est un peu l’inverse : il aura commencé après un happening improvisé au Flore (en mettant en feuilleton cette histoire, là), et s’amuse maintenant dans les couloirs du métro. Et dans un quartier populaire, où il se sent bien mieux.

    Pour les livres, c’est un peu pareil.

    Quand j’ai ouvert le premier blog, j’étais en train d’écrire "Eliminations directes" - que j’appelais déjà "Truc" mais pas encore "Truc n°1". J’avais mis quelques extraits du travail en cours. Puis un coup de téléphone de Dominique Gaultier, du Dilettante, et c’était parti. L’annonce, la signature du contrat, la recherche du titre, la couverture, la sortie… De tout ça j’ai parlé, je crois, mais de façon un peu cryptée. Pour les initiés, en quelque sorte. L’air du temps commandait aux jeunes auteurs d’ouvrir le "blog-du-livre", de faire leur propre pub, et je n’en avais aucune envie. Le livre aurait sa vie propre, sans ce blog (et l’attachée de presse du Dilettante était parfaite (salut Claire)).
    L’une des rares étapes dont j’aie parlé vraiment, pour Hors jeu, ce sont les dédicaces aux journalistes. Parce que c’était vraiment amusant, en fait. Et depuis trois ans, chaque mois, des internautes anonymes tombent ici en tapant exemplaires de dédicasse ou exemple de dédicace sur Google.

    Ensuite, il y a eu Truc n°2. Une histoire dont j’avais eu l’idée il y a dix ans, et dont je pensais faire une petite fable amusante.
    Je ne crois pas en avoir parlé ici. Peut-être parce que je n’ai pas réussi à m’amuser tant que ça en l’écrivant. Peut-être aussi parce que l’histoire, même si elle me plaisait beaucoup, parlait de livres, de librairies, de courants littéraires – le genre de sujet dont je me fous plutôt, d’habitude. J’avais même écrit par avance la note de blog qui aurait accompagné la sortie du livre. Je me souviens d’une discussion alors avec Philippe Jaenada, qui me parlait de "livres qui nous ressemblent". C’était si juste. J’aime les romans de Phj parce qu’ils lui ressemblent. Et Truc n°2, sur certains plans, ne me ressemblait pas.
    Bref ! Je l’ai donné au Dilettante en mai 2009, et ai essuyé un refus très sympathique mais très ferme de Dominique G. (c’est un important pour un éditeur, j’imagine, que de savoir refuser un manuscrit avec classe ; si j’en crois ce que j’entends ici ou là, ce n’est pas donné à tout le monde). Un bon petit coup derrière la tempe, quand même. Exit n°2, donc.
    Dans le même temps, j’avais commencé à donner des cours d’alphabétisation (pardon : un atelier sociolinguistique) dans un centre social du XIXe (arrondissement). Le genre de truc qui me ressemble beaucoup plus, en fait. J’aurais pu en faire ici quelques notes qui auraient senti bon l’énergie que je retrouvais après chaque cours ; je ne l’ai pas fait parce que la grande Lidell, qui préparait la création de rue fromentin, m’avait demandé d’écrire un livre dessus. Et que la maison se crée ou non, je le sentais bien, ce livre. J’en avais déjà le titre, pour une fois. Ce ne serait pas vraiment un roman, pas vraiment un témoignage, mais quand on sent bien les choses on peut se foutre des problématiques de chef de rayon.

    … Et donc le voilà, ce "B.a.-ba".
    Juste avant Noël, avec l’attachée de presse (France!), j’ai dédicacé le livre à quelques journalistes. Décidément, l’exercice n’est pas déplaisant. Certaines de ces dédicaces ressemblaient plus à des hommages qu’à des "envois" classiques, mais après tout, on n’a pas si souvent l’occasion d’écrire à des gens dont on respecte le travail.
    Je me souviens bien du moment où j’ai dédicacé le livre à Audrey Pulvar. C’était en pleine "affaire Montebourg", France Inter venait de lui retirer une chronique et j’enrageais de la voir mise dans le même sac que certaines consœurs plus présentatrices que journalistes… J’avais écrit, donc, sans oser rêver que sur France Inter on parlerait de…

    … Et puis, si.
    Dire que ce matin j’avais éteint la radio à 8 heures…

    Merci à tous ceux qui m’ont signalé cette chronique.
    Vous comprendrez qu’après ça je ne vous parle pas trop du livre. Audrey Pulvar le fait tellement mieux que moi.
    ... Et l’histoire ne fait peut-être que commencer.

    J’ai podcasté aussi la météo.
    Ils annoncent un temps petit-nuageux sur le nord de Paris.

  • Coming soon

    Well !
    Bizarrement, je ne sais pas trop comment le dire, alors autant rester factuel.

    Jeudi prochain, donc, en librairie, il devrait y avoir ceci :

    514nUT%2Bf83L._SL500_AA300_.jpg

    Je l'aime beaucoup, ce livre. C'est sans doute pour ça que je ne trouve pas les mots pour en parler. 
    Quand il existera pour de vrai, ce sera peut-être plus simple.

    En attendant que le papa délie sa langue et dérouille son clavier, vous pouvez aller voir ce qu'en disent ses grands-parents éditeurs, là.

    A bientôt.

  • Eye eye eye

    Face3.jpgIl y a quelques années, j’avais découvert les portraits symétriques. Le principe est simple : prenez un portrait de face, découpez au milieu dans le sens de la longueur, faites le symétrique de chaque hémiface et vous obtenez deux portraits d’une même personne : le portrait droit, et le portrait gauche. Pas toujours si ressemblants que ça.
    Ces portraits sont utilisés en morphopsychologie, rapport au cerveau droit et cerveau gauche. Pour ma part, je ne suis pas allé plus loin que l’intuition.
    J’imagine que la morphopsycho analyse aussi les évolutions du bas et du haut du visage. Mais il est plus compliqué de s’amuser avec la symétrie...
    Autant s’en tenir à l’intuition.  

    C’était ce midi, ligne 4. La rame s’était vidée à Chatelet, je me retrouvais seul dans mon carré. Sur l’un des strapontins en face, de beaux cheveux bruns, un front large, finement ridé, et de beaux yeux gris-vert. Des yeux qui laissaient deviner une intelligence assez vive, mais qui pour l’heure semblaient perdus, non pas dans le vide, mais en eux-mêmes ; leur propriétaire (une petite trentaine, me soufflait mon petit doigt) semblait être en train de revivre un épisode un peu douloureux.
    Pour en savoir plus, il aurait fallu que je lui demande voie le bas du visage, mais il était caché par la rambarde devant moi. J’ai levé le cou… Et là, surprise. Du nez au menton, j’avais face à moi une femme de quarante ans passés – les joues un peu molles d’une mâcheuse de chewing-gum, et une bouche fine mais triste, les commissures tirant vers le bas comme si depuis des années des soucis lui étaient accrochés aux mâchoires et lentement affaissaient le visage.
    Un bruit sur ma droite m’a distrait quelques secondes, puis ai repris ma position initiale, branché sur le haut du visage de la jeune femme.
    Elle essuyait une larme au coin de son œil gauche.

    Ah, tiens, allez donc faire ce petit test, là (merci à toi, Sophie K).
    Il s'agit de décoder des regards, en VO.
    Vous risquez de vous surprendre vous-mêmes.

  • On s’égaie, on se vœux, on spâme

    Montparnasse, 2h15. Les couloirs du métro sont joyeux. Devant moi, un couple discute. L’homme s’arrête, plonge la main dans sa poche, sort son téléphone, se tourne vers la fille.
    - ça alors…
    - Quoi donc ?
    - Un message personnalisé !

    Hop.

  • ... et la fête est plus folle

    champagne.jpg31 décembre, 20 heures, Daumesnil.
    Sur la ligne 6, c’est l’heure de pointe, toute la ville converge vers l’Etoile pour réveillonner. Assise dans un carré, une dame tient sur ses genoux un gâteau plus grand qu’elle. Son voisin se tasse pour laisser s'asseoir un enfant. Entre les deux carrés, un homme rondouillard, la trentaine. Il a l’œil noir comme son pantalon plein de poches, noir aussi comme son t-short qui moule une belle bedaine. Sa mâchoire est tendue, les traits sévères, le front animé de tics.
    Avant la place d’Italie, la rame retrouve une éphémère liberté de mouvement. L’homme en profite pour se pencher vers le sac posé à ses pieds. Il en sort une bouteille.
    C’est du Champomy.

    Bonne année à vous, et à toi.