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  • Cheveux courts, idées longues

    Ce que j’aime, chez mon coiffeur, c’est que quand il discute ce n’est pas avec moi mais avec ses copains qui ont l’air de passer la journée chez lui, comme au bled. En général la discussion est en arabe avec quelques mots de français mais hier, allez savoir, le français dominait. Un jeune gars que je n’avais jamais vu était assis près de l’entrée, dans le salon on comparait en riant les contrôles policiers du mois écoulé, on échangeait des tuyaux liés aux coutumes locales (les meilleurs magasins de vestes dans le coin, les soldes de janvier), on parlait du temps qui passe mais surtout du temps qu’il fait, ici et à la montagne. Parce que le jeune gars allait partir au ski pour la première fois, que c’était super mais qu’entre amis il pouvait bien leur dire qu’il avait un peu les chocottes. Puis tout le monde a parlé boutique, j’ai compris qu’il était apprenti dans un CFA en région et qu’il dormait là-bas, avec quinze autres jeunes (il l’a dit).
    - Et ça va, c’est pas trop le bordel ? a demandé le coiffeur en chef.

    Et déjà le coiffeur me présentait son miroir pour que je lui confirme que oui, derrière c’était très bien, kolo tamam, et c’était le moment de descendre du fauteuil. Hop hop hop, tondeuse ciseaux rasoir, quinze minutes. Des sourires une coupe parfaite les tempes désépaissies et le cerveau aéré, le tout pour 8 euros pourboire compris, j’ai pensé qu’il y a des gens qui vont chez Jean-Louis David et je les ai plaints.

     

    59114.jpegEt le soir aux Abbesses, au Tremplin Théâtre, Karim Tougui racontait Ma mère s’appelle Chantal. C’était intelligent, c’était malin, c’était bien joué, c’était drôle et ça vous ouvrait l’esprit, les clichés étaient restés à la porte, il n’y avait sur scène que du très singulier et du très universel. Le spectacle se prolonge en janvier, le mercredi soir.
    Bienvenue dans le xviii.

  • Tout le monde veut prendre sa place

    L’autre soir, une jeune femme enceinte qui traverse tous les jours Paris en sous-sol nous racontait les voyageurs qui laissent ou ne laissent pas leur place en la voyant monter en début de ligne.
    Globalement, le récit était assez peu flatteur pour la race humaine, mais les femmes (droit de vote: 1945) et les immigrés (droit de vote: en cours) s’en sortaient pas trop mal. Les félicitations du jury allaient aux petits combattants du quotidien qui jouent des coudes pour rafler la dernière place assise sous le nez de la future maman. Puis qui passent leur quart d’heure de trajet la tête basse, pour éviter les regards noirs de leurs voisins muets. Il y a décidément des gens qui savent bien commencer une journée.

    J’ai pensé à elle ce dimanche, dans le PC. Pour une fois il y avait peu de monde, même pas de poussette, et j’avais trouvé une place assise. Porte Montmartre sont montés trois papis, la soixantaine est-européenne, avec des barbes grises taillées en père Noël (un job saisonnier comme ça, ça se prépare longtemps à l'avance). L’un d’entre eux avait une béquille. Je me suis levé pour lui laisser la place : j’ai à peine eu le temps de croiser son regard qu’un fringant quadra s’était déjà faufilé pour s'installer avec sa grille de sudoku. Sur sa parka de winner, on pouvait lire "Moët & Chandon".
    Joyeux Noël, les papis.

  • Carte postale d'Oslo

    oslo-city-hall-and-statue_11918_600x450.jpgLa première chose qui vous frappera, en descendant sur Oslo vers 15h30, c’est la nuit déjà tombée sur l’Est, tandis que les hublots Ouest se teintent encore d’une lumière orangée.
    La deuxième chose que vous noterez, c’est le prix des transports en commun. Qui ne sera jamais qu’un avant-goût du prix de la pinte, et du reste.

    Mais si vous prenez la ligne 1 du métro, vous ne tardez pas à monter dans la forêt au milieu de cabanes huppées. Une vingtaine de minutes plus tard, vous voici au terminus – Frognersteren. Vos voisins sortent leurs vélos ; de l’autre côté de la voie, vous notez les casiers à ski. La piste commence ici. Vous préférerez descendre la roche sur quelques mètres pour accéder au belvédère, où le fjord d’Oslo se livre à vous : ses îles, sa forteresse, ses quais, et les mouettes silencieuses.
    Sur le chemin du retour vous observerez les lacs, les collines, les sapins qui attendent la neige. Puis le soleil qui se couche lentement sur le fjord. Il est 15h18. La nuit s’annonce longue.