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  • Gloire à toi, Angéla Morelli

    Du temps où l'on bloguait, épisode n-1

    ... Ainsi donc, les Harlequinades avaient été une pochade. Rien de plus, sauf que c'était une de ces pochades partagées qui lancent des mouvements.
    Le mouvement d'abord, le projet ensuite, tu t'en souviendras ?
    Et le projet, en l'occurrence, c'était de se faire plaisir, jouir sans entraves de la blogosphère comme au premier jour, sans se soucier des statistiques, de son petit ego numérique et des débats 'blogueuses vs vrais critiques'.
    Pour nos héroïnes, ça commençait par lire ce qu'elles voulaient. Il y avait aussi une énergie plus profonde, un mouvement de choix personnels dont elles parlaient parfois entre elles, à mots couverts sur la toile, ou le soir devant des mojitos très vrais.
    Faire ce qu'on veut, quand on y pense, on n'en a pas si souvent l'occasion. Et pour beaucoup d'entre elles (que dis-je : d'entre nous) il est certain que ce petit monde qu'on avait créé a aidé. On est toujours plus fort(e) pour bouger quand on sent les amis qui poussent derrière - fussent-ils virtuels.
    Il y eut des reconversions professionnelles, des bébés, des déménagements. Des deux organisatrices des Harlequinades, l'une quitta bientôt Paris, et l'autre se retrouva en lien avec un des concurrents d'Harlequin, qui lui proposa la traduction d'une série copiée sur inspirée de 50 shades. Traduire, elle aimait ça. Le olé olé aussi.
    ... Et c'est ainsi que Happy Few devint Angéla Morelli.

    Elle blogua de moins en moins, puis finit par fermer son blog : pour le mouvement et les copines, facebook avait pris le relais.
    angéla morelli, harlequin, homme idéalElle était prof le jour et traduisait la nuit, et pendant les vacances scolaires l'envie d'écrire la titillait de plus en plus. Jusqu'à ce qu'un jour elle s'y mette, pour voir. A la fin des vacances, elle m'a montré ce qui était alors une moitié de roman(ce). Elle avait écrit en quelques semaines, et c'était à l'évidence meilleur que ce que j'avais lu ou parcouru pour les Harlequinades. C'était construit, espiègle, avec un brin de finesse entre deux clichés avec lesquels elle jouait en riant. Et les scènes épicées étaient réussies, parce qu'il s'y jouait vraiment quelque chose entre les personnages. J'ai travaillé un peu avec elle sur le texte et oui, je l'avoue, j'ai aimé ça (si je reprends un jour un "vrai travail", ce sera éditeur, voilà c'est dit). Quelques mois plus tard, H. a accepté le texte pour ses collections numériques, et maintenant le voilà, en vrai papier dans sa couverture toute rose.
    Il s'appelle L'homme idéal (en mieux), et oui maman tu as bien vu, je suis dans les remerciements d'un bouquin Harlequin !
    Autant dire que rien que pour ça, j'ai bien fait d'ouvrir un blog.

    angéla morelli, avis de tempête, c'est beau, un baiserJe te signale d'ailleurs qu'Angéla ne s'est pas arrêtée à ce coup d'essai. Elle a publié d'autres nouvelles plus soft, de cette littérature sentimentale à 1 ou 2 euros dont tu n'as peut-être jamais entendu parler mais qui trustent les meilleures ventes de cette librairie en ligne n°1 de l'édition numérique et la fraude fiscale. Je peux te recommander son dernier, par exemple : il s'appelle Avis de tempête, et il donne assez envie de partir au Québec et d'embrasser votre voisin(e). Ou les deux.
    M'enfin, je ne suis pas ici pour faire de la publicité.
    Mais je peux bien vous avouer, puisqu'on est entre nous, que ça me titille aussi, d'écrire sous pseudonyme. Retrouver plaisir d'écrire dans le plus pur anonymat, un peu comme ici au début. Retrouver aussi plaisir d'écrire sans me faire des nœuds au cerveau, sans chercher à mettre trop de choses dans un texte – tous ces petits détails qu'on glisse entre les lignes et qui font la richesse d'un livre mais qu'on est souvent le seul à voir (snif).
    On en reparlera peut-être un jour, ou pas.
    D'ici là, je vous souhaite de belles lectures, et de belles rencontres.
    Bons baisers de Paris, France, et de ce monde virtuel.

  • ... Et les blogueuses libérées s'abandonnèrent aux joies du sexe

    Du temps où l'on bloguait, ép. 7
    Où comment une simple blague
    finit par changer un petit monde.

    Près de 80 blogueuses (et 4 blogueurs) avaient participé aux Harlequinades, et l'heure était au vote. Et il y en eut des votes, et des sincères, où l'on ne votait pas pour la copine mais pour le texte le plus drôle, parce qu'on avait envie de rire et qu'il n'y avait rien à gagner.
    (Et puis finalement, d'ailleurs, si, il y eut quelque chose à gagner, d'ailleurs : les rires résonnaient si fort sur la toile que les éditions Harlequin elles-mêmes, qui n'y connaissaient que pouic au web, eurent vent de l'affaire et volèrent au secours du succès en proposant de doter le concours (en livres que personne ne lut, je crois)).
    ... Et ainsi donc, en octobre s'achevèrent les Harlequinades.

    Mais leur écho porta bien plus loin que les seuls rires et gloussements étouffés d'une pochade estivale.
    Car le concours avait réveillé chez les blogueuses l'instinct de plaisir et de liberté des premières années, l'envie toute simple et si rare de faire ce qu'on veut. Et au fond, que voulaient-elles ? Du romanesque, du vrai. Elles avaient envie de parler de Hunger Games ou de Jane Austen, ou de livres jeunesse, ou de vampire, elles voulaient des intrigues, des personnages et du sexe si affinités mais sûrement pas des Sacha Sperling ou des bêtes à Goncourt dont les éditeurs gavaient leurs boîtes aux lettres.

    deux blogueuses litteraires, parmi d'autres...Ainsi l'automne 2009 fut-il comme un printemps sur la toile. Une à une, les amazones de la critique envoyèrent balader les attachées de presse des éditeurs traditionnels comme elles l'avaient fait avec wikio, elles achetèrent sans le moindre complexe des livres aux couvertures colorées et au contenu épicé, elles les chroniquèrent, se les échangèrent... Un grand mouvement était lancé que personne à StGermain n'avait vraiment vu venir. Une critique populaire émergeait (tu as remarqué comme tout ce qui est étiqueté populaire est d'habitude abandonné à la seule publicité?), l'art du feuilleton était dépoussiéré...
    Autant dire que tout était mûr pour le succès de 50 nuances de Grey.

    Et tandis que la presse grand public accompagnait ce mouvement étrange qui veut que tous les dix ans une œuvre érotique accède au Graal du grandpublic, tandis que la presse littéraire s'interrogeait sur lesraisonsdusuccès et déversait sur le livre toute sa condescendance, les blogueuses, elles, n'étaient nullement étonnées. Et elles ne se privèrent pas, elles qui l'avaient lu, d'exercer leurs sarcasmes...
    Ce qu'on ne savait pas encore, c'est que l'une des organisatrices de ces Harlequinades, alors reine blogueuse et enseignante adulée, serait approchée par l'un des concurrents de Harlequin pour traduire à son tour (et avec bien plus de verve que les traducteurs de 50 Shades) une série SM... Sur les cendres brûlantes de Happy Few, Angéla Morelli était née.

    A suivre...

    .
    PS – je n'ai pas mis de lien vers les vainqueurs des Harlequinades, parce que figure-toi que plus un seul de ces blogs n'est actif aujourd'hui. Sic transit gloria webi. En revanche, Karine de Moncoinlecture, à qui j'avais donné ma voix, est encore là, et joliment.

    Quant à moi, eh bien, je m'étais bien amusé. J'avais écrit cette quatrième de couverture, là... Et figure-toi que cinq ans plus tard elle me titille encore parfois, l'idée d'écrire ce livre. Si tu as envie de le lire ou si tu as des infos sur George et Alfred (ou Fred), viens, je t'offre un verre.

  • Les Harlequinades ou l'apogée de la blogosphère

    (Du temps où l'on bloguait, ép. 5
    Où tu trouveras, en bas là-bas, le lien vers une archive plus que précieuse.
    Salut à toi, Fab'shion)

    harlequinades, woodstock, valmyIl y a les événements qui vous marquent une génération. Et puis il y a ceux, rares et précieux, qui font une génération. Mettons, Woodstock : le genre d'événement qui soudain fédère une communauté, qui attire et qui met en mouvement, le genre d'événement dont les participants ne se rendent pas compte qu'ils sont en train d'écrire l'Histoire et qui devient un souvenir inoubliable, puis une légende. Le genre d'événement dont Goethe pourrait dire qu'il y était. Quant à moi, eh bien, je n'étais pas à Valmy, ni à Woodstock, mais pour les Harlequinades, figure-toi, j'y étais.

    J'étais pourtant en marge du grand mouvement des blogueuses. J'en avais rencontré certaines, on se lisait/commentait de temps en temps, j'avais vu naître les livres voyageurs et gonfler les PAL, j'avais vu se multiplier les challenges, mais je n'avais jamais participé.
    … Jusqu'à ce que, dans la chaleur de l'été 2009, deux des plus actives et des plus pertinentes d'entre elles (gloire à vous, Chiff' et HappyFew) ne décident de lancer un défi d'un genre nouveau. Au départ ça n'était qu'une pochade, comme on ferait les mots fléchés de Cosmo allongé sur une serviette de plage. L'idée était simple : il s'agissait de lire pendant les vacances un roman Harlequin (ou équivalent) et d'en faire une critique la plus sérieuse possible, comme s'il s'agissait d'un classique de la littérature. Les Harlequinades étaient nées.
    Ce n'était qu'une pochade, donc, mais les premiers billets publiés respiraient une joie d'écrire nouvelle, une joie qui resta contagieuse jusqu'à l'automne : début octobre, 80 billets avaient été publiés. On y analysait les codes de la romance et les déterminants de la sexytude, on raillait les princes charmants, et les princesses coincées et les traducteurs peu inspirés, on comparait l'amour des années 80 et celui des années 2000, et on s'amusait, et on couinait. Devant l'enthousiasme collectif, les organisatrices ajoutèrent même un challenge annexe en mode atelier d'écriture : le concours de la quatrième de couverture la plus harlequinesque.
    Une révolution était en germe mais nous ne le savions pas encore. Et pourtant il fallait les voir, ces blogueuses, au pique-nique de rentrée de cette année 2009, évoquant les muscles saillants de Brad, le membre turgescent de Chris, des baisers improbables et la sueur des scènes les plus épicées. Je me souviens encore de celle-ci (non je ne cafterai pas), lisant à voix haute un passage croustillant de sa romance du moment, se moquant et couinant dans le même temps, le sourire en coin mais l’œil brillant... Car c'était ça, je crois, le grand secret du succès : ce savoureux mélange de second et de premier degré qui vous fait trouver le plaisir le plus vif dans ce qu'il y a de plus kitsch – cette jubilation quand je chante Bonnie Tyler à tue-tête dans ma voiture, par exemple (oui j'ai une voiture).

    Pendant ce temps-là, la Rentrée littéraire battait son plein mais les blogueuses s'en foutaient complètement, elles étaient occupées à lire et à commenter les harlequineries des unes et des autres, tout en galipettes et torses velus en attendant l'heure des votes.
    Car votes il devait y avoir !
    ... Mais de la fin du concours et de tout ce qu'il a changé, nous parlerons la prochaine fois, si tu veux bien. Il y a beaucoup à dire et je suis déjà trop long.

    En attendant, tiens, tu peux aller voir deux liens :
    - cette première note venue d'outre-Atlantique et qui, selon les historiens, a tout déclenché
    - … et le billet qui résume tout. Hot icing on a great cake.
    Oui, tu ne rêves pas : Happyfew a fermé son blog mais je l'ai retrouvé tout au fond des archives secrètes du web, avec les liens vers toutes les notes publiées cet été là. C'était beau, c'était grand, nous étions tous à poil et nous échangions dans la joie et l'ironie. Balade-toi, soupire, rigole, tu verras ce que c'était, la blogosphère du temps de l'âge d'or. Amuse-toi bien, je reviens.

  • Du temps où l'on bloguait (interlude)

    b6cbf104fbfa435ec36c3115fd4206fe.jpgUn an ! Un an déjà que j'ai honteusement laissé en plan cette petite saga du monde merveilleux et impitoyable des blogs littéraires.
    Mais sache que j'ai une bonne excuse : en janvier dernier, alors que j'allais écrire l'épisode 5, tout s'est soudain accéléré pour Truc#4, qui est devenu Sous les couvertures, avec une couverture, une vraie, et une sortie en septembre. Mais ça, tu le sais sans doute déjà. Tu t'es peut-être demandé, d'ailleurs, pourquoi je n'en avais pas parlé ici. Après tout, ça devrait servir à ça, un blog, faire sa promo plutôt que de parler des livres des autres... Je te dirai que tu as raison, sûrement, mais que faire de la retape, je n'en avais aucune, mais alors aucune envie – et si tu as lu le début de la saga, tu auras compris que c'est important, l'envie, sur un blog. Il n'y a même que ça qui devrait compter.

    L'ironie, c'est que la sortie du livre m'a reconnecté avec la 'blogosphère littéraire'. Tout est parti de quelques chroniques (merci à vous Leiloona, Jérôme, Daniel, Sophie, Charlotte... je n'ai rien dit mais j'ai lu^).
    Parmi celles-ci, il y avait celle de Stephie, que je ne connaissais pas, et qui a proposé le livre pour les 'Matches de la rentrée littéraire' de Price Minister, avec un succès déroutant...
    … Et c'est là qu'un monde nouveau s'est ouvert à moi. Je te la fais courte : par la grâce de Stephie et de PM, le livre a été envoyé à 160 blogueurs-ses (je le mets au masculin mais dans ceux que j'ai lus, je ne crois pas avoir vu un seul homme), qui s'engageaient à écrire un billet sur leur blog avant Noël.
    Autant dire que j'en ai appris, des choses, sur la blogosphère d'aujourd'hui. Mais on en reparlera plus tard, si tu veux bien : ces 160 blogs, c'était un peu mon stage d'immersion dans l'univers du grand public, je manque encore un peu de recul pour te faire mon rapport... Et puis, j'ai promis de finir cette saga, alors allons-y !
    Si tu as manqué le début, voici un résumé en attendant :
    Dans l'épisode 1, on ouvre des blogs, on se découvre, on se rencontre. Dans l'épisode 2, les commentaires se multiplient et la blogosphère commence à se faire entendre : les éditeurs s'interrogent et commencent à envoyer des services de presse comme une bouteille dans une mer invisible. Dans l'épisode 3 (avec guests), la blogosphère devient influente : Télérama enquête sur le phénomène, les premiers classements apparaissent, les boîtes aux lettres des blogueuses les plus en vue débordent de SP... Mais à l'épisode 4 (épisode double), retournement de situation ! Les plus grandes blogueuses, énervées de recevoir des livres dont elles se foutaient, des relances d'attachées de presse et des mails aigris de blogueuses jalouses, se rebelles et décident d'envoyer balader les éditeurs et les classements en tous genres.
    La saison 1 se finissait ainsi :
    Les blogueuses avaient niqué Wikio et retrouvé leur liberté. Ce n'est sans doute pas un hasard si, dans cette même période, plusieurs d'entre elles s'enhardirent jusqu'à changer de voie professionnelle. Elles devinrent journaliste, bibliothécaire ou libraire... L'une d'elles, si si, devint même Angéla Morelli.

    On va parler de tout ça, promis. Mais avant ça, prépare-toi, dans l'épisode 5 on parlera de cette merveilleuse pochade qui, commencée comme un pari entre deux mojitos, aura changé durablement la face de la blogosphère : les Harlequinades. Et cette fois-ci, on n'attendra pas un an.

    Mets-toi à l'aise et installe-toi sous les couvertures, j'arrive.

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