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  • Parlons peu, parlons Frank

    medium_grognards_hussards.JPG1952. Un jeune impétueux s'amuse dans Les temps modernes, il rigole des critiques et de leur vénération pour les écrivains "hors-série", ceux qui ont du ton. Parfois il hausse le ton, et avec style.

    "Qu'est-ce que le ton ? Le ton n'est pas le style. Il en est la tension. Le ton, si l'on veut, c'est le style renforcé, le style au carré, le style qui se voit style, qui se sait style, qui s'est muni d'une voiture sirène pour signaler sa présence et son passage. L'écrivain qui a du ton sait fort bien qu'il a du style, mais il ne peut s'empêcher de nous le trompeter. C'est comme s'il plantait au bout de sa phrase un petit étendard sur lequel il aurait écrit : "J'ai du style".
    (...) C'est un avare, il se désole à l'idée que les autres seuls peuvent avoir une idée de ce qu'il est. Son intériorité, c'est son dehors."
    (Bernard Frank, Grognards et hussards)

    Illustration prochainement.

    Et note pour moi-même : ne passons pas à côté des choses simples.

    PS : la bande-son, bien sûr - Léo Ferré, "Ton style "

  • Chère Marie-George,

    Donc, tu es candidate.
    (oui, je te tutoie, après tout on a fait campagne ensemble il y a dix ans, hein, et puis je t’aurais bien dit "vous" si tu avais représenté ces "collectifs" dont tu te serais bien réclamée, mais bon, non.)

    Jusqu’au dernier moment j’ai eu cet espoir absurde que tu ferais un geste historique et que tu t’effacerais pour laisser porter une voix nouvelle.
    Mais les petits calculs ont été les plus forts. Il fallait bien sauver les quelques strapontins qui restent au parti, hein ?
    J’ai lu quelques articles évoquant ta déclaration de candidature, je n’ai pas pu les finir. Un peu comme quand Hollande ou Villepin parlent à la radio, tu sais, cette impression d’impuissance, ces mots vidés de chair, ce discours qui glisse.

    Mais avant de me résoudre, je voulais te dire deux fois merci.

    Merci d’abord à la Ministre que tu fus, d’avoir montré que l’énergie des convictions pouvait encore soulever des collines. Je garde le souvenir de ta lutte antidopage.

    Merci aussi pour m’avoir convaincu lors du dernier référendum.
    Tu te souviens, comme la campagne était belle, comme on en parlait dans les cafés, comme la flamme qu’on croyait éteinte s’était vite rallumée ?
    Il était mauvais, ce texte, on avait furieusement envie de voter non. Et pas seulement pour dire merde, même si ça me démangeait. Mais mon petit doigt me commandait de voter oui. Parce qu’il fallait bien avancer un peu, même en biais.
    Et puis un jour, je t’ai entendue clamer que les peuples d’Europe allaient se lever. « Mais les Espagnols ont voté », a rétorqué la journaliste. Là, tu ne t’es pas démontée, tu as toisé la Chabot et tu lui as dit, en substance, qu’on finirait bien par déciller les yeux du peuple espagnol. Alors je t'ai bien regardée, Marie-George, je t'ai imaginée face au peuple espagnol et j’ai pris ma décision. Tu m’avais convaincu. Ce serait Oui.

    Ce jour de mai 2005, Marie-George, tu as fait gagner l’adulte réaliste que j'ai toujours tenu en bride. J’espère que dans les mois qui viennent tu sauras le provoquer un peu, ce réaliste malgré-lui, que toi ou d’autres saurez le titiller dans ses convictions pas drôles. Parce que juste derrière, l’idéaliste veille toujours. Il ne croit plus guère aux chimères, les gesticulations inutiles lui donnent des crampes, mais il n’en peut plus de rester assis. Et il sait qu’un jour viendra où il reprendra la main.

    Allez, adieu, Marie-George.
    Une autre fois, peut-être.

  • Petite leçon de littérature

    J'allais vous parler de Marie-George, mais les idées s'emmêlaient, l'analyse bouillonnait en mots encore trop nombreux.
    Alors j'ai attrapé ce livre, où m'attendait une belle leçon. 

    "(...) Votre vision des choses est intéressante, mais la scène manque de vie pour le lecteur. N'essayez pas d'analyser trop finement, écrire, finalement, c'est se contenter de ce qui est."
    (Haruki Murakami, "L'éléphant s'évapore / La fenêtre") 

    Finalement.

  • 2007 vient de commencer

    - You like my boobs, don't you ?
    - Well... Nice boobs are nothing without a beautiful face

    Merci à toi, belle étrangère de mon bar de quartier. A toi et à tes amis qui m'ont incité à reprendre une pinte pour profiter de ce très joli hasard.
    De vieilles idées devenues mots, mon bloc en vous écoutant s'est couvert de phrases. Le reste s'est perdu dans le houblon, mais qu'importe. Le deuxième livre est en route.

  • Tristes wanna-be, glorieux velléitaires

    J’ai toujours eu un faible pour les questions insolubles et les gens résolus, mais les bonnes résolutions, non. En tout cas, pas en janvier. Ou alors, il faut qu’elles soient belles. « Devenir romanesque », par exemple, comme diraitAlexandra, du Buzz littéraire. En voilà, un beau projet. Il faudra y revenir.

    Mais en attendant, revenons un peu au Buzz. J’y ai repensé, dans le train, en lisant le très dispensable dossier du Technikart de décembre : « le guide du parfait Wannabe ». J’y ai repensé parce que voici un an le Buzz avait sympathiquement chroniqué le naissant pdf2006 dans une rubrique dont le nom m’avait fait bondir : "Auteurs wanna-be". Quel nom atroce.

    Penchons-nous un peu sur le sujet. Le dossier de Technikart nous y aidera peu, tant il procède du fourre-tout copinard. A la limite, ils auraient pu se contenter du sous-titre : "Comment réussir quand on ne sait rien faire". Quand on ne veut rien faire serait tout aussi juste, d’ailleurs. Quant à la Réussite définie en unités de bruit médiatique, je préfère ne pas commenter.
    Le wanna-be, au fond, c'est celui (celle?) qui frétille quand il (elle?) voit des gens bien maquillés s'ébattre dans sa télé ou près du Champ' dans un cocktail mondain, qui joue des coudes pour s'en rapprocher et qui crie très fort : "Je peux jouer avec vous ?" Même s'il ne connaît pas les règles. Autant dire qu'on est assez loin du livre.

    Mais alors, par quoi remplacer « wannabe » ? Le jeune Castor Junior me signalait récemment qu’il existe en français un équivalent étymologique : velléitaire. C’est déjà plus joli... mais tout aussi péjoratif. Le velléitaire, c’est celui dont les intentions ne sont que fugitives, me rappelle Larousse. Et à moins d’avoir du sang blanc ou un bon nègre, écrire demande plutôt "une volonté déterminée".
    Une volonté, donc. Pas celle d’être, mais celle de faire. Celle d’écrire des livres pour gagner la liberté d’en écrire d’autres, plus ambitieux.
    Une volonté qui n'aurait pas de nom, parce qu'elle gagnerait à rester dans l'ombre jusqu'à ce qu'elle mérite d'en sortir.
    Peut-être la seule "volonté déterminée" que j’aie jamais eue. Je ne voudrais pas la voir rangée à côté de postulants éthérés à une éphémère célébrité.

    PS – à lire aussi sur Buzz Littéraire, l’intégralité des réponses apportées par A. aux questions de Technikart sur le sujet. Plutôt intelligent et lucide, je trouve. Peut-être pour ça qu’il n’en reste rien après montage...