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  • Egalité des sexes

    medium_bimbo_intello.jpgSi j’ai bien compris, la télé-réalité de l’été sur TF1 s’appellera "Bimbos et Intellos".
    Selon Endemol, il s'agira de "constituer des couples improbables entre 7 bimbos et 7 garçons plutôt intellos qui devront échanger leurs connaissances." Marrant. Après tout, ce n’est qu’un produit industriel comme un autre, directement adapté d’un programme très US (The beauty and the geek).
    Mais quand même, j'ai beau être curieux de la version de "l’intello" que nous livreront les philanthropes d’Endemol, il y a un truc qui me navre.
    C’est qu’on laisse des clichés s’éculer tranquillement comme ça sur nos écrans.

    C'est pourquoi, au nom de la parité et de la modernité, je demande solennellement à Nonce Paoloni (le remplaçant du Lay à TF1) et à Endemol de créer dès à présent (et de diffuser en alternance) une version sœur de Bimbos & Intellos.
    Le principe : 7 nanas intelligentes et cultivées devront "échanger leurs connaissances" avec 7 blaireaux bien montés.

    (Et en plus, pour une fois, ce serait de la création française exportable)

    Ne reste plus qu’à trouver un bon titre et j’écris officiellement à TF1.
    Si vous avez une idée…

  • Avis de travaux

    medium_chantier_livre.jpgLe plan du chantier existe depuis longtemps, pourtant le promoteur avait décidé que ce ne serait pas le premier roman. C’était trop tôt.
    C’est que parfois ça prend du temps, de faire simple. Du temps, et une certaine technique pour faire couler l’histoire comme du béton une évidence.
    Mais derrière les palissades et la paresse tout finit par arriver.
    Depuis ce week-end, enfin, le chantier Roman #2 est prêt.

    Le bureau d’études a rendu ses conclusions, l’architecte a presque fini son boulot, les ouvriers ont leur contrat de travail (à durée indéterminée…), maintenant il faut avancer.
    En tout cas, la documentation technique est en bonne place sur mon bureau :

    • Divoire - La stratégie littéraire
    • Hugo - Quatre-vingt-treize
    • Koestler - Spartacus
    • Loana – Elle m’appelait Miette
    • Machiavel - Le Prince
    • Orwell - La ferme des animaux
    • Pixar - Toy Story 1

    Voilà qui devrait assurer les fondations et poser les premières pierres.
    Allez, un bon coup de pied au cul du contremaître, et tout devrait démarrer.
    A suivre, comme on dit.

  • La guerre à neuf ans

    medium_jardin.JPGEn 1971, on savait faire des couvertures atroces, mais on publiait de bons livres. Celui-là, par exemple.
    La guerre à neuf ans, c’est Vichy vu à travers les yeux d’un gamin qui ne s’étonne de rien : on y croise des allemands, des fonctionnaires français, des écrivains planqués et des résistants en planque, on y pisse dans son froc pendant une interro de français mais on fait son fiérot devant un revolver chargé.
    On croise aussi Gabin et Darry Cowl, parce que Pascal Jardin ne peut pas s’empêcher de lier ses souvenirs d’enfance et ses années 60, et jamais le livre ne manque de souffle parce que le bonhomme, lui, ne manque pas d’air.

    Quand Pascal Jardin a écrit ce livre, il avait 37 ans. Je n’en ai pas beaucoup moins aujourd’hui, et pourtant je me suis senti petit comme un étudiant branleur face à un lion quinquagénaire en plein démon de midi.
    Et ça donne envie.

    Alors maintenant, petit, on se lève et on avance. Ce n’est pas parce qu’on a du pot qu’il faut tourner autour.

  • Une heure en France (en direct)

    medium_pernaut.jpgParce qu'il est important de regarder les choses en face, j'avais depuis longtemps envie de regarder le 13 heures de JPPernaut.
    Juste pour voir (après tout, 7 millions de téléspectaters quotidiens, ça veut bien dire quelque chose), pour aller au-delà des caricatures.
    Pour vous raconter, ensuite - parce que ça sert (aussi) à ça, écrire : à faire des choses qu'on n'aurait pas faites, sinon.
    Bref ! J'y suis allé, à 13 heures, et...

    Rappelons le contexte : vendredi 6 avril et l'actualité officielle est peu chargée parce que les journalistes sont en congés.
    Il se passe des choses un peu partout - en Afghanistan, en Somalie, à Bruxelles ou dans les couloirs des palais ministériels mais on s'en fout un peu, hein, parce que c'est Pâques.
    Alors on ouvre le journal sur... 2 minutes 30 (oui!) de reportage sur la tradition du réveil de Pâques à Errlisheim, en Alsace, où les enfants (on aurait pu dire "les jeunes", mais ça c'est pour les délinquants) pour ce vendredi férié défilent dans les rues dès potron-minet en réveillant les habitants avec des crécelles (gros plan sur une mamie ouvrant ses volets avec le sourire, mais bizarrement il fait beaucoup plus jour sur ce plan-là que sur les précédents). Très joli.
    Ensuite, petit tour à Paris pour le chemin de croix de l'archevêque. Là, je me dis, on va enchaîner sur un vrai sujet... Mais non ! Car pour Pernaut la transition est toute trouvée : "... une drôle d’histoire de cloches en Mayenne, maintenant, dans un village où un arrêté municipal leur interdit de sonner…" Il est 13h04, je craque.

    Vers 13h15 j'y retourne, opiniâtre. Parce que c'est l'heure du "journal de campagne". La campagne présidentielle, s'entend. On suit les les candidats dans leurs déplacements (un peu comme "l'agenda du président" dans les républiques bananières) en évitant soigneusement tout sujet politique. Moments saillants : une bise de Bernadette à Sarko, et une citation coup-de-poing de Besancenot regardant se remplir une salle de meeting : "c'est chouette".

    C'est à 13h21 que vient le premier sujet de fond : "le pouvoir d'achat". Avec un reportage (que dis-je! une enquête) à Fougères (Bretagne). Quatre minutes de micro-trottoirs où la ménagère se défoule ("ah non vraiment, ça a augmenté"), au milieu de quoi la journaliste glisse une ou deux infos : la baguette a augmenté de 40% en 5 ans, l’énergie de 30%, le m² de 50%... La conclusion signale que "l’euro est le premier pointé du doigt" (surtout pour le logement, j’imagine) et que les différents candidats n'ont pas convaincu ces dames.

    Le "journal de campagne" se termine, il est 13h28 et je me dis que peut-être c‘est l’heure de délivrer une information. Mais non : viennent ensuite deux reportages sur l’option surf au bac à Biarritz et un passionné de petites voitures "à l’occasion du Salon du modélisme" (important, l’accroche d’actu, coco).
    Alors je décroche. J’y reviendrai peut-être, mais en différé alors, pour passer en accéléré.

    13h38 : je viens de rater la fin du journal, dommage. Sur l'écran une réclame Saupiquet succède à une pub Materne. Vivement l'Europe.
    Et bon week-end, Pascal.

  • Sondage

    Quand je serai vieux, je répondrai à tous les sondages, juste pour le plaisir de les fausser.

    Pour éviter d’être réveillé par Pascal ou Aurélie tout en conservant une ligne fixe, je ne connais qu’une solution : ne laisser mes coordonnées sur aucun site, rester planqué et passer entre les gouttes - un citoyen furtif à l’abri des sonneries du marketing intrusif…

    Mais il reste des trous dans ma ligne Maginot téléphonique.
    Alors, à chaque fois que je reconnais l’accent de Pascal ou d’Aurélie, je me prends à rêver un court instant qu’on m’appelle enfin pour un sondage politique.
    Quand je vois le nombre de sondages produits, je me dis que statistiquement on aurait déjà dû m’appeler.
    Quand je vois la place qu’ils prennent (plus ils se trompent, plus on les écoute – l'effet Alain Minc), je m’énerve et j’éteins la radio, je me dis que le jour où on m’appellera, ma voix comptera comme jamais.

    Car je sais ce que je ferais : je dirais que je vote Le Pen.
    Imaginez un peu : avec tous les bidouillages retraitements opérés par les sondeurs (parce que dans les chiffres bruts, si je ne m’abuse, le FN ne dépasse jamais 5%), en un seul bobard je le ferais monter d’un demi-point ! 

    Mais jamais Ipsos ou BVA ne m’appellent.
    Ou plutôt si, une fois.
    C’était en 2002. Début avril je crois, quand Jospin déjà déraillait dans la semoule. L’idée de Le Pen au 2e tour était loin encore, mais déjà on sentait que les sondages le sous-estimaient. C'est là que l'idée avait germé. Ça n’aurait pas rendu la campagne de Jospin intéressante, bien sûr, mais au moins ça aurait pu faire peur à quelques-uns… Et là, dring.

    C’est pour un sondage politique, a dit Aurélie d’une voix sèche.
    Mon cœur à gauche s’est mis à battre fort, j’avais déjà mon idée en tête, je m'éclaircissait la voix, enfin j’allais pouvoir peser en direct sur le destin de la France !
    Mais d’abord si vous le voulez bien j’aimerais vous poser quelques questions sur votre situation.
    Trop concentré sur mon engagement historique ("je vote Le Pen"), je me suis contenté de lui dire la vérité : mon âge, mon sexe, ma ville, ma profession, ma tranche d'imp...…
    Et avant même que je n’aie eu le temps de lui dévoiler la faiblesse de mon taux d’imposition, elle m’a coupé :
    Nous avons suffisamment de profils comme le vôtre, merci.

    Et elle a raccroché.
    Aurélie m’a raccroché au nez !
    Elle n’a jamais rappelé. On sait ce qui s’est passé ensuite.

  • Service clientèle (2)

    Ils s’appellent toujours Aurélie Dupont ou Pascal Petit, ils appellent toujours à l’heure du repas ou en pleine sieste / grasse matinée / autre réponse (précisez).
    Ils ont des choses à nous vendre, en toute simplicité.  Si je vous appelle, Monsieur Guillot, c’est tout simplement pour vous proposer de bénéficier de… Stop.
    Là où j’ai progressé dans la vie, c’est que maintenant je sais éconduire gentiment Aurélie et Pascal avant qu’ils ne se livrent trop. Fermement (impératif), mais toujours gentiment, parce que je connais leurs conditions de travail, entre l’ordi qui compose le numéro à leur place et le chef de plateau qui hurle ses instructions dans le casque. 

    Tout à l’heure, c’est Pascal qui m’a appelé, avec son accent marocain. Il n’avait rien à vendre, Pascal, il voulait tout simplement savoir si j’étais content du service biip… Et comme je suis content du service biip, que je suis sympa et que j’étais de bonne humeur, j’ai dit Banco, un bon point pour tes stats, mon gars, vas-y mais vite. Très vite.

    On va faire vite, il a promis (tout simplement).
    Et il m’a posé ses questions, le Pascal. Comme elles s’affichaient sur son prompteur. Et j’avais beau le couper, il ne m’épargnait aucune option, y compris les « sans opinion » quand j’avais déjà donné la réponse.
    Pendant qu’il déroulait ses questions, je repensais, en vrac :
    - au service clientèle d’Alice, mon ex qui va changer de mac se faire racheter
    - aux télé-opérateurs insupportables qui contractuellement vous donnent du « Monsieur X » toutes les trois phrases
    - à cette boîte de négriers télémarketing qui promet à ses clients que "nos télé-opérateurs respectent scrupuleusement le script" (traduction : ils sont enchaînés à leur ordi... et à son contenu)

    Je repensais à tout ça et j’avais envie de couper Pascal dans son élan – OK, gars, allons un peu moins vite et discutons, rigolons un peu, soyons humains…
    Mais lui aussi était enchaîné à son script, je n’ai rien pu faire, et quand à la fin il m’a assuré que Biip-et-moi-même -vous-remercions-Monsieur-Guillot d’avoir répondu à nos questions, je me suis dit que bientôt il n’y aurait plus de Pascal, ni d’Aurélie.
    Qu’à force de robotiser leurs employés, les télémercateurs finiraient bien par les remplacer par des machines.

    (à suivre) 

    Bande-son : Le poinçonneur des Lilas
    A lire : Service clientèle (B. Duteurtre).

  • Le Bar de l'Univers

    Le Salon du Livre, c’est un tout petit monde, dit-on. C’est vrai. Mais parfois il y a des sourires qui vous prennent par la main et vous ouvrent de nouveaux univers.
    C’était le cas par exemple de Benoît Luciani, qui tenait bar littéraire (pastis et saucisson au milieu du champagne, je dis bravo) sur le stand d’Hugo&Cie.
    En vérité, j’avais déjà lu son roman. Et tant mieux, sinon j’aurais pu croire que j’avais aimé parce que l’auteur est terriblement sympathique. Alors qu’en fait, c’est parce que c’est un bon livre.

    medium_bar_univers.jpgAu Bar de l’Univers, c’est huit petites histoires réalistes, huit personnages en quête de hauteur, huit petits destins qu’on suit en parallèle comme dans un Altman en forme, et au final quatre couples qui se donnent rendez-vous, le même soir, dans le même bar.
    La construction fonctionne bien, les personnages sont proches… Bref, on y est bien, dans ce livre. J’appréhendais un peu la fin, toutefois, j’avais peur de la morale et des clichés – le petit bar de quartier où le proprio sympa saurait créer la vie autour de lui, etc.
    Mais la fin est bien plus contrastée que ça – pas moins belle, au fond, mais plus universelle.

    En fait, le proprio sympa, c’est Benoît Luciani lui-même.
    On m’a dit qu’il avait dédicacé comme peu d’auteurs sur ce Salon. Je regrette de ne pas l’avoir vu à l’œuvre, je sens que j’aurai besoin de prendre des cours… Mais je sais déjà ce qu’il va me dire : de la simplicité et de la gentillesse, comme dans son livre. Et le courage de s’amuser, d’aller vers les gens pour les faire sourire. Facile, dira-t-il. Alors je tire mon chapeau et j'espère que j'aurai son énergie. Parce que ce n'est pas toujours facile, la simplicité.