Parce qu'il est important de regarder les choses en face, j'avais depuis longtemps envie de regarder le 13 heures de JPPernaut.
Juste pour voir (après tout, 7 millions de téléspectaters quotidiens, ça veut bien dire quelque chose), pour aller au-delà des caricatures.
Pour vous raconter, ensuite - parce que ça sert (aussi) à ça, écrire : à faire des choses qu'on n'aurait pas faites, sinon.
Bref ! J'y suis allé, à 13 heures, et...
Rappelons le contexte : vendredi 6 avril et l'actualité officielle est peu chargée parce que les journalistes sont en congés.
Il se passe des choses un peu partout - en Afghanistan, en Somalie, à Bruxelles ou dans les couloirs des palais ministériels mais on s'en fout un peu, hein, parce que c'est Pâques.
Alors on ouvre le journal sur... 2 minutes 30 (oui!) de reportage sur la tradition du réveil de Pâques à Errlisheim, en Alsace, où les enfants (on aurait pu dire "les jeunes", mais ça c'est pour les délinquants) pour ce vendredi férié défilent dans les rues dès potron-minet en réveillant les habitants avec des crécelles (gros plan sur une mamie ouvrant ses volets avec le sourire, mais bizarrement il fait beaucoup plus jour sur ce plan-là que sur les précédents). Très joli.
Ensuite, petit tour à Paris pour le chemin de croix de l'archevêque. Là, je me dis, on va enchaîner sur un vrai sujet... Mais non ! Car pour Pernaut la transition est toute trouvée : "... une drôle d’histoire de cloches en Mayenne, maintenant, dans un village où un arrêté municipal leur interdit de sonner…" Il est 13h04, je craque.
Vers 13h15 j'y retourne, opiniâtre. Parce que c'est l'heure du "journal de campagne". La campagne présidentielle, s'entend. On suit les les candidats dans leurs déplacements (un peu comme "l'agenda du président" dans les républiques bananières) en évitant soigneusement tout sujet politique. Moments saillants : une bise de Bernadette à Sarko, et une citation coup-de-poing de Besancenot regardant se remplir une salle de meeting : "c'est chouette".
C'est à 13h21 que vient le premier sujet de fond : "le pouvoir d'achat". Avec un reportage (que dis-je! une enquête) à Fougères (Bretagne). Quatre minutes de micro-trottoirs où la ménagère se défoule ("ah non vraiment, ça a augmenté"), au milieu de quoi la journaliste glisse une ou deux infos : la baguette a augmenté de 40% en 5 ans, l’énergie de 30%, le m² de 50%... La conclusion signale que "l’euro est le premier pointé du doigt" (surtout pour le logement, j’imagine) et que les différents candidats n'ont pas convaincu ces dames.
Le "journal de campagne" se termine, il est 13h28 et je me dis que peut-être c‘est l’heure de délivrer une information. Mais non : viennent ensuite deux reportages sur l’option surf au bac à Biarritz et un passionné de petites voitures "à l’occasion du Salon du modélisme" (important, l’accroche d’actu, coco).
Alors je décroche. J’y reviendrai peut-être, mais en différé alors, pour passer en accéléré.
13h38 : je viens de rater la fin du journal, dommage. Sur l'écran une réclame Saupiquet succède à une pub Materne. Vivement l'Europe.
Et bon week-end, Pascal.