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  • Cœur de Cible

    Ami lecteur, tu crois suivre l’actualité culturelle, mais je parie que tu ne sais pas que La Cible, jeu de culture générale, prendra fin ce vendredi 30 mars. Tu ne sais peut-être pas qu’il a commencé? Eh bien, il n’est pas trop tard...

    medium_la-cible.jpgRemontons un peu le temps pour commencer.
    L’histoire de "Hors-jeu" est née fin 2002, à une époque où la France était au bord de la révolte. Songez plutôt : plus de 40 000 courriers avaient été envoyés à la direction de France Télévisions pour s’indigner de l’arrêt de "Pyramides". Inflexible devant la pression populaire, la chaîne avait tenu bon et décidé de remplacer Pyramides par un nouveau jeu, à la fois prometteur et produit par le conseiller en com de Raffarin : La Cible. Je m’étais intéressé à l’affaire, mi-curieux mi-narquois... et petit à petit, par hasard, une histoire s’est dégagée. Puis un personnage. Puis des à-côtés. Le roman était né.

    Depuis 2003, j’ai toujours gardé dans un coin de ma tête une petite Cible.
    En quatre ans, j’ai successivement : passé le casting, assisté à un enregistrement, passé un entretien avec la "rédactrice en chef" du jeu (sic) pour inventer des questions, enregistré des émissions entières... et même joué "en couple" avec une charmante demoiselle rencontrée le jour J.

    Et maintenant que le livre est achevé, le jeu s’arrête. Bien entendu, nous n’y verrons aucun lien. 

    Donc. Si en septembre vous voulez pouvoir dire "moi je l’ai vu, ce jeu", il ne vous reste plus que deux jours.
    C’est à 17h10, sur France 2, ce jeudi et demain vendredi.

    Au pire, vous pourrez en trouver un extrait vidéo ici.

    Et, parce que je vous sais curieux, toujours prêts à découvrir de nouveaux univers, je vous recommande de à faire un tour sur ces deux forums :
    - Sur celui-ci, vous pourrez suivre les débats passionnés déclenchés par le dernier changement de présentateur de La Cible… (43 pages de commentaires : en vérité je vous le dis, mes amis, nous sommes tout petits)
    - Sur celui-là, plus pointu, vous noterez le débat de fond.
    "Quand je vois ce que devient la télévision, j’ai envie de gerber", nous dit un téléspectateur dépité de l’arrêt d’un jeu culturel balayé par la "génération stardaube". Aussitôt un autre replace La Cible dans son contexte : après tout ce n’est qu’un jeu. Mais le jeu, c’est très sérieux – d’ailleurs, méfions nous : "les émissions politiques et économiques ne sont que du bourrage de crâne et un moyen de contrôle des foules."

    Tout ça à propos de La Cible. Comme quoi. La France gronde, sachons l’entendre.

    Plus que deux jours, je vous l’aurai dit !

  • Station debout

    - Monsieur, vous ne pouvez pas rester debout ici.
    - Euh... Pourquoi ?
    - Vous cachez le slogan publicitaire derrière vous.
    - .... Et ?
    - L'annonceur a payé pour qu'on le voie, Monsieur. Et le public a le droit de savoir.

  • April, come she will (Versailles Rive Droite)

    Tu ne me croiras sans doute pas, mais c’est vraiment par hasard que je me suis assis là, en diagonale de tes jambes croisées.
    C’est quand j’ai vu tes cheveux que j’ai compris que j’avais eu raison. Mi-longs ondulés, ils ressemblaient étrangement à mon souvenir de la jeune fille blonde de 4e7. Bracelet rose et sourire grave, tu avais les mains d’une jeune étudiante mais déjà au visage les traits d’une trentenaire – et souvent ils sont plus beaux, les visages passés trente ans, il y a tellement plus à voir dedans.

    medium_april.2.jpgTu as semblé intriguée par le titre de mon livre (La dernière fille avant la guerre – tu as du goût), et pour riposter tu as sorti de ton sac quelques feuilles agrafées, avec des passages surlignés au marqueur, et j’ai pensé que tu irais certainement jusqu’au terminus. Versaille Rive Droite.

    De temps en temps tu répondais à mes regards et c’est moi qui détournais la tête, sans empressement, nous jouions mollement avec la limite de bienséance des transports en commun. Dehors il faisait beau. Dedans aussi.
    Pont Cardinet, un guitariste est entré pour érailler doucement April, come she will, je suis sûr que tu ne la connaissais pas, cette chanson, dommage, elle est devenue la bande-son de notre rencontre.

    Le guitariste a enchaîné sur Don’t dream it’s over, j’ai sorti mon carnet et commencé à noter, comme si j’avais su dessiner, toi tu prenais la pose en levant le nez de tes feuilles. Un instant j’ai pensé qu’écrire était juste un prétexte pour ne pas faire les deux mètres qui nous séparaient, mais en fait non, je n’avais aucune envie de savoir vraiment ce que tu fais dans la vie, etc. Mieux valait de beaucoup t’imaginer. C’est sans doute ce que tu voulais me dire quand tu as tourné la tête vers le quai au moment où je me suis levé pour descendre.

    De toute façon, nous ne sommes pas encore en avril.

  • Hors-jeu

    Pendant longtemps, au Salon du livre, je me suis senti hors-jeu.
    Je me promenais tristement entre les stands, incapable de prendre réellement prendre du plaisir parce que dans ma tête je n’étais pas visiteur, j’étais demandeur. Ce qui est idiot, parce que bien sûr je n’aurais jamais osé demander quoi que ce soit.
    Les soirs de nocturne, ça mondanisait (presque) joyeusement, les stands étaient ouverts mais le petit monde était fermé. Alors je fuyais, et dans mon coin je bullais lisais et j’écrivais, pour essayer de progresser et faire avancer mes histoires. Plutôt grandir que m’aigrir.

    Et en 2003 est venu le déclic. Un truc tout bête, vraiment, une sorte de révélation : les éditeurs sur leurs stands n’attendaient pas que je leur parle de moi, ils voulaient surtout parler de leurs livres (que n’y avais-je pensé plus tôt!). Donc j’ai acheté des livres. Et alors ont commencé les rencontres intéressantes, chaque année un peu plus. Jusqu'à cette année, forcément particulière.

    Je n’ai pas changé d’avis sur le salon (très étonnant, de retrouver cette note un an après), j’ai juste changé de perspective. Jeudi soir, pour l’inauguration, je suis passé au large des mondanités officielles (ah, la terrasse Flammarion où les calculateurs gens qui comptent peuvent trinquer en surplombant la plèbe, tout un poème), je me suis contenté d’échanger avec des gens que j’avais plaisir à voir, d’en rencontrer de nouveaux aux sourires vrais.
    En fin de soirée, je suis retourné au Dilettante pour trinquer une dernière fois.
    A « Hors-jeu », puisque tel sera le titre du roman.
    Deux coupes en plastique se sont entrechoquées, maintenant, c'est officiel.
    Il était temps.

     

  • Traduction simultanée

    Oui, encore une note en sous-sol... il faut dire que je vois peu le jour, mon printemps ne commence que demain.

    J'avais remarqué en passant le camion de pompier, la station fermée, ça vient d'arriver disaient des passants.
    Alors un peu de marche, une autre ligne, une rame qui arrive.

    Arrivant près de la correspondance, la voix du conducteur, un peu tremblante.
    Je vous informe que le trafic est totalement interrompu sur la ligne 8 suite à un suicide sur la voie station Commerce.

    Silence. C'est rare qu'on dise les mots.

    Arrive la station suivante, nouvelle annonce.
    Mesdames et Messieurs, je vous informe que le trafic est totalement interrompu ligne 8 suite à un incident grave de voyageur. 

    Et la vie qui reprend son cours. 

  • Cher internaute anonyme (2),

    Google m’a parlé de toi, ce matin. Et franchement, je dois dire que tu progresses.
    Bien sûr, tu es toujours fasciné par les décolletés d’Ariane Massenet, bien sûr dans tes moments d’égarement tu rêves qu’Elise Chassaing ôte ici ses vêtements...
    Mais la plupart du temps c’est moi que tu cherches (salut) – ou alors des personnes de valeur : Laura Alcoba, Antoine Bello, Joy Sorman, Kallauze, Miss Belgique ou Anna Gavalda (cherchez l’intrus). Ça fait plaisir.

    Cela dit, je dois te l’avouer, j’étais presque déçu que jamais tu ne viennes m’amuser par de truculentes requêtes – de celles qui me feraient rire ou qui m’en apprendraient sur toi.
    Jusqu’à la semaine dernière.
    Tout a commencé gentiment avec ce "fond d’écran lapin" intrigant. Puis il y a eu "porno gratuit vieilles femmes avec jeunot", ma première vraie requête classée X, d’une classe folle.
    Ensuite tu t’es repris : "Sollers pile ou face", "Distributeur à café grand public" ou "Synonymes de niquer", c’était sympathique.
    Mais surtout, Google me dit qu’hier tu as tapé dans ton petit moteur : "Caroline truc". Je voudrais m’arrêter un instant sur cette requête : tu avais donc entendu parler d’une Caroline dont tu ne te souvenais plus du nom de famille ("mais si, tu sais, Caroline truc, là, celle qui...") et tu as vraiment cru que Google allait t’aider. Que Google était un nouveau dieu (il existe bien une Church of Google...).
    Allez, je suis sympa, je ne dirai pas aux lecteurs de ce blog combien de pages tu t’es tapé avant d’atterrir ici.
    Caroline Truc.

    En tout cas tu m’as bien fait rire, reviens ici quand tu veux, j’aurai peut-être un peu plus de temps pour m’occuper de toi.
    Cette semaine, par exemple. Parce que cette semaine, c’est Salon du livre, et que mon roman a enfin trouvé son titre. Je t’en reparlerai, si tu veux.
    Allez, allons voir ailleurs si le monde y est, et à bientôt !

  • En attendant l’or

    medium_en_attendant_l_or.jpgEn attendant l’or, c’est un joli titre, c’est un café, et depuis ce mois-ci c’est aussi une revue littéraire, animée avec énergie et inconscience (il en faut) par Antoine Dole et Olivia Michel.

    En attendant l’or, dit la couverture, c’est « le rendez-vous de la scène littéraire alternative ».
    Soit. J’aime bien l’idée, et pourtant... Une "scène littéraire", j’ai beau faire un effort, j’ai du mal à l’imaginer.
    En musique, le phénomène est simple : une émulation entre groupes pour créer le mouvement, puis un public. Et c’est bien le public qui fait la « scène », au final – les fans qui achètent / téléchargent les albums et communient live, les curieux qui repèrent les nouveaux groupes, les anonymes qui se laissent prendre par le mouvement.
    Alors certes, il y a les blogs, les cafés littéraires et le marché de la poésie, mais la littérature me semble trop individuelle pour faire une « scène ». Si elle se partage, c’est en petit groupe. A deux, par exemple.

    Mais j'ai peut-être tort.
    Parce qu’hier, En attendant l’or, c’était surtout une soirée, avec une scène, une vraie. Celle du Réservoir, avec open bar (bravo Olivia), lecture et concerts.
    Les extraits de nouvelles étaient bien choisis, certains claquaient comme de belles notes de blog, d’autres brodaient autour de jolies trouvailles, comme des couplets autour d’un refrain bien trouvé. C’est emballant, une lecture, quand c’est court et bien lu. Et c’est toujours amusant de regarder les gens écouter (salut à toi, jeune brune à la frange sombre et à la moue boudeuse à qui la lecture parfois arachait un sourire en coin).
    Vraiment,une belle soirée.
    Note : penser à créer des choses qu’on aurait envie de partager.

    Et enfin.
    En attendant l’or, dirait un médaillé olympique, il y a l’argent.
    Mais les gens qui font des livres savent rarement les vendre. C’est tout à leur honneur, on dira. Comme si, à force d’être cerné par des marchands qui ne font des choses que pour les vendre, on osait à peine vendre ce qu’on fait avec sincérité.
    Il a fallu les pousser sur scène, ces hardis promoteurs d'une revue, pour qu’ils osent annoncer que la revue était disponible à la vente. Et l’éditeur lui-même qui se cachait, qui osait à peine sortir de son sac les vingt revues qu’il avait tout de même apporté dans l’espoir que.
    Mais bon, vendre des livres, on a le temps d’y penser... J’y reviendrai, sans doute.

    En attendant, bon week-end !

  • Les chiens écrasés

    medium_chiens_ecrases.jpgC'est l'histoire de deux reporters, envoyés à Noël couvrir une sordide histoire en banlieue d'Arras : un hypermarché vient de sceller ses poubelles, empêchant les SDF de la ZAC d'y chercher de quoi bouffer.
    Très vite, le décor est posé, et il ne brille pas vraiment. L'étincelle vient des deux personnages (ni héros, ni anti-héros) que l'on suit avec plaisir, de bar en squatts en passant par la locale du quotidien régional et les yeux d'une jolie demoiselle.

    Comme dans ses autres romans (Les baltringues et Le 18), Roubaudi nous offre un voyage à hauteur d’homme. Ce n’est pas parce que ses personnages sont en bas de l’échelle sociale qu’il les prend de haut, au contraire. Il ne cherche pas non plus à les transfigurer par un romantisme de gauche caviar.

    Les personnages de Roubaudi, quand ils boivent de la bière, après ils la pissent, et ça ne les empêche pas de vivre de belles aventures.
    On dira peut-être que ce n’est pas de la grande littérature, je répondrai que c’est aussi dans ces livres-là qu'on apprend la vie.
    Parce que dans Les chiens écrasés, on appelle un chat un chat.
    Et qu’en plus, on y sourit.

  • Cher Jacques,

    Ah, c’était creux mais c’était presque beau, hier soir, ces "combats de ta vie" que tu poursuivras, nos suffrages que tu ne solliciteras plus (ce n’était pas ça, le combat de ta vie ?), cette France que tu aimes autant que tu nous aimes...

    En t’écoutant hier soir j’ai pensé à mes livres d’histoire quand j’étais enfant, tu sais, tous ces rois dont on voyait qu’ils étaient restés longtemps mais dont on se demandait ce qu’ils avaient fait.
    De toi, il restera peut-être une petite ligne pour signaler la fin du service militaire, ou pour souligner la fin d’une époque de faux monarques balayés par les nouveaux directeurs marketing.
    On se souviendra peut-être de l’Irak ou de tes mensonges, on se souviendra qu’on a voté pour toi après tes 19% au 1er tour, des journalistes complaisants écriront encore un peu sur le "mystère Chirac", quelques lobbies se souviendront que tu les a bien traités, puis les historiens feront le tri et il ne restera rien.

    Et les Wampas continueront de chanter Chirac en prison mais au fond on continuera à s’en foutre un peu, tu prendras juste tes petites affaires et tes frais de bouche et tu iras tranquillement finir de dépenser notre argent un peu partout dans le monde.

    Les Wampas, tiens : tu les as peut-être vus la semaine dernière sur France 3, à l’Eurovision. Après l’année dernière, j’avais enregistré l’émission. Imagine un peu : toute une nation conviée par SMS à élire son plus fier représentant devant l’Europe, quel programme exaltant !
    Je rigole, bien sûr, l’Eurovision a toujours été un spectacle désolant, au premier degré comme au second – aussi nul, tiens, que toi il y a un an dans cette minable émission TF1 où tu avais fait gagner le Non au référendum.
    J’ai passé la cassette en accéléré, j’ai pensé à toi un petit peu mais surtout à la campagne actuelle.
    Il y avait des similitudes troublantes.
    D’abord une vraie question sur la pré-sélection, on se demandait comment certains concurrents avaient pu recueillir 500 signatures. La faiblesse des programmes, ensuite, des commentateurs encore plus mauvais que les candidats et, paraît-il, un taux d’abstention record.

    Et pourtant, au bout du compte, cette lueur d’espoir : le peuple français dans sa sagesse a voté pour le seul candidat qui avait pensé à l’Europe en s’amusant en franglais.
    Comme quoi on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise.

    Allez, Jacques, ne t’épuise pas trop dans tes combats, et bonne retraite.