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  • Culture vs. Tendance : le match

    Ça m’a fait plaisir de l’apprendre : Arthur (celui qui fait la quête sur TF1, mais qui paraît-il existe aussi en vrai), Arthur, donc, s’est offert les services de coaches de culture générale.
    Bon, à première vue, ça fait rire. Mais au fond… "J’en avais marre de ne rien comprendre à ce qui se disait autour de moi dans les dîners", dit-il.
    C’est un mouvement que j’avais déjà constaté à l’époque des premières télé-réalités : certains ex-candidats soudain propulsés dans le monde des Dominants devenaient complexés de leur inculture et (juste après avoir tenté d’amasser un max de blé avec leur célébrité jetable, car ils avaient le sens des priorités) se jetaient sur les livres pour rattraper leur retard.
    (et je ne parle pas de l’autre Boulay, que j’imagine bien avec un coach : allez, petit, je vais te hisser au niveau d’Ariane Massenet, tu vas voir, plus que trois semaines)
    Caricaturons : la télé promeut des couillons, mais une fois en haut ils aspirent à devenir plus intelligents (donc on cherche d'autres couillons...)
    Le genre de mouvement qui donnerait plutôt confiance en l’avenir, finalement.

    Quoique.

    Car tandis que nos homo novus à succès se cherchent une culture, nos élites économiques bien nées, elles, cultivent leur inculture. Le leitmotiv officiel ? Ne pas se prendre la tête. La culture à la papa (celle des mythes, celle qui crée la distance) fait place au culte de la Tendance (ou la tendance "culte"?) qui change au gré des cycles de publicité. Et ça, coco, c’est bon pour l’économie !

    La génération de trentenaires bloggers « influents », petits directeurs marketing d’eux-mêmes, n’échappe pas à cette règle. Ce qui donne parfois lieu à des mises en garde savoureuses, genre "je m’excuse de me la jouer, mais bon, je vais parler un peu de culture…" Et récemment cette sympathique demoiselle qui s’excuse auprès de ses lecteurs de "faire sa crâneuse" parce qu’elle s’apprête à parler des madeleines de Proust.

    En lisant ça, j’ai repensé à Arthur. Il a arrêté ses cours de culture Gé quand il s’est rendu compte que "dans les dîners, les gens étaient plus jaloux de ma réussite à la télé que moi de leur culture."

    Alors, de la tendance ou de la culture, qui l’emportera ?
    Pour le savoir, j’ai cherché un lieu où les deux pouvaient se rencontrer. Et j’ai trouvé l’endroit idéal : l’émission de Taddei – vous avez remarqué, dans le public, tous ces jeunes gens surlookés, alléchés par une petite coupe (qui Jacques Dessange, qui Laurent Perrier) et qui, l'oeil cherchant la caméra, semblent se foutre éperdument de ce qui peut se raconter sur les sofas de l’émission ?
    Bientôt nous saurons : lundi je serai au cœur du mystère…
    Je vous raconterai.

  • Excusez-moi de demander Pardon

    Un jour peut-être je me plongerai (du verbe "faire la plonge") dans mes souvenirs militaires... 

    Evidemment, Jaenada a vaincu les Brutes. Trop fort. Et pourtant, il partait de loin :

    "Je fais le caïd (...) mais je passe mon temps à dire Pardon malgré moi à des boucs butés qui me bousculent dans la rue."

    Dans mes bras, frère de lutte! Depuis longtemps j'ai remarqué qu'en cas de croisement serré (sur un trottoir, dans un couloir, devant la porte du métro ligne 4 à 18 heures...), lorsque l'un des acteurs se pousse (souvent les deux, d'ailleurs, les gros cons ne sont pas si nombreux qu'on le croit), il y a deux écoles.

    Ceux qui disent pardon.

    Et ceux qui disent merci.

    J'ai toujours été de la première école. J'ai demandé pardon à un nombre incalculable de gens. Même quand c'est moi qui me poussais. Alors je m'étais dit que dans une nouvelle vie je dirais merci.

    Ce matin, c'est encore tout frais, un type m'a tenu la porte, je suis passé devant lui, j'ai dit Merci, il m'a répondu De rien.

    Je sens que je suis en train de gagner de grands combats. 

  • Faut-il vraiment vous faire un dessin ?

    medium_Jaenada-Brutes.jpgQuand j’étais petit, j’aimais beaucoup les dessins de Sempé dans le Petit Nicolas. Quand je serai grand, je les aimerai encore, c’est sûr.
    Et voilà que pile entre ces deux périodes-clés sort le dernier Jaenada, "Les Brutes" - petit retour initiatique sur ces fameux Trois jours que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître. (tiens, c’est bien la première fois que je peux me la jouer ancien combattu) Le livre est publié chez Scali Graphic et illustré par Dupuy et Berberian.

    Au tout début (en gros, il y a 5 minutes), le principe du livre illustré m'a perturbé : les images arrêtent la lecture et nous sortent du livre quand on aimerait s’y plonger.
    Et Jaenada, en général, je plonge.

    Mais l’avantage quand la lecture est ralentie, c’est qu’on peut s’arrêter sur quelques perles. Celle-ci, par exemple :

    Le catéchisme, contre toute attente, ça s’est bien passé. Du gâteau, de l’obstacle pour débutant, enjambé comme à la parade. Au début j’ai eu peur, bien sûr, j’ai appris sur Dieu et Jésus, son homme de main, des choses épouvantables : un pouvoir hors du commun (…), associé à d’incroyables facultés de surveillance et à une sévérité, une rigidité de dictateur.
    - Si tu mens, Dieu le saura.
    - Hein ? Si je mens mal, vous voulez dire (…)

    Ça, c’est page 17. Dès la page 21, PJ l’emporte sur Dieu sans trop se fouler.
    Et maintenant, page 29, commence le Grand combat contre les militaires. Les brutes, donc. Et il choisit la résistance. Brutale.
    Comment résister ?

  • Vous reprendrez bien un peu de l’auteur ?

    medium_ravalec.3.jpg"Ecrire était une chose merveilleuse, un moment magique et une grâce tombée du ciel, on était tous bien d’accord là-dessus, et en plus, en plus, avait précisé un des éditeurs, avec les gonzesses c’est radical, tu peux pas imaginer la cote qu’ont les écrivains.
    - Tu veux dire la barre direct, même pas besoin de les inviter au restaurant ?
    Il avait hoché la tête, comme je te le dis, l’aura littéraire a quelque chose d’aphrodisiaque c’est bien connu."

    Dès que nous avons fixé rendez-vous, pour mardi, j’ai ressorti de ma bibliothèque ce petit livre rouge de Ravalec.
    "L’Auteur", c’est un court texte qu'il avait publié au Dilettante, malicieusement augmenté de sa nouvelle du Prix de Flore 1994 et de chapitres loufoquement réalistes sur l’hébergement des écrivains dans les salons littéraires, la gestion du retard dans les dîners en ville ou encore les lettres de fans moches.

    - Ça doit être cool d’écrire, m’a fait remarquer quelqu’un la semaine suivante, t’as vraiment du bol.
    Ce qu’il ne réalisait pas très bien, c’est à quel point c’était crevant. En fait, écrire demandait des talents multiples, savoir se faire photographier, par exemple.

    Il y a cinq ans, j’avais acheté "L’Auteur" pour rêver un peu. J’avais surtout ri.
    Cette semaine je l’ai relu avec d’autres yeux, en prenant mon temps et en souriant tout haut. Juste pour atterrir en douceur.

    "Une autre chose permise par les voyages, c’était les voyages (…) Evidemment on s’attend toujours à quelque chose d’un peu particulier, des grandes banderoles avec son nom en lettres d’or, une foule en liesse courant après la voiture, ça y est le voilà, welcome, welcome, la fanfare locale entonnant un chant de bienvenue, le mambo de écrivains, je vous en prie c’est trop, mais au lieu de ça il y avait Coudekerque-Branche, un peu avant Dunkerque, un léger brouillard sinistre, et des rues du Nord et pas un panonceau annonçant l’événement, la venue de Moi dans la région (…), le type m’a juste dit la responsable n’est pas là, avant de filer vers le fond de la salle, merde, j’étais écrivain, il allait peut-être falloir en tenir compte un jour."

    Et maintenant voilà. La peau de l’ours sera en vente en septembre prochain, d’ici là on va pouvoir la tanner, la tailler, la peindre un peu qui sait, lui donner un nom…
    Et surtout, chasser l’ourson qui pointe son bout de nez. Il ne faudrait pas laisser les photographes prendre le dessus.

  • Same player, start new game

    Finalement on a fait ça au stylo à bille. Un des siens, qui traînait sur le bureau.
    Vous savez, c’est un peu comme une relation amoureuse, m’avait dit le grand homme il y a quelques jours. Alors j’étais venu habillé en presque blanc, avec sourire niais assorti.
    Mais le stylo, non, je n’y avais pas pensé. Ou plutôt si, mais. Entre les soussignés, tout ça, ci-dessous dénommé l’auteur, je sentais bien qu'on ne signe pas ça avec n’importe quoi, et pourtant je suis parti de chez moi avec juste un crayon, comme si j’allais prendre des notes.

    Je suis sorti avec un sourire un (tout petit) peu moins niais. J'ai compris pourquoi : en arrivant, je terminais quelque chose, je venais porter le coup de grâce au monstre du premier niveau que j’ai mis si longtemps à terrasser, à coups de sauvegardes et de réinitialisations.
    Et maintenant tout commence. Same player, start new game.
    Enfin !

  • Est-ce que j’ai une gueule de génération sacrifiée?

    medium_preel_generations.gifLa thèse n’est pas neuve : la génération 68 s’est installée au pouvoir en évinçant parents et enfants; la génération nouvelle se prépare à la révolte. Et entre les deux, celle des trentenaires, génération oubliée qui n’aura jamais trouvé sa place…

    La scène se passe sur un plateau de télé.

    A ma droite Nicolas Charbonneau, pleurnichard, 38 ans. Il vient défendre son bouquin ("Génération 69 - les trentenaires ne vous disent pas merci"), se plaint de l'ombre portée de 68 sur sa génération et liste toutes les étiquettes dont on l'a affublée : "Bof Génération", "Génération Casimir"…

    A ma gauche, Henri Weber, ex-trotskyste soixante-huitard devenu sénateur fabiusien. Son discours est limpide :
    - Quand nous avons voulu prendre notre place dans la société de nos parents, on nous a fermé la porte. Alors nous avons créé nos propres organisations. On leur a dit : « vous allez voir… ». On s'est battus. Et ils ont vu.
    Et il conclut, avec juste ce qu’il faut de condescendance pour rester sympathique :
    - Qu’est-ce qui vous empêche de faire pareil ? Allez-y ! Emerveillez-nous !

    Alors le jeune Charbonneau monte sur ses petits chevaux et réplique du toc au tac :
    - Mais regardez-nous un peu, pour qu’on vous émerveille !

    Tout était dit.

    J’ai repensé à ma toute première manif lycéenne, en 91. Les manifestants portaient des badges, avec ce slogan : "Est-ce que j’ai une gueule de génération sacrifiée ?"
    Je n’osais pas me l’avouer à l’époque, mais souvent en croisant les regards je m'étais dit : Ben oui, en fait.


    A lire :
    - "Les générations mutantes" (B. Préel, La Découverte)
    - un début de réflexion trentenaire chez Buzz littéraire

    A faire :
    - son petit bonhomme de chemin (ou inventer demain)

  • La Faune on the Flore - version intégrale

    La veille au soir, la pression avait commencé à monter sérieusement. Sur la table, bières, crudités et sauce cocktail. Et les vraies questions.
    - Dis-donc, l’écrivain, j’ai lu les Inrocks, il paraît que t’as tes chances, pour le Flore…
    - Ce serait le début de la gloire, mon pote ! La télé à tes pieds !
    - Tu crois vraiment qu’on peut avoir le Flore sans être passé à la télé avant ?
    - En tout cas, faudra que tu refasses une garde-robe, si t’as le prix…
    - ... Et surtout si tu l’as pas.
    - Eh les gars, vous avez vu la bombe, là-bas !

    Finalement, on avait conclu qu’il ne fallait pas attendre les 6 000 euros du prix pour acheter des chemises neuves – que le relooking était un investissement, pas une récompense. Plus tard dans la soirée, Laurent m’avait offert Le Bûcher des Vanités en DVD. "Pour calmer tes nerfs", il m’avait dit. Et c’est le lundi, au moment où Tom Hanks, excédé, chassait à coups de fusil les invités du cocktail de sa femme, que mon portable a sonné pour m’annoncer que j’étais la nouvelle Flore. Il était 14h14, je n’avais plus d’ongles et je quittais enfin le level beginner de la vie littéraire.
    Rock n’ Roll.

    Juste après l’annonce, j’ai eu droit au quart d’heure Danièle. Dans les nouvelles du Flore, l’attachée de presse joue toujours un rôle important, l’après-midi du prix – à la fois hystérique, semi-fantasme et mère-poule d’un jour. D’habitude, le Flore récompense des maisons où l’attachée s’appelle Félicia, Charlotte ou Lydie. Moi, j’avais Danièle, qui jetait sur moi le regard sévère et plein de tendresse d’une gouvernante de bonne maison. Elle avait déjà fait tous ses calculs : qui serait là, avec qui et pourquoi, ce qu’il faudrait dire, comment s’habiller… Elle a passé en revue tous les codes de l’élégance début de siècle, et quand elle a vu que je ne quittais pas mon petit nuage elle a conclu, philosophe: "de toute façon, il paraît que vous tenez bien l’alcool, donc tout devrait bien se passer."
    Puis, regardant sa montre, elle m’a annoncé avec un sang froid extra-terrestre qu’il me restait deux heures pour appeler mes proches avant qu’ils n’apprennent mon triomphe par la radio.

    medium_limousine.jpg Je n’avais aucune envie d’arriver à l’heure. A 19h15, quand le taxi nous a déposés – mon éditeur, Danièle et moi –, c’était déjà la cohue devant le Flore. "Une petite cérémonie en famille", m’avait dit Carole Chrétiennot au téléphone… D’ordinaire, je me serais déjà enfui, mais Danièle me tenait la main. Elle a soulevé un sourcil, et aussitôt nous avons été happés par les formalités d’arrivée : photos, interviews express et compliments préparés.

    Après une demi-heure, Danièle s’est détachée – opération RP, tu prends à droite, je prends à gauche, on se rejoint à la caisse – et je me suis retrouvé seul, tête pleine et mains vides. J’ai pensé à mon premier cocktail, un 14 juillet à l’Ambassade de France au Caire. Les bonnes sœurs piétinaient les sous-consuls pour accéder à la charcuterie et au vin rouge, tandis que les huiles étaient en retrait, toujours servies. Soudain, j’ai eu un flash : dix ans plus tard, je revivais la même scène, avec Jean-Luc Lemoine dans le rôle de la bonne sœur ahurie, un chroniqueur de Canal + dans celui du jeune diplomate aux dents longues, et des canapés au foie gras dans le rôle de la charcuterie. Sans oublier Philippe. Sollers. Le premier que je voyais parmi ceux qui comptent vraiment. Bien sûr, je l’avais déjà croisé de loin, dans des cocktails où je jouais au pique-assiette, et je me disais qu’être dans la même pièce que lui était un début de réussite, mais ce soir il me jetait des regards en coin – il avait dû voir ma tête sur la jaquette que mon éditeur m’avait offerte pour le 3e tirage. Ou alors il y avait écrit "lauréat" sur une auréole pas loin de moi. Ou alors c’est juste qu’un inconnu avec des photographes autour, c’est forcément le type qui a gagné quelque chose.

    Un des compagnons de Sollers (une tête de type important) m’a salué et a levé la main. "Du champagne pour notre ami!", il a dit, et peu après j’ai été repris par le flux des Merci, Vous me gênez, Oh vous savez – sans oublier le fameux Oui je travaille sur un nouveau roman mais bon je peux pas encore trop vous en parler… En me dandinant d’un pied sur l’autre. Merde, j’étais en train d’oublier que c’était moi la rock star et que tout m’était dû !
    Heureusement, j’ai vu arriver vers moi Christophe Tison et sa tête de journaliste sportif, accompagné de la muraille Carcassonne, et tous les deux m’ont transporté au-dessus de la gomina, des permanentes et des effets saut du lit jusqu’à l’estrade, enfin les choses sérieuses allaient commencer.
    Trois petites marches, et soudain je prenais plus de hauteur que je n’en avais jamais rêvé. Le roi Frédéric en personne m’a fait un clin d’œil avant d’annoncer en Beigayant qu’après avoir terrassé un à un tous ses adversaires (tiens, il n’avait pas voté pour moi), l’auteur d’Eliminations directes était le lauréat 2006. Applaudissements.

    La suite se passe très vite. Gaspard Koenig, floré en 2005, me dit Ben mon salaud et remet le chèque, mais Viviant l’intercepte, théâtral. "Mais oui, dis-donc, c’est vrai qu’ils l’ont augmenté, ce prix !", et il montre le chèque à Vandel qui rigole et passe à Tison qui passe en retrait à Saint-Vincent, qui trouve Reynaert dans la profondeur... J’ai déjà vécu la scène : je suis le petit 6e dans la cour de l’école, les grands de 3e ont piqué ma balle et jouent avec, ils se la passent au-dessus de ma tête et à chaque fois que j’essaie de la récupérer, hop, une nouvelle passe et un rire gras.
    Depuis la 6e j’ai fait quelques progrès, catégorie Dignité et Vie sociale. Pour éviter l’humiliation, ne surtout pas bouger. J’ai l’impression qu’ils jouent avec mon chèque depuis au moins une demi-heure, mais en temps réel pour les spectateurs ça doit juste faire 15 secondes, autant faire semblant de m’amuser avec eux, ha ha, quels blagueurs, bon on arrête ?
    Mais c’est con, un grand de 3e, et c’est endurant. Rassemblant mes énergies, cramponné à ma fierté, je cherche le maillon faible. Pourquoi j’ai choisi Reynaert ? Aucune idée. Peut-être parce qu'il avait l'air le plus sympa. Je me concentre – ça y est, il tient mon chèque et je tiens mon truc : je le fixe, tends tous mes neurones vers lui, et je l’imagine dans les couloirs de l’Obs, veille de bouclage, promenant sa grande carcasse dégingandée dans les couloirs en apostrophant les journalistes, "eh lis un peu, pas mal cette vanne, non ?"
    Le talisman fait effet en quelques secondes : son sourire se fige, il cherche un collègue mais plus personne ne veut jouer au chèque avec lui, alors il me le rend et Beigbeder, sonnant la fin de la récré, annonce que maintenant que je suis riche, je peux prendre le micro. First level completed. 6 500 euros.

    Mon éditeur m'avait prévenu : les moments de grâce sont rares. Regarde bien la salle avant de parler, il m'avait dit avant d'aller taper dans le dos d'un membre du jury. Je me suis souvenu du conseil.
    Balayant la salle, j'ai croisé tous les regards : ceux qui étaient contents pour moi et tous ceux qui étaient juste contents d'être là. Alors la Lumière est descendue sur moi. Ce bref moment de lucidité où l'on voit tout (que Lolita Pille a des petits seins, par exemple, ou qu'au fond Guillaume Durand est juste un mec qui aimerait tant s'aimer), où soudain notre propre trajectoire semble rectiligne. Le moment aussi où on se lance sans papier dans un discours qu'on avait pas prévu. Le rock n'roll, par exemple.

    Quelques années avant Eliminations directes, j'avais écrit un recueil de nouvelles comme un bon vieux disque de rock au temps du vinyle : une face A, une face B, trois 45-tours potentiels pour assurer ma place dans les charts, une moitié de morceaux bien ficelés mais sans génie (ou l'inverse) et quelques titres plus ardus dont j'étais plutôt fier - ceux que les vrais fans réclameraient plus tard en concert, les premiers du culte. Mais les éditeurs ne sont pas très rock n'roll, et l'album qui devait faire ma gloire était longtemps resté en version démo. Loin des grandes scènes, j'en jouais de courts extraits sur l'estrade de la salle des fêtes d'une ville de province qui organisait un concours et me donnait le 2e prix derrière M. Chiant. « Parce que vous comprenez l'histoire on aime beaucoup, c'est très drôle, mais M. Chiant a une écriture si personnelle, tellement ciselée... » Ensuite, il y avait toujours un cocktail où je passais inaperçu et que je quittais poliment pour aller boire dans un bar avec un flipper. C'est dire si je n'étais pas préparé, pour le Flore.
    Je leur ai raconté ça, et plein d'autres choses encore. J'avais prévenu ma complice Lavinia, de France 3, que je ferais un jeu de mots dès la deuxième phrase et elle a lancé les rires avec un talent fou. Ensuite, tout s'est déroulé comme un tapis rouge à roulettes, il ne manquait plus que l'orchestre ponctuer chaque blague d'un tonnerre de cymbales - tout marchait tellement bien que j'ai failli demander à l'humoriste officiel, qui était à me droite, de prendre des notes.

    medium_chmampagne2.jpegAprès ma conclusion, sous la mitraille des photographes, Michèle Fitoussi m’a glissé à l’oreille « Allez-y, Bertrand, profitez ! » Aujourd’hui encore je frissonne à l’évocation de son vouvoiement. Aujourd’hui seulement je comprends que je n’ai profité de rien. A part le champagne, bien sûr. Impossible de repenser à une image de cette soirée sans me voir une coupe à la main – la gauche, surtout, parce que la droite était toujours occupée à en serrer d’autres pendant que je zappais entre toutes les conversation. Bernard Wallet parlait de Beyrouth, Laurent Habart de l’Himalaya et Christophe Ono-dit-Biot de ce petit restaurant tellement exotique dans le 19e arrondissement. Charles Pépin, nouveau juré, avait l’air d’un jeune HEC qui vient d’enlever sa cravate et discutait Remix avec l’attachée de presse du Diable Vauvert en s’efforçant de la regarder dans les yeux sans se caser la nuque. Et Anna, enfin. Anna Gavalda, belle et droite, reine et digne, commandant un cocktail abricot-mangue.
    Toutes les femmes de plus de 50 ans sont venues me présenter leurs ardentes félicitations. Comme dans les mariages, après mes discours : un carton auprès des tantes et des grands mères, mais impossible de me taper la petite cousine célibataire. J’espérais que tout serait différent avec le prix, mais les bimbos officielles avaient déjà bien trop à faire avec le people confirmé. A part Léa, peut-être. « Je suis une ex de Florian Zeller, elle m’a dit. Tu veux jouer au cocktail avec moi ? » Elle m’a parlé des écrivains qu’elle connaissait. « Tu sais, elle m’a dit entre deux gorgées de vodka, j’ai tout compris sur les mecs, dans ce milieu. Avec les femmes, ils n’ont qu’une règle : en changer souvent, l’échanger parfois ». Sur ce, saoule et offerte, elle m’avait adressé un sourire implacable, mais j’ai à peine le temps de goûter la fermeté de ses petits seins contre ma chemise que mon éditeur me tirait par la manche pour me présenter une de ses amies libraires. Ah, Léa ! Hier, j’ai pensé à toi.
    Vers la fin, je me suis retrouvé avec Emmanuel Pierrat, avocat et agent, qui expliquait que d’Ormesson avait battu le record de droits d’auteur pour sa nouvelle tournée d’adieu sur les plateaux télé. Tout en racontant ses histoires, il menaçait d’intenter un procès au Flore s’il n’avait pas une nouvelle coupe dans les dix secondes. J’ai imaginé la même scène un peu plus tôt chez Jacques Dessange et je suis parti d’un fou rire. Une certitude : j’avais atteint ma limite éthylique. Une autre : je m’en foutais.
    Dans mon dos soufflaient le vent du succès et le parfum d’Aude Lancelin. La belle Aude. J’ai eu envie de lui dire que j’avais repéré sa plume dans l’Obs bien avant qu’elle ne passe à la télé (à cet instant, cela me semblait être le compliment ultime) – mais trop tard, on l’avait vue à la TV et le flot de courtisans l’a emportée avant que je n’aie pu l’approcher. En me retournant, j’ai aperçu Michèle Fitoussi qui me souriait de loin – un sourire plein d’une sollicitude ironique qui semblait me demander : « Alors ? » Je lui ai fait un signe négligé de la main, pensant que tel était l’usage.
    Il était 21h50 et je subissais totalement les événements.

    medium_toilettes.jpegLorsque la porte des toilettes s’est refermée, j’ai enfin goûté un peu de solitude. Dans le miroir j’ai vu le type de la veille qui n’avait pas encore le Prix et je l’ai salué. Il avait une tête sympathique. Un peu parti, sans doute, un peu naze, peut-être, mais il me plaisait bien. Il me semblait fidèle. Pas du tout la tête du type qui va bientôt dîner à la Closerie des Lilas, par exemple.
    A ce moment, l’orchestre a entamé une rumba, et le type dans la glace a eu ce rictus que je connais bien - le plissement de lèvres de celui qui vient d’avoir une intuition géniale.
    Je me suis passé la tête sous l’eau, pour avoir les idées plus claires. Mais en fait d’idées je n’en avais plus qu’une – l’Idée du siècle, assurément, celle dont l’underground littéraire parlerait bientôt avec des éclairs dans la voix. Il était temps que je reprenne la main. Derrière la porte capitonnée des toilettes du Flore, Paris n’avait qu’à bien se tenir.
    - Toi, tu m’as l’air bien attaqué ! m’a dit S., ma copine de l’Obs, qui parce qu'elle avait lu mon roman ne se sentait pas obligée de m’en parler.
    - Je suis peut-être à deux doigts de la cuite monumentale, mais seulement à un quart d’heure de la postérité, j’ai répondu avant de lui exposer mon plan.
    - Tu es complètement taré ! elle a conclu en rigolant.
    Puis elle a promis de m’aider.

    Un quart d’heure et quelques conciliabules plus tard, j’étais de retour dans la fosse.
    Le peuple avait commencé à se disperser et le photographe du Flore, terminant sa pellicule, immortalisait l’exposition annuelle de coupes de champagne à moitié vides sur nappes tachées. Je connaissais le script : bientôt, Beigbeder allait annoncer le départ des dominants vers la Closerie, avec le lauréat (moi), et la Grande Sélection allait s’opérer. Comme au Tour de France, j’ai pensé, dans les étapes de montagne : chaque matin le peloton part groupé, mais à l’attaque du dernier col on retrouve toujours les 30 meilleurs grimpeurs, accompagnés d’un outsider. Ce soir, c’est moi la surprise, j’ai pensé. Et non seulement j’allais m’accrocher jusqu’à l’arrivée, mais j’allais tenter l’échappée du siècle. Matez le panache.

    Je sentais tellement bien mon coup que je l’ai joué à l’instinct. Infaillible. Comme si j’étais né pour ça. Au moment où le roi allait prendre la parole pour s’adresser à ses sujets, je me suis hissé sur l’estrade.

    « Oh yeah, oh yeah, jeunes gens ! »

    Je ne sais pas si j’étais très convaincant ou juste très saoûl, mais tout le monde a bien réagi. Le public a applaudi, et l’orchestre a emmanché Satisfaction au moment où je criais "Rock n’roll !"
    Au fond, rien de plus légitime : j’avais le Prix, j’avais discouru, j’avais bien le droit à un rappel pour finir en pleine gloire. Ils m’écoutaient tous avec d’autant plus d’attention qu’ils étaient persuadés que je n’étais là que pour déconner.

    J’ai commencé soft.
    "Permettez-moi de porter un dernier toast aux treize ans du Prix de Flore... (applaudissements nourris sur la gauche, exclamations) Ah, treize ans ! L’âge de l’éternelle adolescence : la révolte, la soif de liberté, l’insolence, les opinions sans concession... Au fond, il me semble que le Prix de Flore a toujours eu treize ans ! (cris de joie dans l’assistance, quelques bravos) Mais attention ! ("Oh!" surjoués sur la droite) Il se passe tant de choses en treize ans... En 81, Mitterrand choisissait Mauroy, en 94 il en pinçait pour Balladur. En 55, Elvis chantait Hound Dog… Et que faisait-il pendant Woodstock en 68 ? De la varièt’ molle à Las Vegas. C’est pourquoi, en vérité je vous le dis : attention ! A l’ombre des jeunes rebelles en Flore, l’embourgeoisement menace. Il est à nos portes – celles de la sortie. Chaque année le même rituel: les grands ducs à la Closerie, les barons chez Lipp et les valets dans leur chambre… A ce rythme là, ce n’est plus l’embourgeoisement qui vous guette, c’est l’Ancien Régime !"

    Dans la salle, le silence s’était fait, attentif, circonspect. Il était temps de conclure.
    "… Donc pas de Closerie, ce soir. Et pas de Castel. Je vous emmène chez Kamel ! La Gouttière, rue Parmentier – il y avait un concert de Temper, ce soir. On y va tous. Et on y va en métro !"

    Outre S., j’avais mis dans la confidence Lavinia et les libraires de Brassens. En sortant des toilettes, j’avais croisé Sollers. Je l’avais pris par le bras et il avait rigolé. « T’as raison petit, moi j’allais me coucher, mais vas-y, je reste pour voir ça, il faut les bouger ces petits Flore. » Soixante-treize centièmes de seconde après ma dernière phrase, Philippe a sifflé « Bravo ! », puis sur la gauche j’ai vu deux types avec Lavinia, morts de rire, qui levaient leurs verres en criant "T’es not’ chef, Cartouche !". Et petit à petit, dans tout le Flore, le peuple s’est levé pour acclamer son libérateur. - Tous Chez Kamel ! - Fermons la Closerie ! - For those about to rock ! - Vive le Flore libre ! - Montjoie, Saint Denis ! - Il nous a compris !

    Après l’enthousiasme, il a fallu transiger un peu. Avec ceux qui voulaient y aller en voiture, ceux qui ne prenaient que le taxi, ceux qui avaient un rendez-vous, les fatigués… et tout le ventre mou du people pop, qui attendait de voir ce que ferait le roi pour se prononcer. J’ai regardé Beigbeder, qui semblait encore hésiter, pas hostile. D’un geste de la main, je lui ai signalé que je lui laissais le choix final. Il n’avait pas besoin de plus. « On y va ! » il a lancé en sautant de l’estrade - et aussitôt Viviant l’a rejoint, sautant sur l’occasion. « Forever young ! »
    Quelques instants plus tard, ils étaient vingt à me suivre dans le métro – dont Beig lui-même, qui avait bien compris la portée symbolique du truc. Sur le quai, les gens nous mataient furieusement mais personne n’osait bouger, on est une bande, je me disais, une vraie meute, intouchables.
    J’étais au sommet.

    Les vitres de la Gouttière portaient une sévère buée de sueur et de clope. Temper avait rempli la salle. Il y avait là tous les âges, tous les sexes, tous les goûts et aucun look. Flore ou pas, l’arrivée d’une vingtaine de littéraires faisait un peu défilé de mode. Kamel m’a salué de loin entre deux mojitos et une addition.
    Devant le zinc, trois rangées d’habitués se vannaient, verre à la main, rendant l’accès incertain. Les Flore ont marqué le pas. J’ai bien vu qu’ils avaient perdu l’habitude d’attendre, c’était à moi d’y aller – le King, at home !
    « J’y vais pour tout le monde », j’ai annoncé, étrennant mon costume à peine froissé de leader charismatique d’une nouvelle génération littéraire. Carcassonne m’a accompagné, et sur le moment, j’ai pensé que c’était par défi. Arrivé près du but, devant la tireuse, j’ai été pris d’une nouvelle Intuition et me suis retourné.
    - Oh les gars, demi pour tout le monde, on est rock n’roll ou pas ?medium_bar.jpeg
    S’il disaient oui, ma fortune était faite. Mais Carcassonne est intervenu.
    « Tu sais que Mick Jagger n’a pas bu de demi depuis 1976 ? », il m’a fait, impassible. Et dans la foulée il a demandé à Kamel de sortir sa réserve de champ’.

    Et la Gouttière a connu la folie. Dans le sillage de Nicolas Rey, dont la chemise à pois rouges avait attiré deux groupies, le Flore a commencé à se mélanger à la faune du lieu. Kamel a remis à fond un coup de New place, new face.
    "Longtemps que je ne m’étais sentie aussi jeune !", s’est écriée une auteure à la mode d’hier, en regardant avec Viviant les affiches de concerts militants collées aux murs, tandis que le jeune Shepuki, fils à papa déchu, faisait le toue des tables, bouteilles en main, pour servir tout le monde. Deux types de Tchnikart se sont rapprochés de moi pour débattre de l’émergence d’un Oberkampf Revival. C’est pas innocent, ce qui se passe ce soir, disait le moins saoul.
    Entre deux gorgées de petit lait, j’ai surpris Beigbeder en grande conversation avec Montal, le guitariste de Temper. Il parlait en s’imitant : "Aujourd’hui, c’est le marketing qui est rock n’roll, mon pote !", disait-il en faisant de grands gestes un peu désordonnés, entre accord de guitare et comptage de billets.
    En une demi-heure, tout le champagne était bu. Taddei a voulu se resservir, mais deux types qui ne l’avaient pas reconnu lui ont barré l’accès du zinc. Il s’est penché vers Carcassonne, très sérieux, puis tout s’est enchaîné aussi vite que mes illusions m’avaient grisé.
    Il n’était même pas minuit et mon carrosse se transformait déjà en citrouille. Au moment où j’allais proposer de remettre ça pour tout le monde, Beigbeder a lancé le repli vers la rive gauche. Le message était clair : veni, vidi, Closerie, il était temps de retrouver la cour des grands. 45 tours et puis s’en vont. Je n’avais rien vu venir.
    Scotché au zinc, j’ai dû les regarder partir un à un, incapable de suivre. Les suivre pourquoi, au fait ? J’avais oublié. En sortant, je crois que Tison m’a souhaité bonne nuit. Mais je ne suis plus sûr de rien.

    Depuis lors, je fouille en vain mes souvenirs à la recherche de ces cinq minutes de trou noir. Il paraît qu’on m’a parlé, que Kamel a tenté de me secouer, il ne peut pas sentir les pique-assiette mais il sentait bien qu’il se jouait quelque chose d’important. il paraît aussi que Taddei et Vandel sont revenus me chercher et que j’ai dit que je les rejoindrais plus tard. Mais je ne suis plus sûr de rien. Sauf d’une chose : quand une chance passe, elle passe très vite.
    Putain de merde, quand même, j’étais si près ! J’aurais pu être mythique parmi les mythiques, on aurait parlé pendant 50 ans de ce jeune espoir belle gueule qui avait mis dans sa poche le tout Paris en une soirée… Mais là j’étais juste le type tout seul avec son chèque en poche, et un grand vide devant lui.
    J’ai pensé à tous ces groupes de première partie qui avaient voulu un jour voler la vedette aux Stones et dont Mick Jagger s’était empressé d’enterrer la carrière. Je n’aurais jamais dû jouer ce coup-là, c’était sûr. On m’avait invité pour un bœuf et j’avais fait la grenouille. Le solo de trop. De l’autre côté de la Seine, on m’enterrait déjà à la Closerie.

    Quand j’ai repris pleinement conscience, j’avais face à moi, en gros plan, le visage de Kamel. Il était emmerdé, le pauvre, il ne savait pas comment me le dire. Il n’a pas eu à le faire. En le voyant, j’ai compris tout de suite. Au total, il y en avait pour 860 euros. Mais on pouvait s’arranger bien sûr, il aurait voulu intervenir mais il n’avait pas réussi à en retenir un seul pour lui dire qu... Je l’ai coupé en l’embrassant.
    Maintenant c’était clair. J’en referais un, de livre, un qui n’aurait pas de prix.
    Alors j’ai demandé un verre d’eau, et j’ai fait un chèque de 1 000 euros.
    Rock n’roll.

  • Présidentielle : pouce !

    Petit, je rêvais d’être député.
    Adulte je suis entré en politique. J’ai même gravi quelques échelons... Jusqu’à finir dépité.


    Bon, ben voilà, ce sera Ségolène R.
    Sans commentaire.
    (sinon que l’ami Mandor pourra témoigner que 60% était mon pronostic hier)

    Et maintenant ? Après une courte page de pub (un M. Youn, par ex. ?) s’annonce un nouveau feuilleton – celui de la désignation de Sarko par l’UMP - et combien de fausses péripéties en perspectives !

    Ensuite, croyez-vous, on pourra enfin assister au grand combat… Que nenni ! Vous verrez, du 1er janvier au 15 mars, le Petit Monde Médiatique nous prépare une magnifique saga : Chirac – ira, ira pas ?
    Une super-production, assurément : des sondages à la pelle (qui paie, au fait ?), des plateaux télé plein de "lieutenants" aux dents longues, des "auditeurs ont la parole", et des experts, et des chroniqueurs, des gros mots et des petites phrases… Du passionnant, quoi. Qui fait avancer le schmilblick. On connaît la fin, bien sûr, mais ça ne les empêchera pas de tenir deux mois !

    Donc. Devant la médiocrité de ce qui s’annonce, je ne vois qu’une seule solution :

    Décrétons un moratoire sur la campagne présidentielle, de janvier à mars 2007 !

    Laissons donc les candidats se reposer, penser un peu, visiter la France et le monde sans journalistes, et qu’ils nous reviennent en forme à la mi-mars.
    Interdisons les sondages pour obliger les journalistes présentateurs politiques à bosser un peu, à se balader un peu eux aussi…
    ... Bref ! Un peu d’air avant une vraie campagne.

    Une utopie, bien sûr. Mais la campagne a commencé si tôt que je crains fort que notre petit corps électoral n’arrive en mai 2007 complètement lassé de la politique.
    Et dans ce cas, on sait comment il peut réagir.