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  • Comme sont nus parfois les arbres en novembre

    Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes
    Mais les choses nous parlent si nous savons entendre
    C'était trop tard déjà...

    Et si je passais mon premier novembre à Paris depuis cinq ans ?
    Dame ! Gagnées ou perdues, il faudra que les heures soient pleines.

    Well I won big once and I hit the coast, but I paid the big cost
    Inside I felt like I was carryin' broken spirits of all the other ones who lost…

    Et que la mélancolie soit flamboyante.

    Thunder Road...
    We're gonna take it all then throw it all away

    Bonne route.

  • Art Paris

    Ach, Paris…

    Ça y est, je crois que je sais pourquoi je retourne au Palais de Tokyo, à la fiac ou ailleurs.
    Ce n’est pas seulement par masochisme.
    Ce n’est pas seulement parce que je n’y connais rien.
    C’est pour être sûr.

    Non parce que de Lisbonne à Helsinki et de Lyon à Varsovie, ces dernières années, j’ai toujours trouvé, dans les expos d’art contemporain, des œuvres qui m’intéressent m’interpellent m’amusent me scotchent me font réfléchir me font sourire me font voir les choses autrement (rayer la mention inutile).

    A chaque fois je me dis que mon enthousiasme est peut-être dû à l’excitation du voyage, que peut-être à Paris mon jugement est faussé par le scepticisme cynique qui nous tient lieu de culture, que peut-être ici aussi, avec un œil neuf je trouverais un peu de fraîcheur dans les galeries et quelques noms à noter dans un petit carnet.
    Mais à chaque fois… Ben non, vraiment.

    Mais je continuerai. Par masochisme un peu, mais surtout avec cette intuition naïve que le jour où Paris proposera une expo d’art contemporain qui sorte du pseudo-élitisme onaniste dans lequel elle s’est (on l’a?) enfermée depuis des années, le jour où je n'aurai pas besoin de lire le texte accompagnant l'Oeuvre, ou simplement le jour où je comprendrai le texte, ce jour-là, quelque chose de fort aura vraiment changé. Pas seulement dans les musées, mais dans l’air de la ville, celui qu’on respire tous les jours.

    Je sais, je suis une midinette.

  • L’art est un marché comme les autres

    Ça pourrait s’appeler “Reed Expositions vs People”, ou “28 euros d’art pur”.
    Une performance exceptionnelle, une œuvre d’art dont vous êtes le héros : des centaines de gens faisant la queue pour payer les 28 (vingt-huit) euros d’entrée dans un magasin de déco à la Fiac. Ha !

    Bien sûr, pour jouir pleinement du spectacle, il faut avoir soi-même parcouru les allées de la foire, à la recherche de l’œuvre qui donne à s’extasier / à réfléchir / à voir autrement / à se demander comment / à sourire / à hocher de la tête – ou simplement de ce petit truc là-bas qui donne envie de s’approcher… Il faut avoir cherché, vraiment, et rien trouvé, mais vraiment rien (j’exagère – merci Ki-bong Rhee, merci Matthew Day Jackson) – il faut surtout remercier C. de nous avoir fait entrer.
    Bref.
    A part ça, il paraît que vraiment ça y est, Paris est de retour sur le marché de l’art.
    Ouf.

    FIAC 2010 (2).jpgJe me souviens, la dernière fois que j’étais allé dans le pavillon principal, c’était il y a cinq ans.
    La queue était la même, l’entrée coûtait deux fois moins cher et déjà...
    Quid novi, alors ? Les prix, peut-être (c’est bien ce que nous dit la fiac, après tout : l’art est un marché comme une autre). Quelques tendances, aussi.
    Il y a cinq ans, la Fiac regorgeait d’œuvres qui criaient "J’ai quelque chose à dire". Parfois on ne comprenait pas vraiment – parfois on comprenait, et c’était pire.
    En 2010 presque pas de ça. Synthèse à la hache : le concept reflue (qui s’en plaindra), la déco s’impose (Murakami se démodera-t-il aussi vite que les Tomagoshi ?), le transgressif fait pitié (E.T. fucks Bambi, waouh), et toujours un peu partout le sens en trompe-l’œil (je mets une petite croix gammée sur mon tableau > attention, sens!). Et plus c’est gros, plus ça passe (Sylvie Fleury passant à la poudre argentée des objets quotidiens, Niele Toroni encadrant les affiches de ses propres expositions non sans y avoir déposé la marque de son ego…)
    En 2010 les œuvres restent muettes. Ou plutôt non. Elles crient "Je suis un(e) artiste !", mais c’est un cri muet. Muet comme la foule qui sortait du Grand Palais, n’osant pas s’avouer, comme le peuple d’Andersen, que l’empereur était nu.

  • Décapage

    DKPG_42_C1.jpg"D’après une étude réalisée par nos soins, les lecteurs perspicaces achètent Décapage."

    42 numéros et la revue ne faiblit pas. Au contraire.

    Près de 40 pages sur Emmanuel Carrère (je te rassure, il y a des images) sans qu’une seule ligne ne soit de trop, je dis chapeau.
    Avec une page de Simone de Bougeoir, c’est la fête.

    On y trouve aussi cette petite nouvelle parfaite de Martin PageL’écrivain qui n’était pas un livre.

    "Le libraire aime les livres, mais il n’est pas toujours à l’aise avec les auteurs. C’est une question de rangement : on ne peut pas faire de pile avec d’auteurs et il est fort à parier qu’ils refuseraient de se tenir sur des étagères et sur des coins de table. A la limite certains seraient d’accord pour figurer en vitrine s’il leur fournissait un siège et du vin (il y songe, ça ferait une belle animation de Noël). Mais la vérité est que les écrivains ne devraient pas être autorisés dans les librairies, après tout les vaches ne vont pas brouter dans les boucheries. C’est contre nature. (…)"

    Truc #2, qui se passe dans une librairie dormait sagement dans son tiroir, m’a entendu rire en lisant.
    "Tu sais quoi? qu’il m’a dit. Tu devrais me faire illustrer par Vlou...
    - On en a déjà causé, oui.
    - ... et tant que tu y es, me faire réécrire par Martin Page."

    Bonne idée.
    Comme quoi ça sert, les revues littéraires.

  • Petites nouvelles (poésie automnale)

    Je ne sais pas si l’automne est poétique.
    Une chose est sûre, me dit ma fenêtre : c’est quand le temps est gris qu’on a besoin de poésie.
    Ça tombe bien, je viens d’en trouver. La poésie que je préfère – en prose et imagée, qui part du réel pour s’en écarter juste ce qu’il faut, qui sait faire de la couleur avec du gris et qui sait la beauté du premier degré.

    Petite-Nouvelle_par-Vlou_couverture_thumb.jpgPetite nouvelle (Vlou)
    C’est l’histoire d’une jeune femme qui accouche sans y avoir été préparée. Le bébé tient dans la main et les personnages sont nus, Adam et Eve découvrant le monde, jeunes parents universels.
    Vous pouvez aller voir le site de vlou, aussi.
    Un jour, je le dis, on fera quelque chose ensemble, et on lui mettra une belle couverture pour qu’il ne prenne pas froid.

    n124738137552600_3591-197x300.jpgSi peu d’endroits confortables (Fanny Salmeron)
    J’avais découvert l’auteur dans la revue Bordel, qu’elle illuminait de sa prose tout en pépites dans des petites nouvelles belles et tristes. Mais un roman, ça n’a rien à voir. En 200 pages, les pépites sont forcément diluées, et en rajoutant de l’eau on enlève souvent le goût du sirop. Eh bien non.
    De l’histoire je ne saurais pas trop vous en causer, pourtant je vous assure qu'il y en a une – vous n’aurez qu’à lire ici ou . Dans un premier jet pour Standard, j’avais écrit ça :
    J’écris « Il y a si peu d’endroits confortables » dans son cou et Paris me répond. Avec un regard unique, Fanny Salmeron peint la ville en nuances de gris. Puis elle fait jaillir à chaque page des images qui sont comme autant de touches de couleur. Une fois le livre terminé on s’aperçoit que tout est coloré. Et la vie autour de nous aussi.
    J’ai finalement opté pour moins fleur bleue, peut-être parce qu'à l'époque il y en avait plein les parcs. Mais j'aurais pu laisser tel quel.

    Les feuilles tombent, les livres restent.
    Retenez ces deux noms, vous pouvez y aller les yeux fermés (c’est encore mieux, pour rêver).

  • La vie au Cnit

    nouveau-CNIT.jpgVendredi, 11h45, La Défense. Le Cnit, niveau 0.
    Aux étages inférieurs, on conférence. Ici, on ne fait que passer.

    Le bâtiment a été récemment refait à neuf, le design est au top et l’époque est au blanc. Le sol, les murs, les néons des enseignes (Fnac, Habitat, Emling, JLDavid…) et les parements en petits carrés sur les vitres des bureaux supérieurs, tout est blanc. Blanches les nappes-cartes du Café de la Place (menu midi : plat du jour+café gourmand, 17€50). Blanc aussi le ciel de La Défense à travers les portes vitrées.

    Quelque part au-dessus de nous, un haut-parleur diffuse une musique électronique lente, froide mais enveloppante.
    Assis au fond du hall avec Virginie Despentes qui dépare dans sa couverture jaune, j’ai l’impression de regarder une vidéo d’art contemporain. Dispositif est simple mais efficace : la caméra postée en un point, le son coupé (qu’entendrait-on de toute façon sinon quelques claquements de talons et la rumeur des étages inférieurs?), remplacé par cette musique de haut parleur, révélant la foule qui fonctionne.
    Soudain, au milieu d’u petit groupe, une ado joufflue en slim-baskets fait éclater une bulle de chewing-gum, un rire, et la vie reprend, quelques secondes. Puis le haut-parleur, à nouveau, en bande-son, et la foule silencieuse.
    Je reprends Apocalypse bébé, je rêve que la page que je suis en train de lire s’affiche quelque part sur un écran géant.
    A midi pile, événement : la musique se suspend.
    Un bref instant où tout paraît de nouveau possible...
    ... Puis une voix de femme, enregistrée.

    $ Les restaurants du Cnit vous souhaitent la bienvenue et vous accueille pour une pause gourmande. $

    A 13 heures 15, la même voix reparlera de pause gourmande et souhaitera à tous un bon appétit.

    La vie, la vraie.

  • La fin du moi

    On peut mettre six mois à accoucher d'un titre moyen pour un roman.
    Parfois, par hasard, on trouve un beau titre, mais on n'a rien, mais vraiment rien, à mettre dedans.
    Dont acte.

  • Suite(s) impériale(s), sweet deceptions

    Suites-imperiales_Bret-Easton-Ellis.jpgAh ! Il me faisait envie, ce livre avec sa couverture calque jaune.
    Faut dire que retrouver les personnages de Moins que zéro vingt-cinq ans plus tard, c’était tentant.
    On ne prendrait pas la même claque, mais si c’était aussi bon que la première partie de Lunar Park, on allait se régaler.
    D’ailleurs tout le monde le disait, c’était un coup de maître.
    Sauf que.

    J’ai lu un peu partout des critiques dithyrambiques, j’ai entendu à la radio des interviewers en pamoison… Mais dans le concert de louanges, une fois éliminés les chœurs qui répétaient en boucle "Ah le génial auteur / Et il descend parmi nous / Pour faire sa promo", je n’arrivais toujours pas à comprendre en quoi Suite(s) Impériale(s) était vraiment intéressant.

    Ben maintenant que je l’ai lu, je ne vois toujours pas.

    Passé les quinze premières pages, excellentes sur le rapport du personnage d’un livre avec son auteur, on retrouve un Ellis en roue libre, comme un vieux chanteur qui répète son tube, avec en prime la pâle imitation de Stephen King qu’on retrouvait déjà dans la deuxième moitié de Lunar Park.
    Ce qui reste intéressant à étudier, c’est ce phénomène qui conduit à la glorification générale. Il y a là-dedans une opération com’ réussie, certes (organiser la rareté, distiller des avant-premières, vendre des "exclus", etc), mais ce serait trop simple de le résumer à ça. Il doit exister une sorte d’inconscient médiatique qui conduit les chroniqueurs à tous aller dans le même sens – lequel, on ne sait jamais vraiment d’avance, en tout cas sûrement pas le sens critique.

    (Allez hop. Et maintenant, Houellebecq)

  • Liberté, égalité, sécurité

    On pourrait écrire un paquet de notes avec ce titre, tiens.
    Mais puisque je sors de la station Concorde, ornée de ces magnifiques barrières automatiques qui font gagner 1,5 seconde rendent la vie joyeuse, je me suis dit que je pouvais prendre un peu d’avance.
    Donc.
    Prenons un pari simple.
    Dans 20 ans (mais peut-être avant), on trouvera incroyable que les quais du métro aient pu un jour donner directement sur la voie, avec tous les risques bla bla bla, le métro qui déboule à 30 km/h à quelques cm des voyageurs, vous imaginez, non mais c’était complètement dingue, quelle époque !

    Bien sûr il n’y aura pas eu de débat sur le sujet – c’est l’évidence, non?
    Je n’aurai jamais l’occasion d’avancer que l’argent utilisé pour sécuriser  (berk) les voies aurait pu être employé autrement. Je ne pourrai pas, par exemple, évoquer de statistiques sur le nombre infime d’accidents hors suicides (et déjà quand je dirai "hors suicides" on me lynchera). Je ne pourrai pas avancer que tout ce qu’on déshumanise au nom de ma sécurité ne peut qu’accroître le nombre de suicides, et que s’ils ne se jettent pas sous les trains les gens se suicideront ailleurs.

    Je ne pourrai pas parce qu’on m’opposera illico l’exemple de Machin(e), tombé(e) sur la voie, et la douleur de la famille, et le traumatisme du conducteur, alors évidemment j’aurai l’air d’un con parce que je comprends l’horreur, et le temps de l’émotion je penserai sans doute moi-même que je suis un immonde salaud d’imaginer un instant ne pas considérer la Sécurisation du monde comme hautement prioritaire.
    Voilà.
    Ce jour-là, je ressortirai ce billet, et bien malin qui sait ce que j’en penserai.

    (En écrivant ça je sens bien que je suis déjà un immonde salaud)