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  • Cher internaute anonyme (7.2)

    L'automne, donc. Et avec lui la nostalgie qui s'est abattue sur toi comme une feuille morte sur une crotte de caniche.
    Tu cherchais dans ma mémoire tes souvenirs perdus ("image alors les tarlouzes on bronze", hum), tu regrettais déjà ce que tu n'avais pas fait ("et puis finalement pas" (je connais)) tu voulais que je te décrive un jour d'été pour revivre un peu des beaux jours. Et puis, comme évidemment ils ne revenaient pas, tu es devenu triste et tu t'es mis à chercher un blog avec des seins qui pende (tu as trouvé ?). Tu es redevenu sérieux, aussi. Tu as cherché des auteurs (Carrère, Jan, Minard, Springsteen, Murakami), tu t'es interrogé sur le rôle de l'écrivain (je t'avais dit, pourtant, que la question n'avait pas vraiment d'intérêt, non ?)...

    ... Et puis novembre est arrivé, et j'ai bien vu que tu commençais à déprimer. Tout a commencé, je crois, quand tu as compris qu'Elise Chassaing a un petit copain (tu t'en doutais, non?). Tu as voulu évacuer ta frustration en jouant les divins connards ou en te vautrant dans l'enculage de femme, alors ça a été la spirale infernale : garçon enculé, puis fils encule sa mère... Rien n'allait plus. Tu restais enfermé à Paris, et quand tu me parlais de ta vie tu lapsussais - "phrase pour une dédicasse" était pas mal, mais "je descends odon" restera dans mon bestophe.

    Heureusement, en décembre tu as retrouvé goût à la vie. Fini le cul triste, de nouveau tu voulais le frisson après l'amour - le vrai. Une jupe fendue, une soirée jeune à Stockholm et c'était reparti pour l'agitation permanente (10 fois??), à vouloir tout et tout de suite (tiens.com, j'aime bien ; mieux que deux "tue laura", assurément). La semaine dernière, tu repensais à tomber amoureux et à partir en balade au bout du monde, tu prenais de l'avance en cherchant des cartes de vœux (ici??).

    Toi aussi peut-être tu sens que 2010 sera une belle année.
    Allons-y ensemble, tiens. Tu me raconteras ta vie, j'écrirai celle des autres. Elle finira bien par craquer.

  • Cher internaute anonyme (7.1)

    Je sais, tu es en vacances, là, ce n'est pas vraiment le moment de t'écrire une carte - encore moins le moment d'être sérieux, mais enfin. Il faut que je te parle de toi.
    Tu me diras que ça fait longtemps. Tu as raison. Réparons cela, veux-tu ?

    D'abord il y a eu l'été. Avoue que là, tu n'avais pas vraiment besoin de moi. Tu avais le désir frivole, tu tapais gaiement sur ton iphone les mots-clés de saison : jupe fendue, hymne à la joie, tes mains d'amour... Tu me demandais comment écrire une carte postale (mention spéciale pour le magnifique "carte postale j'aime ton petit cul"), tu me confiais que tu avais rêvé cette nuit, tu attendais une invitation au voyage - au bout du monde par exemple (sept fois, quand même), en Asie (homme Japon classe ou belle indochinoise, au choix) ou en Europe de l'Est (la femme slave t'attire beaucoup).
    Je voyais bien, pourtant, que dans ta petite tête ça cogitait. Quand on passe un été vraiment torride, on ne tapote pas "étymologie niquer" sur Gougle. J'ai vite compris la raison de ce trouble. Evidemment. Ce que tu voulais, au fond, c'était tomber amoureux. Je t'avais prévenu que ce n'était pas vraiment à moi qu'il fallait demander, mais tu avais besoin de conseils : fallait-il lui offrir un bouquet d'églantine ou plutôt lui faire le coup de la panne ? Se vautrer dans la chair à canons (sous vos applaudissements) ou séduire une mignonnette à manipuler avec précaution ? Elise Chassaing ou Max Monnehay ? Tu aurais aimé aussi que je te donne un "exemple de lettre pour un amoureux". Franchement, il valait mieux que te laisse faire tout seul. Quitte à ce que tu choisisses finalement le cou de la panne (laisse-moi deviner... elle t'a fait le coup du lapin ?).

    En septembre, tu as continué sur ta lancée. Sauf que tu voyageais moins loin. Libertin.ch, déjà, ça rapprochait mais ça restait exotique (tu me raconteras?). "Quartiers pauvres de Londres" faisait moins rêver. Puis tu as cherché Poupette Courbevoie, et j'ai su que c'était la rentrée. D'ailleurs, le lendemain tu me demandais c'est quoi la mondanité. L'automne pouvait arriver.
    D'ailleurs il est venu.
    Mais je préfère ne pas y penser, je te raconterai demain.


    (PS - quand tu cherches quelque chose dans ton petit moteur, pas la peine de taper le nom du moteur. surtout si c'est pour faire une faute. quand tu tapes "gougle poème d'amour", par exemple, je sais que tu es mal barré. un peu comme quand tu me demandes "que veut dire au pied de la lettre". je sens que ça s'est fini en pied de nez.)

  • Rétrospective 2009

    retroviseur.jpgHa ha

    (tu croyais vraiment que j'allais jouer à ça ?)

    (l'an prochain, on s'intéressera peut-être aux Influents qui valorisent leur ego au clic. pas sûr encore qu'ils en vaillent la peine. on en recause.)

  • D'autres vies, etc

    Je n'ai pas attendu aussi longtemps que pour Un roman russe, mais allez savoir pourquoi, j'ai laissé passer un an avant de l'ouvrir. La peur d'être déçu, sans doute, entre les dithyrambes (méfiance) et cet "obscène" lapidaire de Lidell (sourcil qui se lève).
    Mais de déception, point.

    Carrere-d-autres-vies-que-la-mienne.jpgDès le départ j'ai retrouvé le caractère particulier d'Un roman russe - cette façon de se raconter (ici, dans le trauma de l'après-tsunami) sans jouer aux victimes ni se donner le beau rôle, avec toutes les petitesses de Carrère homme qui font la grandeur de Carrère auteur.
    Après 100 pages le roman se décentre. A la base, m'avait dit la 4e de couv, une sorte de commande : "tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire?" Carrère ne reste jamais loin, compare souvent à la sienne ces vies qu'il raconte (un cancer, un handicap, un deuil - que du primesautier), mais la distance est bonne, il ne prend pas son lecteur par la main mais lui propose des chemins.
    Et puis, sans qu'on s'en rende compte, quelques jolis tours de force. Quand il raconte la vie de ce juge du surendettement, par exemple, épinglant la douteuse philanthropie des établissements de crédit. Pas facile de résumer les finesses du droit de consommation sans perdre son lecteur - on se dit que dans un magazine on n'aurait pas forcément eu envie de lire un dossier de 6 pages sur le sujet, ici il arrive à en faire 50 passionnantes, sans faux suspense, dans la narration la plus simple.

    Comme quoi on peut vraiment dire des choses quand on n'oublie pas de raconter une histoire.

    Tiens! Une idée me vient.

  • On prend les mêmes…

    Puis ces gens si joyeux ont pris le métro. Quand je suis entré dans la rame, une femme en descendait le rouge aux joues. Je sors, le Monsieur ne veut pas se pousser, disait-elle à qui voulait l'entendre la cantonade indifférente. J'ai vite repéré le Monsieur. Assis dans son carré, il pouffait, mi-idiot mi-amusé.
    Mon voisin a demandé au grand tweedé devant lui de s'avancer de quelques centimètres, l'autre a pris la mouche - J'ai une valise, Monsieur ! A ses pieds, une valise prenait ses aises, elle aussi, reconfigurant le wagon. Il était temps d'aller voir ailleurs si j'y étais.

    [Marquons ici une courte pause le temps d'une riante correspondance]

    Dans le RER, mon instinct d'animal urbain a immédiatement flairé une situation inédite. Il ne se trompait pas : au fond de la rame, un type s'adressait aux passagers un à un. Il ne demandait rien, ou presque.
    - Allez Madame, s'il vous plaît un sourire... Non, vous ne voulez pas ? Allez... Voilà...
    Puis il remettait un petit papier blanc.
    - Votre bon de sourire pour poursuivre votre voyage.
    Il s'est avancé, je l'ai entendu se présenter. Le contrôleur du bonheur.

    Quelques sourires lui étaient acquis d'avance, il en arrachait d'autres à force de tchatche, deux mamies desséchées lui ont concédé un plissement de lèvres pour s'en débarrasser. Il a continué ainsi jusqu'au fond du wagon, combattant les mauvaises ondes avec une belle énergie - à chacun son sourire, à chaque sourire son commentaire. Une fille a même retiré quelques secondes les écouteurs du baladeur qu'elle portait en bouclier. Mon voisin m'a demandé si le train s'arrêtait bien au Stade de France, je parie qu'il ne l'aurait pas fait sans ce petit happyning.

    Une minute plus tard, le contrôleur du bonheur a sorti un mégaphone et fait applaudir un couple d'amoureux. Il n'a obtenu qu'un succès d'estime, j'imagine que d'autres fois il peut retourner tout un wagon. La banane d'un côté, les vieilles peaux de l'autre, et soudain le temps glisse.

  • Près du rayon légumes

    tout à l'heure, une femme poussait son mari dans une chaise roulante et lui donnait des ordres.
    J'étais déjà aux cafés quand je l'ai entendue.
    - Mais t'es vraiment un gros con, hein !

    Un peu plus loin, au rayon frais, un homme 100% pur porc engueulait la charcutière.

    Bonne journée, messieurs dames, et surtout bon week-end !

  • Slam (open door)

    Le rendez-vous a été fixé au 19 rue de la Goutte d'Or - le Saaraba. Ce n'est pas moi qui ai choisi. Au programme, soirée slam. Dubitatif.
    Quelques accras en hors d'œuvre, le jus de gingembre sourire compris, à 21 heures nous ne sommes toujours qu'une petite dizaine dans la salle. On fera ça en haut.

    Démarrage en mode a capella, Lord Eraze et Aramanta sont en "perf" vont crescendo. Un flûtiste s'intègre en fond, un beatboxer se lève entre en résonance avec la slammeuse et la soirée décolle. Petit à petit la salle se remplit, après le break c'est scène ouverte, pour nous c'est découverte.

    Ils seront une petite dizaine à se succéder au centre de la salle - âges et couleurs très variables, textes divers, chacun sa voix on n'imite pas. Ça rime, ça prose, ça chante, vite, lent, comme tu le sens, on s'invente des personnages, personne ne se la raconte, parfois on conte, tout simplement, le timbre posé et quelques mots qui claquent, on sait ses textes par cœur ou on les lit, un habitué improvise sûr de lui, dans la main d'une nouvelle le papier tremble un peu. LaGoutte le beatboxer part en flow, Clarence alexandrine intermittent avec le talent d'une Chloé Delaume assagie, Cassiopée commande et conquiert. On encourage avant, on claque des doigts pendant, on applaudit après mais pas d'applaudimètre, le spectateur se demande si lui aussi un jour...
    Break.

    Ici Paris, décembre 2009. La langue a parfois l'accent arabe, bulgare, normand, on slamme en woloff - et quand une nouvelle voix se rassoit pour sa première fois, fière et tête baissée, on la salue à la française. Elle est des nô-ôtres / Elle a dit son slam comme les au-autres. Au même moment dans la même ville ils sont sans doute d'autres dizaines à échanger leurs notes de blog à l'oral.
    Ça rime, ça chante, ça prose, vite, lent, comme tu le sens, c'est Paris et ça donne envie.