Vendredi, 11h45, La Défense. Le Cnit, niveau 0.
Aux étages inférieurs, on conférence. Ici, on ne fait que passer.
Le bâtiment a été récemment refait à neuf, le design est au top et l’époque est au blanc. Le sol, les murs, les néons des enseignes (Fnac, Habitat, Emling, JLDavid…) et les parements en petits carrés sur les vitres des bureaux supérieurs, tout est blanc. Blanches les nappes-cartes du Café de la Place (menu midi : plat du jour+café gourmand, 17€50). Blanc aussi le ciel de La Défense à travers les portes vitrées.
Quelque part au-dessus de nous, un haut-parleur diffuse une musique électronique lente, froide mais enveloppante.
Assis au fond du hall avec Virginie Despentes qui dépare dans sa couverture jaune, j’ai l’impression de regarder une vidéo d’art contemporain. Dispositif est simple mais efficace : la caméra postée en un point, le son coupé (qu’entendrait-on de toute façon sinon quelques claquements de talons et la rumeur des étages inférieurs?), remplacé par cette musique de haut parleur, révélant la foule qui fonctionne.
Soudain, au milieu d’u petit groupe, une ado joufflue en slim-baskets fait éclater une bulle de chewing-gum, un rire, et la vie reprend, quelques secondes. Puis le haut-parleur, à nouveau, en bande-son, et la foule silencieuse.
Je reprends Apocalypse bébé, je rêve que la page que je suis en train de lire s’affiche quelque part sur un écran géant.
A midi pile, événement : la musique se suspend.
Un bref instant où tout paraît de nouveau possible...
... Puis une voix de femme, enregistrée.
$ Les restaurants du Cnit vous souhaitent la bienvenue et vous accueille pour une pause gourmande. $
A 13 heures 15, la même voix reparlera de pause gourmande et souhaitera à tous un bon appétit.
La vie, la vraie.