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  • Cartes postales du bout du monde (3)

    Egarée par la poste, retrouvée ce matin…

    De retour du bout du monde et de la solitude de la mer hivernale, j’aurais pu prendre en pleine face la foule grouillante de Porte de Clignancourt à l’heure de l’ouverture des puces. Mais non, en fait. Il a fallu attendre le soir pour que vienne le choc, en croisant boulevard Saint Germain la modernité triomphante toute en maquillage et sapes staïlées – fou comme ça sonnait faux.

    Dans les beaux quartiers de Paris des poupées bien nées ouvrent des blogs pour parler de mode et contempler leurs derniers achats. Au bout du monde, quand à la fin de la journée vous croisez (miracle!) une jolie blonde, elle sort de 24h de garde à vue pour avoir dévalisé, avec une copine, les boutiques de frusques du centre commercial voisin. Tristes poupées du bout du monde éblouies par les paillettes.

    [PS private : dans les bars du bout du monde, on se fait aussi humilier aux fléchettes]

  • Griot

    585402222.jpgLa voix du griot n’a pas d’âge, son enrouement c’est toute sa vie
    Proche des histoires qu’il conte à ses proches, car les beaux contes font les vrais amis.

    Résistant et irrésistible, le métissage franco-africain fonctionne toujours aussi bien.

    J'aime les filles de la Terre...
    J'déteste les femmes du monde 

    Il n’y a qu’un seul problème avec les concerts de Thomas Pitiot, c’est qu’ils font mal aux mains.

    (Pour de vrais détails, voir aussi chez l'ami Mandor...) 

  • Petite ceinture et grandes poussettes

    eff4bbfff4d25ec2d4dd183a42f2ed17.jpgDe La Villette à Porte Maillot, le PC3 traverse le Grand Nord parisien. Populations mélangées, colorées, peu de petites vieilles en tailleur, pas mal de poussettes. Et une frontière invisible mais sensible – celle qui sépare l’Est populaire et l’Ouest bourgeois, et qui passe, en gros, entre la Porte Pouchet et la Porte de Clichy.
    Et ce matin, Porte Pouchet justement, les deux mondes qui se confrontent.
    Le bus est plein sans être bondé, une jeune mère, arabe, va pour descendre avec sa poussette, mais elle se heurte à une vieille bique septuagénaire, bien blanche. Tension silencieuse, la jeune femme finit par descendre, et la vieille carne qui regarde à la ronde, cherchant la complicité des voyageurs : "Non mais elle pourrait laisser monter, quand même !"
    Les voyageurs de toutes les couleurs regardent leurs pompes pour ne surtout montrer aucun signe d’acquiescement. Je reste silencieux comme les autres. En fait, je pense surtout à cette quadragénaire montée dans le sillage de la vieille. Sa fille, manifestement, elle arbore le même nez pincé. J’aimerais savoir si elle a honte de sa mère, s’il est possible de se dégager de quarante ans de bourgeoisie raciste, si l’époque peut vaincre petit à petit les déterminismes sociaux.

    Sur le trajet du retour, combat de poussettes à nouveau. Des bambins pleurent, on se frotte un peu, on s’organise, il reste un peu de place. Porte Pouchet une petite voix m’interpelle, c’est une gamine de huit ans, dix ans au plus – S’il vous plait monsieur, ma maman va monter avec mon petit frère dans sa poussette. Et avec le sourire on se pousse pour laisser monter la petite famille. Je comprends bientôt que la mère ne parle qu’arabe, que sa fille lui traduit les inscriptions sur la porte.
    Merci Monsieur, me dit-elle quand je descends porte de Clignancourt.
    Merci petite, ma journée a vraiment commencé avec toi. Que la vie te protège des vieilles biques et autres bâtons dans les roues du bus. Que la force douce soit avec toi.

  • Deux voyages, encore

    d529c404f2ff05ef1c2e2c47e3776e46.jpgAu bout du monde, on peut enfin lire les livres qu’on n’avait pas le temps courage d’ouvrir dans le flot de la ville.

    Un jour en écrivant ici m’était venu l’idée que les grands livres sont ceux face auxquels le lecteur se sent tout petit. Dans mon bout de monde récent je ne me suis pas senti tout petit seulement devant l’immensité de l’océan (waouh, c’est beau), mais aussi devant deux livres :

    • Voyage d’un Européen à travers le XXe siècle, de Geert Mak – 1000 pages d’une histoire factuelle et humaine de l’Europe, de Verdun à Berlin en passant par Lisbonne ou Saint Pétersbourg
    • Une saison de machettes, de Jean Hatzfeld – récit de Hutus ayant participé au génocide rwandais contre les Tutsis.d25369069479ab9325b9fdf2bd2790cb.jpg

    Deux livres qui ne cherchent pas l’émotion (la valeur politico-marchande en hausse) mais qui permettent de comprendre, de se mettre à la place de. Et qui suscitent l’émotion, évidemment, sauf qu’elle vient à la fin – et de l’intérieur.

    Du premier je viens de parler plus longuement sur Strictement confidentiel, si ça vous intéresse (vous venez de cliquer ? vous avez bien fait).
    Du deuxième vous trouverez ici (toujours chez SC) les quelques extraits qui m’avaient donné envie.

     

    Je n’imagine pas que vous allez vous précipiter dessus – il m’a bien fallu un an pour finalement lire Hatzfeld.
    Mais un jour c’est sûr vous en entendrez parler, de ces deux livres. Le commentaire sera laudateur. Et vous vous souviendrez qu’on vous en avait déjà causé.
    Et là, peut-être, qui sait, vous partirez en voyage.

  • Cartes postales du bout du monde (2)

    Au bout du monde les gens se saluent quand ils se croisent.

    "Alors on travaille ?" me demande un beloteur qui vient fumer sa clope sur terrasse la terrasse fraîchissante.
    Je travaille, ou, sur une sorte de conte.
    - Un conte pour enfants ?
    - Non, pour adultes.
    - Ah ouais. Dis-donc. Et ça parle de quoi ?
    Alors je raconte, un peu.
    - Eh ben. C'est pas ma came, mais si vous devenez millionnaire, vous viendrez me payer une bière !
    Je viendra, oui - mais on aura fait pas mal de belotes avant, je crois. On continue sur autre chose, il écrase sa clope dans le grand cendrier.
    - Bon, ben, bonne chance hein !
    Bonne chance, oui. Merci, gars. 

  • Cartes postales du bout du monde (1)

    On commencerait juste par cette image – le bout du monde en février. Une plage, un ciel bleu malgré le froid, personne aux alentours, la mer au loin (très loin) à marée basse, et entre les bâches des pieds qui sentent la liberté et qui, tout en gardant le pas léger, écrasent avec délectation des coquillages sur le sable dur.
    Dur.

    Petit à petit on se rapproche de la mer, le bruit des vagues vient crescendo – le bruit des vaguelettes, surtout, tout juste bonnes à créer des sensations pour un Playmobil surfeur.
    Les vagues, donc.
    Au bout du monde on se rend compte de choses essentielles que la ville noie sous ses impératifs productifs. Par exemple, que l’homme n’est pas le seul animal qui aime jouer dans les vagues au bord de l’eau. Il y a aussi de petits oiseaux blancs, comme des mini-mouettes qui se rassemblent en colonie pour courir avec leurs mini-pattes en lisière de mer, s’amusant à défier les vaguelettes qui viennent mourir à leurs pieds. Quelques téméraires parviennent à rester sur leurs pieds en enjambant la vague, tandis que la plupart s’envolent en groupe, pour revenir l’instant d’après, au même endroit, pour affronter la vague suivante.
    On s’amuse d’un rien, au bout du monde.
    Et c’est bon.

  • Bref

    Parti pour une semaine au bout du monde. C'est fou comme avec Internet le bout du monde s'est rapproché de nous - suffit de trouver un endroit non connecté.)
    Avec en tête ces quelques lignes :

    « Le récit bref, qu’on peut préparer pendant des mois, doit être écrit d’un seul tenant, dans l’ivresse et la fièvre, peut-être la grâce, sans retour ni repentir, sur la corde raide. Cette mise en risque ne permet que l’échec (la plupart du temps), ou la merveille d’une cinquantaine de pages retombant sur leurs pieds, comme tissées d’échos, nécessaires. Et la moindre fausse note précipite l’ensemble au panier. Le bref ne se rattrape pas. »
    (Pierre Michon, Le roi vient quand il veut)

    Bref… Y’a plus qu’à.

  • Un debré au-dessous de zéro

    Allez, un peu de mauvaise foi, et on y retourne... 

    3f44575abaab2dfe1e23cfb66f303d84.jpgJean-Louis n’aime pas Nicolas, et il se prive rarement de le faire savoir. Quelque part c’est une heureuse chose, vu que depuis que Cécilia est partie Jean-Louis (aïe! ça fait mal) représente la seule opposition politique qui détienne encore un peu de pouvoir en France.

    Et en ce moment, en plus, on l’invite sur les plateaux de télévision.
    Il faut dire qu’il y en a, des sujets pour Jean-Louis, entre la révision de la constitution, le temps de parole du Président sur les ondes et la loi Dati (dans la famille « un fait-divers, une loi », je demande la pire) sur le post-enfermement préventif...

    Alors que dit-il au peuple, notre gaullien Président du Conseil Constitutionnel, quand il passe à la télé ?
    Ben… Il lui dit « Achetez mon livre ».
    Parce que Jean-Louis, il a écrit un petit polar et ça, c’est important. Allez, je me mouille : il finira bien par entrer à l’Académie Française.

    Tout va bien.

    ************* 

    EDIT 06/01 

    Lu hier dans l'un des supports publicitaires quotidiens de Bolloré (Direct Soir) :
    "...évoquant [à la télévision] la vie privée de NS, Jean-Louis Debré a estimé qu'il faut faire attention à ne pas désacraliser les fonctions officielles et qu'il y avait une certaine tenue à avoir.

    Pas faux, Jean-Louis, pas faux.
    Mais tout ça en pleine en pleine tournée promo pour ton petit polar, avoue que c'est goûtu.