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  • Le Monde merveilleux de la Télévision

    Je passais presque par hasard dans les couloirs du Monde merveilleux de la Télévision. Sur les écrans omniprésents il n'y avait rien à regarder, en revanche j'avais les oreilles grandes ouvertes.
    J'ai entendu tout plein de gens se saluer avec une emphase fatiguée en se disant en sous-texte qu'ils étaient quand même tous bien contents d'être là.
    Mais souvent ils ne se disaient rien parce que chacun était en train de parler à l'oreillette de leur portable. Et là, c'était franchement instructif.

    "... Et là surtout tu me ponds du concept, hein, en ce moment on en cherche à mort"
    sic.

    "Si tu veux, ce truc, c'est un peu Plus belle la vie meets Freddy, tu vois."
    presque sic

    "Génial, ton idée de prof de français qui donne cours à une classe de 4e dans un collège de ZEP avec de vrais élèves. Gé-nial.
    (...)
    Juste un détail, si tu veux bien. Je me disais que ce serait plus impactant s'il était prof d'allemand et si on lui mettait un chapeau pointu sur la tête. Je l'ai pitché comme ça hier au dirprod, il adore. On a comité strat demain matin, tu peux me refaire une version du pitch avec ces deux petits changements ? C'est cool. On tient vraiment un truc, là, t'es génial. Allez, salut."
    Clic.

    Bon, là ça n'était pas exactement ce que disait le type. Le problème, c'est que c'est à moi qu'il parlait.

    Cette histoire ne fait que commencer, disait-il.
    Peut-être bien qu'elle n'aura jamais fait que ça.

    Pure fiction, bien entendu.

  • Britney et moi (et nous)

    couv-300x439.jpgLa première fois que j'ai rencontré Britney, elle dansait dans la rue en suppliant que son baby lui remette un petit coup. J'avoue qu'à l'époque, ça ne m'avait pas beaucoup intéressé.

    Je l'ai revue à Singapour deux ans plus tard, en couverture d'un magazine local. Oh Britney behave ! titrait le mag, sincèrement affolé des premiers écarts de la star. C'est que l'image ripolinée Disney de la chanteuse modèle commençait à craquer : sa légendaire virginité était mise en doute (alors qu'elle n'était même pas mariée), une photo était même parue dans la presse anglaise où on la voyait fumer en cachette avec ses copines. Oh.

    La troisième fois que j'ai vu Britney, elle était dans ma télévision et elle me parlait. Elle s'excusait, même. Ooops... I did it again!
    Britney devenait une série pour ados à elle toute seule, j'étais le jeune homme de la chanson et dans le catalogue de souvenirs il y avait plusieurs prénoms en compétition pour le premier rôle féminin.

    Et quelques années après, ce lit de Belleville où Britney jouait la bande-son... Ooops.

    C'est à cette époque à peu près que j'ai inventé pour Hors Jeu le chef-de-produit-Britney qui se démenait pour gérer la transition de la star vers le monde adulte, Comment continuer à jouer l'identification des gamines tout en faisant bander papa - tout était là.
    Après ça, Britney est partie en vrille exactement comme prévu (je suis un voyant doublé d'un prophète pop, mais chut, je reste discret). J'ai suivi l'histoire de loin, sa musique m'indiffère toujours mais la fille m'est devenue sympathique.

    Mais au fait... Pourquoi parler de moi alors que je voulais vous causer du livre d'Elise Costa ?
    Peut-être justement parce que le plus intéressant chez Britney Spears, ce n'est pas la musique, ce ne sont pas les textes, ce n'est même pas sa tête sur la pochette, non : le plus intéressant chez Britney, c'est ce qu'on y met, nous.
    Et c'est exactement ce qu'on trouve dans ce livre.
    Dans Comment je n'ai pas rencontré Britney Spears, Elise Costa voyage de New-York à LA en passant par la Louisiane, sur les traces de BS. En chemin elle nous parle de Britney, un peu ; de nous, beaucoup, et de notre rapport à la culture pop.

    Après Kevin Federline, ses fans espéraient une come-back fulgurant et merveilleux. Au lieu de ça, Britney s'est mise à faire la fête avec Paris Hilton, à picoler et à oublier son régiume post-accouchement. Scandale et damnation. L'Amérique veut de la transformation, du dépassement de soi, une jolie fin et des tubes sur lesquels danser sous sa douche.

    Et on la suit au volant de sa voiture de location, tranquillement installé sur le siège passager, en cherchant une bonne station à la radio ou en remettant une cassette écoutée mille fois, parfois chantant à tue-tête sur une Interstate déserte, parfois fatigués en arrivant au motel, partageant nos réflexions pop entre deux arrêts. Et quand vient la page 240, on s'étonne d'être déjà arrivés.
    Alors Britney déboule sur scène, elle commence son playback et avec Elise on se rend compte qu'on s'en fout un peu de ce show, finalement, ce n'est pas vraiment elle qu'on était venu chercher. Mais c'était bien.
    Les histoires passent, les bandes-son restent.

  • Google et la jeune fille blonde

    Allez savoir pourquoi, je repensais hier à la jeune femme à la longue chevelure dorée qui m'avait naguère donné le recueil des Nouvelles du Flore.
    Une crinière femme qui ne passait pas inaperçue mais la jeune femme est discrète, je doutais que Google me la retrouve mais on ne sait jamais. Alors j'ai tapoté son nom dans le petit rectangle prévu à cet effet.

    Réponse 1 :
    « Li** Tr**, faites l'amour et recommencez ! »
    Réponse 2 :
    « Li** Tr** : comparez les prix avant d'acheter ! »

    Décidément, Google n'est pas plus doué que moi avec les jeunes filles blondes. Il faudrait lui dire que ce n'est sans doute pas en les traitant en femmes-objets qu'il ira loin... Mais comment, hein ?

  • Un, deux, trois

    ménage à trois.jpgJe serais bien allé au cinéma pendant l'hiver de la semaine dernière, mais comme je n'ai pas eu le temps je me suis contenté de bandes-annonces et de spectacles de rue (hier cinq gars en chasuble préparaient du ciment sur un chantier, ils ont eu du public toute la journée).
    Et pour me cultiver j'ai regardé le box-office.

    J'ai donc appris que "L'amour c'est mieux à deux" a attiré 352 354 spectateurs la semaine de sa sortie.
    Que signifie ce chiffre? Rien. Sauf si on le compare, bien sûr.
    Par exemple : "Le mariage à trois", lui, n'avait pas dépassé 20 000 entrées.

    Comme je ne suis pas spécialiste de cinéma, je vous laisse tirer les conclusions.

  • Megalopolis (2)

    ... Donc, dans quelques années, Paris aura de nouveau repoussé ses limites.
    Sauf que la frontière mentale entre la ville et sa banlieue, 150 ans après Thiers, reste monumentale. Et que malgré les récentes gesticulations (ah, elle était bien, cette expo à Chaillot ; puis le Grand Paris est devenu un métro - une belle façon de l'enterrer), on n'a pas encore vu grand'chose pour la casser.

    Megalo2couv.jpgDepuis février, pourtant, un premier coup de pelle a été donné.
    C'est un magazine.
    Il s'appelle Megalopolis.

    Le premier numéro est sorti en février, il causait Périph' et Régionales, décomposait les odeurs du métro et la politique de Copé à Meaux, visitait le port de Gennevilliers et racontait pourquoi Paris est la seule capitale européenne à n'avoir qu'un seul club de foot. J'avais tout lu, presque tout aimé.
    Il paraît que ce sont des étudiants en journalisme qui ont fait le coup, parce qu'il préféraient monter leur journal pour écrire de vrais articles avec un vrai ton plutôt que de couper dans des dépêches ou faire pousser des marronniers pour des news bien installés. Un petit parfum de XXI flottait sur le projet.

    Le n°2 est sorti cette semaine. Cette fois, il enquête sur le bordel des facs franciliennes, la mort lente des guinguettes et l'ascension de Valls, rencontre l'accordéoniste de Strasbourg-Saint-Denis, fait du catch à Choisy, tente de pisser la nuit à Paris (bonne question!) et part s'ennuyer dans diverses banlieues.
    Il y a un côté Courrier International dans Megalopolis. Pour le format, et pour le contenu. Ces lieux dont on a vaguement entendu parler mais où jamais... Tiens, question - qui est le plus loin de Paris : Rio de Janeiro ou Champigny-sur-Marne ?

    Megalopolis n°2 est en kiosques, donc. En dernière page, la jeune équipe qui le dirige sollicite des déclarations d'amour. Mais ils n'ont pas donné d'adresse. Alors voilà.
    J'espère qu'ils iront loin. Pas parce que leur mix marketing est bon. Pas parce qu'ils ont trouvé l'idée-qui-marche ("le magazine du très grand Paris", hum...). Mais parce que c'est bon. Salut les gars.

  • Megalopolis (1)

    enceintes paris.jpgParis a toujours été entourée de fortifications. Et Paris a toujours étouffé entre ses murs.

    Densité, trafic saturé, saleté, pollution, prix de l'immobilier : on trouve tout ça déjà dans les gazettes du XVIIe siècle. Du coup, régulièrement, Paris explose son mur d'enceinte et s'en va en construire un plus loin, repoussant les limites de la ville.

    Mon histoire préférée : celle de Louis XIV qui en 1670 casse l'enceinte de Charles V. Près de la Porte St Denis et de la Porte St Martin, on construit des arcs de triomphe (on venait de dévaster la Hollande) et on trace de nouvelles rues. Mais comme depuis des décennies parisiens et banlieusards venaient jeter leurs ordures au pied du mur, plutôt que de tout casser et de nettoyer, on a préféré tasser et construire par dessus. Voilà pourquoi la rue Meslay (salut) ou la rue de la Lune sont surélévées par rapport aux Grands boulevards.

    Depuis 1213, la régularité est implacable : tous les 150 ans en moyenne, Paris repousse ses limites.
    La dernière, c'est l'enceinte de Thiers, avec ses 200m de no man's land. Détruite dans les années 1920, elle a donné les boulevards des Maréchaux, la "zone", puis le périph - la nouvelle limite infranchissable de la ville.

    L'enceinte de Thiers, dans sa version finale, date de 1844. Elle est devenue la limite officielle de Paris en 1860.
    150 ans plus tard, tiens, on a commencé à couvrir le périph.

    (à suivre...)

  • Erreur de la banque en votre faveur

    (ce vieux fantasme)

    C'est l'histoire du mec qui pas bien réveillé reçoit un coup de téléphone d'une inconnue à la voix charmante. Elle lui demande s'il peut passer la voir au plus vite, alors il dit Oui bien sûr, d'autant qu'il vient de réaliser que la demoiselle s'était présentée comme contrôleur des impôts.

    - Votre déclaration de TVA est fausse, dit-elle, et derrière elle on imagine un ballet de feuilles volantes et de coups de tampon.
    - Ah ?
    - Oui, vous n'avez pas mis les bons acomptes.
    - Ah. Pourtant je m'étais appliqué.
    - En octobre, par exemple, vous avez payé [BEAUCOUP PLUS] que ce que vous avez déclaré, ça ne va pas.

    Le mec sent confusément que ça pourrait bien l'arranger que la demoiselle ait raison, mais comme pour la première fois de sa vie il a gardé ses relevés de compte (on l'a forcé) il se dit autant que ça serve, alors il demande à la demoiselle si elle veut bien lui accorder quelques secondes pour qu'il vérifie, parce que oui c'est vrai, maintenant il s'en souvient, cette histoire d'octobre, ça avait été un peu compliqué.

    - Je crois vraiment que ma déclaration est bonne, dit-il finalement comme un premier de la classe. En octobre, mon compte a été débité de [SEULEMENT CA]
    - Ah! dit la demoiselle à la voix d'or. Si vous le dites. Je vérifie et vous rappelle. Vous avez un 06 ?

    C'est à ce moment-là précisément que le mec comprend qu'il vient de refuser une erreur du fisc en sa faveur, d'un montant de [PUTAIN, PAS MAL DE FRIC QUAND MEME], qu'il repassera par la case départ sans toucher 20 000 francs et que ça risque bien de ne pas se reproduire de sitôt.

    A l'heure qu'il est, il hésite encore à se considérer comme un héros national ou comme un gros couillon.

  • Retour à la base

    Qu'écrire après Auschwitz ? demandait Adorno.
    Il y a eu les souvenirs, les avant-gardes, les hussards...

    Et 65 ans après, la question qui revient : que lire après Hélène Berr ?

    Ce week-end, je n'avais pas envie de la moindre avant-garde, ni de romans qui dénoncent/questionnent/interrogent [insérer ici le sujet de son choix], encore moins de livres d'une étonnante modernité.

    J'ai préféré revenir aux bases.

    contes_et_legendes_mythologiques.jpg...................... fantomette.jpg

    Je ne vous ferai pas l'affront d'en rajouter dans le commentaire, vous savez comme moi que tout part de là.