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Second Flore - Page 35

  • L’art est un marché comme les autres

    Ça pourrait s’appeler “Reed Expositions vs People”, ou “28 euros d’art pur”.
    Une performance exceptionnelle, une œuvre d’art dont vous êtes le héros : des centaines de gens faisant la queue pour payer les 28 (vingt-huit) euros d’entrée dans un magasin de déco à la Fiac. Ha !

    Bien sûr, pour jouir pleinement du spectacle, il faut avoir soi-même parcouru les allées de la foire, à la recherche de l’œuvre qui donne à s’extasier / à réfléchir / à voir autrement / à se demander comment / à sourire / à hocher de la tête – ou simplement de ce petit truc là-bas qui donne envie de s’approcher… Il faut avoir cherché, vraiment, et rien trouvé, mais vraiment rien (j’exagère – merci Ki-bong Rhee, merci Matthew Day Jackson) – il faut surtout remercier C. de nous avoir fait entrer.
    Bref.
    A part ça, il paraît que vraiment ça y est, Paris est de retour sur le marché de l’art.
    Ouf.

    FIAC 2010 (2).jpgJe me souviens, la dernière fois que j’étais allé dans le pavillon principal, c’était il y a cinq ans.
    La queue était la même, l’entrée coûtait deux fois moins cher et déjà...
    Quid novi, alors ? Les prix, peut-être (c’est bien ce que nous dit la fiac, après tout : l’art est un marché comme une autre). Quelques tendances, aussi.
    Il y a cinq ans, la Fiac regorgeait d’œuvres qui criaient "J’ai quelque chose à dire". Parfois on ne comprenait pas vraiment – parfois on comprenait, et c’était pire.
    En 2010 presque pas de ça. Synthèse à la hache : le concept reflue (qui s’en plaindra), la déco s’impose (Murakami se démodera-t-il aussi vite que les Tomagoshi ?), le transgressif fait pitié (E.T. fucks Bambi, waouh), et toujours un peu partout le sens en trompe-l’œil (je mets une petite croix gammée sur mon tableau > attention, sens!). Et plus c’est gros, plus ça passe (Sylvie Fleury passant à la poudre argentée des objets quotidiens, Niele Toroni encadrant les affiches de ses propres expositions non sans y avoir déposé la marque de son ego…)
    En 2010 les œuvres restent muettes. Ou plutôt non. Elles crient "Je suis un(e) artiste !", mais c’est un cri muet. Muet comme la foule qui sortait du Grand Palais, n’osant pas s’avouer, comme le peuple d’Andersen, que l’empereur était nu.

  • Décapage

    DKPG_42_C1.jpg"D’après une étude réalisée par nos soins, les lecteurs perspicaces achètent Décapage."

    42 numéros et la revue ne faiblit pas. Au contraire.

    Près de 40 pages sur Emmanuel Carrère (je te rassure, il y a des images) sans qu’une seule ligne ne soit de trop, je dis chapeau.
    Avec une page de Simone de Bougeoir, c’est la fête.

    On y trouve aussi cette petite nouvelle parfaite de Martin PageL’écrivain qui n’était pas un livre.

    "Le libraire aime les livres, mais il n’est pas toujours à l’aise avec les auteurs. C’est une question de rangement : on ne peut pas faire de pile avec d’auteurs et il est fort à parier qu’ils refuseraient de se tenir sur des étagères et sur des coins de table. A la limite certains seraient d’accord pour figurer en vitrine s’il leur fournissait un siège et du vin (il y songe, ça ferait une belle animation de Noël). Mais la vérité est que les écrivains ne devraient pas être autorisés dans les librairies, après tout les vaches ne vont pas brouter dans les boucheries. C’est contre nature. (…)"

    Truc #2, qui se passe dans une librairie dormait sagement dans son tiroir, m’a entendu rire en lisant.
    "Tu sais quoi? qu’il m’a dit. Tu devrais me faire illustrer par Vlou...
    - On en a déjà causé, oui.
    - ... et tant que tu y es, me faire réécrire par Martin Page."

    Bonne idée.
    Comme quoi ça sert, les revues littéraires.

  • Petites nouvelles (poésie automnale)

    Je ne sais pas si l’automne est poétique.
    Une chose est sûre, me dit ma fenêtre : c’est quand le temps est gris qu’on a besoin de poésie.
    Ça tombe bien, je viens d’en trouver. La poésie que je préfère – en prose et imagée, qui part du réel pour s’en écarter juste ce qu’il faut, qui sait faire de la couleur avec du gris et qui sait la beauté du premier degré.

    Petite-Nouvelle_par-Vlou_couverture_thumb.jpgPetite nouvelle (Vlou)
    C’est l’histoire d’une jeune femme qui accouche sans y avoir été préparée. Le bébé tient dans la main et les personnages sont nus, Adam et Eve découvrant le monde, jeunes parents universels.
    Vous pouvez aller voir le site de vlou, aussi.
    Un jour, je le dis, on fera quelque chose ensemble, et on lui mettra une belle couverture pour qu’il ne prenne pas froid.

    n124738137552600_3591-197x300.jpgSi peu d’endroits confortables (Fanny Salmeron)
    J’avais découvert l’auteur dans la revue Bordel, qu’elle illuminait de sa prose tout en pépites dans des petites nouvelles belles et tristes. Mais un roman, ça n’a rien à voir. En 200 pages, les pépites sont forcément diluées, et en rajoutant de l’eau on enlève souvent le goût du sirop. Eh bien non.
    De l’histoire je ne saurais pas trop vous en causer, pourtant je vous assure qu'il y en a une – vous n’aurez qu’à lire ici ou . Dans un premier jet pour Standard, j’avais écrit ça :
    J’écris « Il y a si peu d’endroits confortables » dans son cou et Paris me répond. Avec un regard unique, Fanny Salmeron peint la ville en nuances de gris. Puis elle fait jaillir à chaque page des images qui sont comme autant de touches de couleur. Une fois le livre terminé on s’aperçoit que tout est coloré. Et la vie autour de nous aussi.
    J’ai finalement opté pour moins fleur bleue, peut-être parce qu'à l'époque il y en avait plein les parcs. Mais j'aurais pu laisser tel quel.

    Les feuilles tombent, les livres restent.
    Retenez ces deux noms, vous pouvez y aller les yeux fermés (c’est encore mieux, pour rêver).

  • La vie au Cnit

    nouveau-CNIT.jpgVendredi, 11h45, La Défense. Le Cnit, niveau 0.
    Aux étages inférieurs, on conférence. Ici, on ne fait que passer.

    Le bâtiment a été récemment refait à neuf, le design est au top et l’époque est au blanc. Le sol, les murs, les néons des enseignes (Fnac, Habitat, Emling, JLDavid…) et les parements en petits carrés sur les vitres des bureaux supérieurs, tout est blanc. Blanches les nappes-cartes du Café de la Place (menu midi : plat du jour+café gourmand, 17€50). Blanc aussi le ciel de La Défense à travers les portes vitrées.

    Quelque part au-dessus de nous, un haut-parleur diffuse une musique électronique lente, froide mais enveloppante.
    Assis au fond du hall avec Virginie Despentes qui dépare dans sa couverture jaune, j’ai l’impression de regarder une vidéo d’art contemporain. Dispositif est simple mais efficace : la caméra postée en un point, le son coupé (qu’entendrait-on de toute façon sinon quelques claquements de talons et la rumeur des étages inférieurs?), remplacé par cette musique de haut parleur, révélant la foule qui fonctionne.
    Soudain, au milieu d’u petit groupe, une ado joufflue en slim-baskets fait éclater une bulle de chewing-gum, un rire, et la vie reprend, quelques secondes. Puis le haut-parleur, à nouveau, en bande-son, et la foule silencieuse.
    Je reprends Apocalypse bébé, je rêve que la page que je suis en train de lire s’affiche quelque part sur un écran géant.
    A midi pile, événement : la musique se suspend.
    Un bref instant où tout paraît de nouveau possible...
    ... Puis une voix de femme, enregistrée.

    $ Les restaurants du Cnit vous souhaitent la bienvenue et vous accueille pour une pause gourmande. $

    A 13 heures 15, la même voix reparlera de pause gourmande et souhaitera à tous un bon appétit.

    La vie, la vraie.

  • La fin du moi

    On peut mettre six mois à accoucher d'un titre moyen pour un roman.
    Parfois, par hasard, on trouve un beau titre, mais on n'a rien, mais vraiment rien, à mettre dedans.
    Dont acte.

  • Suite(s) impériale(s), sweet deceptions

    Suites-imperiales_Bret-Easton-Ellis.jpgAh ! Il me faisait envie, ce livre avec sa couverture calque jaune.
    Faut dire que retrouver les personnages de Moins que zéro vingt-cinq ans plus tard, c’était tentant.
    On ne prendrait pas la même claque, mais si c’était aussi bon que la première partie de Lunar Park, on allait se régaler.
    D’ailleurs tout le monde le disait, c’était un coup de maître.
    Sauf que.

    J’ai lu un peu partout des critiques dithyrambiques, j’ai entendu à la radio des interviewers en pamoison… Mais dans le concert de louanges, une fois éliminés les chœurs qui répétaient en boucle "Ah le génial auteur / Et il descend parmi nous / Pour faire sa promo", je n’arrivais toujours pas à comprendre en quoi Suite(s) Impériale(s) était vraiment intéressant.

    Ben maintenant que je l’ai lu, je ne vois toujours pas.

    Passé les quinze premières pages, excellentes sur le rapport du personnage d’un livre avec son auteur, on retrouve un Ellis en roue libre, comme un vieux chanteur qui répète son tube, avec en prime la pâle imitation de Stephen King qu’on retrouvait déjà dans la deuxième moitié de Lunar Park.
    Ce qui reste intéressant à étudier, c’est ce phénomène qui conduit à la glorification générale. Il y a là-dedans une opération com’ réussie, certes (organiser la rareté, distiller des avant-premières, vendre des "exclus", etc), mais ce serait trop simple de le résumer à ça. Il doit exister une sorte d’inconscient médiatique qui conduit les chroniqueurs à tous aller dans le même sens – lequel, on ne sait jamais vraiment d’avance, en tout cas sûrement pas le sens critique.

    (Allez hop. Et maintenant, Houellebecq)

  • Liberté, égalité, sécurité

    On pourrait écrire un paquet de notes avec ce titre, tiens.
    Mais puisque je sors de la station Concorde, ornée de ces magnifiques barrières automatiques qui font gagner 1,5 seconde rendent la vie joyeuse, je me suis dit que je pouvais prendre un peu d’avance.
    Donc.
    Prenons un pari simple.
    Dans 20 ans (mais peut-être avant), on trouvera incroyable que les quais du métro aient pu un jour donner directement sur la voie, avec tous les risques bla bla bla, le métro qui déboule à 30 km/h à quelques cm des voyageurs, vous imaginez, non mais c’était complètement dingue, quelle époque !

    Bien sûr il n’y aura pas eu de débat sur le sujet – c’est l’évidence, non?
    Je n’aurai jamais l’occasion d’avancer que l’argent utilisé pour sécuriser  (berk) les voies aurait pu être employé autrement. Je ne pourrai pas, par exemple, évoquer de statistiques sur le nombre infime d’accidents hors suicides (et déjà quand je dirai "hors suicides" on me lynchera). Je ne pourrai pas avancer que tout ce qu’on déshumanise au nom de ma sécurité ne peut qu’accroître le nombre de suicides, et que s’ils ne se jettent pas sous les trains les gens se suicideront ailleurs.

    Je ne pourrai pas parce qu’on m’opposera illico l’exemple de Machin(e), tombé(e) sur la voie, et la douleur de la famille, et le traumatisme du conducteur, alors évidemment j’aurai l’air d’un con parce que je comprends l’horreur, et le temps de l’émotion je penserai sans doute moi-même que je suis un immonde salaud d’imaginer un instant ne pas considérer la Sécurisation du monde comme hautement prioritaire.
    Voilà.
    Ce jour-là, je ressortirai ce billet, et bien malin qui sait ce que j’en penserai.

    (En écrivant ça je sens bien que je suis déjà un immonde salaud)

  • Harlequinades 2010 : Maylis de Kerangal

    Cet été, alors que je préparais mes vacances en hôtel-club, deux grandes dames ont toqué à ma porte : Fashion et Chiffonnette proposaient de remettre ça avec les Harlequinades. Comme on avait bien ri, l’an dernier, à la résidence, je me suis réinscrite.
    Mais vous n’allez pas me croire : je n’ai pas trouvé de Harlequin à lire. Oui madame ! Au Monoprix de la rue du Poteau, ils n’ont que des bleus, et ça, j’aime pas (je suis une moderne, moi : les Harlequin, je les aime rouges, avec des passions intenses, de belles phrases et des membres turgescents). Dans les autres librairies, il n’y en avait carrément pas (qu’on ne s’étonne pas, après, quand on parle de crise du livre ; non mais).
    Ensuite, je suis parti dans ce club, et madame Perrin, la dame gentille du bungalow 68, avait oublié au bord de la piscine un livre parfait pour les Harlequinades.
    Certes, ce n’était pas un Harlequin officiel, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Le pseudo de l’auteur, d’abord : Maylis de Kerangal, ça c’est trouvé ! Et puis, le titre : Corniche Kennedy, j’imaginais déjà des amours passionnées avec un politicien irrésistible dans les calanques de Floride. Comme Mme Perrin ne m’en a pas reparlé, je l’ai discrètement pris avec moi dans l’avion. Il ne me restait que quelques heures, mais je pourrais rendre ma note tout juste à temps. Chouette.

    … Eh bien, permettez-moi de vous le dire, je suis très, mais alors très déçue !

    corniche_kennedy.jpgPourtant, le livre part bien. C’est l’histoire d’une bande de jeunes, sur la côte d’azur, qui s’amuse à sauter du haut des falaises. Eddy, leur chef, est très beau et très musclé. Un jour, une petite bourge de la côte, Suzanne, vient les voir : elle veut sauter avec eux, de la falaise la plus haute. On comprend bien qu’il se passe un truc entre Eddy et Suzanne, mais Eddy a son honneur, il refuse. Ce qu’il ne sait pas, c’est que depuis le haut de la ville, le commissaire Opéra les regarde au télescope…
    L’honneur d’un seigneur des quartiers populaires face à l’impétuosité d’une princesse rebelle sous l’œil de l’autorité tapie dans l’ombre : en voilà une intrigue, une vrai !

    Mais ça se gâte quand l’auteur entreprend une description de ces jeunes.

    "Les petits cons de la corniche (…) Leur corps est incisif, leur âge est dilaté ente treize et dix-sept, et c’est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison."

    Bon, je vous passe le style, limite. Mais l'âge... Des mineurs ! Vous vous rendez compte ? Mais bon, le Eddy avait l’air grand et fier, alors j’ai fait comme s’ils en avaient 18.
    Sauf qu’après ça, rien ne va.
    D’abord, le commissaire n’est pas beau. Ensuite, il y a trop de trucs invraisemblables. Cette jolie fille de Vladivostok, par exemple : on comprend qu’elle ait froid chez elle et qu’elle vienne se réchauffer sur la côte, on comprend aussi que des hommes tombent amoureux d’elle, mais qu’elle couche avec tous, et qu’en plus ils paient pour ça un autre type, ça vraiment, c’est louche. Et quand le commissaire arrête le type qui touche l’argent, il ne couche même pas avec la fille ! Non mais, elle a déjà écrit des histoires, Maylis de K ?
    Et puis le maire qui demande à la police de pourchasser les jeunes de la corniche plutôt que de combattre les trafics, tout ça pour améliorer ses indicateurs et faire croire au peuple qu’il lutte contre l’insécurité, c'est vraiment pas crédible.

    Quand à l’histoire d’Eddy et Suzanne… Mon dieu ! Le bel Eddy n’est même pas amoureux d’une autre, on sent tout de suite qu’il est attiré par Suzanne. Et malgré ça… OK, le livre est paru aux éditions Verticales, donc fallait pas s’attendre à ce qu’ils passent tout de suite à l’horizontale, mais quand même, mince, on sait bien que les jeunes de maintenant, hein. Bref. Et quand enfin ils se retrouvent seuls dans une cabine, que croyez-vous qu’il se passe ?

    "Suzanne y pense, se dit qu’il va basculer sur elle (…) c’est la grande nuit qui monte, the big night, elle tremble, se dresse sur un coude, le regarde, il a les yeux clos mais sait qu’elle regarde, espère lui aussi qu’elle va le toucher, le sexe aussi, la main faufilée dans le maillot et la caresse qui moissonne, se dit qu’elle va se coucher sur lui, qu’elle va venir le chercher ; ils remuent mais ne se disent rien, ce n’est pas l’heure, pas encore, et dans leur sagesse immense, ils se plient à ce temps, et même, ils ne s’embrassent pas. Excités, insomniaques, ils se décalent peu à peu dans une autre histoire que la leur."

    Eh, oh, elle pense à quoi, la Kerangal ?
    Je vais lui apprendre à écrire, moi.
    "Son membre gorgé du sang chaud des quartiers nord se dressait fébrilement vers Suzanne, ouverte comme une fleur au printemps de l’âge, perlée de la plus fraîche des rosée
    s", par exemple : ça, c’est du style !

    Excédée, j’ai fait lire quelques extraits à mon voisin, qui venait de replier L’Equipe.
    - Dites-donc, c’est très sensuel, comme écriture, il m’a dit.
    - Mais non ! En plus il ne se passe presque rien !
    - C’est normal. Les auteurs médiocres ont besoin d’intrigues compliquées pour tenir leur lecteur ; Maylis de Kerangal n’a pas besoin de ça : avec elle chaque description est une péripétie. Elle plante le décor, elle ajoute un souffle de vie (sautera, sautera pas ?), et c’est parti. 

    Je n’ai pas tout compris, mais ce n’est pas grave, manifestement il n’y connaissait pas grand chose en littérature. Pour être polie, je lui ai quand même lu un passage.

    "Il est des peaux qui parlent, chacun sait cela, la peau de Tania parla pour elle, peau de fille mal nourrie, élevée aux farines épaisses, aux viandes pauvres bouillies dans le saindoux, régalée aux cornichons et soignée à l’huile de foie de morue, aux rasades d’alcool fort (…)"

    - C’est étonnant, il a dit. Elle choisit souvent une voie indirecte pour mieux approcher la réalité – la vie, la vraie, telle qu’on la ressent.

    Là, j'ai laissé tomber.
    La vie, la vraie, dans un Harlequin ! N’importe quoi.
    Je lui ai laissé le livre, pour la peine.

  • Les goûts, les couleurs, et Ferrari

    Je n’ai jamais aimé le format étroit d’Actes Sud. Mais je dois reconnaître une vraie constance dans leur ligne éditoriale. En littérature française, au moins. Ferney, Bauchau, Gaudé, Cendrey, Tranh Huy – que du bon… mais je n’ai jamais pu finir un de leurs livres.
    Une histoire de goûts et de couleurs, sans doute.
    Du coup, quand on m’a dit que pour la rentrée il fallait que je lise Jérôme Ferrari (Où j’ai laissé mon âme), je n’ai pas écouté. Sauf qu’on me m’a redit, et avec force.
    Alors j’ai tenté.

    9782742793204.jpgL’histoire en très bref : en pleine guerre d’Algérie, deux officiers, et leur rapport au renseignement. L’un pratique le renseignement avec dégoût, perclus de mauvaise conscience ; l’autre torture consciencieusement. Arrive un prisonnier qu’ils vont se disputer…

    Je crois qu’il m’a fallu dix lignes pour savoir que j’irais jusqu’au bout. Le temps de comprendre que la voix du narrateur n’était pas celle qu’on aurait imaginé. Le temps de comprendre que ces pages sans paragraphes recelaient une prose sans temps mort, qui n'a pas besoin de faire des phrases pour viser profond.
    Je l’ai lu d’une traite, ou presque, en apnée.

    A mon tour de passer le message.

    Merci Erwan, merci Aude. Merci M. Ferrari, et bravo