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Second Flore - Page 34

  • Aïe, contact

    Devant notre assiette anglaise, nous écoutions la grande A expliquer qu’elle prenait toujours trois synonymes au petit déjeuner, les matins de semaine. Pour les nuances.
    - Quand même, il n’y a que les mots pour exprimer ce qu’on veut, non ?
    Ben non, pensais-je, moi qui avais tant de mal à trouver les miens depuis que jeudi soir j’en avais choisi de très mauvais.
    - Ben non, dit E en parlant pour nous tous. Il y a les yeux, le corps, les ondes...
    La discussion est allée crescendo, chacun parlant avec les mains.
    Puis la plus jolie serveuse de tout l’ouest de l’Ile de France est venue débarrasser notre table et nos yeux se sont croisés au moment où je lui tendais mon assiette consciencieusement saucée. Alors elle a renversé sur la table la bouteille de vin encore à moitié pleine.
    Je doute malheureusement qu’il y eût le moindre lien entre ces deux événements.

  • La force, la vraie

    , ça n'est pas ce qu'on croit.
    Pas de besoin muscles pour museler Goliath. Même pas besoin de viser juste. Suffit d'être sûr de sa victoire, et d'avancer.

    Une illustration ? Quand je préparais Hors-jeu, on m'avait appris la technique du "bras impliable" - la seule règle : se concentrer sur sa porpre force, s'en persuader, devenir pour quelques instants ce bras impliable. C'était édifiant, mais l'expérience est intérieure, et non filmée.

    Alors bon.
    Je n'ai jamais envoyé de vidéo par mail et je n'en ai jamais mis ici, mais là il faut bien faire une exception.
    Avec une précision liminaire...
    1. Oui, ça ressemble à une vidéo de foot américain, avec des colosses de 120 kilos casqués et bourrés aux hormones.
    2. En réalité ça n'a rien à voir. 

    C'est de la philosophie.

  • Gonzai !

    Aujourd’hui sort "The Promise", double CD très dispensable d’inédits de Springsteen, époque Darkness on the edge of town.
    (les chutes de songwriters ne sont pas forcément plus intéressantes que les brouillons d’écrivains)
    (mais vous pouvez vous jeter sur l'original, ou les DVD associés)

    defaut-261.jpgAujourd’hui, c’est aussi chez les gaillards de Gonzai que ça se passe.

    J’offre ma tournée là-bas, on y causera Art lyrics.

    Cheers.

  • Ha ha ha

    Une note jetable pour vous prévenir.

    Dans les heures qui viennent, vous entendrez des pisse-froid ironiser en expliquant que le retour de Xavier Bertrand au gouvernement n'était pas exactement ce dont le pays avait besoin dans les circonstances actuelles.

    Ne les écoutez pas.

    A partir de maintenant, rien ne sera pareil. Un nouveau cap, tout ça.

    On vous fait confiance, les gars, on est contents que vous soyiez là.

    Tous ensemble.

  • Déjà vu

    Il y a trois ans, j’avais écrit ça.
    Je m’en suis souvenu hier soir quand entre deux gouttes flaques il m’est arrivé quasiment la même (petite) histoire.
    Pas plus qu’en 2007 je n’ai réussi a posteriori à mettre un nom sur le visage. Je n’ai pas cherché tant que ça, d’ailleurs. D’où cette conclusion en forme d’hypothèse :
    Etre connu, on le sait, ça doit être pénible.
    Etre semi-connu, ça doit être pire.

  • Le bouffon et le parano

    "On va pas se prendre la tête", qu’ils disaient…

    Hier, pour la première fois, j’ai pensé que la frontière était ténue.
    Que la démocratie dans laquelle nous sommes nés et que nous pensions éternelle était une petite chose bien fragile quand elle est médiocre.

    J’y ai pensé quand j’ai lu que Bockel, "ministre d’ouverture" (haha) préconisait le dépistage de la violence chez les gamins de trois ans. Ce titre du Monde, j’avais l’impression de lire une coupure de presse dans un livre d’histoire qui montrerait la montée progressive vers… (pas de nom, svp)

    J’y ai pensé aussi, évidemment, avec ces histoires de journalistes espionnés et cambriolés. J’ai imaginé les rendez-vous secrets qu’ils devaient désormais donner à leurs sources, des appels masqués dans des cabines téléphoniques, des têtes qui regardent en arrière pour vérifier qu’on n’est pas suivi, des documents qui s’échangent sous le manteau, des gens ordinaires qui doivent maintenant faire attention. Tout ce qui a bercé notre imaginaire des régimes totalitaires pendant qu’on se savait croyait à l’abri.

    Je me suis énervé en lisant des articles qui faisaient immanquablement référence aux années 30 et j’ai pensé qu’il faudrait peut-être écrire maintenant l’histoire possible de notre chute – lente, progressive, collective. Une histoire qui redonnerait leur figure éternelle à la folie du pouvoir, aux petits complices pas fiers, aux indécis silencieux, au corps électoral aveuglé, aux ambigus de tous poils, à ceux qui fuient les prises de tête, aux Lumières qui s’éteignent et aux hommes de l’ombre.
    Une histoire où le personnage fort ne serait pas Nicolas S, mais toi, moi, et Claude G.

    ***

    La surveillance des journalistes est directement piloté par l’Elysée, écrit le Canard Enchaîné. Ce n’est pas une surprise. Mais pour que le Canard l’écrive, c’est qu’il y a des gens qui ont parlé – et ça, c’est nouveau. Mediapart enfonce le clou et désigne Guéant, le chef d’orchestre, qui superviserait l’espionnage de ses troupes. Evidemment.
    Plutôt que de me raser, ce matin, je me suis dit qu’il y a toujours eu des Guéant. Des hommes grisé par le pouvoir, heureux de l’ombre dans laquelle ils peuvent tirer manettes et ficelles, serviteurs de l’Etat tout heureux de se servir des outils de la puissance, hommes d’appareil, regardant avec dédain ceux qui se servent dans la caisse, pas jaloux de la lumière qu’attirent à eux des dirigeants qu’ils admirent et méprisent sans doute tour à tour. Des hommes de l’ordre qui n’en reçoivent que de très haut, avec une obsession – tenir l’Etat – et une passion : le renseignement.
    Ah, ouvrir un courrier sous la censure, écouter en secret Carole Bouquet en 1985 ou Gérard Davet en 2010, ça doit être grisant, quand même.
    D’autant qu’on peut le faire de façon presque légale. Après tout, la loi sur la sécurité des sources autorise des exceptions si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie. Des atteintes à la sûreté de l’Etat, par exemple.

    Rien qu’à lire ça, on imagine aisément ce qui se passe dans n’importe quel Château.
    Quand le type tout en haut, dans sa folie narcissique, confond l’Etat et Lui-même.
    Quand l’homme de l’ombre nous expliquerait avec morgue que déstabiliser le maître en place revient à déstabiliser l’Etat.

    Y a-t-il un contre-pouvoir à ce couple infernal ?
    L’élection, peut-être. La rue, qui sait. La presse, quand elle travaille. Mais aussi, avec elle, tous ces exécutants de l’ombre qui opposent leurs états d’âme aux coups tordus de l’Etat, et qui en secret osent en parler.

    Dans son édito d’Arrêt sur images, Schneidermann imaginait hier qu’avec ces fuites de la DCRI, il faudrait peut-être espionner ceux qui espionnent, pour être sûr. Il concluait :
    "Les régimes policiers sombrent immanquablement dans la bouffonerie ou la paranoia. Ou les deux. On y arrive."

    On y arrive.

  • Je ne renierai pas mon faible

    pour Marion C.
    (oui monsieur j'ai aimé Les jolies choses, autant que le livre)

    Je mettrai quand même un petit mouchoir pudique sur ce que je pense du film que j'ai vu tout à l'heure.

    (NB - je n'écris ces lignes que parce que j'ai lu ici ou là d'étonnants dithyrambes. Cette note est pour toi, hypothétique passant indécis. Réfléchis à deux fois avant de.
    Et bien le bonjour chez toi)

  • Comme sont nus parfois les arbres en novembre

    Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes
    Mais les choses nous parlent si nous savons entendre
    C'était trop tard déjà...

    Et si je passais mon premier novembre à Paris depuis cinq ans ?
    Dame ! Gagnées ou perdues, il faudra que les heures soient pleines.

    Well I won big once and I hit the coast, but I paid the big cost
    Inside I felt like I was carryin' broken spirits of all the other ones who lost…

    Et que la mélancolie soit flamboyante.

    Thunder Road...
    We're gonna take it all then throw it all away

    Bonne route.

  • Art Paris

    Ach, Paris…

    Ça y est, je crois que je sais pourquoi je retourne au Palais de Tokyo, à la fiac ou ailleurs.
    Ce n’est pas seulement par masochisme.
    Ce n’est pas seulement parce que je n’y connais rien.
    C’est pour être sûr.

    Non parce que de Lisbonne à Helsinki et de Lyon à Varsovie, ces dernières années, j’ai toujours trouvé, dans les expos d’art contemporain, des œuvres qui m’intéressent m’interpellent m’amusent me scotchent me font réfléchir me font sourire me font voir les choses autrement (rayer la mention inutile).

    A chaque fois je me dis que mon enthousiasme est peut-être dû à l’excitation du voyage, que peut-être à Paris mon jugement est faussé par le scepticisme cynique qui nous tient lieu de culture, que peut-être ici aussi, avec un œil neuf je trouverais un peu de fraîcheur dans les galeries et quelques noms à noter dans un petit carnet.
    Mais à chaque fois… Ben non, vraiment.

    Mais je continuerai. Par masochisme un peu, mais surtout avec cette intuition naïve que le jour où Paris proposera une expo d’art contemporain qui sorte du pseudo-élitisme onaniste dans lequel elle s’est (on l’a?) enfermée depuis des années, le jour où je n'aurai pas besoin de lire le texte accompagnant l'Oeuvre, ou simplement le jour où je comprendrai le texte, ce jour-là, quelque chose de fort aura vraiment changé. Pas seulement dans les musées, mais dans l’air de la ville, celui qu’on respire tous les jours.

    Je sais, je suis une midinette.