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  • Eternité de la jeune fille

    652871220.jpgTss, Tss, faisait le gros lourd de la porte de Clignancourt, mais la Princesse du Printemps, cheveux au vent sur débardeur léger, n’allait pas se retourner. Tête droite elle s’engageait déjà dans le passage vers la lumière de la place.

    Tss Tss, l’attendaient au bout deux clients au bar. De dos je l’ai vue sourire, sans un mot. Elle traversait la ville en princesse moderne, fière de n’appartenir à personne – ou alors à qui elle veut. She’s the boss.

    Dans le métro aérien j’ai retrouvé son épaule, qu’elle avait jolie. Au bout du bras un téléphone, sur lequel elle écrivait.
    Mon papa chéri. Je pars en week-end avec mon nouvel amoureux. J’esp…

    Salut à toi, jeune fille, et que le printemps soit à la hauteur.

    [La pluie aussi a ses princesses. Salutations aux trois petites punkettes du concert de Nick Cave, à leurs fous rires cachés derrière le noir à paupières, leurs joints en cachette et leurs pogos de jeannettes. From her to eternity, chantait Nick. Il avait tout vu.]

    (Illustration : Virginie Talavera, I'm the boss)

  • Stupre

    Chère Maman,

    Je t’écris aujourd’hui pour te faire un aveu.
    Voilà : j’ai écrit dans Stupre.
    Je préfère le dire parce qu’on ne sait jamais, des fois qu’une de tes partenaires de bridge, par exemple, vienne te dire en plein tournoi qu’elle est tombée dessus par hasard évidemment et qu’elle a vu mon nom, Ce ne serait pas votre fils, dites-donc, ah mais dites-moi, etc. Ce serait ballot.

    22816570_p.jpgJe ne voudrais surtout pas que tu imagines que je me suis vautré dans le stupre.
    D’abord parce que j’espère bien ne pas m’être vautré – en tout cas, je me suis bien amusé à écrire cette histoire de Princesse qui attend son cyber-prince charmant dans une chambre d’hôtel. En plus, cette histoire, je l’ai imaginée avec mon amie Virginie T., tu sais, celle qui a peint le tableau rouge que tu aimes bien, alors...
    Et puis surtout, le principal atout de Stupre, c’est la fraîcheur. "Contre la domination de l'image pornographico-publicitaire", dit l'édito. En fait, Stupre, c’est une revue érotique, sauf que c’est bien.
    Tes collègues de bridge auront peut-être été un peu décontenancées de ne pas y trouver (ou si peu) cet érotisme classique aux règles bien figées, avec tout plein de synonymes pour dire bite et des périphrases à la con du genre "son petit bouton de rose". Non. Stupre, ce n’est pas non plus de la mécanique-pour-faire-bander, ni de l’érotisme M6. Juste des gens qui manifestement ont pris plaisir à écrire. Et des gens bien, en plus (allez, je te donne quelques noms : Anthony Naglaa, Justine Miso, et tous ces gens que je découvre : Jean-François Casella, Wendy Delorme, Aude Picault, Emma Becker…)

    Alors voilà. Maintenant tu sais. J’ai préféré de te le dire ici plutôt qu’à un repas de famille, parce que je sais que tu fais des progrès fulgurant dans ta maîtrise de ce monde plein de surprises et de dangers qu’est l’Internet et que tu viens lire ici de temps en temps en cachette. Si tu veux vraiment voir ce qu’il en est, tu pourrais le commander ni vu ni connu sur une librairie en ligne… Mais ce serait petit. Je te conseille plutôt de le demander à ta libraire préférée, je crois qu’elle a le goût sûr, et puis je sais que tu en es capable… J’imagine déjà la scène et ça m’amuse beaucoup.

    Je t’embrasse,

    B.

  • Faire quelque chose, pourquoi pas

    Au café l’autre jour un homme qui s’y connaît décrétait avec force que la France s’emmerde. Donc. Cela dit, il me semble que la France s’emmerde surtout si on regarde les jités officiels – ce qui, mais personne ne l’avait dit à notre sociologue jetable, n’est pas obligatoire.
    J’y repensais en lisant Standard – forcément, quand on lit des gens qui inventent plutôt que des commentateurs cachetonneux, on a moins l’impression que le pays s'emmerde. On aurait plutôt envie de bouger. De faire des choses, par exemple.

    (je me dois ici de faire une pause pour saluer le grand Franswa P., auteur du leitmotiv historique qui donne titre à cette note - à ce propos (ou presque), il faudra que vous me fassiez penser à vous causer de Stupre – à suivre…)

    Faire quelque chose, donc.
    Par exemple, monter La Blogothèque, et ses "Concerts à emporter". Un concept tout bête (donc génial), une prise de son magistrale… Et un écho qui ne peut qu'aller croissant – parce que la musique devient plus belle quand on la partage et que oui, on doit bien pouvoir faire du bruit tout en douceur.

    Le temps de revenir du bout du monde, je vous laisse avec trois concerts…
    - The Spinto Band - le tout premier - enregistré, joli hasard, dans ce petit bar de quartier où j’ai fini d’écrire Hors jeu
    - REM (le dernier en date) - avec de jolis morceaux d’histoire autour
    - un concert (presque) au hasard… Beirut, que j’avais découvert là, avant de me rendre compte que toute la France le connaissait.

    Ensuite vous n’aurez qu’à vous balader au hasard sur le site avec les musiciens dans les rues d’ici ou d’ailleurs, pour la musique et pour les regards des gamins dans les parcs de Paris, qui descendent de leur balançoire pour s’asseoir devant un groupe de folk anglais ou de jazz gitan…

    Et hop. A bientôt.


    (PS - vu hier matin devant le lycée Balzac : dix sourires, trois poubelles, deux barrières de chantier, un drap marqué "Lycée en grève" et zou, une barricade. Sur les murs du lycée, des citations de Balzac sur l'enthousiasme et la liberté de dire non. Une jolie façon de faire quelque chose. Et d'emmerder ceux qui disent qu'on s'emmerde.)

  • Spartacus est épuisé

    1483715198.jpgJe me souviens, du temps lointain où se présentaient à nos suffrages des gens qui avaient un peu de culture, il y avait un de ces petits moments français, marronnier désuet où les journalistes, fin août, demandaient aux politiques ce qu’ils avaient lu pendant leurs vacances. Et pour afficher leur hauteur de vue, nos élus répondaient invariablement : « Oh, j’ai relu Machin ». Montaigne, Voltaire ou Chateaubriand, selon les sensibilités, l’important était le snobisme de ce j’ai relu.
    Tout ça pour dire qu’il est très rare que je relise un livre.
    Et pourtant, c’est étonnant.

    De ma première lecture de Spartacus, j’avais gardé quelques bribes fortes – une image, surtout : celle de Spartacus épuisé, dépassé par son entreprise, prenant conscience que l’aventure ne se terminerait que par la mort et pourtant s’accrochant à sa chimère. Je me souviens aussi avoir songé illico qu’il s’agissait d’un des livres les plus importants du XXe siècle, et de l’avoir toujours pensé depuis lors.
    J’étais certain avais retenu l’essentiel… Mais en le relisant 10 ans après je n’ai reconnu aucun passage précis jusqu’à la page 100, ou presque. Et la surprise de trouver vers le milieu du livre la scène que je tenais depuis dix ans pour l’une des scènes finales. Bref : avais-je tout oublié ? Sans doute pas, puisque plus j’avançais dans un livre qui m’apparaissait entièrement nouveau, plus je me rendais compte combien la structure du roman #2 est proche de celle de Spartacus. Ce qui ne peut pas être un hasard.

    Mieux vaut sans doute ne pas expliquer, les grands livres sont plus forts que nous, ils pénètrent à l’intérieur et la peau ne retient rien, elle se régénère juste pour prendre d’autres livres.

    ***

    Spartacus n’est pas seulement crevé par ces Gaulois qui l’emmerdent à vouloir piller et ripailler quand il voudrait construire la Cité du Soleil.
    Il est aussi épuisé par Hachette et de ses contrôleurs de gestion. Le livre de poche ayant épuisé son tirage, il aurait été simple de le rééditer (avec une couv moins putassière que ce magnifique Kirk Douglas en jupette, complètement fausse puisque le film est tiré d’un autre roman que celui de Koestler).
    Mais non.
    Le groupe Hachette préfère le ressortir à 18 euros chez Calmann-Lévy.
    On imagine bien le raisonnement de comptable à deux balles : puisqu’il paraît que c’est un chef d’œuvre, mettons-le donc quatre fois plus cher.
    (et puis quoi, merde, les prix sont libres, comme les esclaves, a dû dire en rigolant un marketeur qui n’avait pas lu le livre)

    Erreur : la valeur d’un chef d’œuvre est inestimable. Spartacus n’a pas de prix.
    Merci à la Ville de Paris de l’avoir affranchi.

  • Genèse, 2.0

    Maintenant il est vraiment en route.
    Des années que le projet tournait en rond je tournais en rond autour d’une histoire sans personnages… Et dire qu’il suffisait qu’ils soient là pour qu’enfin l’histoire avance là où elle se crée vraiment, quelque part à l’arrière du crâne.

    Parce qu’on a beau se demander où écrire pour faire jaillir la sève (dans les cafés, dans le métro, sur une table, dans un lit…), le seul endroit où on écrit vraiment bien, c’est dans la tête. Avec les deux hémisphères : le gauche pour construire, le droit pour inventer (pour les romans je fais plutôt dans ce sens, mais chacun fait comme il le sent, évidemment).

    Le cerveau gauche a été bien dressé, il fonctionne sur demande, il est créatif parfois – il lui arrive même de se prendre pour le droit, de penser qu’il pourra écrire un livre tout seul.
    Le cerveau droit, lui, a droit à ses humeurs. Parfois il disparaît, on le cherche un peu partout, on essaie de lui donner à boire alors que non, ce qu’il faut, simplement, c’est le nourrir. Mais de quoi ? pendant un an je lui ai donné des livres, des films, je l’ai promené un peu mais pas assez, il réussissait à produire quelque notes de blog mais pour le livre, il faisait grève. L'hémisphère gauche lui avait bâti un univers, mais plus il se perdait dans les détails, plus l’autre s’en foutait. Comme s’il regardait, narquois, l’autre se planter. Il a fallu un soir de février, une marche au hasard sur les pentes de Montmartre, pour trouver ce qu’il fallait. Des personnages. Des vrais. Avec des noms, une histoire, une esquisse mentale et zou. Des personnages qui commençaient à exister un peu et dont le cerveau droit pouvait s’emparer pour les faire grandir tout seul.

    Maintenant, l'histoire est là, c'est elle qui commande, elle avance bien, un peu à l'aveugle, le cerveau gauche au repos.
    En attendant de fêter leurs retrouvailles à tous les deux, je leur prépare un joli festin - quelques Grands Anciens pour donner au roman les impulsions décisives.

    Dans le désordre, voici donc…
    - Le Prince (Machiavel)
    - Dix mille (Andrea Kestaker)
    - Introduction à la stratégie littéraire (Divoire)
    - Toy Story (Lasseter)
    - Les contes d’Andersen
    - Spartacus (Koestler)

    Mais Spartacus est épuisé…

    (à suivre)

  • Fruits et légumes

    Dans la jolie barquette en plastique, les fraises avaient l’air jolies. Mais une fois mangée la grosse tentante sur le dessus sont apparus les premiers poils. Il n’y en avait qu’une, toute grise, qui avait pris sur elle toute la pourriture du lot. Celles d’à côté commençaient à être gâtées aussi, on sentait qu’elles résistaient pour que celles du dessus survivent jusqu’à une bouche avide.
    La nature favorise donc les sombres de la grande distribution. Adam Smith aurait adoré. Triste constat.
    J’ai repensé à ce frigo post-ado où deux citrons achetés ensemble avaient été oubliés, longtemps, jusqu’à ce que le proprio du frigo, sans doute alerté par un petit fumet acide, les découvre un jour, serrés l’un contre l’autre.
    L'un d’eux était vert-gris, tout rabougri ; l’autre à côté était encore bien jaune, préservé par son copain. La nature est incroyable.

    ***

    Quelques minutes après avoir jeté la barquette de fraises à la gueule du capitalisme sournois dans le vide-ordures, j’étais de retour en sous-sol. Sur la banquette d’une baignoire chauffée de la ligne 7. Au fond, un cadrounet déguisé bien comme il faut, gueule et veste grises, cravate rose pâle, i-pod aux oreilles, on aurait pu lui épingler une pancarte "Hors service".
    Face à lui, deux paires de jambes étendues, gainées de jeans moulants délavés dépassés tombant sur des baskets à dix balles. Une gueule cassée, la cinquantaine burinée, faciès émacié assorti à la crasse du jean. A côté de lui, sa fille, du genre qu’on ne remarque pas mais qui baignée dans un VIe arrondissement passerait vite pour jolie.
    Les jambes se replient, je m’installe, la jeune fille regarde distraitement la couverture jeune et polie de Standard, puis revient à son père.

    - ça fait longtemps qu’on n’a pas été comme ça, tous les deux…
    Il a du mal à enchaîner mais on sent qu’il fait des efforts – pas autant qu’elle, toutefois, racontant la vie avec la mère, le beau-père, tout ça…
    - Et toi, au fait, ça va ? Ta journée, ça a été ? (c’est la fille qui parle)
    - Ouais... Tranquille...
    - T’as fait quoi.
    - Oh, des trucs. (Il se redresse). J’ai vidé ma boîte mail, par exemple. Parce que c’est dingue, chaque fois que tu fais un tric sur e-bay, t’as un mail, alors fallait…
    Dans le film que je tournais en parallèle, la fille se rend bien compte que son père coule, c’est peut-être vrai d’ailleurs mais l’important c’est qu’elle ne veut pas le voir, alors elle tourne la tête, vise une affiche sur le quai et le coupe, enthousiaste.
    - Regarde, un truc sur les Stones !
    - Ah ouais, les Stones. Je me souv...
    - C’est un film. On ira, dis ?

    Et la vie continue jusqu’à l’arrêt suivant, où ils descendront ensemble, le père s’embrouillant dans les correspondances. A ma droite le jeune costard n’était déjà plus là, on ne l’avait pas vu sortir.
    Elle était presque jolie, vraiment.

    (Aucun rapport entre les deux histoires, bien sûr. (Vous n’avez pas honte ?)
    Ou alors... Mais vraiment, vous avez l'esprit tordu…
    Mais qui était le fruit pourri dans la barquette ? Franchement, je sais pas.)

  • Modèle Standard

    blog_couv18.pngOn m’avait dit que le prochain Standard parlerait de Sabotage et de détournements modernes du pouvoir. Alors j’ai attendu.
    Hier au kiosque, je l’ai trouvé. C’était bien le thème, mais avec ce titre étonnant : « Jeunes et polis ». Alors j’ai acheté.
    Ils appellent ça la subversion de l’intérieur. Un caméléon félon est plus efficace qu’un éléphant rose intelligent, proclame l’édito. Alors j’ai dit oui, et j’ai lu.

    Faut dire qu’il y a des choses à lire, dans Standard. Avec le plaisir de découvrir des choses nouvelles sans qu’on nous balance de la tendance à toutes les pages (On y interroge aussi un rédac’chef de Technicarte… et ici, il dit des choses intéressantes. Si ça, c'est pas de la subversion...).
    Avec le plaisir aussi d’entendre dire tout haut ce qu’on pense, ben... tout haut aussi, mais moins bien – par exemple que 2008 ressemble bien plus à 1848 qu’à 1968, ou que sous couvert d’une subversion en toc ce sont bien les valeurs de la bourgeoisie qui triomphent aujourd’hui.

    Le seul problème, avec Standard, c’est l’impression verticale qu’ils ont choisie pour leurs pages "remue-méninges". Peut-être pour prendre un peu de hauteur (juste ce qu’il faut) par rapport au flot quotidien. Peut-être aussi parce qu’on y donne la parole à des gens qui ont le verbe haut (Gilles Clément, Noël Godin, Alex D. Jestaire…). Mais franchement, les gars, c’est pas pratique du tout pour lire dans son bain. Voilà, c'est dit. Mais c’est très bien pour lire dans son lit.

    J’y reviendrai, sans doute, d’ailleurs je n’ai pas fini ma lecture, j’arrive au cahier Mode. Car oui, il y a des pages mode et même beauté - je dis ça pour les innombrables fashion victims qui passent ici chaque jour en quête de conseils beauté (intérieure). Elles me diront ce qu’elles en pensent.

    Je saute toujours allègrement les pages mode des magazines (je dis ça alors qu’en vérité, c’est sans doute la mode qui me passe au-dessus, mais passons).
    Cela dit, l’intérêt de Standard, c’est qu’il ne cherche pas vraiment à être à la mode. Du coup, ça ne m’étonnerait pas qu’il le soit.

     

    EDIT - à propos de jeunes et polis, voir les malins de la Cellule Françafrique...

     

  • Une femme à Berlin

    1924285668.jpg… Mais pas n’importe quelle femme, puisqu’elle a tenu à rester anonyme.
    Pas n’importe quand, surtout, puisque ce journal démarre en avril 45 pour se terminer deux mois plus tard.
    Petit rappel pour situer le décor : en avril 45, les Berlinois se terrent dans les caves, pris dans une tenaille verticale entre les alliés dans les airs (doctrine anglaise : faire un maximum de victimes civiles pour hâter la capitulation) et les Russes au sol, bien décidés à violer tout ce qui bouge pour se venger des atrocités des SS et tirer leur coup comme des gros bourrins.
    Sans recul (et surtout sans la pose complaisante des documents écrits après coup), ce journal décrit au jour le jour une expérience humaine limite. La première partie concentre ce qu’on peut imaginer de pire : la famine, les pillages, "l’épidémie de viols", la peur, les mesquineries, ces officiers russes dont on accepte les saillies pour éviter celles de leurs hommes. Et malgré ça, le blindage :

    "Quelles que soient les formules ou les bannières auxquelles les peuples se rallient, quels que soient les dieux auxquels ils croient ou leur pouvoir d’achat : la somme des larmes est constante. Les populations gâtées se vautrent dans la satiété. Ceux auxquels le sort a infligé un excès de souffrances, comme nous aujourd’hui, ne peuvent s’en sortir qu’en se blindant. Sinon, j’en viendrais à pleurer jour et nuit. Or, je le fais tout aussi peu que les autres."

    (C’est l’un des quelques passages où l’auteur prend de la distance. La plupart du temps, c’est plutôt Youpi j’ai pu me faire une soupe d’orties, jusqu’à ce : "Moi-même, j’attends le moment où pour la première fois j’ôterai le pain de la bouche d’un plus faible." Et deux pages plus loin, pourtant, une ouvrière qui donne son pain à un prisonnier affamé)

    La deuxième partie, une fois la paix revenue, est plus fascinante encore – une fascination plus raisonnée, de voir comment dans des ruines (celles des habitants comme des bâtiments) la vie reprend finalement très vite, comme un miracle : les rues qu’on déblaie, les cartes d’alimentation, l’eau qui revient, l’électricité aussi et avec elle la distance entre voisins, l’organisation, les journaux qu’on punaise dans les rues, le premier tramway qui passe, un avenir qui commence à se dessiner…
    … Et un livre qui se finit trop tôt, mais c’est ça aussi, la vraie vie. Et les bons livres.

    - Dis-donc, t’as des lectures marrantes, toi, en ce moment !
    - Peut-être... C’est pour mieux être joyeux à l’extérieur.
    - Ah ! OK. A bientôt alors ?
    - A bientôt