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  • Et dire qu'il était là,

    à portée de main - à portée de doigt, même, il aurait suffi de cliquer sur l'icône qui me disait que des connexions à distance avaient été repérées par mon ordinateur et hop, le Quotidien serait entré là, il me poursuivait jusqu'au bout du monde mais pour une fois j'ai été fort. A la porte, il est resté (et au pub). Du papier, les mouettes, la mer et word, c'est quand même autre chose que firefox, procrastination et trucs à la con.
    Reste à trouver la martingale pour faire pareil à Paris.
    Ceci dit pour mémoire.

    Sinon cherchez plus, le peuple, il est dans La Voix du Nord.

  • Pop

    C'est peut-être parce que je revenais de quelques heures dans l'Afrique du XIXe (arrondissement), à lire Metro avec des ouvriers du BTP, que ça m'a frappé.
    Sur mon magnéto, une image d'archives. Les années 60, une émission littéraire. On y voit Pierre Dumayet, dans un champ, interrogeant un paysan à qui il avait fait lire Madame Bovary. Et le type d'expliquer que oui c'était long, quand même, tous ces détails, mais que quand même, dans la première partie, etc.
    Ce qui m'a frappé, surtout, c'était la simplicité de l'échange, et ce journaliste qui semblait avoir un respect équitablement partagé entre le livre et l'homme au fort accent à ses côtés.

    Alors je me suis demandé qui, aujourd'hui, pourrait faire la même chose. Pas forcément à propos de littérature - disons, à propos de n'importe quoi. Quand l'animateur d'aujourd'hui interroge un brave type (paysan ou non), que se passe-t-il ?

    1. L'animateur se fout de ce que raconte le brave type. L'important n'est pas ce qu'il dit mais comment il le dit, et surtout on coupe - c'est le show, coco, de toute façon la question suivante est déjà sur la fiche, faut avancer, le flow et le flux.

    2. le micro-trottoir (l'abc du journalisme moderne dans le Grand Supermarché : un panel d'étude conso)

    3. Le chroniqueur interroge le brave type avec déjà dans la joue ce second degré qui est la deuxième nature des gens bien nés, il est prêt à écouter la réponse mais quelle qu'elle soit il sait qu'il va la détourner - à son profit. Autre dispositif, même conclusion : la distance, le mépris, et le filtre.

    Bref, je me disais ça, et j'ai pensé que sans doute j'exagérais, j'ai d'abord effacé ce qui précède, cherché des contre-exemples...
    ... Et finalement reste cette question, toute nue :

    Hormis les jeux ou les merdouilles tire-larmes, où est le peuple dans les médias aujourd'hui ?

    Vous avez quatre heures. Prenez votre temps.

  • Horizons

    Un ami un peu vindicatif me disait que s'il croisait Jean ou Nicolas S. il leur mettrait une bonne droite.
    Mouais.
    Une bonne gauche serait mieux, quand même.
    On peut rêver.

    (Ou s'échapper. J'étais en Afrique avec Guillaume Jan, je repars au Sri Lanka avec Emmanuel Carrère. Qui a dit que le roman français descendait à St Germain ?)

  • Ne rentre pas trop tard (3)

    Laisser un livre en plan ne m'a jamais dérangé. Alors, quand il s'agit d'en descendre une pile pour en chroniquer éventuellement un ou deux, autant dire que le crédit-page s'amenuise...
    Sur une bonne dizaine de livres français de cette RentréeTM, j'en ai terminé quatre. Ça paraît peu, comme ça. C'est peut-être beaucoup, finalement.
    Bref, les voici - pas grand chose parce que je suis un gros flemmard, mais quand même, parce que peut-être un jour, sur le long chemin qui parfois mène un lecteur à un livre, cette note aura été petit caillou.

    François Bon - L'incendie du Hilton
    L'incendie, c'est le point de départ - le départ précipité des chambres du Hilton où sont logés les auteurs du Salon du livre de Montréal. L'occasion notamment pour F. Bon d'évoquer sa façon de découvrir la ville, en piéton, un plan de ville dans la tête plus que dans la main. Etonnamment proche de mes habitudes, finalement. Le livre est reparti à Montréal, un de ces jours on parlera de la ville, j'en mettrai ici un extrait.

    Vincent Wackenheim - La revanche des otaries
    Une Arche de Noé moderne, et des DinoZores qui débarquent sans papiers. On tente de s'organiser, entre partouze de fin du monde et politiquement correct. Plus rigolo à lire que L'Etat du monde 2009, et sûrement pas plus faux.

    Stéphane Velut - Cadence
    Un artiste allemand accepte une commande nazie, s'enferme chez lui et tente de retourner l'œuvre contre le système. A la première page, j'ai cru reconnaître ce que je n'aime pas dans le roman français, quand il tourne à l'exercice de style. A enfermer l'histoire dans une chambre sombre, on étouffe vite le lecteur. Et puis, contrairement à d'autres dans le même cas, je suis allé au bout. C'est déjà beaucoup.

    David Foenkinos - La délicatesse
    Il avait un peu le syndrome AC/DC, David Foenkinos. Depuis des années, à chaque roman qu'il sortait, on disait « son meilleur depuis Le potentiel érotique de ma femme », et puis on l'oubliait. Ça ne lui arrivera peut-être plus : celui-là est sans doute meilleur - il réussit à aller plus en profondeur sans altérer la légèreté de l'ensemble. Il est sur la liste de tous les prix, paraît-il. Ah. Je maintiens quand même (j'en vois qui rient au fond) que c'était très agréable de le lire, sur un banc au soleil.

    Mais je n'ai pas lu Yannick Haenel, Vincent Message, Estelle Nollet, Sorj Chalandon, Antoine Laurain... Et tout plein d'autres. Depuis je suis retourné à des livres sortis bien avant. Et des bons.
    Laissons le flux passer, et allons nous coucher, veux-tu ?

  • Où l'on ne parlera pas de l'état de la France

    « Le rôle de l'écrivain n'est pas seulement de critiquer, mais aussi de dépeindre ces instants de vie, tous ces détails de la vie quotidienne qui disent de nous ce que nous sommes. [...] Je devrais être en colère, avoir envie de riposter, mais je ne veux pas perdre cette envie d'aimer le monde. Je veux rêver et me sentir ouvert. Voilà ce qui donne la puissance. »
    (Orhan Pamuk - France Inter, 14/10, Et pourtant elle tourne)

    Ne pas râler. Bon, en ce moment ce n'est pas le plus simple. Mais il a raison, Ohran. Allez, on débranche les antennes, on ferme les yeux et on se projette. Le quotidien. L'ouverture. La puissance. Inspirez, expirez. Inspirez... Inspirons.

     

  • Ne rentre pas trop tard (2)

    (où l'on tient un fil rouge, mais où on restera décousu)

    Avant les Harlequin, donc, il y a eu un été de nouveautés. Pour moi aussi c'était nouveau, donc je ne me rends pas bien compte : deux très bons romans (je n'ose pas dire "grands", ça vient avec le temps) sur une trentaine de livres entamés, ça paraît peu, mais après tout j'ai peut-être eu de la chance. Parce que je ne les aurais sans doute pas ouverts si je n'avais pas eu à.
    C'est toujours une petite histoire dans l'histoire - pourquoi on choisit un livre, comment on l'ouvre, comment il nous prend.

    Il y a d'abord eu Grand homme, de Chloé Hooper. L'enquête sur la bavure d'un flic blanc dans une ville aborigène. Je craignais le manichéisme ou le roman d'actualité vite écrit, mais comme on m'y avait chaudement invité, j'ai pris mon billet pour l'Australie. Et j'ai bien fait. Chloé Hooper a trouvé la parfaite distance avec son sujet - elle décrit et c'est le lecteur qui ressent, tour à tour j'étais un aborigène alcoolique, un colon flic et un petit blanc qui essaie d'écrire sur cette histoire. Je crois bien que j'ai aimé chaque ligne.

    Ensuite il y a eu Colum McCann. J'avais lâché son précédent roman après trente pages, j'ai entamé celui-là sans rien en savoir. Et que le vaste monde poursuive sa course folle, donc. Il commence sur un fil rouge plus que ténu - celui que Philippe Petit a tendu entre les deux tours du WTC en 1974 - et il tient en équilibre jusqu'au bout en racontant les putes de New-York, ceux qui en profitent et ceux qui tentent de les sauver. Et bien plus encore, mais c'est inracontable.

    Ces deux-là se retrouvent dans le Standard qui vient de sortir, donc.

    Un peu plus tard, il y a eu un autre très bon livre, tout aussi impossible à résumer - La fonction du balai, de David F. Wallace. Ça fourmille, ça pétille, ça part en vrille mais ça se rattrape, je me demandais comment j'allais bien pouvoir en parler mais je n'ai pas eu à le faire, Franswa Perrin le fait brillamment sur deux pages. Wallace is not for everyone but he is for me, écrivait Zadie Smith. Vous pouvez y aller les yeux grands ouverts, donc.

    Ah, et pour la route j'ajoute in extremis Notre dame du vide, de Tony O'Neil. Les chroniques de défonce d'un anglais en Californie, a priori ce n'était pas pour moi. Mais O'Neil a le style sec qui vous scotche dans l'histoire, et le recul qui lui donne un écho. Un bon flash et même pas de descente. De quoi replonger vite fait.

    Voilà. Un œil avisé aura noté qu'il n'y a que des étrangers dans cette liste (que des anglo-saxons, même, mais pour un livre c'est toujours plus court de traverser l'Atlantique que le Rhin, par exemple). J'en ai lu, pourtant, des français, mais comment dire... Allez, on ne dit rien. Il y en a eu quelques bons, quand même. On en recause.

  • Ne rentre pas trop tard

    (où l'on essaie quand même de dire deux ou trois trucs en passant)

    - Dis-donc, pdf, tu t'es bien amusé avec Harlequin, là, mais...
    - Hum. Je te vois venir, mais d'abord, fais attention avec pdf, il y a des usurpateurs...
    - Ils ont l'air sympas. Et j'adore leur ortograph. Mais donc, disais-je, t'étais pas censé nous parler de livres ?
    - Je ne suis censé que dalle, je te rappelle.
    - Ouais. N'empêche qu'on m'a dit que pour une fois et pour Standard, tu t'étais lu un petit paquet de livres de rentrée littéraireTM. Ça t'emmerderais vraiment de nous en causer ?
    - Ben... En fait, pour être franc, un peu.
    - Et pourquoi ?
    - Parce qu'hormis quelques exceptions je je n'ai pas lu grand'chose de fascinant.
    - (enthousiaste comme un enquêteur qui sent qu'il va bientôt pouvoir cocher une case) Ah ouais ? Tu dirais toi aussi que c'était une rentrée moyenne ? J'ai entendu qu...
    - (soupir) Bon. Soyons clairs. D'abord, tu peux aller dire à tous ceux qui jugent de la qualité d'une rentrée en quelques semaines qu'ils me font bien marrer. Ensuite, tu arrêtes d'écouter les commentateurs, tu sors la tête de la caverne et les doigts de-
    - Bon d'accord. Mais y'a des romans que t'as aimés, alors ?
    - Oui. Beaucoup, même.
    - Ah ben voilà ! Tu vas pouvoir arrêter de faire ton ronchon et on pourra en causer.
    - D'accord. Mais pas tout de suite, tu m'as énervé.
    - Dis plutôt que t'as la flemme.
    - Non.
    - Oh que si.
    - Peut-être, ouais. Mais surtout, là, je m'en vais passer 500 jours avec une des plus jolies filles de cette ville, alors les livres, hein... Je t'en parlerai quand je rentrerai.
    - Demain, alors ?
    - Allez. Tiens, en attendant je te passe Colum McCann, tu m'en donneras des nouvelles. Salut.