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  • Vous avez du feu ?

    incendie-20-12-07-rue-beauvoisine.jpgAprès le Royal Hermel en août, ce week-end, l'incendie, c'était chez moi. Enfin, chez la voisine du dessus. J'allais sortir quand dans les escaliers j'ai été piétiné par dix pompiers qui montaient la lance. Forcément, une fois en bas, je me suis mêlé aux badauds.
    Bon, pour être franc, c'était plus impressionnant début août, quand l'auberge où j'étais à Helsinki avait cramé. Mais le camion, le bruit, la fumée, la rue barrée, tout ça.
    Et puis les gens. A Helsinki comme à Paris, les badauds sont les mêmes : quand ils s'arrêtent pour regarder les pompiers, ils sortent leur portable. Pas longtemps.
    Puis ils s'allument une cigarette.

  • A la Porte (2)

    Il y a quelques années, un Ibis a poussé Porte de Clignancourt. Il affiche fièrement ses deux étoiles entre une sandwicherie turque et un boui-boui portable. Pas certain que son taux de remplissage soit très élevé. Un peu plus haut, en revanche, un hôtel a longtemps fait le plein. A l'extérieur, rien ne le distingue des autres immeubles de la rue Hermel, sinon ce panneau orange, Hôtel, que je n'ai remarqué qu'après deux ans. A l'intérieur, tout confort : des chambres de 10 m², une douche par étage, WC sur le palier, électricité pas aux normes.
    L'hôtel de la rue Hermel avait trouvé un truc idéal pour se remplir les chambres poches : il était rempli de locataires à l'année. Evidemment, pour ça, il y avait un discount : les chambres n'étaient louées que 1 500 € par mois.
    1 500 €.
    Mais puisqu'une partie était financée par les services sociaux, pourquoi se gêner.

    hebergement-des-sdf-tentes-dal-rue-de-la-banque.1228128768.jpgLe 27 août dernier, trois chambres ont brûlé dans un incendie. Depuis, l'hôtel est inhabitable. Et hop, une cinquantaine de personnes à la rue. Des tentes rouges sur le trottoir émergent chaque matin des gens qui partent travailler, des gamins qui vont à l'école, des femmes sortent les poussettes. On leur a proposé des hébergements d'urgence - dans des hôtels du même genre, parce qu'apparement c'est la seule solution. Ils ont refusé.
    « Nous voulons payer un loyer », dit une pancarte près de leur campement.

    1 500 euros la chambre insalubre subventionnée. Je repense à Christine Boutin qui communiquait au lieu de réquisitionner et qui en appelait à l'humanisme du secteur privé (youhou), à Augustin Legrand qui avait refusé de se laisser instrumentaliser, eu dossier qu'on a gentiment remis dans un placard parce que quand même, loger les pauvres ça fait un peu chier ce que le peuple réclame, ma bonne dame, c'est de voir la vidéo d'un ministre bourré à l'Elysée, du pain des jeux et un peu de sang, mais pas du vrai parce que c'est sale, à la télé c'est mieux.
    1 500 euros la chambre insalubre subventionnée. La propriété et l'initiative privée ont beau être ce qu'il y a de plus sacré au monde (what else?), difficile quand même de se dire qu'avec un minimum de volonté politique on ne pourrait pas changer les choses. Mais je suis sûr que Benoist Apparu est à fond sur le dossier.

  • A la Porte (1)

    A la Porte de Clignancourt, l'Industrie du disque s'est installée il y a quelques années. Elle quittait la place des Vosges pour voir plus grand et produire moins cher. Ça a peut-être marché un moment, mais si aujourd'hui elle fait encore couiner les groupies (quoique), elle ne fait plus rêver les actionnaires. Depuis ma fenêtre, j'ai compté trois plans sociaux en deux ans.
    L'Industrie tourne encore, cela dit. Urbaines branchées ou playboys gominés, ses petits soldats ont le sourire et la démarche énergique des winners. Mais parfois dans la rue je reconnais bien les mots des salariés qu'on réorganise et qui se disent que merde.
    L'autre soir, sous les fenêtres de l'Industrie, un homme aux cheveux blancs scandait des slogans vengeurs, un journal à la main.
    Achetez L'Humanité ! disait-il. Battons-nous !
    Un chef-de-projet-junior est sorti en baissant la tête pour aller prendre son métro.
    Défendez-vous, n'ayez pas peur !
    Vivagels et jeans slim sont passés devant lui sans un regard.
    Tic... tac, faisait le monde dans un lent balancier.

  • Et soudain l’homme de demain

    est entré dans le métro.
    En pleine santé physique, bronzé comme s'il sortait d'un cabine d'uv, t-shirt de marque pour signer son statut social, cheveu ras de néo-guerrier, un i-pod dernier cri en guise de bouclier sonore et sur le visage un seyant masque bleu ciel courant jusqu'en bas du coup pour le protéger du terrible danger de nous autres voyageurs.
    Au poignet il portait une sorte d'attelle - peut-être un de ces micro-ordis rfidés qui demain renfermeront toutes nos données persos et feront de nous des pages facebook ambulantes, prêts à élargir notre réseau en mode sécurisé.
    L'homme de demain est descendu à Barbès, mais nous n'en tirerons aucune conclusion.

  • Vent debout

    Rentrer, donc. Avec mes vieux crayons et une gomme neuve, sans cleopatra mais avec des projets, résolu comme une équation (salut à toi, inconnue).
    Parmi les résolutions : voir les verres à moitié pleins, laisser glisser les petits énervements (et pour être sûr, ne même plus écouter la radio le matin), quitter la compétition et retrouver le jeu. Passer plus de temps hors de la caverne pour rester bronzé de l'intérieur.

    Fleur au fusil j'avais décidé de brancher mes antennes sur le vrai, le frais. Alors, quand retrouvant le métro j'y ai vu des kilomètres de pub annonçant que M6 allait enfin faire évoluer le jt, je me suis mis à rêver. Enfin on allait quitter le petit théâtre élyséen pour parler d'Europe, on autodaferait les micro-trottoirs, on irait regarder derrière les déclarations officielles, enfin on allait nous informer au lieu de nous communiquer.
    Evidemment je n'y croyais pas une seconde. Comme si je le voyais déjà, ce jt formaté low-cost, tout pour la forme avec un peu de fond de teint. Mais fidèle à mes résolutions, j'ai fait taire le vieux bougon en moi. T'as qu'à regarder au lieu d'ironiser d'avance, j'y ai dit.
    Alors hier soir j'ai regardé.
    J'ai bien fait.
    Parce que vous allez pas me croire, mais c'est vrai. Pan sur mes préjugés, ils ont osé. Une révolution, pas moins. Figurez-vous que la présentatrice, eh ben... elle est debout !

    Vous le sentez, ce petit vent révolutionnaire ? Un frémissement peut-être, mais demain...
    Décidément cette année s'annonce bien.

  • Dernière carte

    On la connaît, la carte postale qu'on écriposte au dernier moment, qu'on choisit à l'arrache sur un présentoir à l'aéroport et qu'on paie avec ses dernières pièces. Comme rien n'est emballant on finit par choisir le kaléidoscope de photos - parce que quand elles sont petites le kitch se dilue. En général je renonce (de toute façon, je suis en retard à l'aéroport). Mais pour une fois, je vais m'en offrir une - juste quelques vignettes en vrac et presque au hasard, pour l'album. Dernière plongée dans les carnets - promis, demain je reviens à Paris. Ça a l'air tellement excitant, cette rentrée.

    Photo 1 : hôtel de ville d'Helsinki. Pas de perron, pas de grande porte, on jurerait qu'il est fermé. A l'intérieur l'internet est gratuit et les gens sont ouverts. Paris à l'envers.
    Photo 2 : Tallin, St Olaf - pendant l'office, les paroles des chants sur un grand écran bleu. Ne manque le défilement sur les lettres pour réussir le karaoké.
    Photo 3 : Riga, ses parcs. La pleine lune, un bar au bord du lac, des inconnus et des bougies. Zane night.
    Photo 4 : A Tallin, Zizi est un magasin de déco. Les Estoniens ont parfois des goûts de chiottes.
    Photo 5 : librairie à Riga - Misels Velbeks entre Teofil Gotje et Ians Makjuans.1006263654_5c31421613.jpg%3Fv%3D0
    Photo 6 (cliché en médaillon) : "Les trois frères", à Riga. Le musée d'architecture lettonne est à côté d'une maison bancale.
    Photo 7 : des lèvres rouges, une nuit blanche.

    Ah! Merde, les timbres. Bon allez, à bientôt.

  • Writing by myself

    Riga. Après Tallinn la ville-fantôme, c'est moi le fantôme dans la ville, comme un provincial débarquant à la capitale. Il y a les villes qui se laissent traverser et celles qui vous parlent. En général on ne sait pas entendre mais ici, très clairement, Riga me souhaite la bienvenue. Comme Paris elle semble à ma taille, les jeunes femmes bien habillées y ont la même moue boudeuse en bouclier qui dit N'y pense même pas, depuis la gare un canal serpente entre deux pelouses bordées de bancs - Vous êtes charmante, vous vous appelez comment ? - Riga. - Vous avez quelque chose de prévu ce soir ?

    Quelques heures plus tard, un virage au hasard, le soleil qui descend, la musique qui monte, et Doma Lauk. Toute la place à été transformée en terrasse géante - une centaine de tables dressées, la pinte à 1 Lats en self-service et un concert de jazz rock, guitariste et bassiste juchés sur un camion de pompiers. S'installer ? Bien sûr. Non loin de cette demoiselle aux yeux clairs et cheveux en boucles, belle comme Marie Perrin et Camille de Peretti réunies (si, si) qui boit un cocktail avec une amie. A peine assis le guitariste annonce "vodka, beer, whisky time" et se lève pour un break. De l'autre côté de la place, un trio prend la place et Besame Mucho. Me voilà seul avec ma pinte en plastique, un carnet dans ma poche et les questions délicieuses de celui qui sait que finalement rien.
    (quoique)
    Que faire donc avec les grands yeux clairs et collants fuchsia à ma gauche ? Comment gérer la copine ? Le temps d'inventer une dizaine d'invitations (si elles recommandent un verre c'est sûr je), le guitariste revient, en mode blues-rock cette fois, les premières notes font claquer les doigts et me donneraient presque l'énergie de bouger mes fesses, mais la demoiselle vent de demander la note de son Cosmopolitan. Si l'opération de paiement est aussi longue qu'à Tallinn ça me laisserait largement le temps de, mais à la place j'écris dans ce carnet, sourire aux lèvres. C'est très con d'écrire, quelquefois.
    (souvent)
    Comme les deux inconnues se lèvent et passent derrière moi récupérer leurs vélos, le guitariste se fait Gary Moore et entonne Walking by myself en massacrant les paroles mais on s'en fout. L'ironie élargit le sourire vers le haut. L'enchaînement sur Parisienne Walkways est parfait - une serveuse passe à l'instant, je commande un Rigas Šampanietis (prononcer champ') pour fêter la rencontre. Come together viendra un peu plus tard. J'écris toujours sur le carnet, content d'être là, i love Riga.

  • Le luxe, le vrai

    Evidemment les bus "normaux" pour Riga étaient pleins, me dit la femme uniforme à la gare routière. Mais elle avait une bonne nouvelle - "Eurolines Lux" n'attendait que moi.
    Qu'appelez-vous luxe ? je demande. Quelques euros en plus, me dit un sourire commercial en me tendant la machine à carte bleue - et bien sûr toute une batterie de service à valeur ajoutée. J'en salivais d'avance.

    Maintenant, donc, je connais la définition du luxe.
    1/ le free-wifi (youpi)
    2/ une bouteille d'eau et un café (une pensée à ce stade pour la famille russe qui s'était payé la classe « Ecoplus » sur le Stockholm-Helsinki, et qui avait eu droit juste devant moi, à un café, deux cacachouettes et trois sourires gratos - bon voyage et merci de reconstruire nos marges)
    3/ deux beaux écrans plats avec des clips.
    Et là, dilemme. Faut-il imposer MTV à fond à tout le monde ? Quand même pas. Mais les écrans sont là, on n'éteint pas comme ça une valeur ajoutée. Alors le chauffeur règle le son au minimum - résultat : le vrai luxe, chez Eurolines, c'est d'avoir l'impression pendant 4 heures d'être assis à côté d'un type qui écoute son walkman trop fort.
    Welcome on board.

    Au final, je dois le dire, j'ai été un peu déçu. Le vrai luxe, en bus, c'est le verre fumé et les stries horizontales sur les vitres qui vous protègent du monde extérieur. Là, j'ai pu voir le paysage - en voyage, c'est dommage. La prochaine fois je demanderai la classe Grand Luxe.