Le rendez-vous a été fixé au 19 rue de la Goutte d'Or - le Saaraba. Ce n'est pas moi qui ai choisi. Au programme, soirée slam. Dubitatif.
Quelques accras en hors d'œuvre, le jus de gingembre sourire compris, à 21 heures nous ne sommes toujours qu'une petite dizaine dans la salle. On fera ça en haut.
Démarrage en mode a capella, Lord Eraze et Aramanta sont en "perf" vont crescendo. Un flûtiste s'intègre en fond, un beatboxer se lève entre en résonance avec la slammeuse et la soirée décolle. Petit à petit la salle se remplit, après le break c'est scène ouverte, pour nous c'est découverte.
Ils seront une petite dizaine à se succéder au centre de la salle - âges et couleurs très variables, textes divers, chacun sa voix on n'imite pas. Ça rime, ça prose, ça chante, vite, lent, comme tu le sens, on s'invente des personnages, personne ne se la raconte, parfois on conte, tout simplement, le timbre posé et quelques mots qui claquent, on sait ses textes par cœur ou on les lit, un habitué improvise sûr de lui, dans la main d'une nouvelle le papier tremble un peu. LaGoutte le beatboxer part en flow, Clarence alexandrine intermittent avec le talent d'une Chloé Delaume assagie, Cassiopée commande et conquiert. On encourage avant, on claque des doigts pendant, on applaudit après mais pas d'applaudimètre, le spectateur se demande si lui aussi un jour...
Break.
Ici Paris, décembre 2009. La langue a parfois l'accent arabe, bulgare, normand, on slamme en woloff - et quand une nouvelle voix se rassoit pour sa première fois, fière et tête baissée, on la salue à la française. Elle est des nô-ôtres / Elle a dit son slam comme les au-autres. Au même moment dans la même ville ils sont sans doute d'autres dizaines à échanger leurs notes de blog à l'oral.
Ça rime, ça chante, ça prose, vite, lent, comme tu le sens, c'est Paris et ça donne envie.