On a sûrement tort de chercher l’unité des villes quand on voyage. Alors hop, encore une carte à images multiples. Avec, au milieu, de la poussière et une douche – la troisième de la journée, la meilleure.
Parcul Herastrau, on les avait vus de loin, ces cinq flics, au bord du lac. Quatre assis et un debout qui semblait les briefer. Le chien était un peu plus loin, près de la voiture, radio allumée. De temps en temps, une jeune fliquette tourait la tête vers nous, les yeux dans le vague – comme un élève peu doué qui regarde par la fenêtre quand le cours devient trop compliqué.
Quelques mètres plus tard, nous avons vu le cadavre bâché, fraîchement repêché. J’ai regardé une dernière fois vers les flics, il m’a semblé comprendre le roumain.
En fin de journée, le thermomètre enfin descendu sous 40° et le toit du Théâtre national transformé en immense bar – tables en bois, gobelets en plastique, conversations et drum n’bass en crescendo. Noroc.
Puis le dîner dans un jardin, un sympathique Feteasca dans nos verres, des boucles brunes et un sourire qu’on reverra bientôt – et soudain une coupure d’électricité qui nous offre une demi-heure aux chandelles. Un peu plus tard, le même trio dans le vieux Bucarest, où les bars branchés installent leurs terrasses sur un pavé encore défoncé. Dans l’un d’eux, un karaoké géant, toute la salle reprenant un refrain local. Pas même le temps de commander, un dernier couplet et pof, le courant qui saute.
Et le lendemain une autre soirée unplugged, des chaises longues, deux chiens errants polis et un chaton à collier qui nous suit jusqu’au métro.
C’est joli, Bucarest, quand on se fout du BTP.
Photo - Castor