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Second Flore - Page 85

  • Présidentielle : pouce !

    Petit, je rêvais d’être député.
    Adulte je suis entré en politique. J’ai même gravi quelques échelons... Jusqu’à finir dépité.


    Bon, ben voilà, ce sera Ségolène R.
    Sans commentaire.
    (sinon que l’ami Mandor pourra témoigner que 60% était mon pronostic hier)

    Et maintenant ? Après une courte page de pub (un M. Youn, par ex. ?) s’annonce un nouveau feuilleton – celui de la désignation de Sarko par l’UMP - et combien de fausses péripéties en perspectives !

    Ensuite, croyez-vous, on pourra enfin assister au grand combat… Que nenni ! Vous verrez, du 1er janvier au 15 mars, le Petit Monde Médiatique nous prépare une magnifique saga : Chirac – ira, ira pas ?
    Une super-production, assurément : des sondages à la pelle (qui paie, au fait ?), des plateaux télé plein de "lieutenants" aux dents longues, des "auditeurs ont la parole", et des experts, et des chroniqueurs, des gros mots et des petites phrases… Du passionnant, quoi. Qui fait avancer le schmilblick. On connaît la fin, bien sûr, mais ça ne les empêchera pas de tenir deux mois !

    Donc. Devant la médiocrité de ce qui s’annonce, je ne vois qu’une seule solution :

    Décrétons un moratoire sur la campagne présidentielle, de janvier à mars 2007 !

    Laissons donc les candidats se reposer, penser un peu, visiter la France et le monde sans journalistes, et qu’ils nous reviennent en forme à la mi-mars.
    Interdisons les sondages pour obliger les journalistes présentateurs politiques à bosser un peu, à se balader un peu eux aussi…
    ... Bref ! Un peu d’air avant une vraie campagne.

    Une utopie, bien sûr. Mais la campagne a commencé si tôt que je crains fort que notre petit corps électoral n’arrive en mai 2007 complètement lassé de la politique.
    Et dans ce cas, on sait comment il peut réagir.

  • Les sorcières ont souvent raison

    medium_solde.php.jpgLa semaine dernière, j'ai mis en note un paragraphe de Bernard Frank, sorte de prophétie des blogs en 1975.
    J'avais hésité au départ avec cet autre passage, que j'ai retrouvé ce matin :

    "Les feuilletons, pour l'écrivain, ce sont des piqûres, des injections d'amour-propre qu'il s'offre. Tranquillisants, drogues, piqûres. Encore une. Allez, encore une, dit-il, c'est la dernière, tu parles ! Il croit qu'il va pouvoir s'arrêter, du moins diminuer sa dose, mais ce n'est pas vrai L'accoutumance, le manque, qu'est-ce qu'il en fait ? Les vrais feuilletonnistes meurent à la tâche."

    J'aurais pu dédier ces lignes à tous ceux qui, un jour ou l'autre, se sont sentis prisonniers de l'insidieuse addicitivité du blog.
    Mais j'ai poursuivi ma lecture. Quelques lignes plus loin, Frank illustre son propos en évoquant Bertrand Poirot Delpech, et conclut (on est en 75) : "BPD, qui a en commun avec moi le même chiffre marqué au fer rouge sur l'omoplate gauche et à qui une sorcière a prédit, dans un film de Guitry, qu'il mourrait le même jour que moi à une heure près."  

    Bernard Frank est mort voilà dix jours. Poirot Delpech est mort hier. Je ne sais pas s'il croyait aux sorcières. Mais je ne peux m'empêcher de penser que la sorcière de Guitry n'y est pas pour rien.

  • Le pain quotidien (daily pain)

    (courte note au réveil, la gueule enfarinée)

    Pendant un an nous avons vécu d’amour et d’eau fraîche.
    Puis vint le pain blanc, puis vainc le pain noir.
    Elle était ma mie. Aujourd’hui, petit à petit, les croûtes s’effacent.

  • Where do we go from here ?

    medium_stalker.jpgVu ce week-end « Stalker », d’Andrei Tarkovski.

    La jaquette du DVD était sobre : le Stalker, c’est le passeur qui emmène les hommes dans la Zone, ce no man’s land interdit d’où beaucoup ne sont jamais revenus, et où se trouve la « Chambre » où tous nos vœux sont exaucés.

    Stalker est un film soviétique qui aurait pu avoir Pink Floyd pour bande-son. C’est un film lent envoûtant, un film à voir seul. Ou à beaucoup, ce qui revient au même. Pour laisser les questions s’installer et laisser venir les réponses. Car c’est peu de dire que les personnages progressent lentement vers cette fameuse Chambre!

    Mais dans cette lenteur se cachait un message qui m’était destiné.

    Nous croyons tous tendre vers un but, mais au fond seul le chemin compte. Un chemin qui s’invente à coup de peurs et de hardiesses, avec des petits cailloux derrière nous et de grandes espérances au loin.

    Alors bizarrement j’ai pensé à ce blog, à mes hésitations sur le but que je pouvais lui donner, et j’ai compris qu’on s’en foutait. L’important c’est le chemin. Les rencontres qu’on y fait. Et peu importe où tout cela nous mène.

    Allez, c’est reparti !

  • Bernard Frank, haut et fort, 1975

    Je n’ai pas beaucoup lu Bernard Frank. Parfois l’intelligence se picore plus qu’elle ne se dévore.

    En recherchant dans ma bibliothèque ce matin j’ai trouvé ceci, écrit vers 1975. Pas ses lignes les plus fulgurantes, mais en attendant d’ouvrir ce deuxième étage elles m’ont semblé opportunes…

    « Il m’a semblé urgent de noter dans ce livre (…) ce qui me passe et repasse par la tête. J’en demande pardon à mes lecteurs qui seront en droit de se demander si ces histoires de famille les regardent.. Je compte sur leur indulgence. Si un critique (mais sur qui compter de nos jours ?) voulait bien leur expliquer qu’il s’agit là d’un procédé à la fois fatal et inattendu et qui va tout à fait dans le sens de mon œuvre et de la modernité, j’imagine même qu’ils y prendraient un plaisir certain. Je suis moins sûr de la bonne volonté de mon livre qui, comme tous les livres, lorsqu’on dérange ses petites habitudes, prend des airs de coq effarouché. Tant pis ! C’est mon désir qui compte et non le sérieux de sa démarche. »                    (Bernard Frank, Solde)

     
    Ouverture du deuxième étage vers le 13/11. D'ici là, open bar…

     

  • A venir...

    Le rendez-vous avait mis longtemps à se décider.

    Elle était au plus bas, je devais être à la hauteur.

      - Je viendrai les bras chargés de présents, j'ai dit.

      - Non... Pas de présents, c'est inutile.

      - D'accord. Je viendrai les mains chargées d'avenir, alors.

    Tout s'est bien passé.

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    (Flash info : ce matin, un lapin a tué un chasseur)

  • N., entre deux âges

    C’est au comptoir que j’ai croisé N., Il y avait du rouge dans son verre, du blanc dans le mien, il fallait bien échanger.
    Pas de montre, pas de contrainte. Juste le plaisir d’une conversation légère et profonde, entrecoupée de quelques rencontres fortuites (salut à toi, F.), prolongée au gré des fermetures de bar. Je n’ai pas vu le temps passer, hormis dans les rides du front de N.
    Toute la soirée, j’ai regardé son visage, il y avait un truc que je ne parvenais pas à saisir. Ce matin, j’ai essayé de me le rappeler. Et enfin j’ai compris ! Toute la soirée, avec N., nous avons flotté entre deux âges.

    « Entre deux âges » : expression si classique et si vide ! Quand j’ai commencé à écrire, je devais l’utiliser souvent – c’est pratique, « entre deux âges », un joli passe-partout qui fait croire qu’on dit quelque chose quand on réalité on est incapable de définir un personnage.
    Puis j’avais lu un jour une chronique qui tournait l’expression en ridicule : « entre deux âges » n’existe pas, disait l’auteur, puriste, qui ajoutait, cynique et plein de bon sens, qu’on est toujours entre deux âges. Conquis j’avais suivi, bannissant l’expression de mon vocabulaire. Et quand ici ou là je la lisais dans un bouquin (fût-ce un best-seller) je me disais « hou, le mauvais ! ».

    Bref.
    Ce matin, entre aspirine et café, je viens de comprendre : N. EST entre deux âges.
    En fait, elle A deux âges.
    Quand elle rit de bon cœur, tendant son visage en avant, elle est exactement cette fille de 20 ans qui devait avoir les joues un peu rondes à force de croquer la vie avec confiance.
    Mais le plus souvent, ce sont les cernes sous ses yeux que l’on remarque, ces dents abîmées par la clope et ce regard qui tombe un peu quand elle conte les petits coups répétés que la vie lui a envoyés au visage : alors elle a déjà 40 ans, un corps encore jeune peut-être, mais les traces extérieures de jeunesse ont disparu.
    Quand elle sourit doucement, enfin, N. a juste son âge. Avec une certaine grâce. Mais l’instant ne dure jamais, de nouveau elle balance entre se deux âges, et on aimerait ne s’adresser qu’à la jeune fille, on voudrait lui dire de faire attention, de se préserver – je sais ce qui t’attend, petite, je le vois, prends soin de toi, lève le pied, un verre d’eau s’il vous plaît mademoiselle, c’est pour une amie ! Mais on a jamais le temps de lui dire tout ça. Ou pas le courage. Ou pas le droit ?

    Alors on commande un 7e verre, pour chasser la femme sombre et entendre à nouveau rire la jeune fille. Puis un autre verre, un autre bar, une autre rencontre un autre verre… Ensuite sans doute on finit chez elle, corps à corps, caresses et consolations mutuelles pour terminer en jouissance. Puis le réveil, difficile, à côté d’une femme au regard sombre, aux dents plus jaunes encore que la veille, aux cernes plus profondes. On se souvient des bons moments de la veille, on se demande, on n’est pas fier. On se rend compte qu’on a encore abîmé la jeune fille au rire clair pour n’en profiter qu’une nuit.

    Ce soir, promis, on sera sobre.
    Mais N., elle, remettra ça. Elle a besoin de cet oubli.
    N. s’abîme avec tout le monde, et on n’en profite qu’une fois.