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Second Flore - Page 82

  • Parlons peu, parlons Frank

    medium_grognards_hussards.JPG1952. Un jeune impétueux s'amuse dans Les temps modernes, il rigole des critiques et de leur vénération pour les écrivains "hors-série", ceux qui ont du ton. Parfois il hausse le ton, et avec style.

    "Qu'est-ce que le ton ? Le ton n'est pas le style. Il en est la tension. Le ton, si l'on veut, c'est le style renforcé, le style au carré, le style qui se voit style, qui se sait style, qui s'est muni d'une voiture sirène pour signaler sa présence et son passage. L'écrivain qui a du ton sait fort bien qu'il a du style, mais il ne peut s'empêcher de nous le trompeter. C'est comme s'il plantait au bout de sa phrase un petit étendard sur lequel il aurait écrit : "J'ai du style".
    (...) C'est un avare, il se désole à l'idée que les autres seuls peuvent avoir une idée de ce qu'il est. Son intériorité, c'est son dehors."
    (Bernard Frank, Grognards et hussards)

    Illustration prochainement.

    Et note pour moi-même : ne passons pas à côté des choses simples.

    PS : la bande-son, bien sûr - Léo Ferré, "Ton style "

  • Chère Marie-George,

    Donc, tu es candidate.
    (oui, je te tutoie, après tout on a fait campagne ensemble il y a dix ans, hein, et puis je t’aurais bien dit "vous" si tu avais représenté ces "collectifs" dont tu te serais bien réclamée, mais bon, non.)

    Jusqu’au dernier moment j’ai eu cet espoir absurde que tu ferais un geste historique et que tu t’effacerais pour laisser porter une voix nouvelle.
    Mais les petits calculs ont été les plus forts. Il fallait bien sauver les quelques strapontins qui restent au parti, hein ?
    J’ai lu quelques articles évoquant ta déclaration de candidature, je n’ai pas pu les finir. Un peu comme quand Hollande ou Villepin parlent à la radio, tu sais, cette impression d’impuissance, ces mots vidés de chair, ce discours qui glisse.

    Mais avant de me résoudre, je voulais te dire deux fois merci.

    Merci d’abord à la Ministre que tu fus, d’avoir montré que l’énergie des convictions pouvait encore soulever des collines. Je garde le souvenir de ta lutte antidopage.

    Merci aussi pour m’avoir convaincu lors du dernier référendum.
    Tu te souviens, comme la campagne était belle, comme on en parlait dans les cafés, comme la flamme qu’on croyait éteinte s’était vite rallumée ?
    Il était mauvais, ce texte, on avait furieusement envie de voter non. Et pas seulement pour dire merde, même si ça me démangeait. Mais mon petit doigt me commandait de voter oui. Parce qu’il fallait bien avancer un peu, même en biais.
    Et puis un jour, je t’ai entendue clamer que les peuples d’Europe allaient se lever. « Mais les Espagnols ont voté », a rétorqué la journaliste. Là, tu ne t’es pas démontée, tu as toisé la Chabot et tu lui as dit, en substance, qu’on finirait bien par déciller les yeux du peuple espagnol. Alors je t'ai bien regardée, Marie-George, je t'ai imaginée face au peuple espagnol et j’ai pris ma décision. Tu m’avais convaincu. Ce serait Oui.

    Ce jour de mai 2005, Marie-George, tu as fait gagner l’adulte réaliste que j'ai toujours tenu en bride. J’espère que dans les mois qui viennent tu sauras le provoquer un peu, ce réaliste malgré-lui, que toi ou d’autres saurez le titiller dans ses convictions pas drôles. Parce que juste derrière, l’idéaliste veille toujours. Il ne croit plus guère aux chimères, les gesticulations inutiles lui donnent des crampes, mais il n’en peut plus de rester assis. Et il sait qu’un jour viendra où il reprendra la main.

    Allez, adieu, Marie-George.
    Une autre fois, peut-être.

  • Petite leçon de littérature

    J'allais vous parler de Marie-George, mais les idées s'emmêlaient, l'analyse bouillonnait en mots encore trop nombreux.
    Alors j'ai attrapé ce livre, où m'attendait une belle leçon. 

    "(...) Votre vision des choses est intéressante, mais la scène manque de vie pour le lecteur. N'essayez pas d'analyser trop finement, écrire, finalement, c'est se contenter de ce qui est."
    (Haruki Murakami, "L'éléphant s'évapore / La fenêtre") 

    Finalement.

  • 2007 vient de commencer

    - You like my boobs, don't you ?
    - Well... Nice boobs are nothing without a beautiful face

    Merci à toi, belle étrangère de mon bar de quartier. A toi et à tes amis qui m'ont incité à reprendre une pinte pour profiter de ce très joli hasard.
    De vieilles idées devenues mots, mon bloc en vous écoutant s'est couvert de phrases. Le reste s'est perdu dans le houblon, mais qu'importe. Le deuxième livre est en route.

  • Tristes wanna-be, glorieux velléitaires

    J’ai toujours eu un faible pour les questions insolubles et les gens résolus, mais les bonnes résolutions, non. En tout cas, pas en janvier. Ou alors, il faut qu’elles soient belles. « Devenir romanesque », par exemple, comme diraitAlexandra, du Buzz littéraire. En voilà, un beau projet. Il faudra y revenir.

    Mais en attendant, revenons un peu au Buzz. J’y ai repensé, dans le train, en lisant le très dispensable dossier du Technikart de décembre : « le guide du parfait Wannabe ». J’y ai repensé parce que voici un an le Buzz avait sympathiquement chroniqué le naissant pdf2006 dans une rubrique dont le nom m’avait fait bondir : "Auteurs wanna-be". Quel nom atroce.

    Penchons-nous un peu sur le sujet. Le dossier de Technikart nous y aidera peu, tant il procède du fourre-tout copinard. A la limite, ils auraient pu se contenter du sous-titre : "Comment réussir quand on ne sait rien faire". Quand on ne veut rien faire serait tout aussi juste, d’ailleurs. Quant à la Réussite définie en unités de bruit médiatique, je préfère ne pas commenter.
    Le wanna-be, au fond, c'est celui (celle?) qui frétille quand il (elle?) voit des gens bien maquillés s'ébattre dans sa télé ou près du Champ' dans un cocktail mondain, qui joue des coudes pour s'en rapprocher et qui crie très fort : "Je peux jouer avec vous ?" Même s'il ne connaît pas les règles. Autant dire qu'on est assez loin du livre.

    Mais alors, par quoi remplacer « wannabe » ? Le jeune Castor Junior me signalait récemment qu’il existe en français un équivalent étymologique : velléitaire. C’est déjà plus joli... mais tout aussi péjoratif. Le velléitaire, c’est celui dont les intentions ne sont que fugitives, me rappelle Larousse. Et à moins d’avoir du sang blanc ou un bon nègre, écrire demande plutôt "une volonté déterminée".
    Une volonté, donc. Pas celle d’être, mais celle de faire. Celle d’écrire des livres pour gagner la liberté d’en écrire d’autres, plus ambitieux.
    Une volonté qui n'aurait pas de nom, parce qu'elle gagnerait à rester dans l'ombre jusqu'à ce qu'elle mérite d'en sortir.
    Peut-être la seule "volonté déterminée" que j’aie jamais eue. Je ne voudrais pas la voir rangée à côté de postulants éthérés à une éphémère célébrité.

    PS – à lire aussi sur Buzz Littéraire, l’intégralité des réponses apportées par A. aux questions de Technikart sur le sujet. Plutôt intelligent et lucide, je trouve. Peut-être pour ça qu’il n’en reste rien après montage...

     

  • A la ligne...

    Que restera-t-il de 2006 ?
    Une liberté conquise, quelques pages réussies, un point final.
    Puis quelques belles rencontres, des points de suspension et l’avenir qui s’éclaire.
    Comme une longue parenthèse qui se serait refermée, une nouvelle ph(r)ase qui commencerait - un chapitre, j’espère.

    Enfin quelques belles bulles, 2007 en majuscules.

    Qu’elle soit belle pour vous aussi, cette année, pleine de grandes joies et de petits plaisirs, et qu’on la finisse ensemble à fêter ou enterrer nos résolutions !

    A bientôt

    Bande-son : Septmbre, en attendant...

  • Aveu de faiblesse

    Mes amis, en vérité nous sommes bien peu de choses.
    Voici à peine 48 heures, j’ironisais sur les tribulations de l’internaute perdu sur la toile à la recherche des seins d’Ariane Machin. Et pas plus tard qu’hier soir, zou, je chevauchais allègrement mon Google en quête... du nom de la présentatrice du Journal de la Culture d’Arte. medium_elise_chassaing.jpg
    Elise Chassaing, donc.
    J’étais déjà tombé sous le charme il y a quelques mois, en la découvrant par hasard. Ce qui m’avait le plus intrigué, c’était cette application de bonne élève, ces hochements de tête un peu raides, ces gestes saccadés de la main droite qu’elle stoppait nets comme si elle n’osait pas vraiment, ce sourire tout en retenue. Une grâce encore enfermée dans une chrysalide appelée apprentissage.

    Hier soir, j’ai retrouvé Elise. Le sourire était plus franc mais restait cette irrésistible retenue, cette fraction de seconde avant de se tourner vers la bonne caméra qui la distinguent des froides professionnelles pour la faire exister réellement. J’ai tenté de deviner si elle s’impliquait dans le choix des sujets ou la rédaction des lancements, j’avais envie que oui mais comment sav... Bref ! Le diagnostic est limpide : nous sommes devant une forme primaire de cristallisation. Et c’est bon.

    Hier j’ai compris en souriant que je ne vaux guère mieux que toi, internaute anonyme. (enfin, si, quand je vois les messages minables que tu laisses sur des forums "spécialisés", je me dis que vraiment, hein, mais passons...)
    Mais surtout, hier soir je me suis souvenu de cette grande vérité.
    Oui, la demoiselle est jolie. Mais c’est la culture qui rend belle.

    Nous ne nous verrons pas ce soir, chère Elise. Je serai loin et la réalité reprend vite le dessus. Mais je vous remercie pour la leçon d’humilité. Et je vous dis à bientôt !

  • Cher internaute anonyme,

    Quand j’ai ouvert ce deuxième étage, je te l’avoue, je ne pensais pas que tu viendrais ici.
    Je ne t’ai jamais fermé la porte au nez, après tout c’est open bar, mais bon, je ne fais pas vraiment table d’hôtes et je n’avais pas cherché à figurer dans les guides touristiques. D’un autre côté, tu m’as toujours un peu fasciné. A force de lire chez d’autres le compte-rendu loufoque des requêtes Google qui t’avaient amené chez eux, je me suis dit que quand je serais grand moi aussi je t’accueillerais avec le sourire (en coin). Et voilà qu’en décembre tu es venu, me dit-on, sur la petite route escarpée qui mène de Google à chez moi. Alors je suis allé voir…

    Ce que j’apprends d’abord, c’est que tu es venu nombreux. Par (petites) centaines depuis novembre. C’est émouvant.
    Souvent c’est moi que tu cherchais – peut-être d’ailleurs lis-tu ces lignes, et je te salue.
    Parfois tu m’a pris pour un oracle : à plusieurs reprises, tu as tapé "président 2007", "générations mutantes" ou encore "pronostic présidentielle" et tu es tombé ici. J’en suis flatté.
    Un jour, très sérieux, tu as entré "devoir de pardon". Je te pardonne.
    A d’autres moments, tu avais surtout besoin de légèreté, alors tu tapais "bonnasse", "lucarne à blaireaux", "nique ta mère", "demoiselle mini-short"… Une fois même tu t’es égaré avec "mamie suce", mais au fond tu n’allais jamais très loin – comparé à ce que me racontent certains bloggers qui savent mettre des mots sur leur cul, tu étais bien sage, même pas drôle en fait.
    Et puis…

    Et puis il y a Ariane. Massenet. Tu sais, celle qui dans la lucarne passait pour une intello parce qu’elle faisait tandem avec Fogiel et que le contraste était mal réglé, celle qui voici deux semaines demandait à Villepin : "et Ségolène, sur dix vous lui mettez combien ?"
    Mais suis-je bête : évidemment que tu le sais puisque tu viens la chercher ici. Je ne sais pas comment le prendre, cher internaute anonyme, mais voilà ce que m’a dit Google sur toi hier soir : dans plus d’un tiers des cas (oui, plus de cent fois !) tu es tombé ici parce que tu avais tapé sur ton petit clavier "ariane massenet décolleté" ou une variante avec faute d’ortograf. Comme tu as dû être déçu ! Et pourtant chaque jour tu reviens, tu espères une photo sans doute. Ou mieux - une vidéo que tu pourrais mater peinard une fois les enfants couchés.
    Entre nous, t'es quand même un sacré blaireau, anonyme internaute. Moi aussi, parfois, mais quand même. Enfin, j’espère que tu feras mieux en janvier. En attendant, promis, je penserai à toi chaque fois que j’entendrai parler d’exception culturelle ou de grandeur de la France, tout ça...

    D’ailleurs, bientôt je te parlerai de Marie George Buffet. Je te préviens tout de suite, je ne mettrai aucune photo à poil. Allez, amuse-toi bien devant ton ordi, et à bientôt !

  • Noël au balcon...

    Pour Noël, j’ai demandé un Président de la République : ça fait longtemps que j’en avais envie – un vrai je veux dire, avec de l’honnêteté intellectuelle et de la hauteur de vue, un européen convaincu qui serait aussi convaincant, un Président qui saurait y faire et qui donnerait envie. 

    - Désolé, nous n’avons pas ça en stock, m’a répondu la Hotte-line.
    Je m’en doutais. Je m’y prends toujours trop tard.
    - Mais bien sûr, a continué la Voix, vous pouvez prendre le modèle standard, avec ses vêtements sur-mesure, sa trousse de maquillage et quatre discours de série : Il faut rassembler, Je veux une France forte, N’ayez pas peur et Vous êtes formidables.
    Et pour me prouver la qualité de sa came, elle m’a assuré que le produit cartonnait cet hiver, et que pour un euro de plus je pouvais prendre le pack Campagne, avec un journaliste qui demande "Que vous inspire le dernier sondage ?" quand on lui appuie sur la tête.

    - Et si je commande pour mai 2007 ? j’ai tenté.
    - Ah non Monsieur, a répondu la Voix. On n’en fait plus, des comme ça, en ce moment. Ça se vend pas.
    J’ai insisté, protesté, à l’autre bout du fil je sentais la Voix très agacée, il devait y avoir des clients en attente et la Mère Noël qui poussait au chiffre.
    - T’as qu’à l’écrire toi-même, ton Président !
    Et elle a raccroché.