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Second Flore - Page 40

  • Le Londres-Louxor

    londres-louxor.jpgJ'ai pas mal repensé à la caverne de Platon, ces derniers temps. Aux philosophes qui se trouvent très bien dedans et y restent ; à ceux qui en sortent mais ne savent pas y revenir ; aux cyniques qui nous y enferment ; et à ceux qui regardent dehors pour nous rapporter des images et donner envie de sortir.
    C'est assez confortable, au fond, d'écrire une histoire qui se passe dans la caverne : il y a les mots tout prêts pour ça, les techniques aussi, et un marché au bout. Décrire ce qui se passe dehors, évidemment, c'est plus compliqué. Alors on le transforme en histoires, comme sur les murs de la caverne, ou on se contente de petites touches, qui parfois font mouche. Et puis parfois, il y a les deux.

    Le Londres-Louxor, ça pourrait être juste une histoire d'amour, à Paris, entre un Suisse (le pays qui n'existe pas) et une Yougoslave (le pays qui n'existe plus).
    C'est aussi l'histoire d'un lieu imaginaire, un ancien cinéma des années 20 devenu repaire interlope où se retrouvent une diaspora, une héroïne hitchcockienne, quelques paumés et une belle disparue.
    En fait c'est tout ça, et plus encore.
    Jakuta Alikavazovic ressemble un peu à la Céline Minard du Dernier Monde, pour le mélange d'imagination foisonnante et d'intelligence du détail, mais en fait elle ressemble surtout à personne d'autre.
    Ici, l'autre jour, on se demandait comment retenir son nom. Vous n'aurez qu'à me demander, je l'ai noté pour attendre le suivant.

  • La vie est un magazine féminin

    , me dit une fille vue-à-la-tv. J'ai cru qu'elle parlait au second degré. Mais en creusant, en fait, non.

    caverne.jpgJ'ai repensé à Platon et à sa caverne. J'ai eu l'impression qu'à la direction des chaînes (bureau à droite au fond de la grotte) on avait placé des cerbères à l'entrée de la caverne, pour empêcher les gens de regarder dehors. Des fois que ça leur donnerait envie de sortir.

    Heureusement, dans le hall de la caverne, il y a un kiosque. Près de la caisse, on y trouve les magazines qui commentent la vie de la grotte avec leurs clichés pris au flash et savamment retouchés (je ne parle pas seulement des photos).
    Un peu derrière, il y a les guides de voyage : ceux que vous pouvez lire avant de sortir à l'air libre.

    Parmi ceux-là, il y a toujours Standard. Ce trimestre, Standard a regardé dans la grotte. On y trouve donc un dossier People, mais sans vedettes inside. Avec une double page sur Voltaire, parce que quand le rédac'chef m'a demandé si je m'y connaissais en people, c'est le seul nom qui me soit venu, et qu'il a dit banco. Hors dossier, ce numéro d'avril se découvre d'un fil et voyage de Téhéran à Hollywood et de Manille à Paris-rive-droite, avec toujours autant de choses à lire.
    Découvrir, par des chemins de traverse, les fleurs en bouton et les immortelles à redécouvrir, dit l'édito. Une belle profession de foi.

    A propos de fleurs, il y a aussi celles qu'on enferme dans des bocaux en commandant aux gens de s'extasier. Pour ça, il y a le dernier numéro de la revue Décapage, qui a commandé à quelques écrivains quelques pages sur Ce chef d'œuvre que je n'arrive pas à aimer.
    Iegor Gran s'y décomplexe de ne pas réussir à lire Ulysse. Joyce, "miroir aux alouettes pour attirer les pédants, les escrocs intellectuels et les étudiants en logorrhée". Merci M. Gran.
    Un peu plus loin, Xabi Molia démonte Le rivage des syrtes, et c'est bon.

    J'aurais pu boucler la boucle en allant voir Huit fois debout, du même Molia, mais devant moi les deux dernières places venaient d'être vendues. Du coup on a été s'allonger au bord de la Seine - ce genre de plaisir dont les magazines féminins parlent si peu. C'est ballot.

  • Voir Belleville et mourir

    Je n'étais pas trop là, ces derniers jours, j'étais en voyage. J'ai dilapidé une fortune à Manaus, Brésil, en 1912 (Milton Hatoum, Orphelins de l'Eldorado), j'ai lutté vainement contre le racisme à Durban, Afrique du Sud, en 2001 (Jeanne Favret Saada, Jeux d'ombres sur la scène de l'ONU (je vous en causerai)), je suis arrivé clandestinement à Paris, Mali, en 1990 (ça c'était pour Truc n°3, on en recause aussi). Et maintenant, je m'apprête à prendre le Londres-Louxor dont on m'a dit tant de bien.

    Entre temps, sur ma vieille télé, j'ai pu enfin regarder Belleville Story, d'Arnaud Malherbe. Je l'avais connu avec un excellent court-métrage, Dans leur peau. Cette fois, il passait au long, et sans sucre.
    J'avais raté la diffusion du film sur Arte, mais une cassette VHS m'attendait à mon retour de voyage. J'ai continué à voyager, d'ailleurs : jamais très loin de la station Belleville, mais j'y ai rencontré des prostituées d'Europe de l'Est, un Indien en taxiphone, des Africains en foyer, des Chinois en dortoir, d'autres en costard, arme au poing, et au milieu un p'tit gars du coin qui se démène bien sur un rythme haletant.
    Après le dernier plan sur les toits de Paris, France, j'ai laissé ma vieille télé se reposer un peu. Quand je l'ai retrouvée, hier, elle était morte. De sa belle mort. Avec, à jamais coincée à l'intérieur, la cassette de Belleville Story. Le rythme du film l'aura tué.

    Ou alors, elle venait d'apprendre qu'Alexandre Bompard serait nommé à la présidence de France Télévisions.

    -
    "[Le Londres-Louxor] se trouve non loin des Grands-Boulevards [...] dans un passage que peu connaissent mais où beaucoup se soulagent."
    (J. Alikavazovic, Le Londres-Louxor, p.1). Ca commence bien.

  • Chère Rachida,

    Je te rassure, je me fous pas mal des rumeurs, d'ailleurs je suis sûr que c'est même pas vrai que c'est toi qui l'a dit que Machine elle sort avec Machin, alors c'est dégueu que les copains de Nico ils disent que c'est toi.
    Tu verrais, Porte de Cignancourt, j'en ai vu se taper pour moins que ça.

    Je m'étais quand même pas mal amusé, la semaine dernière, d'apprendre qu'on te sucrait la voiture de fonction et les chauffeurs que Brice te prêtait.

    Et puis surtout, je me suis posé une question toute bête : qu'est-ce que tu foutais avec une voiture de fonction ??

    Mais sinon, continue, hein. Et tiens bon. La France et l'Europe ont trop besoin de toi.

  • Pour les titres,

    en général, je suis nul. Pour une fois, là, je crois que j'en tiens un.

    L'homme qui oubliait toujours quelque chose.

    Reste à trouver l'histoire.
    Au pire, j'en ferai une autobio.

  • Clients virtuels

    Retour à la ville, et à ses rues commerçantes.
    Mardi matin, soleil timide, la rue du Poteau s'éveille tranquillement. Entre une boutique bio et un tout-à-dix-balles, Marionnaud est fidèle au poste, il salue les passants avec sa nouvelle accroche commerciale.

    Ce qu'il y a d'unique, chez nous, c'est vous.

    L'agence de pub a dû se creuser la tête pour trouver ça, j'imagine qu'on a dû pondre du powerpoint à base d'orientation client et de service one-to-one. Un junior a sûrement lâché une petite tirade sur l'interaction entre réel et virtuel, en rappelant en clin d'oeil le concept de visiteur unique.

    Du coup, j'ai voulu vérifier. C'était presque ça. A une cliente près.
    La seule chose qui était unique dans le magasin, c'était la vendeuse qui se faisait les ongles.
    Alors j'ai continué mon chemin vers l'Humeur vagabonde.

  • Au Diable Vauvert

    au_diable_vauvert.jpgJ'avais tout bien calculé.
    D'abord, que j'arriverais à midi. Mais il n'est pas si facile de trouver un petit hameau de Camargue perdu à 6 km de la première boulangerie - et le chemin vers le Diable offre tant de tentations. Après tout, j'avais un mois devant moi.
    J'avais prévu aussi de trouver le printemps en avant-première. Raté là aussi : quinze jours plus tard, il neigeait sur la Camargue.
    Mon dernier calcul, c'était qu'un mois au calme me permettrait d'écrire Truc n°3 presque en entier. Décontraction, déconnexion. On allait bien voir.

    Et on a bien vu.

    On a bien lu, aussi. Du très bon parfois, qui vous remet à votre place tout en vous donnant l'envie de vous y remettre. Je vous le fais en vrac : Nous autres (S. Audeguy), Train de nuit pour Lisbonne (P. Mercier), Loin du monde (D. Bergen), Working stiff (G. Stoddard) ou encore les nouvelles tauromagiques du Diable (Le frère de Perez).

    J'avais emporté quelques DVD, ils sont restés dans le sac. Mieux valait partir à la rencontre de la faune locale. Un ragondin mort, des flamants roses qui paradent, un cygne caché derrière les roseaux, une aigrette qui s'envole, un taureau qui s'enfuit quand je le regarde dans les yeux en passant à vélo (c'était un tout petit), un aigle tournoyant au-dessus d'un champ d'amandiers, l'animal qui est en nous, un moineau égaré dans une tempête de neige, des nuées d'insectes au soir des beaux jours, et le cri délicieux des batraciens en pleine partouze période de reproduction. Et quelques spécimen humains plus que sympathiques à l'heure du café. Ou du ping pong.

    Au final ? Truc n°3 est presque terminé, tandis que Truc n°2 dort toujours (je n'ose pas le réveiller). On en recausera.
    Et puis, quelques pensées profondes. Par exemple, qu'il y a une femme dans chaque porc. Que tiens, il fait beau, ce matin. Que pédaler contre le mistral est presque plus pénible encore que d'écrire sans plaisir. Et que j'arrêterai ce blog fin 2010.
    Mais d'ici là il se passera plein de choses.

    En attendant, merci encore au Diable. Et à bientôt.

  • Hibernatus

    Tiens ! Le ciel est gris.
    En attendant le bleu je vais me mettre au vert.
    Un mois sans connexion, ou presque, retour prévu le 21 mars.
    D'ici là tout aura changé, non ?
    Amusez-vous bien, et à bientôt.

    pdf

     

  • Carte postale de Paris

    Rue Guy Môquet, 23h40. Il fait froid mais le vent est tombé, en journée le ciel a été bleu. La rue est déserte : le café a fermé, les gens sont rentrés chez eux. Aucun bruit de moteur ne vient troubler la nuit, les voitures elles aussi sont endormies, de part et d'autre de la chaussée. Un calme d'hiver serein en attendant le printemps, le temps qui se fige près de la Cité des Fleurs. Seul bouge au loin le gilet fluo de l'employé de la fourrière de nuit, qui méthodiquement enlève les voitures qui ne gênent personne, sur la droite de la rue. Dormez bien, brave gens, demain vous serez plus légers de 136 euros.

    ***

    Lendemain matin, sous le périphérique. Les victimes du racket font la queue dans l'Algeco de la fourrière Pouchet. On se raconte nos histoires de la nuit - la résignation l'emporte sur les envies de mettre le feu à l'endroit, on se fait des politesses, quelques sourires.
    Au fond de la pièce, une affiche clame que "la Préfecture reste à notre écoute pour progresser".
    Une pensée très forte pour ce type à qui une patrouille de police a dit "Vous pouvez vous garer là, jusqu'à 7 heures ça va", et qui maintenant attend derrière moi.Une pensée aussi pour les flics qui vers 23h30 sont passés rue Guy Môquet (paix à son nom) pour aligner toutes les voitures. Je me demande si comme les fumeurs de shit et les clandestins les conducteurs garés du mauvais côté entrent dans les stats des délits résolus.
    Evidemment, on pense toujours que les flics ont mieux à faire.
    Je me dis qu'au moins, à cette heure là, ils n'étaient pas au cinéma.