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Second Flore - Page 48

  • Je n'ai jamais raté

    un train. Je suis monté dans des wagons en marche, j'ai couru dans pas mal de gares, mais jamais un train n'est parti sans moi.

    Je n'ai jamais raté un avion non plus. J'ai couru dans plusieurs aérogares, j'ai compté les secondes dans pas mal de RER, j'ai une fois passé le comptoir de sécurité dans le couloir réservé aux hôtesses en étant arrivé après le check-in. Jamais ma bonne étoile ne m'a fait défaut.
    Je me suis plusieurs fois demandé ce que ça ferait, d'ailleurs, le jour où à force de tenter le destin (je suis un aventurier) je raterais vraiment l'avion. J'imaginais une scène en crescendo, un stress montant, des minutes de plus en plus rapides, la lueur pâlissante de la bonne étoile jusqu'au bout, et un final terrible, au comble de l'énervement, où je reverrais dans un dernier souffle tous les malheureux hasards qui auraient contribué à l'échec, jusqu'à finalement prendre acte que.
    Jamais je n'aurais imaginé passer une si belle matinée, à bronzer dans les parcs d'Helsinki, me demandant mollement comment passer le temps d'ici le vol de 15h - avant de m'apercevoir au moment de partir, sereinement et inhabituellement en avance, que l'avion était à 13h.

    Un jour de plus à Helsinki, à tout prendre, ce n'était pas si grave. Il faisait beau, il y avait encore des choses à voir, des gens aussi - et puis on se dit toujours qu'un jour bonus, comme ça, même surtout s'il faut repayer un billet d'avion, ce sera un jour spécial.
    Sauf que. La voluptueuse J., qui à elle seule aurait justifié l'aventure (on aurait appelé ça un acte manqué, pas un avion raté), n'était pas en ville. J'ai appelé l'auberge que je venais de quitter - ils n'avaient plus de lit pour la nuit, l'auberge d'à côté était complète elle aussi. Mon sac a commencé à peser plus lourd. Alors il s'est mis à pleuvoir.
    La journée aurait pu être très spéciale - ce genre de situation où tout va mal et qui prennent de la valeur comme souvenir. Là non plus je n'ai pas eu beaucoup de chance. J'aurais pu la provoquer, cela dit. Non. J'attendais le destin, il devait dormir (ou alors il avait loupé son avion). J'ai fini par trouver un dortoir de 12 gars dans les vestiaires du vieux stade olympique, l'Ateneum était un beau musée, un barman a mis des glaçons dans mon cidre, quelques blagues et puis au lit. Par sms, SAS m'a courtoisement informé que ma légère distraction me coûterait 270 euros.
    Finalement, je n'ai pas rapporté de tableau ou de gravure d'Helsinki. J'ai conservé mon billet d'avion de 13h et je l'ai encadré. Quand je l'accrocherai, ce sera l'une des plus belles pièces de ma collection. Pas sûr qu'elle prenne de la valeur.

     

  • Carte postale d'Helsinki (1)

    helsinki-big.jpgPendant des siècles, la Suède et la Russie se sont disputé la Finlande.
    Aujourd'hui, ce serait plutôt Clearchannel et JCDecaux.
    Et c'est très pénible, quand on se déplace un peu au hasard avec un plan approximatif, de voir que deux arrêts de bus sur trois s'appellent JCDecaux.

    (Sinon ça va, merci)

    Bon, promis, j'en ai de (beaucoup) plus belles, de cartes postales, mais vous savez ce que c'est - la poste est toujours un peu plus lente, au mois d'août.

    En bonus parce que je suis sympa, cette installation de Jani Leinonen (tout est en fil électrique) ou ce Darth Vador d'Anssi Kasitonni (admirer le pas martial du "plus gros casque du village"). A Helsinki, l'air est frais, l'art aussi. Salut.

  • Tervetuloa uudelleen

    C'est l'histoire d'un mec qui voulait prendre un billet pour Stockholm et qui sans faire exprès se retrouve avec un aller pour Helsinki.

    Perso, je trouve qu'elle commence pas mal.

    La suite peut-être, dans quelques semaines.

    Amusez-vous bien.

  • Quand je serai grand

    , comme métier, je voudrais faire Jacques Prévert.

    Ça, je l'ai déjà dit.

    Mais quand je serai très grand, je ferais volontiers José Saramago.

    (oui, oui, je développerai.
    plus tard.
    là tout de suite je dois trouver un lit à Helsinki pour le 6/8)

  • Service public, Public Enemies

    (le beau plan de la semaine)

    Une fois n'est pas coutume, je vais faire comme si je m'y connaissais en ciné ici œuvre de service public.
    Disons, cette note pourrait sauver quelques heures à quelques-un(e)s, c'est déjà pas mal.
    Ainsi donc. Devant l'absence de films intéressants cet été, d'aucuns parmi vous pourraient être tentés d'aller voir Public Enemies. A cause de Johnny et Marion, peut-être. Ou alors influencés par les dithyrambes qui ont fleuri sous la plume panurgienne des critiques officiels (lesquels ont manifestement décidé de faire de Michael Mann un génie intouchable).
    A toi, donc, qui serais tenté, je dis attention. S'il y en a bien un qui pense que Michael Mann est "un des derniers vrais grands" du cinéma, c'est lui. Et c'est malheureusement la seule chose qu'il a à te dire. Pendant plus de deux heures, Mann te promènera dans un scénario dont il n'a manifestement rien à foutre, à laquelle il ne donne aucun rythme et dont il ne se sert que comme prétexte pour s'attarder sur les plans qu'il jugera dignes de son art - et quel art : un chrome de voiture, youpi ; une fusillade (cinq minutes), génial.

    Pendant deux heures Michael Mann ne nous raconte pas une histoire, il nous répète en boucle : "Regarde, petit, et admire ce plan que je vais te faire". Et c'est long, deux heures.
    N'hésite pas à le laisser en plan.

    (De rien, vraiment).

  • Daily Hordep’

    Tout à l'heure, chez Hordeprix, un consommateur mâle et un consommateur femelle se sont subitement embrassés au rayon frais. Tu te souviens ? demandait le gars. Apparemment, oui.

    Un peu plus loin, une grosse bonne femme parlait fort en promenant son mari en chaise roulante. Elle donnait des instructions pour qu'il agrippe les produits à sa portée. Il ne devait pas être très doué. Mais c'est vrai que t'es con, elle a conclu avant de tourner vers les produits ménagers.

    Quant à moi, comme tous les 20 juillet, j'achetais du shampooing. J'ai pas mal hésité devant le rayon. Finalement, j'ai acheté un shampooing Cheveux normaux. Si j'en juge par tout ce que j'ai vu dans le rayon, ça a l'air d'être une particularité assez rare.

    Et non, je n'ai pas la carte de fidélité.

  • Wii, je le veux

    Quand j'étais petit, je n'étais pas grand. Noël faisait déjà beaucoup de bruit (je crois), mais les gadgets électroniques étaient encore dans les labos de R&D.
    Un jour, chez l'ami-qui-me-battait-au-Subbuteo (il n'y en avait qu'un), dans le salon est apparu un drôle d'objet tout noir, avec des trucs fabuleux - des joysticks, on m'a dit (sûrement le 2e mot anglais que j'ai retenu après shit). Sur la console Atari, on a joué au ping pong pendant longtemps, jusqu'à ce qu'arrive le jardin et avec lui la table, et qu'on se rende compte que quand même c'était mieux en vrai.

    Entre-temps étaient arrivées sur les bureaux des parents d'étranges machines appelées ordinateurs - et bientôt chez certains de mes amis des trucs hyper-modernes : des TO7, avec des signes cabalistiques du genre C:// que je n'ai jamais compris. Il y avait des jeux géniaux, comme Arkanoid ou les Winter Olympic Games (le saut à ski était dément). Mes copains jouaient encore avec le joystick, moi j'étais devenu un virtuose du clavier en jouant avec les flèches, la barre d'espace et parfois même d'autres touches. Je vous raconte pas, c'était une époque de fous.

    joystick.jpgC'est à peu près à cette époque que j'ai eu une Vision - le genre de truc où soudain on domine le monde et où on sait qu'on a raison : je me suis dit que quand on aurait 60 ans, on aurait des jeux de dingues où il suffirait de faire les gestes devant l'écran pour faire bouger nos avatars, et qu'on pourrait jouer comme au vrai tennis dans le salon, et ce serait vraiment génial, parce qu'en vrai c'était quand même galère pour réserver des courts quand il faisait beau.
    Autant dire que j'étais assez impatient d'avoir 60 ans.

    Toutes les années qui ont suivi, j'ai vu que le Monde se démenait pour arriver à ma Vision. J'ai découvert les jeux d'arcades, avec plein de trucs où on perdait très vite, mais quand même super parce que dans le volant on pouvait ressentir les chocs du stock-car quand on coinçait un copain contre le mur du circuit. Ensuite je suis allé aux Etats-Unis - j'étais déjà un peu impressionné, mais je l'étais encore plus quand j'ai vu dans le salon une console de jeu.
    Et puis, allez savoir pourquoi, je me suis lassé très vite - avant même la fin du voyage. Je devais grandir, sûrement. Ou alors, c'est parce que je ne gagnais pas.

    Du coup, j'ai regardé les progrès suivants d'un œil un peu distant. Quand à L'Ecole on a tous eu des ordis j'ai vu fleurir des jeux où le graphisme commençait à être impressionnant - mais je préférais toujours jouer à des jeux simples avec les flèches et Enter pour aller plus vite, marquer plus de buts ou exploser mes voisins au Tetris à deux (j'ai été Champion du monde de 1994 à 1996).
    Et puis la vie est un jeu, je me disais, pas besoin d'ordi pour y jouer. C'était même mieux sans.
    Alors au moment où on me demandait de passer pro en étant payé pour jouer à Powerpoint, j'ai choisi une partie multijoueurs où on ne conserve pas les highscores, et où il n'est pas nécessaire de passer des niveaux pour changer de décor (j'ai terrassé le monstre du level beginner en appuyant sur Echap, et hop).

    ... Et la Wii est arrivée.
    Un peu trop tard pour m'exciter comme un gamin. Beaucoup trop tôt, aussi, vu que je n'ai pas encore soixante ans.
    Pour marquer mon désaccord avec ce mauvais timing et parce que je n'avais pas de copains qui, je n'y ai jamais joué. On dira que j'attendais qu'elle fasse encore des progrès pour que ma Vision devienne vraiment réalité.

    Mais quand la Grande Gameuse m'a proposé (que dis-je! quand elle m'a défié), évidemment, j'ai dit Wii avec des petits sauts d'excitation.
    Et donc j'ai joué au tennis entre un canapé et une table basse, comme dans mon rêve de gamin.
    Bien sûr il ne s'agit pas de Roger et Rafael, la console peut encore progresser sur le lob lifté et le revers chopé. Bien sûr, dans dix on regardera les premiers jeux Wii en rigolant comme on regarde aujourd'hui les Atari. Bien sûr, le Monde a le temps de progresser jusqu'à mes soixante ans.
    Reste que l'essentiel est là : comme dans mon rêve de gamin, j'ai gagné.
    C'était bon.

  • Le coup de la panne

    h-3-1069864.jpgD'abord on pense à toutes les mauvaises raisons pour lesquelles ce jour-là, précisément, on a fini par prendre sa voiture. Tous ces petits trucs qui nous ont mis en retard. Le bison pas si futé à la radio hier qui annonçait de vertes prairies. On se dit que si on avait eu un vrai bon livre, on l'aurait pris, ce métro, quitte à marcher après mais que pour d'autres raisons, en ce moment... Bref.
    A travers le pare-brise on contemple aussi toutes les petites ironies qui ont jalonné le parcours : la station bp fermée, l'embouteillage qui double la consommation d'essence - et ce dernier coup de frein, là, qui vous a privé du peu d'élan qui aurait suffi pour atteindre en roue libre la sortie Porte d'Ivry, avec cette route en pente juste là, devant - juste au moment où la route allait se dégager.
    Ensuite, on pense aux autres. On se souvient de toutes les fois où on a dépassé sur la route une famille en rade au milieu de la route un jour de grands départs. On se souvient que selon son humeur on les plaignait ou on les maudissait. On ne réagit donc pas au bras d'honneur d'un connard qui passe à côté - on sait.
    Et puis enfin on pense à sortir au milieu des klaxons, à choper dans le coffre son joli triangle, à le placer quelques mètres en arrière. On appelle l'ami chez qui on aurait dû arriver voilà déjà une demi-heure, on franchit hardiment une voie de périph, on saute le parapet, on appelle la dame derrière la borne orange.
    Et on attend. Avec ce gentil gilet jaune qui désigne à tout le monde le-con-qui.
    « Attends je vais te chercher un bidon et j'arrive, me dit l'ami.
    - Pas la peine, la dépanneuse est en route.
    - Mais si, tu vas voir.

    Le scénario de film d'action est limpide : je verrais arriver sa voiture de loin, il se garerait juste devant moi en faisant crisser ses pneus, j'aurais déjà débouché le réservoir, vite 5 litres pendant qu'au loin apparaîtrait l'orange clignotant de la dépanneuse. Alors la musique s'emballerait, gestes précipités.
    - Grouille-toi, putain, la dépanneuse arrive.
    - Putain mais j'y peux rien, j'arrive jamais à revisser ce bouchon du premier coup, c'est comme l'autre f...
    - On le revissera plus tard, magne !
    Bruits de portières, on y est presque. Mais...
    - Attends, John - le triangle !
    - Pas le temps, Mike, putain, démarre.
    - Non ! On ne peut pas le laisser là - trop dangereux pour les autres.
    - Mais on s'en fout, des aut...
    Musique crescendo, entre les voitures je récupère le triangle au moment précis où la dépanneuse fait son apparition dans le champ (énorme, en contre-plongée). Gros plan sur le dépanneur patibulaire qui commence à comprendre - il va descendre (lui mettre en main un outil tranchant), mais in extremis on remonte dans la voiture, avec la réplique qui tue pour clouer sur place le dépanneur - et hop, Amis 1, Système 0.

    Finalement la dépanneuse arrive. Et le dépanneur (sympa). Comme prévu, il y a bien une station Esso Porte d'Ivry - longueur totale de remorquage : 450 m. Le dépanneur remet de l'essence, je vais payer.
    Ça fait mal, hein ? me demande à la caisse le jeune type de la station. Avec commisération, il me demande - Combien ? Je mise sur 150, il parie 300. Gloups. Le dépanneur soudain me paraît moins sympathique.

    Quand viendra la facture, du coup, j'aurai presque le sourire.

    168 euros, ça fait un peu mal, mais pour vivre des expériences uniques il fait savoir mettre le prix.

  • On n'a pas si souvent l'occasion

    de vivre des instants vraiment historiques.
    C'est sans doute pour ça qu'hier TF1 et France 2 ont consacré l'intégralité de leur Vingtheures à l'enterrement de Michael J.
    Du moins, c'est ce qu'on m'a dit parce que perso j'étais pas là (j'avais un mot).
    Et ce matin, qu'apprends-je ? Que TF1 a rassemblé moins de 6 millions de fidèles (quand même) (mais ils sont 7,5M d'habitude), et France2 (qui paraît-il s'était pourtant démarquée avec un courageux sujet sur des "fans de la star" qu'un journaliste est allé rencontrer dans un café) n'a fait que 3,4M contre 5M les jours où il ne se passe rien.
    Comme quoi les gens sont vraiment des cons.


    PS - Un pensée pour la rédaction en chef du 19-20 de France 3, qui (toujours selon le salutaire Arrêt sur Images) n'a consacré qu'un tout petit sujet à l'Evénement. On se demande bien de quoi ils ont pu causer. Et on comprend mieux pourquoi France Télévisions a laissé partir Audrey Pulvar.