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  • L’histoire de l’amour

    9782070773084.jpgJ’allais en finir avec la Rentrée 2007 mais au moment de publier ce billet je me rends compte que L’histoire de l’amour, de Nicole Krauss, date de 2006. On s’en fout, l’amour est éternel. Et certains livres sont universels. Une construction habile, de la malice, de l’invention – je n’en dis pas plus tant les similitudes avec Jonathan Safran Foer sont proches. Leurs histoires, aussi. D’ailleurs, les deux auteurs sont mari et femme. J’aime bien l’imaginer, ce couple. Je me demande quel effet ça ferait si ma muse écrivait les même livres que moi. La muse qui écrit, on en rêve puis on en revient. Et on y revient tout aussi sûrement.
    M’enfin. Foer et Krauss, donc. Ils pourraient m’énerver un brin parce qu’ils sont plus jeunes que moi mais non, j’ai tout mon temps pour être jeune à mon tour.
    (Na)

    (Et la muse, au fait ? Hum… Elle musarde en chemin. Mais pour l’heure l’auteur un peu branleur est de bonne humeur. Il avance)

     

  • Le vrai bilan de la rentrée littéraire

    ... 2007

    Voilà, donc. La pile est descendue. De cette Rentrée Littéraire™ 2007 à laquelle j’aurai gentiment fait de la figuration figuré, on peut maintenant faire l’enterrement le bilan.

    Qu'en retiendra la petite histoire ? Rien sans doute. Pas même un bon gros débat bien stérile, genre Pour ou contre Johnny ou Michel. Au programme : les écrivains-people vite oubliés, quelques fausses polémiques de bien petit niveau, plagiat et psy chic, les polémiques annuelles sur les prix, tout ça pour se faire coiffer après le poteau par un hérisson plus élégant que tous ces jurés bien nourris.
    En 2007 comme depuis des années, on aura aussi bien daubé sur le roman français, en essayant même de nous faire passer une débutance US bien foutue comme forcément supérieure à ce tout qu’on peut produire ici… Et pourtant, au final et après décantation, de cette rentrée ce sont deux livres très français que je retiendrai : Cercle et Un roman russe. Oui, il y avait un peu de souffle, en 2007. Il suffirait au fond que plusieurs se mettent à souffler dans le même sens pour que la littérature française revienne une peu dans le vent. A voir.

    Seuls restent les livres, de toute façon.
    Et tandis que la rentrée 2008 se passe tranquillement, bien au large je continue vers 2009 en me disant que peut-être.

     

  • La liberté de l'écrivain

    DSC00628_1_1_1.JPGIl y a cinq ou six ans, je lisais encore les nouvelles que publiait Le Monde l’été. La plupart du temps, elles sentaient surtout le fond de tiroir. En général, je ne les finissais pas.
    Sauf une, un jour, qui venait justifier toutes les autres. Elle s’appelait "L’usage du Monde".
    Je vous le fais en accéléré. L’auteur s’adresse à la femme qu’il aime. Il sait qu’elle vient d’acheter Le Monde avant de prendre le train pour aller le rejoindre sur l’Ile de Ré. Il sait qu’elle va regarder la nouvelle, et il en profite. Ce n’est pas une déclaration comme les autres ; un jeu de piste, plutôt. Plutôt érotique. Il donne ses instructions : pense à ceci, pense à cela, ne lis plus pendant 15 minutes, caresse ton sein gauche, pense à moi et mouille… Il lui fait prendre conscience que d’autres personnes, Le Monde à la main, comprennent qu’ils sont dans le même train et vont rêver que la muse dont parle l’écrivain est peut-être dans le même wagon – peut-être cette blonde, là-bas, qui sait ?
    Alors vient l’escalade : il lui demande de se rendre au bar, la nouvelle sous le bras. Imagine, dit-il – tous ces gens qui au même moment lisent la nouvelle et vont tous se lever pour aller au bar – ces hommes qui te chercheront et ces femmes qui jouiront de pouvoir faire croire qu’elles sont toi. Tout cela se termine pantelant dans les toilettes du train, mais derrière l’érotisme c’est bien une déclaration d’amour. Et un moment de lecture franchement jubilatoire.

    Voilà. Je m’en souvenais très bien, de cette nouvelle. Je l'avais même gardée.
    (et comme je suis vraiment sympa, je vous ai retrouvé la version intégrale - c'est ici)

    Et puis, en septembre dernier, j’apprends qu’elle est le pivot du nouveau roman d’Emmanuel Carrère – Un roman russe, donc. Et que, bien sûr, les choses ne se sont pas (mais alors, pas du tout) passées comme prévu. J’aurais pu me précipiter dessus, mais bizarrement non – peut-être l’énergie suspecte avec laquelle Frédéric B. vantait ce livre, allez savoir.

    Un an après, enfin, je viens de le lire. Un roman inracontable, mêlant les déboires sentimentaux de l’auteur et ses voyages dans la Russie profonde à la recherche de ses racines russes et d’un déclic qu’il ne saurait définir. Bref, le genre de roman qui ne peut tenir que par le talent de son auteur. Et qui tient. Rien n’est simple chez Emmanuel Carrère, mais tout paraît facile à la lecture. Sacrée gageure.
    Ce soir je boirai une vodka à la santé de l’auteur. A la liberté de l’écrivain – une liberté dont je pressens bien que, comme pour Carrère, elle ne rend pas forcément heureux, mais que je continuerai à poursuivre, parce qu’au fond il n’y a sans doute pas grand chose de pire que d’être malheureux en se sentant emmuré dans une vie qu’on n’aurait pas choisie.

    A suivre

  • Cher Christophe Barbier,

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    Voici quelques semaines, vous m’avez écrit pour me proposer un abonnement express à tarif préférentiel.
    15 numéros pour 15 euros ! m’annonciez-vous à grand renfort de points d’exclamation. Comment résister? ajoutiez-vous. Ça me paraissait assez simple.
    Pour tenter d’arracher ma conviction, vous m’avez vanté les mérites de votre Supplément Styles (dont je ferai volontiers un dessous de plat). Puis vous m’avez offert cette magnifique "radio au son très qualitatif" dont, je vous préviens, j’attends vraiment beaucoup.

    Mais ce n’est pas tout ça qui m’a décidé. Non, si j’ai cédé à votre offre, c’est parce que la lettre qui l’accompagnait a su me faire rire. Votre Responsable des Abonnements, Anne Evrard, y écrivait en effet avec emphase – je cite :

    « L’Express, c’est d’abord et avant tout l’hebdo qui a inventé cette forme de journalisme engagé incarnant le contre-pouvoir dont notre société a plus que jamais besoin. C’est un ton vif, un esprit indépendant, une plume libre. (…) »

    Alors j’ai ri. J’ai repensé à toutes vos couvertures sur Sarkozy (entre un spécial Immobilier et une grande enquête sur les meilleures prépas). Je vous ai revu sur des plateaux télé promenant au vent votre plume libre, j’ai repensé à cette interview de votre amie Carla B. (ah! quelle belle incarnation du contre-pouvoir). J’ai ri en me disant qu’il fallait un toupet étonnant pour convoquer Mauriac et Mendès à l’heure du commentaire de sondages.

    Je m’apprêtais donc à vous jeter à la poubelle quand un spasme d’honnêteté intellectuelle m’a fait avouer qu’il y a bien longtemps, au fond, que je n’avais eu l’idée d’aller au-delà de vos couvertures.
    Alors j’ai dit banco, j’ai fait mon chèque et je me suis promis de vous dire ici ce que j’en penserais.

    Eh ben, on va voir.

    A bientôt.

  • Crack

    1522_livre.jpgSouvent on ne voit pas ce qu’on ne sait veut pas voir. Parfois la vie nous tombe dessus, parfois on ouvre les yeux. D’autres fois encore d’autres les ouvrent pour nous.
    Donc, Crack.
    L’histoire d’un petit blanc qui, pour réaliser un documentaire tente de pénétrer le milieu du crack dans le nord de Paris, de La Chapelle à St Denis en passant par la Goutte d’Or. Les squatts. La prostitution. Les associations. Les bastons. Le territoire. Les protections. Et des journées entières consacrées à la recherche de la galette. Rapidement l’idée du film s’éloigne mais Jordis se rapproche de son sujet et il continue, il y retourne, il interroge les gars pour tenter de percer un mystère – celui de l’homme face à sa drogue, celui des hommes totalement barrés organisant un squatt le long des voies ferrées.
    Bref.
    Le genre de sujet sur lequel on n’a pas envie de faire des phrases, en fait.Ou alors juste une, pour dire qu’au final voilà un vrai bon livre. Du genre qui fait regarder la vie un peu autrement ensuite. Du genre qu’on conseille, évidemment.
    Salut.

  • Pauvres points

    Chez Colombe Schneck ce matin, trois Messieurs-importants-de-la-télé. Pas des maquillés qu’on voit dans le poste, non – de ceux qui tirent les ficelles. Ils venaient vendre présenter leur nouvelle grille-de-rentrée.
    Il y a longtemps que le langage de la communication menace de se détacher complètement du monde réel, mais ce matin, c’était criant. Une digue a lâché.
    Ces types-là ne parlent plus français. Ils parlent en slides Powerpoint.

    « Dans le cadre d’une véritable politique de… »
    Le français powerpoint, ce sont des mots normaux mais savamment vidés de leur sens par des consultants marketing.

    « Notre nouvelle grille joue la carte de la proximité avec le téléspectateur »
    Et cette cravate dans la voix. On les imagine pourtant décontractés, après tout on est entre soi, chez Colombe, mais non, les voilà vivants comme un contrôleur de gestion annonçant des réductions de coûts.

    « Nous avons l’ambition chevillée au corps »
    Le langage powerpoint se parle avec une voix parfaitement monocorde. Le seul éclair d’humanité sera pour un type de TF1 – si, si, Machin, c'est vrai, j’ai senti un frémissement dans ta voix quand tu as évoqué un "taux de pénétration en hausse sur les 15-34". Tu te seras oublié.

    « C’est pourquoi nous avons fait résolument le choix de la passion »
    En les écoutant, il me semblait qu'ils vivaient dans un même ghetto proche des Champs, et que le monde extérieur n’existait pour eux que gentiment relié par une assistante marketing avec le logo d’une société d’études par-dessus.

    « Il était donc essentiel de déformater nos fictions »
    Je me disais aussi qu’il leur fallait de sacrées soupapes, à ces types. Que ça ne devait pas être beau à voir. Je pensais à un remake d’American Psycho à Issy-les-Moulineaux.

    « C’est donc pour nous une vraie… »
    Et puis finalement non, je ne pensais plus à rien.

    (NB- impossible de podcaster l'émission pour l'instant - promis, dès que j'y parviens je mets de vraies phrases - elles sont encore pire que celles que j'ai réinventées ici)

  • Dis, papa, c'est bientôt l'été ?

    La rentrée avance, la plage s’éloigne, le sable recule.
    Chouette! Le temps est venu d’aller faire des châteaux de sable en Espagne.

    450px-Chateau_de_sable.jpg… La tragédie, tu vois, c’est un château de sable à marée montante.
    On construit, on consolide, on embellit, on s’emballe, on s’extasie. Puis la mer vient. On construit des douves, on creuse, on draine, on se défend, chaque centimètre sauvé est une victoire sur le Destin. On sait bien que la mer va tout recouvrir, et alors. Il s’agit de tenir le plus longtemps possible. Nous contre les éléments, la lutte n’a jamais été aussi exaltante.
    Et quand il ne reste plus que le haut du donjon au sec, on se retire. On prend du recul. Et on observe avec jubilation la mer achever sans pitié de détruire ce qu’on avait construit.

  • Service clientèle (bis)

    Ce qui m’amuse me désespère le plus, avec la privatisation de la Poste, c’est qu'ils n’essaient même plus de mettre en avant d’éventuels avantages pour les usagers clients que nous sommes. Quelque part, quelqu’un a dû comprendre qu’on ne nous la ferait plus.
    M'enfin, ne glosons pas trop - pour résumer l'ensemble, allons plutôt lire cette tribune, où B. Duteurtre retrouve la verve de son Service Clientèle)

    Et puis, parce que je suis un esprit libre et non faussé ouvert à la contradiction comme l’Europe à la concurrence, je lance un appel : quelqu’un ici pourrait-il nous donner un exemple de privatisation qui a bénéficié au plus grand nombre ?
    D’avance, merci.

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    PS – ... non, rien
    (ne privatisons pas ce post)