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Lettres ouvertes - Page 2

  • Chère Rachida,

    Je te rassure, je me fous pas mal des rumeurs, d'ailleurs je suis sûr que c'est même pas vrai que c'est toi qui l'a dit que Machine elle sort avec Machin, alors c'est dégueu que les copains de Nico ils disent que c'est toi.
    Tu verrais, Porte de Cignancourt, j'en ai vu se taper pour moins que ça.

    Je m'étais quand même pas mal amusé, la semaine dernière, d'apprendre qu'on te sucrait la voiture de fonction et les chauffeurs que Brice te prêtait.

    Et puis surtout, je me suis posé une question toute bête : qu'est-ce que tu foutais avec une voiture de fonction ??

    Mais sinon, continue, hein. Et tiens bon. La France et l'Europe ont trop besoin de toi.

  • Cher internaute anonyme (7.2)

    L'automne, donc. Et avec lui la nostalgie qui s'est abattue sur toi comme une feuille morte sur une crotte de caniche.
    Tu cherchais dans ma mémoire tes souvenirs perdus ("image alors les tarlouzes on bronze", hum), tu regrettais déjà ce que tu n'avais pas fait ("et puis finalement pas" (je connais)) tu voulais que je te décrive un jour d'été pour revivre un peu des beaux jours. Et puis, comme évidemment ils ne revenaient pas, tu es devenu triste et tu t'es mis à chercher un blog avec des seins qui pende (tu as trouvé ?). Tu es redevenu sérieux, aussi. Tu as cherché des auteurs (Carrère, Jan, Minard, Springsteen, Murakami), tu t'es interrogé sur le rôle de l'écrivain (je t'avais dit, pourtant, que la question n'avait pas vraiment d'intérêt, non ?)...

    ... Et puis novembre est arrivé, et j'ai bien vu que tu commençais à déprimer. Tout a commencé, je crois, quand tu as compris qu'Elise Chassaing a un petit copain (tu t'en doutais, non?). Tu as voulu évacuer ta frustration en jouant les divins connards ou en te vautrant dans l'enculage de femme, alors ça a été la spirale infernale : garçon enculé, puis fils encule sa mère... Rien n'allait plus. Tu restais enfermé à Paris, et quand tu me parlais de ta vie tu lapsussais - "phrase pour une dédicasse" était pas mal, mais "je descends odon" restera dans mon bestophe.

    Heureusement, en décembre tu as retrouvé goût à la vie. Fini le cul triste, de nouveau tu voulais le frisson après l'amour - le vrai. Une jupe fendue, une soirée jeune à Stockholm et c'était reparti pour l'agitation permanente (10 fois??), à vouloir tout et tout de suite (tiens.com, j'aime bien ; mieux que deux "tue laura", assurément). La semaine dernière, tu repensais à tomber amoureux et à partir en balade au bout du monde, tu prenais de l'avance en cherchant des cartes de vœux (ici??).

    Toi aussi peut-être tu sens que 2010 sera une belle année.
    Allons-y ensemble, tiens. Tu me raconteras ta vie, j'écrirai celle des autres. Elle finira bien par craquer.

  • Cher internaute anonyme (7.1)

    Je sais, tu es en vacances, là, ce n'est pas vraiment le moment de t'écrire une carte - encore moins le moment d'être sérieux, mais enfin. Il faut que je te parle de toi.
    Tu me diras que ça fait longtemps. Tu as raison. Réparons cela, veux-tu ?

    D'abord il y a eu l'été. Avoue que là, tu n'avais pas vraiment besoin de moi. Tu avais le désir frivole, tu tapais gaiement sur ton iphone les mots-clés de saison : jupe fendue, hymne à la joie, tes mains d'amour... Tu me demandais comment écrire une carte postale (mention spéciale pour le magnifique "carte postale j'aime ton petit cul"), tu me confiais que tu avais rêvé cette nuit, tu attendais une invitation au voyage - au bout du monde par exemple (sept fois, quand même), en Asie (homme Japon classe ou belle indochinoise, au choix) ou en Europe de l'Est (la femme slave t'attire beaucoup).
    Je voyais bien, pourtant, que dans ta petite tête ça cogitait. Quand on passe un été vraiment torride, on ne tapote pas "étymologie niquer" sur Gougle. J'ai vite compris la raison de ce trouble. Evidemment. Ce que tu voulais, au fond, c'était tomber amoureux. Je t'avais prévenu que ce n'était pas vraiment à moi qu'il fallait demander, mais tu avais besoin de conseils : fallait-il lui offrir un bouquet d'églantine ou plutôt lui faire le coup de la panne ? Se vautrer dans la chair à canons (sous vos applaudissements) ou séduire une mignonnette à manipuler avec précaution ? Elise Chassaing ou Max Monnehay ? Tu aurais aimé aussi que je te donne un "exemple de lettre pour un amoureux". Franchement, il valait mieux que te laisse faire tout seul. Quitte à ce que tu choisisses finalement le cou de la panne (laisse-moi deviner... elle t'a fait le coup du lapin ?).

    En septembre, tu as continué sur ta lancée. Sauf que tu voyageais moins loin. Libertin.ch, déjà, ça rapprochait mais ça restait exotique (tu me raconteras?). "Quartiers pauvres de Londres" faisait moins rêver. Puis tu as cherché Poupette Courbevoie, et j'ai su que c'était la rentrée. D'ailleurs, le lendemain tu me demandais c'est quoi la mondanité. L'automne pouvait arriver.
    D'ailleurs il est venu.
    Mais je préfère ne pas y penser, je te raconterai demain.


    (PS - quand tu cherches quelque chose dans ton petit moteur, pas la peine de taper le nom du moteur. surtout si c'est pour faire une faute. quand tu tapes "gougle poème d'amour", par exemple, je sais que tu es mal barré. un peu comme quand tu me demandes "que veut dire au pied de la lettre". je sens que ça s'est fini en pied de nez.)

  • Cher internaute anonyme (6)

    On ne s'est pas trop vus, toi et moi, ces temps-ci. D'abord, c'est vrai, je n'étais pas très attentif (attends encore un peu, j'arrive). Mais il n'y a pas que ça : il me semble bien que hautetfort a décidé de te cacher ceux de ses utilisateurs qui ne s'acquittent pas du forfait mensuel spécial photos-sans-limite et vidéos à la con.
    Aussi je salue ta ténacité. Quand tu viens me voir, c'est vraiment que tu le veux.

    ... Et que veux-tu donc, au juste ?
    Tu veux faire des rencontres, je crois. Haenel, Naglaa, Fillon (7 fois!), Josyane Savigneau, Christophe Barbier, Erwann Desplanques, Darien, "un hongrois" (j'aime beaucoup), Jaenada, les amis de Thomas Hugues (oui oui), Ariane Massenet (ah) et même la compagne de Jean-Luc Lemoine... Manifestement tu veux élargir tes horizons.
    Je n'oublie pas Elise, bien sûr. Tu voudrais savoir quelle musique elle écoute, si elle est narcissique ou si elle t'offrirait son décolleté. Mais tu sens bien, toi aussi, qu'elle traverse des moments difficiles. Elise Chassaing triste est revenu trois fois, et hier, Elise Chassaing tombe... Je te trouve dur, quand même. M'enfin.

    Je me suis demandé ce que tu attendais de ces recontres.
    A première vue, c'est clair : tu veux du cul. Baiser normalement, par exemple (palme d'or). Mais aussi Flore masturbe, Sein qui tombe (un seul), Très jolie jeune fille tout juste déflorée (c'est joli), Fond écran seins (ça l'est moins), Blog petits seins teens, Garçon encule vieille femme... bon, je te passe le reste, c'est laid et même pas drôle.
    Ah, si : Nique ta mère en argot, j'ai ri.

    Mais allons ensemble au-delà des apparences... Du cul, vraiment ? Pas si sûr. Tu as bien conscience qu'en amour, le meilleur moment, etc. Parfois, tu cherches juste une femme sans rien préciser - tu es mignon quand tu fais ton timide. Une petite brune, de préférence. Mais franchement : quand tu tapes onze fois Histoire de l'amour, avoue-le, c'est que tu cherches simplement une histoire d'amour, une vraie, une belle. Tu lui enverrais des cartes postales free, tu lui écrirais une annonce de sain-valentin (sic) tu lui offrirais un livre avec une belle dédicace (et même plusieurs, dont un superbe exemplaire des dicaces), tu serais même prêt à mettre une cravate arc-en-ciel. Ah! Internaute anonyme, comme il est bon de te voir prêt pour la passion...
    C'est sûr, l'été sera romantique.


    PS - je n'en rajouterai pas, hein, mais fais un effort sur l'orthographe. Je sais que les histoires d'amour se terminent mal, en général, mais Poeme te un connard, ça ne résoudra rien...

    PSS - Quand tu tapes Standard dans ton petit Gougle, tu tombes vraiment ici ? Plus de cent fois ?? Signale-toi, la prochaine fois. Salut.


    Oh, et en bonus :
    - « les autrichiens sont » : j'aime beaucoup
    - « une crampe et une idée » : tu as raison, dans ce sens-là c'est mieux.

     

  • Cher Christophe B. (suite et fin)

    Comme vous avez dû vous amuser, hier !
    Je vous imagine, sautillant de plateau en plateau pour commenter le couronnement du nouvel Empereur, décortiquant avec votre sagacité habituelle les défis qui attendent Obama. Je frémis à l’idée des petits bonds en avant qu’a dû faire le schmilblick à chacune de vos prises de parole – quel dommage d’avoir manqué ça.
    Tenez, si j’étais ce grand iconoclaste de Thomas Hugues (cet admirateur de contre-pouvoirs qui chaque semaine nous rappelle à quel point c’était bien, Arrêt-sur-Images), je vous inviterais pour un débat passionnant sur le thème "Christophe Barbier en fait-il trop?".

    (Oh ben mince alors, on me dit que ça a été fait samedi. Le monde de la télé est décidément bien fait, dites-moi)

    s_a6f9f195a37f446bb68af61cfcbaafd1.jpgBon, allez, promis, je vous lâche la grappe, maintenant.
    J’aurais juste un petit conseil à vous donner.
    Plutôt que de faire semblant de contre-pouvoir quoi que ce soit dans L’Express, allez donc lire Standard, il est sorti.

    Comme à chaque fois, vous l’ouvrirez avec précaution, en vous disant que de tous ces noms sur la couverture, décidément, vous n’en connaissez pas beaucoup. Et puis à la fin, vous vous direz que vous êtes bien content d’avoir passé un moment avec ces gens-là, parce qu’ils vous auront presque tous appris quelque chose. Un peu l’inverse de L’Express, au fond.
    Pardon ? Ah ! oui. De quoi il cause, ce Standard ? De plein de choses, comme toujours. Vous pourrez sauter les articles que j’ai écrits (franchement pas mes préférés), mais vous irez voir les interviews de Romain Gavras, de Norman Spinrad et de Mathias Enard, de Maiwenn, de Moebius – et même de Ghislaine Ottenheimer, tiens (vous pourrez dire à votre copain Thomas H. que ça peut être intéressant, d’interroger des gens-des-médias, quand on leur pose des vraies questions). Vous irez aussi passer quatre pages avec les skins dans les années 80. Bref - tout plein de choses. Vous verrez, Standard, ça rend curieux. Et c’est bon.

    Allez, cette fois, vraiment, bon vent.

  • Cher Christophe Barbier (2),

    1165863784034.jpgAinsi donc, pendant quelques mois j’ai lu L’Express. Vous vous souvenez ? Vous m’aviez écrit pour me vanter "l'hebdo qui a inventé cette forme de journalisme engagé incarnant le contre-pouvoir dont notre société a plus que jamais besoin". (rires)

    Alors permettez-moi quelques petites observations.
    D’abord quelques félicitations. Dans les derniers numéros, il y avait quelques bons articles. Si, si. Comme quoi, quand vous envoyez vos journalistes au Congo ou en Islande, ils sont quand même plus passionnants que quand ils restent dans la garde-robe de Rachida Dati. M’enfin.

    "Un contre-pouvoir", donc. Naïvement, j’avais pensé qu’à l’ère du tout-médiatique, le contre-pouvoir, c’était savoir regarder ailleurs que là où souffle le vent, aller enquêter là où justement les pouvoirs en place ne veulent pas trop qu’on aille fouiner. Mais ouh là ! Pas de ça dans L’Express, hein.
    J’ai fini par comprendre votre définition : être un contre-pouvoir, c’est tenir son journal tout contre le pouvoir, une rédaction grisée de toucher de près le tout petit monde qui fait la pluie et le temps gris à Paris.
    Parce que franchement, combien de pages passées à commenter les discours et les postures, à décortiquer les stratégies de communication des uns et des autres, à blablater sur du sondage ! Le plus bel exemple : cette double-page sur "Les secrets de la marque Sarkozy", par votre compère de plateaux-TV Pierre Giacometti. Je ne sais pas si vos appelez ça un sujet de fond, mais ce jour-là, c’est sûr, vous l’avez touché.

    En vous lisant, finalement, j’ai pensé à ce proverbe : "Quand le savant montre la lune, l’imbécile regarde le doigt". Eh bien, dans vos pages France, vous passez votre temps à commenter la forme du doigt. Voilà.
    C’est dommage.

    Allez, bon vent.

    PS – dois-je vous rappeler que je n’ai jamais reçu cette « radio au son très qualitatif » que vous m’aviez promise et dont j’attendais tant ? Du coup, je ne pourrai pas vous écouter nous donner une leçon de contre-pouvoir dans un de ces bals des chroniqueurs que vous aimez tant. Avouez que c’est frustrant.

    PSS – je retiendrai aussi que votre magazine a parlé de "vraies valeurs", un jour ; c’était pour un supplément Spécial montres de luxe.

  • Cher internaute anonyme (5),

    C’est vrai, je l’avoue, je t’ai largement délaissé en 2008. C’est que j’avais déconnecté tous les outils de stats qui me reliaient à toi, tenant les chiffres à distance pour (essayer de) mieux me concentrer sur les lettres.
    Mais passons l’éponge. Dans un moment de bonne grosse glande élan de curiosité rétrospective, je suis allé prendre de tes nouvelles récemment. Et je dois avouer que si tu n’as pas énormément changé, tu m’as quand même surpris.

    La première chose qui me frappe, c’est que tu tapes mon nom sur ton petit clavier. Pas seulement le nom du blog, je veux dire – il semblerait que par une étrange magie algorithmique, Goooogle t’envoie ici quand tu lui donnes mon vrai nom...
    M’enfin. Ce qui m’étonne surtout, en vérité, c’est la fréquence avec laquelle tu m’as appelé tandis que je t’oubliais. Plus de 1000 fois – non mais, tu te rends compte ? Si je ne m’en foutais pas, il y aurait de quoi prendre peur. Enfin, la prochaine fois, laisse un mot quand même, hein.

    Heureusement, il n’y a pas que moi que tu cherches. Le quarté de tête de tes requêtes a de la gueule, d’ailleurs – je te le fais dans l’ordre :
    - Anthony Naglaa (tu as raison, je le cherche aussi)
    - Agitation permanente (certes ; mais à qui penses-tu quand tu tapes « Agitation permanente Second flore » ? c’est toi, Bianca ?)
    - Elise Chassaing (je vous embrasse, Elise)
    - Taddei (je me demande combien de pages tu as dû faire avant de tomber ici, tiens)
    Tiens, au fait : hier tu as tapé « blog sympa » et tu es tombé ici. Enchanté.

    Et puis tu me parles de toi, aussi – de tes espoirs, de tes craintes, de tes envies. Et dire que je n’écoutais pas ! Mais rattrapons-nous…
    Tes envies, d’abord. Tu cherches du Stupre, ça j’ai compris. Et je comprends. Mais pour le reste, franchement, tu progresses peu. Entre deux décolleté d’Ariane Massenet, tu cherches une Slave à gros lolos, une Teen en jean moulant, un Branleur poissonniers et des Seins qui tombe (sic). Mouais.
    (Cela dit, un jour tu as bien cherché un Homme d’affaires au Luxembourg (est-ce pour lui que tu cherchais un Poème pour un connard ?)).

    Ce n’est guère mieux quand tu me racontes ta vie – mais au moins là tu es drôle. "Mon ami m’a surprise au lit avec un jeune homme", là je comprends. Ou même "Elle me masturbe dans le métro". Mais entre nous, pourquoi viens-tu me raconter ça ?

    Je te préfère largement quand tu me confies tes désirs profonds. De la beauté, par exemple. Ou une muse (pas facile, hein? on en recausera) Quand tu m’avoues Je veux qu’il fasse le premier pas, là vraiment je suis à l’écoute. Et je t’aime, tu sais, quand tu cherches L'istoir de lamour ou, surtout, une Histoire d’amour en format pdf(si j'étais tombé dessus le jour j, promis, je t'aurais embrassé)

    Parfois, quand même, je me demande si tu n’attends pas un peu trop de moi. "Déclaration d’amour texto sms", là je serai ravi de t’aider. Pour Plein de synonymes pour dire con, à la rigueur. Mais pour un Discours d’ouverture d’un concert de musique classique, là j’aurai du mal. Pour un ULM d’occase encore plus. Et pour un Fort de pirate à colorier, là, vraiment, je ne peux rien pour toi. En revanche, si tu veux écrire à Christophe Barbier, ben tu vois, c’est simple, suffit de s’y mettre. (mais tu peux aussi faire autre chose)

    Et alors ? Me demanderas-tu. Eh bien, je vais te dire. A mon avis (si, si, ne mens pas), tu es un peu paumé. Sinon, tu n’aurais pas tapé Truc N°2 plus de 30 fois en un an, hein ? Ce que tu espères vraiment, ce n’est peut-être pas cette Idée géniale que tu cherchais il y a quelques mois. Non. Je crois bien qu’au fond, la vérité est ce que tu m’avouais, presque à demi-mot, en décembre : tu aimerais bien Faire quelque chose – comme je te comprends ! Mais bien sûr ce n’est pas ici que tu vas trouver. La réponse est en toi, et tu le sais. D’ailleurs, tu me l’as dit l’autre jour : "Cherchez pas", comme requête Google, c’était joli.

    Allez, cher internaute, je te salue. J’espère que comme moi tu seras bientôt un homme 09. Je te souhaite une belle année, comme à tous ceux qui auront lu cette note jusqu’ici. Qu’elle t’offre son lot de sourires et d’exaltations, avec un petit cœur qui bat et tout ça ; que tu aies le courage de délaisser les grands axes pour prendre les contre-allées.
    Et puis allez, fais-le, ce premier pas.
    De mon côté, je te préviens, je ne vais pas plus te raconter ma vie qu’en 2008. Mais je te promets que je vais faire ce qu’il faut pour que tu entendes parler de moi.
    Allez, salut.

  • Cher Bernard-Henri (et cher Michel),

    Ce matin, un ami revenu d’un long séjour en terre persane m’appelle depuis une librairie.
    "Dis-donc, toi qui connais un peu (mes amis me surestiment), tu penses que je devrais acheter ce bouquin, là, Ennemis publics ?"
    Je pensais qu’il voulait faire un cadeau de Noël à sa grand’mère mais non, c’était pour lui.

    Alors il s’est passé une chose étrange. Un esprit sain aurait aussitôt rétorqué : Bien sûr – tu penses, deux des plus esprits les plus branchés éclairés de notre temps qui échangent des mails et nous en offrent soudain la teneur, quelle richesse, d’ailleurs quand tu l’auras fini tu pourras me le prêter pour que je voie ce qu’il y a vraiment sous les chemisanoraks en promo ?
    Eh bien, vous n’allez pas me croire, mais je n'ai pas eu le temps de lui dire ça, ma bouche était déjàç ouverte et je me suis entendu m’exclamer :
    - Oh là, non !
    Curieuse machine que le cerveau humain, hein ?

    Du coup, je crois qu’il est sorti avec Cendrillon. J’espère qu’il me la présentera.

  • Cher Bernard-Henri,

    Ainsi donc je ne vous ai pas vu dans les librairies de Dresde. En revanche c’était bien vous, hier, boulevard Saint Germain.
    C’était une belle image : il devait être 17 heures 15, le jour déclinait rapidement mais pas vous, bien sûr. Vous étiez seul, tête haute, le cœur à gauche et la démarche droite. Votre chemise était blanche, sans doute, sous votre manteau. Mais vos lunettes, elles, étaient noires.
    Derrière moi un petit garçon a dit à sa maman – Mais il doit rien voir, le Monsieur, et j’avais envie de lui répondre que si, petit, le grand philosophe ne voit pas la même chose que nous, il voit plus loin, plus profond, d’ailleurs si tu lisais un peu ses mails qu’il publie chez… Bref.

    Je me suis demandé, moi aussi. J’ai songé que peut-être il vous fallait protéger vos yeux si précieux que les décorations de Noël risquaient d’aveugler, ou qu'il vous fallait un filtre magique pour mieux voir le monde. Le garnement qui sommeille en moi a murmuré que vous aviez juste chopé la grosse tête mais je l’ai bien mouché en lui signalant que si lui aussi était un grand homme il n’aimerait se retrouver yeux nus en photo dans Closer, et que les lunettes n’étaient qu’une noble pudeur. Ce con, il a rigolé, il a dit que les lunettes teintées c’était important, pour les philosophes, ça permettait de réverbérer à l’intérieur leurs idées lumineuses.

    Un peu plus loin, j’en ai eu une autre, d’idée. Tellement simple qu’elle en a éclairé mon petit bout de trottoir. Les personnages publics, au fond, sont comme les lieux publics, je me suis dit. Il y a des heures d’ouverture, et des heures de fermeture. Les lunettes seraient comme un panneau "fermé au public", mais en un peu plus chic.
    Alors je me suis demandé si vous les enleviez souvent en dehors de chez vous, vos lunettes – hormis à la télévision bien sûr, mais c’est un peu chez vous aussi, la tv.
    En attendant je vous salue.