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Second Flore - Page 30

  • L'amour à l'hôtel

    Je sais, le thème en ce moment est un peu tendancieux (Sofitel est pris qui… etc).
    Mais hier soir, à l’Hôtel Canal, avenue de Flandre, on était loin des tribulations de l’actu©.
    Dix chambres de l’hôtel, m'avait-on dit, avaient été pour un soir "investies" par des artistes, pour réinventer l’amour, comme toujours.

    Ales%20uns%20chez%20les%20autres.jpgu quatrième, dans la première chambre ouverte, des pieds dépassaient d’un lit. Au troisième, un florilège de toutes ces phrases nues que l’on peut prononcer avant ou après. Au premier, une vidéo hypnotique nous plongeait à la fenêtre d’une chambre à New-York, à attendre un rendez-vous qui ne vient pas. Des touristes américaines nous ont tiré de notre rêverie en parlant fort – c’était de vraies clientes de l’hôtel.
    Dehors il faisait beau, dans les chambres on faisait de la place sur le lit pour d’autres visiteurs, ici deux femmes se coiffaient en chantant Woman in love, là un rouget faisait l’amour à une pieuvre, dans les couloirs il faisait un temps de Pauchon, l’ambiance détendue était propice aux sourires en passant, parfaitement raccord avec le thème. Au rez-de-chaussée, devant le micro d’une journaliste de Rue69, l’organisatrice parlait avec ferveur de l’amour céleste de Platon tandis que dans son dos montaient des cris d’orgasme.

    Voilà, c’était une belle histoire d’un soir.

    Et la découverte d’un festival : tous les 19 du mois, dans le XIXe, c’est une rencontre nouvelle. Les uns chez les autres, ça s’appelle.
    Le 19 juillet, par exemple, il y aura concours de ricochets à La Villette.
    Chouette.
     

    PS – à deux pas de là, rue de Crimée, une dizaine d’adultes concentrés, de 18 à 50 ans, préparaient leur Diplôme Initial de Langue Française. Les successeurs des personnages de B.a.-ba. D’ici quelques jours, je pourrai enfin vous en parler, de ce livre. Inch’Allah.

  • Alger, France

    Je n’ai (presque) pas fait exprès, après les Résidences de proximité, d’ouvrir La Clôture, de Jean Rolin.
    Je savais qu’il y était question du boulevard Ney, entre la Porte de St Ouen et la Porte d’Aubervilliers. Je ne savais pas encore qu’il s’agissait d’une sorte de résidence d’un an, à la lisière de la ville, en compagnie de Lito le videur de McDo, des putes albanaises et de Gérard, l’homme qui vit (si si) dans un pilier du périph.
    En ouvrant le livre, je me suis souvenu que voici quelques années j’avais caressé l’idée d’écrire un livre que j’aurais pu appeler Porte de Clignancourt. Après l’avoir refermé, je ne sais pas encore si la lecture aura ravivé le projet ou si Rolin m’en a à jamais dissuadé, tant je doute de parvenir un jour à cette distance parfaite qu’il prend avec son sujet.

    En attendant, je suis allé l’autre jour à Alger, à 200 mètres de chez moi et à deux pas de Douala, pour voir St Etienne – Lille. C’était un petit hôtel-bar. Au comptoir et sur la table du fond, des hommes jouaient quelques centimes aux cartes ou aux dés, et s’engueulaient en arabe en buvant des Heineken. De l’étage est descendu Rachid, 25 ans, maillot de l’Algérie sur les épaules. Le fils du patron, je crois. Il s’est installé à côté de moi, m’a expliqué qu’il était supporter du PSG – parce que quand tu habites une ville, tu supportes le club. Et ce n’était pas du flan : il connaissait parfaitement les tribulations du PSG depuis près de dix ans. Bayal, un des joueurs de cartes nous a rejoints. Il portait un maillot de l’OL. Dix ans j’ai habité près du Parc, disait-il, j’ai vu les supporters du PSG, je ne peux pas ! Mais alors, pourquoi Lyon ? Moi je supporte le sport, et Lyon c’était les champions. Un légitimiste. Plus le match avançait plus nous parlions fort, les joueurs de dés s’étaient mis à parler football eux aussi. Puis Mavuba a marqué, Rachid s’est réjoui pour moi, j’ai attendu avec lui le résumé du match du PSG.
    J’ai payé mes deux bières avant de partir, le patron m'a rendu 10 euros de trop, il a fallu que j'insiste pour lui signaler son erreur. Avec le sourire.
    Désolé Rachid pour la finale d’hier. Mais je retournerai rue du Roi d’Alger.

  • Résidences de proximité

    Paris en toutes lettres, ce week-end. Et quelques jolis souvenirs.

    snaprmlw00005.jpgDimanche, à la Gaîté Lyrique, tandis que Stromae fêtait la fin du festival, trois auteurs un peu fatigués racontaient leur expérience croisée de Résidence de proximité. Ah, la belle idée : plutôt que la Villa Médicis, le festival avait proposé à trois auteurs de passer une semaine dans un lieu sans poésie immédiate (une semaine dans un hôtel à La Défense, quel pied).

    Au quatrième étage de la Gaîté, une installation faisait apparaître les textes comme s’ils s’écrivaient en direct. Une réussite.
    Dans l’auditorium, Robert McLiam Wilson racontait son bar de quartier, et l’écriture de premier jet – comme montrer son caleçon pas propre. François Bon racontait comment La défense n’offre aucun endroit où il soit supportable de se poser plus d’une demie-heure, hormis peut-être le "cimetière de Neuilly", à Nanterre, où reposent les morts pauvres de la ville riche. Et Joy Sorman se penchait sur les "incidents voyageurs" de la gare du Nord, ou les contrôleurs SNCF qui se changent dans un coin entre deux trains.

    Contrairement à la veille au 104, les questions de l’animateur ne comportaient jamais le mot Littérature (à prononcer avec un grand L, toujours)(merci!), on parlait de la vie, toute simple, et des façons de l’écrire, sans chichis.
    J’ai repensé à cette phrase de Jean Hatzfeld, la veille, quand on l’interrogeait sur la différence entre l’écriture journalistique et l’écriture romanesque. "Le journaliste répond aux questions que se posent ses lecteurs ; puis arrive le romancier, avec son temps propre, et ses propres questions."

    Voilà.
    Merci à ces Rencontres de m’avoir donné envie.
    Et puis, si d’aventure l’expérience se renouvelle, je suis candidat pour une résidence. Une semaine chez Ikea, ou place Stalingrad, ça me dirait bien.
    A bon lecteur, salut !

  • Cher Bernard-Henri,

    Je coupais des endives (blanches) et des radis (noirs) quand depuis la lucarne je vous ai entendu.

    Anne-Sophie L. vous interrogeait sur l'équipe de France de foot (quelle bonne idée). Ah, Benard-Henri! Sur un sujet auquel j'imagine que vous ne connaissez rien, vous aviez une occasion unique de prendre un peu de hauteur, de ne pas vous jeter tête baissée dans la mêlée (vous avez remarqué ? la tête baissée, on voit moins bien). Mais c'était plus fort que vous, sans doute. 

    - Il me semble difficile de dire que Laurent Blanc n'est pas raciste... Ou alors je n'ai rien compris depuis une dizaine d'années.

    Je me suis précipité pour noter ici ce magnifique éclair de lucidité, de peur de l'oublier. Peut-être, dans cette fraction de seconde, avez-vous pensé à Botul et à quelques autres. Alors vous avez souri, et vous avez ajouté :
    - ... Ce qui est possible, hein.

    Ah, Bernard-Henri.
    Vous commencez à comprendre.
    Bon dimanche.

  • Chère Matinale,

    Normandie - janv 2011 - 10.jpgDepuis quelques semaines, nous ne nous réveillons plus toujours ensemble.
    C'est un peu de ma faute, je l'admets : j’étais parfois trop pressé pour écouter tes histoires. Quant à la semaine dernière, n’en parlons pas, c’est toi qui es partie pour ce ridicule voyage en Angleterre avec ta cousine France 2...

    Malgré ces anicroches, tu le sais, nous nous aimons.
    J’attendais donc beaucoup de cette semaine de retrouvailles. Ah, comme tu criais hier matin en m’annonçant la mort de Ben Laden ! "Justice et fête!", claironnais-tu. J’avoue que ça m’a semblé bizarre que tu me parles de justice en parlant de la mort d’un homme, mais tu as bien le droit de te laisser emporter de temps en temps...
    Ce matin, d’ailleurs, comme les autres, tu es revenue à plus de mesure. Après l’amour les grands doutes : l’info se construit maintenant comme un roman Harlequin. Ce n’est pas ce doute bien sûr que je te reproche. C’est le "comme les autres".

    Te rends-tu comptes de tes premiers mots, quand je me suis réveillé ?
    Je vais te rafraîchir la mémoire. Pendant 25 minutes, tu as successivement :
    - commenté les sondages du FN (certes avec talent ; et alors ?)
    - hurlé avec les loups borgnes sur l’Affaire de la fédé française de foot (comme hier ton cousin Taddei (soupir))
    - remué la merde au PS en glosant sur les rumeurs.
    Les quatre premières personnes à qui tu as donné la parole dans ton journal de 8 heures disaient "Vous n’avez que ça à foutre ?" Et toi tu étais là, ton micro tendu, et tu rigolais. T’en rends-tu seulement compte ?

    Qu’as-tu fait de ta beauté, Matinale ? Où est passé ton éclat au jour naissant ? Toi et moi, c’était différent, disais-tu. Mais aujourd’hui, franchement, peux-tu me dire ce qui te distingue de ta rivale Europe ? Je ne sais plus trop. Demain, j’irai dormir demain avec elle, pour voir entendre. Je suis même prêt à supporter ses réclames.
    Et si elles sont insupportables, j’irai voir ta grande sœur Culture.

    Repose-toi s’il le faut, et retrouvons-nous vite. Chacun de son côté d’abord, veux-tu ?

    Je t’embrasse.

  • Success stories

    Où après, promis, on ne reparlera plus de Philippe Claudel

    Le succès, donc.
    Je ne sais pas trop ce que c'est, que de soudain devenir "auteur-à-succès" (ou n'importe-quoi-à-succès), ou Philippe Claudel, mais à raison de 50 000 interviews par semaine sur le sujet dans les médias, on finit par se faire une idée.
    Donc.
    J'ai cru comprendre que ça vous prend assez souvent par surprise, le succès, et j'imagine qu'en gros, on peut choisir :
    1. d’en faire ce qu’on veut (au risque de le perdre)
    2. de confier à quelqu’un d’autre le soin de le faire fructifier (et le subir)

    J’imagine aussi que quand le succès vient, arrivent avec lui quelques types souvent très sympas qui poussent au choix n°2. Avec un carnet de chèques plutôt tentant et des paroles rassurantes – "T’inquiète, ça roule".
    Ça roule.
    L’image qui me vient, là, c’est celle du tapis roulant : dès lors que l’éditeur/producteur/whateveur, bref : dès lors que le Décideur a la main sur le calendrier (il me fait ton truc pour juin, coco, je me suis déjà engagé à livrer pour septembre), le tapis avance à son rythme, plus de retour en arrière possible, et pas de bouton d’arrête d’urgence, on ne peut descendre qu’en sautant en marche - et ne compte pas remonter dessus avant longtemps.

    Et sur ce, hop, on s’y remet, loin des dangers de la gloire.
    Pour le plaisir.
    Roulez jeunesse.

  • L'auteur qui fait son cinéma

    Ah ! On aimerait trouver les bons mots pour parler des bons livres, de Jérôme Ferrari ou de Patrick Goujon, et puis…

    … Et puis on tombe sur "L’Enquête", de Philippe Claudel.
    on_a_lu_l_enquete_de_philippe_claudel_article.jpgDe Claudel, j’avais retenu la finesse d’écriture des Ames grises – un texte lent mais qui vous enveloppait, un texte d’atmosphère qui le temps de la lecture transportait ailleurs.
    Je n’avais rien lu de lui depuis, mais l’envie de temps en temps me titillait. Entre temps, le Grantauteur s’était mis au cinéma ; les bandes annonces de ses deux films étaient désespérantes, mais après tout ce n’était pas bien grave.
    Alors quand l’autre jour je suis tombé sur L’Enquête, j’ai voulu voir. Si la magie du texte fonctionnait encore, après la gloire, après l’image. Certes, le sujet était casse-gueule (l’Entreprise, et les suicides corporate), mais pourtant j’ai ouvert le livre plutôt confiant.

    Ha !

    Les deux premières pages étaient conformes à mes souvenirs de l’auteur, puis page 3 une sorte de gag maladroit m’a mis la puce à l’oreille : visiblement l’auteur avait quelque chose à nous dire. Danger !
    Certes, il pouvait encore le dire bien. Avec style – c’est à dire avec un style qui ne se fasse pas remarquer. La finesse des Ames grises me laissait un espoir. Las ! Je vous épargne les détails, de toute façon vous n’avez pas lu L’Enquête et ne le lirez pas (ou alors, parlons-en).
    Claudel a choisi pour son sujet de jouer la carte de l’absurde, mais avec la finesse d’un éléphant. "Entre Kafka et Aldous Huxley", écrit Le Point. Ah ? Sans aller jusqu’à réveiller les classiques, il existe pourtant d’excellents exemples d’absurde contemporain – le Martin Page de Comment je suis devenu stupide ou de La difficulté d’être soi, le Benoît Duteurtre de Service clientèle et de La petite fille et la cigarette… Mais peut-être Claudel n’a-t-il pas eu le temps de les lire.
    Dans la première partie, le moindre petit élément comique est souligné par une remarque candide l’Enquêteur (tous les personnages sont ainsi nommés, avec une majuscule, pour souligner délicatement leur côté Universel), l’histoire sans cesse se commente elle-même, les ficelles ont la taille de câbles de fibre optique, quant aux métaphores…
    La narration elle-même est bâclée, comme s’il s’agissait moins de créer une atmosphère par les mots que de jeter sur le papier les intentions pour un film à venir – là on imaginerait un décor comme ça, le garde ressemblerait à ça, pour cette scène insister sur la bouche des personnages.
    Bref : Claudel fait son cinéma.

    J’admets, c'est un procès d’intention. Le cinéma n’explique peut-être pas tout, me disais-je en attaquant la deuxième partie. Mais devant ce florilège de maladresses, devant ce foutage de gueule manifeste, j’ai pensé que Claudel pouvait être victime du syndrôme Eric-Emmanuel Schmitt.

    Le syndrôme Eric-Emmanuel Schmitt, en un mot, c’est sa propre vessie que l’auteur prend pour une lanterne.
    Nous autres simples mortels avons tous connu ça : une idée qui paraît séduisante au premier abord, on pourrait illico acheter un aller simple pour l’Espagne pour aller y construire des châteaux, sauf qu’après une nuit de sommeil on se rend compte que l’Idée Géniale ne pisse pas très loin.
    Eric-Emmanuel, lui, ne s’embarrasse pas de nuits de réflexion. Quand il a une idée, il la trouve géniale, et hop! il avance. Au pire le livre ne fera que 120 pages, mais qui s’en soucie ? De toute façon pas le temps de relire, hein, l’éditeur a déjà programmé le livre et il attend le texte, de toute façon il se vendra par cartons entiers, pourquoi s’emmerder ?

    J’exagère. Evidemment.
    Si ça se trouve, Philippe Claudel a simplement voulu tenter un truc, et il n’a pas réussi. Ça aussi, on connaît tous.
    Peut-être même s’est-il rendu compte qu’il allait dans le mur (page 203, son personnage fonce littéralement dans un mur ; c’était peut-être un avertissement au lecteur). Mais Stock avait déjà promis son Claudel pour septembre, pas de marche arrière possible…

    ***

    J’avais écrit ça après la première partie du livre. La deuxième commence mieux mais s’achève dans une bouillie métaphysique que je n’ai pas pu suivre. Quant à la fameuse Enquête, ben… l’auteur s’en foutait encore plus que son personnage, apparemment.

    "Claudel donne l’impression d’avoir relu Le Procès à la lettre, d’avoir mal compris les didascalies de Beckett et faussement interprété Ionesco", écrit Assouline qui vient de me rassurer (j’ai lu sur L’Enquête des critiques positives de gens pourtant censés).

    Brisons-là. Veuillez pardonner ce mouvement d'humeur, ça va déjà mieux. La prochaine fois, promis, si je parle d’un livre, ce sera d’un bon.

  • L'épée de l'académicienne

    Ce matin vers huit heures vingt, j’ai été réveillé par une femme que je ne connaissais pas.
    Elle venait d’être élue à l’Académie Française au fauteuil de Maurice Druon, disait le journaliste de la radio nationale.
    Ha ! Mes dents étaient déjà toutes prêtes à grincer, mes oreilles à se moquer, mes yeux à se lever au ciel.
    Et puis…
    Le journaliste ne nous a pas rappelé le parcours de la dame, il lui a d’emblée posé la seule question qui vaille : à quoi sert un académicien ?
    arton16-b77d3.jpgEt contre toute attente, la dame a répondu. Bien, très bien, même. Elle avait la pensée sûre et la voix posée, on la sentait sans concession sur l'utilisation du subjonctif mais aussi sans chichis, et bizarrement elle n’a pas parlé de littérature, mais de la vie.
    Défendre la langue française ? Bien sûr, puisque c’est elle qui nous permet de penser notre pluralité et de rassembler ces gens d'origines différentes.
    Le grand enjeu ? L’enseigner, cette langue, donner envie, en commençant par apprendre à lire, notamment au CP. Intégrer par la langue, pour éviter de créer un fossé entre les gamins (tous les gamins) et la société.
    Sur la laïcité, sur l’enseignement, sur la vie de la langue, sur le français et la (le) politique, pendant dix minutes Danielle Sallenave a montré un chemin, sans effets de manche, et donné envie de la suivre, sans l’habit doré mais l’épée à la main. Parce qu’il semble parfois que la sagesse est un combat.
    Merci Madame, et bravo.
    Puisse-t-on vous inviter dans un an pour que vous nous disiez si l’Académie vous aura permis d'avancer sur ce chemin.

    PS - parmi les livres de Danielle Sallenave, je vois celui-ci : "Nous on n'aime pas lire". Ah, Madame, je sens que je vais vous envoyer "B.a.-ba". Ou mes élèves d'alphabétisation - vous voudriez bien les accueillir à l'Académie? Bien à vous.

  • Une star, une vraie

    Un vendredi à Lyon, rue St Hélène, 10h30.
    Depuis la rue de l’Université, je n’ai guère croisé que du 3e âge – c’est l’heure qui veut ça, pas la ville. Ou le hasard.
    Je tourne dans la rue Victor Hugo, sur un banc une demoiselle magnifique se protège du soleil dans les bras de son amoureux. velopub.jpgUn peu plus loin, dans l’autre sens, trois filles à vélo font de nouveau chuter la moyenne d’âge. Mais elles font la gueule et se font doubler par les ménagères en plein shopping.
    Je finis par comprendre qu’elles ne font pas du VeloV' entre copines mais du street marketing entre collègues, promenant derrière leurs gambettes dûment castées un double panneau publicitaire.
    Suchast*r, disent les lettres d’or sur fond noir.
    Au premier abord, j’ai pensé à une nouveauté des chocolats Suchard.
    Mais l’une des filles appuie sur ses pédales, me décoche un regard presque soulagé et me tend un flyer avec professionnalisme.

    Suchast*r, le site sur lequel vous êtes une st*r.

    Je me retourne : les filles ont remis les mains sur le guidon, elles promènent leur panneau mais ne distribuent aucun flyer. J’ai compris. Je souris.
    Un vendredi à Lyon, rue Victor Hugo, 10h36, je suis enfin une star.
    Salut les filles.