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Second Flore - Page 71

  • Le lien social… est-il durable ?

    (Pouvoirs de vacances, #4)

    Soyons honnêtes : si je ne l’avais pas rencontré un soir, aurais-je lu les réflexions d’un consultant en développement durable ? Sans doute pas. Il y a tant de sites, tant d’idées…
    Et vous êtes sûrement comme moi.
    Donc, prenez votre verre et trinquons : Cédric, Vous, Vous, Cédric…
    Voilà, les présentations sont faites. De quoi parlions-nous déjà ? De lien social, je crois. Un de mes sujets préférés. Ou de Meetoc, peut-être. Et justement, Cédric me racontait un truc passionnant. « Le lien sociable jetable ».
    Vas-y Cédric, dis-nous, on en parle après…

  • L’échappée belle

    (Pouvoirs de vacances, #3)

    J'ai pris une note presque au hasard parce qu’elles sont toutes belles ou drôles ou vraies ou les trois à la fois.
    En fait c’est un test : en plein mois d’août saurez-vous aller plus loin que la tente de sdf en illustration ? ;-)

    Lib est la seule que je connaisse qui puisse écrire un jour une charge éroticomique contre le vaginalement correct et le lendemain le récit des aventures d’un clown sdf tout en gardant le même ton. Juste des notes qui vous donnent envie de vivre un peu plus.
    Et hop.

  • Piccolofio

    (Pouvoirs de vacances, #2)

    "Je me suis éprise. Je me suis méprise. Je me suis reprise."

    Un jour Piccolofio a décidé d’effacer une à une toutes les notes de son blog. Un de ses lecteurs avait eu le temps d’enregistrer toutes ses notes ; il en fit un cahier, qu’il lui offrit. Mais la demoiselle, romantique, a préféré abandonner le cahier au hasard, dans le métro.
    Dommage que les éditeurs ne prennent pas le métro.

    Puis Piccolofio a repris son écriture, traqué ses fantômes et troqué les conquêtes d’un soir contre un irrésistible sourire d’amoureuse. Toujours entière – et toujours sur 20six, parce que quand le texte est aussi fort, on se fout des mises en page nases. Sauf que la semaine dernière, tous les otages de cet hébergeur fantôme ont perdu leurs notes de 2007…
    Reste cette note de décembre, par exemple. Avec un doux parfum de débuts. La suite s’écrit ici.
    Je vous embrasse, Piccolofio.

  • Pouvoirs de vacances

    Ce n’est pas forcément que je serai loin, mais d’ici au 20 août je me ferai plutôt distant. D'ici, je veux dire.
    Il n’y a pas besoin de partir loin pour faire le plein de vide, d’énergie et d'images mentales. Juste de partir. En espérant revenir avec de nouveau l’envie d’écrire ici – d’écrire tout court, surtout. 

    En attendant, je vais plutôt donner la parole aux autres. A certain(e)s qui passent parfois ici discrètement, qui font leur petit bonhomme de chemin loin des Influenceurs et autres directeurs-marketing-de-moi-même(TM), des blogs que j’ai simplement plaisir à lire.

    ... Et je ne commencerai pas aujourd’hui : je ne voudrais pas donner l’impression de faire un classement – et puis d’abord je ne sais pas vraiment ce que je vais faire, c’est juste une idée comme ça, surtout pas un concept.
    A partir de demain, donc.
    Je nous souhaite à tous un joli mois d’août !

  • Du (bon) pied

    894596246254d00ae96d3883a113bd13.jpgIl y a des réveils qui sonnent comme un ordre, des matins au radar à se presser pour une journée qui ne nous appartient pas. Ceux-là bientôt seront derrière.

    D’autres matins le soleil perce et les oiseaux si on sait les entendre couvrent les bruits de moteur.
    D’autres matins encore on se fout des oiseaux parce qu’on est réveillé par l’autre, en douceur, pour commencer la journée en pleine gloire.
    Ou alors, se réveiller avant elle, la regarder dormir et la trouver belle.

    Et puis, parfois, s’endormir seul et se réveiller plusieurs, avec en tête l’histoire du roman en cours. Ou un personnage, pour une histoire en gestation. Une machine qui s’est mise en route pendant le sommeil, l’inconscient créateur qui valide enfin les heures passées à hésiter, biffer, douter, mater, glander…
    Des matins où on n’a pas encore vraiment envie d’écrire mais où on s'en fout, parce qu’on sait que l’écriture se passe d’abord à l’intérieur.
    Ça faisait longtemps.
    Bonne journée.

  • La presse littéraire, combien de divisions ?

    17be3d759253a16184d0ef6e6bb4b65b.jpg … et alors il me dit, mais je l’avais déjà entendu, que décidément le monde était mal fait. Qu’en France vraiment. Alors qu’en Angleterre, sûrement. Bref, disait-il confortablement installé dans le moelleux d’un lieu commun, ça ne te révolte pas que les médias parlent toujours des mêmes au lieu de mettre en avant les jeunes auteurs ?
    Ben non, pas vraiment, j’ai répondu, alors il a sursauté, des points d’interrogation plein le visage en finissant sa soupe.
    - Enfin merde, tu enlèves une page spéciale copinage dans les journaux, et tu libères de la place pour trois livres comme le tien ! J’ai déjà lu trois articles sur le futur PPDA…
    Je voyais bien qu’il me soupçonnait de manque d’ambition, alors j’ai voulu en rajouter, par plaisir. Déjà nos sushis arrivaient.

    - PPDA ne me piquera aucune ligne dans un journal, j’ai répondu.
    - Ah, et pourquoi ?
    - Je sais pas. Une intuition.
    - Ben, précise, alors.

    Comme il n’allait pas lâcher, il a bien fallu que j’improvise une théorie jetable. Et plus j’improvisais, plus je sentais que je ne racontais pas que des conneries.
    D’ailleurs, après dix jours de (légère) mise à l’épreuve, la théorie tient toujours. Alors, comme pour le crédit-pages, je vous la livre brute, libre à chacun de confirmer infirmer compléter…
    Etc.

    Donc, j’énonce :
    - Les auteurs de romans (a fortiori les 727 auteurs (oui oui) de la RentréelittéraireTM) peuvent être classés en cinq divisions bien distinctes selon leur niveau de notoriété, les moyens de leur éditeur et (un peu) l’écho littéraire de leurs productions.
    - Waouh, démente ta théorie !
    - Calmons-nous. La théorie, c’est que chacune de ces cinq divisions dispose d’une "part médias" quasi fixe, de saison en saison. Donc, si un journal (ou une radio…) décide de ne pas parler de l’Amélie Nothomb nouveau, ce ne sera pas pour mieux parler de Bertrand Guillot, mais pour faire plus de place à, mettons, Yasmina Reza.
    - …
    - De sorte que je ne me retrouve pas en concurrence frontale avec PPDA (j’entends d’ici son ouf de soulagement). Que tout article qui évoquera(it) Hors jeu en septembre ne piquera de place à aucun gros, mais forcément à un illustre  méconnu de 3e division (salut à toi, brother, et désolé)

    Alors comme il ne me restait plus qu’un sashimi et que derrière nous la serveuse piaffait en souriant, il m’a demandé de détailler ces fameuses divisions.
    Et donc, en impro et en résumé, nous aurions…

    En Division 1
    - Ceux qu’on qualifie de "best sellers" avant même leur sortie : LévyMusso, Gallo… (notez que ceux-là n’ont que peu de place dans les journaux – ou alors, des espaces dûment payés par leur éditeur, quand ce ne sont pas des affiches dans toutes les gares)
    - Les incontournables, attendus à chaque livre : d’Ormesson, Modiano, Le Clezio (je brasse, exprès)… et ceux qui jouent la Ligue des Champions : Houellebecq, Beigbeder (allez dans une librairie à l’étranger, vous les trouverez toujours, à côté de Lévy. Pour d’autres, chercher longtemps).
    A noter qu’on peut accéder à la D1 sur le tard (J-P. Dubois après Une vie française, par exemple), ou commencer en D1 et redescendre en D2 (Marie Darrieussecq après Truismes). Ça reste un sport, quand même.

    En Division 2…
    Tous les auteurs un peu reconnus sans avoir atteint le stade de la notoriété. Ils ont déjà leurs supporters parmi les critiques littéraires, ceux qui n’aiment pas (par goût ou par principe), mais quoi qu’il en soit on les attend peu au tournant - allez, au hasard, parmi ceux dont on entendra parler bientôt : Adam, Volodine, Tardieu, Chevillard, Ravalec, Salvayre... Quelques papiers assurés, donc, en attendant la montée en D1 – question de chance, peut-être. D’ambition aussi, sûrement.
    Et parce qu’il faut assurer le renouvellement, débuteront en D2 les jeunes auteurs « poussés » par les grandes maisons. Ce jeune auteur Gallimard que Technikart a décidé de « suivre tout au long de la rentrée littéraire », par exemple – et dont le nom, étonnamment, se retrouve déjà ailleurs, cité par des gens qui ne l’ont pas lu mais font sagement ce qu’on leur demande à demi-mot – faire passer le buzz.

    En Division 3
    Les places commencent à être chères : les agendas audiovisuels sont bouclés (sauf pur les émissions de nuit ?), les colonnes des journaux sont déjà presque pleines, mais les chefs de rubrique Livres tiennent toujours à mettre en avant quelques outsiders – ou des livres que leurs journalistes auraient vraiment aimés, par exemple.
    C’est dans ces interstices que peuvent se glisser, pêle-mêle, les petits auteurs des grandes maisons et les livres défendus par les « petits » éditeurs les plus dynamiques (allez, au hasard, Le Dilettante).
    Des livres qui feront un peu parler d’eux à leur sortie, selon le talent de l’éditeur et/ou de l’attaché(e) de presse, mais des livres surtout à qui l’on demandera de se défendre tout seuls, par le bouche-à-oreilles. « Allez-y, on vous regarde », disent les journalistes littéraires en regardant ailleurs. Mais qu’un début de succès vienne à poindre, et l’embrayage se fait vite, parfois direct en D1 – voir Muriel Barbery (L’élégance du hérisson).

    En Division 4
    Encore beaucoup de productions nationales, avec des caractéristiques semblables à la D3… mais sans moyens. Les tout petits éditeurs, par exemple, qui sauf louables exceptions sont a priori ignorés des médias. Mais aussi quelques livres laissés en rade par leur éditeur – ils ont travaillé le texte en amont avec l’auteur, ils ont fixé un tirage prudent ou imprudent et puis hop ! une fois le livre sorti ils l’abandonnent – parce que l’attachée de presse est débordée, parce que d’autres manuscrits arrivent, parce que… Il y en a plein, de raisons pour qu’un livre soit ignoré. Mais parfois un éclair, et l’outsider passe entre quelques mains qui se font bouche, des oreilles entendent et se font yeux, et le cercle s’emballe… (et un mars, un)

    Division 5
    Comme au foot, n’oublions pas les divisions régionales. Contrairement au foot, il est très rare qu’un petit club crée la surprise et batte une grosse écurie professionnelle. Mais ça arrive. Et puis, je connais un peu, les livres régionaux ; je peux vous dire qu’il est des fanfarons parisiens de D3 qui aimeraient bien atteindre ce niveau de ventes.

    ... (petit blanc de digestion) 

    - Super. Limite grandiose. Et ça sert à quoi ?
    (terrible, d’avoir des amis utilitaristes. Mais ça peut servir.)
    - A rien, comme toutes les théories. Ou plutôt si, tiens : à mettre des mots inoffensifs sur des angoisses naissantes.
    - Ah bon, t’angoisses pour la sortie de ton bouquin, toi ? J’ai pas l’impr…
    - Ben non, vu qu’à la place j’invente des théories. C’est meilleur que la soupe aux vermicelles, et ça évite de se faire des trous à l’estomac.
    - Pas con.

    Sur ce la serveuse est reparue pour servir le thé. Il m’a demandé comment je faisais pour valider mes théories. J’ai répondu que je les laissais quelques semaines à l’air libre, histoire que des gens s’en emparent ou les démontent. Il a acquiescé – mais faudrait demander à des spécialistes, il a ajouté. Des experts indépendants. Des mousquetaires de la critique libérée, par exemple, aux avis éclairés parce que dans l'ombre.
    Et puis on a demandé du saké, parce que le truc, avec les théories, c’est que ça donne soif.
    A la vôtre.

  • Sur la plage, un pavé

    c18c0ffea0178c089983d3a3503d8050.jpgRobert McLiam Wilson a 26 ans et un roman (Ripley Bogle) quand il décide, en 1990, de plonger avec un ami photographe dans les quartiers pauvres de Londres, Glascow et Belfast – "un duo d’Irlandais du Nord aux compétences discutables, avec un amateurisme indéniable".

    Les dépossédés, c’est une série de petits récits sur les découvertes et rencontres successives de l’auteur – sur la déchéance d’individus ou de quartiers entiers, sur les espoirs fous des gars de la rue, sur l’aveuglement d’un système, sur ces glissades inéluctables, des vies qu’on jugerait inactives mais dont toute l’énergie est pompée par la survie.

    Ecrit sous Thatcher, le livre est sorti cette année en France – comme si le calendrier éditorial suivait scrupuleusement les glissements politiques. Pour l’occasion, McLiam Wilson, qui n’avait rien publié depuis longtemps, a écrit une préface - alors autant le laisser parler, lui.

    "Ce petit livre a été étrangement difficile à écrire. J’y ai été poussé par le règne quasi-absolu de théories économiques absurdes qui, dans la culture britannique majoritaire, expliquaient que la pauvreté était soit inexistante, soit moralement méritée, ou encore presque agréable. Je me suis lancé dans l’aventure avec toute la confiance de la jeunesse. A grandes et puissantes enjambées j’ai foncé droit dans le mur de mon ineptie et de mon incapacité à affronter un sujet beaucoup trop vaste pour moi (…).
    Mais malgré toutes ses faiblesses, c’était peut-être une petite voix qui s’en prenait aux folies théoriques les plus évidentes de l’époque. (…)
    Au cours des années 80 et 90 dans le monde anglo-saxon, le flambeau de l’idéologie radicale a été fermemet brandi par la droite économique. La gauche a paru incapable d’élaborer une riposte efficace. Le processus était d’une simplicité désarmante. A tout un ensemble d’affirmations supposées fondamentales, la droite a posé cette question très simple et dévastatrice : « Qui dit ça ? » Il doit exister un accès universel à l’éducation gratuite et aux soins de santé. Oui, mais qui dit ça ? L’Etat doit aider financièrement les personnes sans emploi (…) Ah bon, qui dit ça ?"

    Ainsi va le concours de beauté économique organisé par les pays les plus riches à l’intention du reste du monde…

    La préface est politique, le livre est avant tout sensible.
    Forcément, à la lecture, j’ai pensé à ce livre à trois voix – une année en France.
    Amusant de noter les différences dans l’approche – pour forcer le trait : le Britannique, attaché aux faits qu’il raconte impitoyablement ; le Français qui dépasse le fait pour aller vite à l’analyse - parfois tombant à côté, mais parfois faisant résonner une cloche intérieure à la vibration différente de celles qui peut réveiller McLiam Wilson.
    Justes complémentaires, donc. Et tous les deux très bons.
    Des pavés, en quelque sorte - petits par la taille, grands par l'effet qu'ils peuvent produire quand on les jette dans la mare.

    "Mon espoir serait que ce livre reste lettre morte dans un pays comme la France, conclut la préface. Mais je crains pour l’avenir, car les vents dominants de l’actuelle politique soufflent désormais dans ce sens. et si jamais l’orage éclate, si pareille absurdité se met à parader dans la vue publique française, je compte sur la présence de quelques individus cachés dans la foule, des dissidents au sens le plus élémentaire du terme, pour montrer simplement et obstinément que le Roi est nu." (février 2007)

    On vient de dire à mon petit doigt que McLiam Wilson vivrait désormais à Paris (fiabilité : 10%, ne rêvons pas), et qu’il publierait prochainement ici deux romans.
    Deux raisons au moins de crier Youpi, donc. Si vous passez par ici, Robert, il y aura des pintes à partager. En toute humilité, on foutra les rois à poil.