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Second Flore - Page 74

  • Une bonne cuite au G8

    "Mon député" Pascal F. pourra toujours se consoler dimanche soir en buvant un coup de rosé (ou plusieurs) avec sa colistière dans un gobelet en plastique pour fêter son score (allez je prends les paris : 0,17% des voix, ça me semble raisonnable).

    Il n'aura qu'à regarder ces images, gentiment diffusées par la télé belge : le démarrage de la première conférence de presse de Sarkozy au G8.

    Vous noterez la force du son - dans l'imagerie officielle de nos politiques telle qu'on la trouve sur nos écrans de téléachat, on n'entend jamais leur respiration...
    A part ça, les images se passent de commentaire. Une bonne cuite au G8, ça ne se commente pas, ça se déguste.
    Santé !

    (... et une pensée pour "Le dernier amour du Président", roman politique et alcoolisé de Kourkov - l'auteur du "Pingouin") 

  • Pascal F, mon député K par K

    5000bf50e636b4ef9a8cff9ec8fb54ea.gifAprès le phoning de mardi, j’attendais avec impatience le mailing… Je n’ai pas été déçu.
    Vingt professions de foi – vingt candidats de conviction pour sauver la planète et notre quartier avec, combattre le chômage et la dette, pour la paix dans le monde, contre le racisme… Miss France n’aurait pas dit mieux.

    J’attendais particulièrement celle de mon ami Pascal F, mon député qui veut défendre mes idées. Je me demandais comment il ferait le grand écart entre le rôle national d’un député (ah, la jolie photo du candidat sur fond de Palais Bourbon !) et ses convictions d’animateur de Fête des voisins.
    La réponse vient dès la cinquième phrase : "mon objectif est de proposer des lois concrètes pour faire bouger les choses très rapidement dans votre quartier." Et juste après, le clou : "au cas par cas, une solution adaptée à chacun d’entre vous."
    Le cas par cas, nous y voilà ! La belle solution à tous les problèmes ! Je vais vite écrire à mon député Pascal F. Mais où lui écrire, vous demandez-vous ? Eh bien, c’est simple : Pascal F. propose en effet "la création d’un grand BLOG (espace d’échanges et de suggestions populaires) que l’on baptiserait blog civique." Simple, non ? Et mon député de conclure par ces mots émouvants : "Notre jeunesse, c’est la France de demain*."

    Amusant ! Toi aussi, recycle le programme des candidats à la Présidentielle et présente-toi aux Législatives pour épater tes voisins.

    Attention cela dit, tout n’est pas encore gagné pour Pascal F., car la concurrence est rude chez les candidats351889e2131991846963dfb93458aeea.jpg indépendants…
    - Lucien C, par exemple : "soyons unis dans le respect de chacun, car le respect est la base de la vie commune et le ciment de notre société, et sans le respect nous ne pouvons construire une famille car l’arrondissement doit être un miroir du bien vivre ensemble*."
    (*question : peut-on être poursuivi pour diffamation juste en citant quelqu'un ?)
    - Arezki D., surtout, qui se présente comme le candidat de la rupture (sic) "pour une France unie et nouvelle" et qui conclut (en gras) : "pour les électeurs qui aspirent à un vrai changement la candidature d’Arezki D. est la seule possible !"
    - … sans oublier Jacques D., gaulliste et républicain qui s’engage à "apporter sa contribution au relèvement de notre pays"… ou enfin la candidate UMP qui s’affiche en photo avec Lilian Thuram (je suis sûr qu’il appréciera).

    Vive la République, vive la France.

    c’est vraiment trop nul, pdf, de taper sur les belles idées comme un gros blasé.
    - oui mais j'y peux rien, ça me démange.

    A suivre dimanche, bien sûr...

     

  • Phoning participatif

    632d0460f0c8df6966af926b0256e34b.jpgElle a appelé à l’heure des téléchieurs.
    - Bonjour, je suis bien au domicile de Monsieur… ?
    Normalement j’aurais déjà raccroché, mais quelque chose dans la voix détonnait.
    - Je vous appelle de la part de Pascal F., votre candidat qui défend vos idées dans l'arrondissement…
    - Mes idées ? Génial ! Lesquelles ?
    Légère hésitation due à l’interruption, je sens mon interlocutrice qui saute une ligne sur son papier, une respiration puis le disque reprend, version 78 tours.
    - Eh bien, c’est justement l’objet de mon appel. Pascal F. habite l’arrondissement depuis très longtemps et il connaît très bien les quest…
    Pour que je redevienne humaine, tapez sur 74#33.

    Elle a le professionnalisme d’une militante associative et le charisme d’une télévendeuse ; c’est dommage, il aurait fallu juste l’inverse pour que la discussion soit amusante. Alors je tente la colle, à tout hasard.
    - Mais au fait, quelle est votre étiquette ?
    - Heu… vous voulez dire, la hausse des prix ?
    - Le parti…
    - Eh bien, il n’y a pas de parti. Pascal F. est un citoyen comme vous qui… (je vous fais grâce de l’argumentaire, dénué d’arguments) … C’est pourquoi, Monsieur, je me permets de vous demander quels sont les problèmes qui vous semblent importants, dans l’arrondissement ?

    Là, c’est à mon tour d’être collé. Scotché, plutôt. Je croyais qu’on voulait me vendre un sous-produit, arrive un sondage. Monsieur le candidat vient me demander ce que j’ai envie d’entendre. C’est beau, la démocratie participative, mais à une semaine de l’élection, c’est surtout prendre les gens pour des cons. J’esquive.
    - Je viens d’arriver, vous savez ?
    - Mais il y a bien…
    - Bon, je vais vous dire. Le gros problème, ici, c’est qu’il y a vingt candidats, et que du coup, on s’en fout.

    Je me replace en défense, prêt à parer une longue tirade sur la démocratie ouverte et le droit de chacun de bla bla, elle doit bien avoir ça à la page 4 de son conducteur, la pauvre femme… Mais non, elle reprend sa voix de machine chevrotante.
    - Eh bien, merci Monsieur d’avoir répondu à nos questions.
    Et boum, elle raccroche, en route vers un nouvel électeur à convaincre.

    C’est aussi cela la démocratie participative.

    On rigole, on rigole... Mais pendant 5 ans, vous verrez, on va en bouffer comme jamais, du sondage et du pseudo-participatif. A échelle industrielle.
    Allez, au débotté, je vous propose une stratégie en 4 temps :
    1. Je matraque un sujet X, parce qu’il m'arrange ou qu’il arrange mes amis
    2. Je fais un sondage, gentiment relayé par TF1 et Metro (et les autres). Et là, surprise : le sujet X arrive en tête des préoccupations.
    3. Je sors de mon chapeau mon projet de loi sur le sujet
    4. « Selon un nouveau sondage OpinionWay, les Français trouvent que le gouvernement s’attaque vraiment aux problèmes. » (et maintenant, la page Régions...)

    Combien de temps vont-ils allons-nous tenir comme ça ?
    A suivre…

  • De noir et de rose(s)

    615d1da95e614fd3854d71f7a9bdca78.jpg… et après quelques semaines enfermées dans mon for intérieur, je suis enfin sorti voir la vie, un peu au hasard.

    La première étincelle jaillit sous terre, assise face à moi, à quelques mètres.
    Une robe d’été légère mais son visage s’accorde mieux avec ce blouson en cuir noir qu’elle porte clouté, sans doute en toute saison. Sur le revers, un pin’s rond, tout rose, avec une inscription majuscule. Une militante d’un nouveau genre ? Je fronce les sourcils, je regarde mieux, je lis : "Au régime".
    En vain j’essaie d’imaginer ce qui peut se passer dans la tête d’une punkette coquette au moment où elle décide d’arborer ce pin’s… Je n’en saurai pas plus, le Palais Royal approche et j’y ai rendez-vous avec elle qui fut Elle.

    Ensuite c’est le soleil, un banc, des roses, des mains, et sous les mains des yeux qui se ferment pour entendre commencer l’été dans toutes les langues.
    Quand je rouvre les yeux, ils sont prêts à voir le monde autrement. Et le monde est complice : voici qu’au loin je repère un homme en habit noir. Parapluie dans une main, éventail dans l’autre, il avance très lentement dans les allées du jardin. Le temps de le détailler et ils sont déjà une dizaine à ses côtés, aussi noirs, aussi lents. Ils poussent la porte de notre square. Silencieusement une femme s’approche. A un mètre de moi elle lève lentement un long tube noir, qu’elle place près de mon oreille. Un court silence nous place hors du temps, puis un souffle, puis une voix, douce.
    Mignonne, allons voir si la rose...

    Dans le petit square le temps s’est arrêté. Un jeune ado à casquette s’approche des costumes noirs mais ils restent muets – qu’est-ce qu’ils font ? demande-t-il à tout le monde. Quand je lui dis, en souriant, il ne me croit pas.
    Les poètes s’en vont maintenant sans un mot, lentement, consciencieusement absurdes ils savent qu’ils viennent de remettre de la vie dans le square. A une vieille dame toute fraîche sur le banc voisin ils ont laissé une carte. Je me renseigne.

    Les souffleurs – commandos poétiques.

    Alors elle qui fut Elle me raconte un jeu de piste, celui qu’un soupirant a inventé pour obtenir ses faveurs. Dans l’histoire il y a des messages codés, des fleurs, des chansons, des complices…
    Au début j’ai cru que c’était toi, dit-elle, et je prends conscience qu’il y a bien longtemps que. Mais je ris, surtout, parce que j’ai senti à l’intérieur la machine se remettre en marche.
    Il est temps de saluer la petite dame toute fraîche et de profiter d'aujourd'hui en parlant de demain.

    Laisser le monde dominer encore une semaine, puis redevenir romanesque.
    L’été ne fait que commencer

  • Bien au chaud sous la couverture

    38e165b15fa3cd63722dab868f0802f5.jpg« Hors jeu » sortira donc le 24 août.

    De toute façon vous serez déçu de la couverture, m’avait assuré l’éditeur avec le sourire de celui qui en a vu d’autres (des couvertures, mais surtout des auteurs).
    En fait, non. Le rouge me plaît bien, le graphisme aussi, avec la reprise de ce « O » qui vient habilement casser le nom de l’auteur.

    Pour les impatients, le Dilettante a également mis en ligne en pdf les trois premiers chapitres du roman.
    J’ai une certaine tendresse pour le premier, écrit d’un jet voici 4 ans (et souvent réécrit depuis), et pour cette matinée où j’ai senti que quelque chose était en train de naître - une pulsion où je puiser ais l’énergie pour des moments plus difficiles... les chapitres 2 et 3, par exemple. Car s’il est une certitude, sur ce livre, c’est qu’il ne respecte pas les codes du premier roman : la fin est bien meilleure que le début.

    Dans quelques jours le livre partira à l’imprimerie, j’irai peut-être le voir naître, et ensuite…

    … Et ensuite, pour tout vous avouer, je n’en sais rien.
    Dans le vaste monde, j'apprendrai sur le tas, je jouerai le jeu de la rentrée comme un petit bleu enthousiaste – si des gens veulent bien jouer avec moi, bien sûr, parce que je ne suis pas le seul petit nouveau, dans l’école.
    Et ici ? Je vous parlerai un peu du livre, parce que quand même ça fait plaisir. Mais je le ferai sans doute au gré de mes humeurs plus que d’une hypothétique "actualité", peut-être tranquillement planqué dans les commentaires où il fait bon trinquer.
    Je n’ai pas ouvert ce blog comme un espace promotionnel, je ne voudrais surtout pas déroger à cette règle. Je n’ai pas mis un Stop pub sur ma boîte aux lettres pour finir par écrire en gras « achetez mon livre ». Il y a des endroits pour ça !

    Plus que quelques mois, donc.
    Mon petit doigt et mes deux pouces me disent qu’il risque d’être très long et très court, le temps avant le mois d’août… Nous verrons bien. L’important, c’est qu’il fasse beau, non ?

  • Libération par la face Cool

    Toutes les périodes importantes de nos vies s’incarnent dans un souvenir emblématique.
    Pour certains, c’est une photo qui vieillit dans un album ou sur une commode. Souvent, c’est une anecdote qu’on réinvente jusqu’à ce qu’elle devienne mythe. Il y a aussi les chansons, les livres et les films, que nos yeux et nos oreilles redécouvrent à chaque fois.
    Enfin, il y a les tableaux. Ceux qu’on a sous les yeux chaque jour et qui vieillissent avec nous.

    L’important dans une œuvre d’art, plus encore que dans un livre, c’est ce qu’on met dedans. Quant à savoir ce qui fait le coup de cœur… Autant ne même pas chercher à expliquer.

    Fin 2006, après le Dilettante et juste avant d’arrêter de travailler, j’ai voulu choisir mon souvenir.
    Il s’appelait "Cool", et il était signé Virginie Talavera.

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    J’ai découvert le blog de Virginie Talavera il y a presque deux ans (déjà!) alors qu’elle venait de larguer les amarres pour se lancer dans une carrière purement artistique.
    Elle y exposait ses premières ébauches, sa vision de la féminité, des dessins (j’espère avoir l’occasion de vous en reparler bientôt) et de loin en loin je prenais plaisir à suivre sa démarche – celle d’une libération personnelle, l’abandon progressif des autocensures pour accéder à une expression profonde.
    Le talent était évident, la volonté était farouche. Depuis longtemps je me disais que quand je serais prêt, je lui achèterais une toile.

    Quand elle a mis en vente son Cool, j’ai su que le moment était venu.  
    f41d568c52ff4225b27475c0f80f8e65.jpgMais je n’étais pas le seul, évidemment. Et juste au moment où j’allais me lancer dans les enchères, l’artiste souveraine a décidé de découper son tableau. Du Cool naissaient six « Pieces of Peace ». J’aurais bien acheté les six, mais finalement j’aime bien l’idée, assez romanesque, que quelque part dans le monde des inconnus possèdent un autre bout de ce tableau, et que l’artiste est la seule à savoir.
    Alors des deux têtes j’ai fait un diptyque.

    Depuis quelques jours, voilà enfin la toile encadrée, et accrochée. Mais l’histoire n’est pas finie. Il reste à trouver le mur qui saura mettre le tableau en valeur – le tableau, et tout ce qui va avec : le souvenir de la belle période qui aura précédé la sortie du roman ; et la volonté d’aller plus loin.
    Virginie, merci.

  • Asthmes

    da932d754737539d0c74c2be92a6ea6e.jpgIl y a les livres qui nous racontent une histoire et nous emmènent loin du quotidien. Et il y a ceux qui nous emmènent loin à l’intérieur, là où ça résonne.
    C’est une question de voix, je crois.

    "Chaque fois cependant elle y croyait un peu plus, s’imaginant que chaque homme rendait le suivant meilleur, mais finalement aucun homme ne lui en avait vraiment rappelé un autre, et il fallait toujours tout recommencer. Elle savait qu’un jour cela lui coûterait de n’avoir pas su attendre et espérer la transformation du feu en quelque chose de plus précieux, mais elle savait aussi que le feu se fait rare. Le mépriser, c’est toujours oublier que tout est compté, implacablement et minutieusement compté. Elle poursuivait donc, attentive aux hommes de côté, toujours là, tellement présents, des ombrages prometteurs."

    Ce n’est pas une voix qui nous appelle, elle n'use d'aucun procédé pour venir nous chercher mais quand dès la première page elle fait écho on sait qu’on va la suivre, d’une traite ou par petites touches. Alors on demande au monde de se taire pour pouvoir mieux écouter.
    Dans « Asthmes », Sophie Maurer prête sa voix à dix personnages – de la petite fille battue à l’octogénaire crépusculaire en passant par l’immigré de retour au village. « Dix personnages en quête de souffle », dit la quatrième de couverture, et c’est juste. Ce qui les relie, c’est le flux d’une matinée et toujours cette voix qui fait qu’on lit lentement, en prenant le temps d’aller chercher entre les lignes – le temps d’un souvenir, d’une ré-flexion, le temps parfois de se dire que tiens, on aurait aimé savoir dire ça comme ça.

    "Il descendit et reposa le mégaphone. Il n’avait plus de voix et c’était un jour sans houle. Rien ne se passerait. C’était comme ça au bout de trop d’actions, quand la fatigue coupait les jambes et que chacun ne venait plus que pour fumer debout dans la rue et avoir de la compagnie. C’était comme ça aussi quand on n’y croyait pas, qu’à quarante près un monde peut vaciller. Depuis longtemps il avait acquis le sens de la foule et ce matin, rien n’annonçait la contagion qui parfois transforme dix en cent et fait courir un vrai risque. Les hommes autour de lui semblaient simplement las et déroutés, mais il ne leur en voulait pas. Lui-même, il lui avait fallu du temps pour comprendre que la force de l’adversaire et le nombre ne sont rien, et que seule compte la distance entre l’ordre des choses et sa contre-proposition."

    Il y aurait eu d’autres extraits (voir ici, par exemple), mais à chacun sa résonance…

    Sophie Maurer parle doucement, mais elle parle fort.

  • La modernité…

    6d4a0f20831d73b2caa22729dd2ad778.jpg... est un concept à chier.

    Depuis une semaine, nos médias courtisans s’émerveillent de la « nouvelle modernité » de la présidence Sarkozy. Hum. Je ne voudrais pas faire mon râleur à deux sous, encore moins jouer à l'antisarkozyste primaire (le meilleur allié de la droite avec Ségolène R.), mais tout de même…

    1. Sur la politique. Le "dépoussiérage (réel) de la vie républicaine n’est jamais qu’un début de rattrapage (enfin) sur ce qui se fait partout ailleurs en Europe. Faut pas pousser.

    2. Sur l’image. Il me semble qu’au temps de Versailles déjà les courtisans pouvaient voir le roi faire caca au réveil ; alors un jogging après rasage, franchement… La seule modernité, c’est que les courtisans désormais ont des caméras reliées au bon peuple par de puissants tuyaux. C'est sûr que c'est un peu neuf, une présidence à la coule, mais de là à en faire tant de papiers...

    Parce que surtout, pendant que tout le monde s'ébaubit des images officielles, il n'y a plus personne pour regarder derrière. 

    (PS - Petit message pour toi, présentateur poussif sur Rance Inter à 7h ce matin : quand tu as prononcé les mots "le président Nicolas Sarkozy" en détachant soigneusement les syllabes, tu avais un sourire narquois au lèvres (tellement moderne, le deuxième degré) ou un début d’érection ? En tout cas, tu me dois une heure de sommeil.)