Souvenirs de Salon du livre à Paris : des auteurs inconnus, attablés seuls derrière une pile de livre, la mine fatiguée et le crayon tout triste de ne signer aucune dédicace. Et l’on n’ose pas aller les voir, ces auteurs - d’abord parce qu’ils font la gueule, ensuite parce qu’au moindre échange on se sentirait obligés de l’acheter, leur livre, et que bon.
Heureusement, j’ai connu quelques jolies exceptions.
Je dis « heureusement », parce que ce week-end, ce sera mon tour d’être derrière la table, au salon du Mans. Au moins je sais à quoi m’attendre, on tentera de casser les codes et de s’amuser un peu.
Reste à savoir qui le Grand Organisateur m’attribuera comme voisins – la rentrée littéraire est un peu comme une rentrée des classes, on espère avoir avec soi quelques cancres, éviter les premiers de la classe et choper les redoublants déconneurs plutôt que les blasés. On verra bien.
L’autre grande nouveauté de ce week-end, ce sera la participation à une « table ronde » - si j’ai bien compris, une sorte d'amphi où on pourrait refaire le monde sauf qu’on préfère tourner en rond que monter sur les tables.
Comme on ne refuse pas des expériences quand elles sont joliment demandées, j’ai donc accepté de participer à une table ronde sur le sujet suivant :
Heu…
Je veux bien que "les trentenaires" soit une espèce nouvelle, un sujet d’étude – d’études marketing, surtout, parce que vous remarquerez, quand on évoque "les trentenaires" dans la presse, on ne les voit jamais que urbains, plutôt aisés et célibataires et fuyant leur peur des responsabilités dans une consommation effrénée – en résumé (tiens donc!) : la cible préférée des publicitaires.
Est-ce que cela fait une littérature ? Evidemment, non. Depuis quelques années j’en ai lu, des livres de trentenaires, et outre qu’on s’en fout un peu je serais bien en peine de dégager des points communs. Tant mieux, d’ailleurs.
Allez, un point commun, peut-être : un souffle court, parce que ce n’est pas notre génération bien sage qui inventera un nouveau monde, mais celle qui vient, là maintenant. Mais là encore, ça ne définit rien.
Bref, face à l’évidence je suis un peu en manque d’arguments. Des pirouettes, j'en ai plein, je pourrais aussi mettre les pieds dans le plat mais voilà, je suis un garçon bien élevé, on m'a toujours dit qu'il fallait bien se tenir à table.
Alors si vous voulez bien m’aider – juste d’une petite piste, m’sieurs dames, vous me permettrez peut-être d’éviter une connerie, par exemple demander à l’une des participantes (dont j’ai appris incidemment qu’elle était née en 1965) si elle écrit différemment depuis qu’elle a passé la quarantaine…
En attendant, je vais réviser ce livre – Les générations mutantes. Parce que littérature ou pas, le prochain 68, mes amis, c’est dans moins de 10 ans.
A table !