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Second Flore - Page 72

  • Libér(alis)ez-nos-camarades !

    Ainsi donc la libéralisation du 12 serait une vaste arnaque.
    Sans blague ?! La concurrence libre-et-non-faussée ne profiterait donc toujours au consommateur ? Dingue.

    Et pourtant ça ne nous empêchera pas de continuer, parce que les secrets de polichinelle sont les mieux gardés.
    Et le secret de polichinelle d’aujourd’hui, c’est le suivant : tel qu’il est professé aujourd’hui, le libéralisme économique (qui serait le stade ultime et naturel de l’évolution du monde) n’est qu’une bonne vieille idéologie, comme tant d’autres, relayée par Bruxelles avec un zèle de premier de la classe – et par nos amis consultants avec une bonne foi terrifiante.

    Une idéologie, donc.
    Ceux qui en profitent financent ceux qui nous en parlent, et hop ! la boucle est bouclée, et la ceinture avec.

    (avec des discours, comme le souligne McLiam Wilson, incroyablement faciles. Tenez : dans les mois à venir, comptez le nombre de fois où on essaiera de vous vendre un truc - une mesure gouvernementale, par exemple - avec pour seul argument que c’est « moderne »)

    Oups... Et dire qu’au départ je ne voulais pas parler politique, juste saluer le plaisir que j’ai eu à retrouver Robert McLiam Wilson (l’auteur du grand Eureka Street – pour ceux qui ne connaissent pas, voir ici) et à commencer Les Dépossédés, récit sensible de l’Angleterre thatchérienne.
    Du coup je vous en reparlerai, tiens.
    A bientôt.

  • On va tous les communiquer

    36a786c0338c9df67be8d289524cf1f6.jpgQuand on m’a donné ce livre, je ne pensais pas que je lirais. En fait, je ne m’attendais surtout pas à y trouver quoi que soit que je ne sache déjà – sur la disparition des journalistes, la merchandisation de l’information, l’illusion de l’instantané, les mensonges et les manipulations…

    Et puis finalement c’est toujours bon de (re)mettre des faits sur ce qu’on sait, de se plonger en arrière pour voir de loin ce qu’on sentait de près.
    Un signe que le livre est bon ? Ramonet l’a écrit en 1999, à l’époque du bas-débit – et il dit décrit à la perfection ce qui se passe aujourd’hui.

    J’y ai repensé hier en meublant une bonne glandouille surfant sur quelques sites d’info en continu, qui sentaient bon les dépêches d’agence, les communiqués de presse et les campagnes RP.
    A lire, par exemple, une information cruciale à 10h27 (« Machin arrête sa carrière »), et une autre à 11h34 (« En fait non, il a pas dit ça »).

    De cette glandouille d'hier je retiens cette petite question mathématique que je livre à vos esprits sagaces :  
    Une info + son démenti, ça fait combien d’infos au total ?
    0 ou 2 ?

     

  • Intime, extime, next time

    Ainsi donc le peuple demanderait de l’intime.
    On prendra cette demande avec prudence : derrière l'écran, intimité et réalité se confondent si facilement.
    Cela dit.
    Il y en a eu quelques-unes, de notes intimes, mais souvent l'intime se cache entre les lignes. Et puis il y a celle-ci, retrouvée ce week-end et dont il faudra peut-être que je me souvienne le jour où on me posera des questions pénibles - par exemple...

    Pourquoi écrivez-vous ?

    Je n’ai jamais réussi à répondre à cette question. Je n’ai jamais vraiment essayé, d’ailleurs. Il faut dire que même chez de glorieux modèles je n’ai jamais trouvé de réponse très intéressante.
    Mais ce matin m'est venu un début de réponse. En retrouvant la 5e partie qu’Elle avait annotée, voici quelques mois. Entre un accès d’enthousiasme et deux critiques impitoyablement constructives, elle avait écrit dans la marge, en plus petit, presque timidement :

    Moi zaime bien qd t’écris des histoires d’amour

    Il ne deviendra peut-être jamais rien, ce roman qui se termine. Mais au moins il restera cette page là.

    C’était en septembre 2006, le deuxième étage n’existait pas encore.
    Se souvenir qu’il y a moins d’un an rien tout était presque fini mais rien n’avait vraiment commencé.
    Et qu’aujourd’hui encore je préfère nettement la fin au début.
    (du roman, j’entends)

  • "Tu me laisses un peu de temps ?"

    Alors oui, j'aurais pu pirouetter, genre "Bien sûr. Deux minutes ?", mais allez savoir...

    Nous serions-nous embrassés, je serais rentré chez moi encore tout frissonnant du moment écoulé.
    Mais il était sans doute écrit que les choses ne se passeraient pas ainsi.
    Alors j'ai gravi puis redescendu la montagne avec le pas léger de tous les avenirs possibles.
    Ce fut une belle soirée.

  • Persépolis

    C’est étrange, mais ce qui m’a décidé à finalement aller voir ce film – plus que les critiques, plus que les récompenses, c’est cette photo (à voir en grand format) qu’avait choisie A Capella pour la réouverture de son blog. Cette force tranquille, et ce sourire.

    3793e9182525ba5f6992f767267883e6.jpg

     Je n’avais pas lu les bandes dessinées de Marjane Satrapi – au mieux j’avais feuilleté, une fois ou deux, et comme un petit nase je m’étais demandé ce qu’on pouvait bien trouver à ces dessins tout simples.

    Et là, dans la version animée, j’ai compris.
    D’abord que la sobriété du dessin n’exclut pas la beauté ni la fantaisie (au contraire).
    Mais surtout, j’ai compris que c’est la simplicité du dessin qui fait la richesse de l’ensemble.
    Ça m’a frappé d’un coup : j’ai pensé aux trésors d’imagination déployés par les studios de dessins animés modernes (ou les films à gros budget) pour rendre leurs scènes vivantes – tous ces détails qui fixent notre attention sur le détail au détriment du sens. Alors qu’il suffit d’une belle intelligence derrière le dessin pour qu’on oublie le détail et que ne reste que l’universel – donc ce qui touche.

    Et ça marche ! Les deux blaireaux de devant en ont lâché leur pop-corn.

    Le film ne dure que 90 minutes, mais il contient bien ses trois heures de cinéma.

  • Rien ne presse dans le caniveau

    c0d77e5be129e16b805dcbc0558850fe.jpg« - La France me semble mûre pour une vraie presse de caniveau.
    - Ah non !
    - Et pourquoi pas ? Il a raison, il n’y a qu’en Fr…
    - Saignant le filet, s’il vous plaît.
    - En tout cas, le meilleur moyen de savoir, c’est d’essayer.
    (...)
    A ma grande surprise, je restais indécis. J’étais sûr que ça marcherait, pourtant, et l’aventure était tentante. Mais dans mon hémisphère droit résonnait une voix inédite qui ressemblait étrangement à celle d’Emma, et qui me suggérait doucement qu’il était peut-être préférable de vivre dans un pays sans presse de chiottes. »
    (Hors jeu, p. 197)

    Donc, Springer ne sortira pas son Bild à la française. Ce n’est pas cette année encore que le pays d’Astérix, de L’Equipe et du Canard Enchaîné rentrera complètement dans le rang libéral-populaire.
    C’est une bonne nouvelle.
    Cela dit, ça ne dispense pas de poser la vraie question : si ce n’est pas un tabloïd aux capitaux étrangers, qu’est-ce qui pourrait bien réveiller les médias français et les faire sortir du gentil suivisme institutionnel dans lequel ils se complaisent gentiment ?
    La question reste ouverte.

    (PS - Vu le journal télévisé, la semaine dernière. Je me suis souvenu des journaux de la télé d'Etat égyptienne, et ces longs plans fixes sur le bureau de Moubarak recevant les visiteurs de la journée.
    L'agenda du Président et des ministres en cour du moment : l'habillage français est plus moderne, mais le fond reste le même.)

  • Crédit-pages

    d67311c10806197945c377e375c42e08.jpgIl y a les scientifiques qui pressentent des théories et passent des mois à tourner autour pour la valider, la préciser.
    Il y a tous ceux qui se foutent des théories.
    Et il y a une catégorie de branleurs un peu spéciale - les littéraires, qui tournicotent le nez en l’air autour d’une idée en attendant qu’une théorie leur tombe dessus comme une évidence.

    L’avantage des théories simples, c’est qu’elles sont souvent vraies, que c’est parfois un plaisir lorsque soudain la réalité les invalide (le petit grain de sable est plus intéressant que la machine)… et qu’on les remplace facilement.

    Je n’ai pas élaboré beaucoup de théories dans ma vie (je veux dire : des théories dont je me souvienne le lendemain), mais il en est une qui depuis dix ans ne s’est jamais démentie : celle du crédit-pages.
    C’est une théorie qui vaut pour les auteurs qu’on n’a pas encore lus – par exemple les auteurs de premieroman (vous savez, ce truc devenu un genre-en-soi, dont on s’amuse à la rentrée).

    Le principe est simple : à chaque fois que vous ouvrez un nouveau livre, sans en avoir exactement conscience, vous accordez à l’auteur un crédit de X pages pour vous intéresser à son histoire, faute de quoi vous le renverrez au fond de l’armoire de vos déceptions littéraires.

    Ce « X » est une synthèse complexe de facteurs très divers – dans le désordre : le titre du livre, l’éditeur, l’illustration de couverture, le texte de 4e de couverture, une interview entendue à la radio, une critique lue dans un journal, un écho dans un dîner, le conseil d’un ami (essentiel), la trombine de l’auteur… Et j’en oublie, bien sûr (mais vous me le direz, bien sûr ; les théories, c'est quand même mieux à plusieurs).

    Le crédit-pages dépend aussi de la personnalité du lecteur : certains n’ont aucune scrupule à abandonner un livre en plein milieu lorsqu’il s’y sentent mal installés ; d’autres sont capables de s’accrocher comme s’ils s’imposaient une épreuve (deux hypothèses : l’obsession de finir ce qu’on a commencé ; le fol espoir d’une grande révélation finale) ; j’en connais enfin qui lisent en sautant des passages entiers – même quand ils aiment le livre.

    Dernier facteur : les conditions d’achat. A moins que vos moyens ne soient illimités, le crédit-pages sera toujours plus élevé pour un livre acheté neuf que pour une occase – a fortiori un livre emprunté en bibliothèque.

    Et voilà. J’en étais là, tranquille avec ma petite théorie pas très utile, quand soudain elle m’a rattrapé avec une force que je n’avais pas imaginée.

    Car il existe une catégorie de lecteurs un peu particuliers, pour qui le crédit-pages est un élément essentiel.
    Des lecteurs qui n’achètent jamais de livres, croulant déjà sous le poids de ceux qu’ils reçoivent ; des lecteurs qui par essence mettent la barre très haut et fixent le X très bas (entre 0 et 10 pages, je dirais) ; des lecteurs qui plus que les autres (si j’ai bien compris) aiment en savoir plus sur l’auteur avant d’ouvrir son livre…

    J’allais vous en parler, de ces lecteurs, mais je suis déjà long, mon crédit-lignes s’épuise.
    J’y reviendrai, promis – ici ou de façon strictement confidentielle...

    A bientôt.

  • Souriez! Vous êtes filmés

    e017469598ebd2d4f0e56bd91377c8c2.jpg(petite note en passant...)

    Vous aurez noté, dans les reportages actuellement consacrés aux menaces d'attentat en Grande-Bretagne, la mention quasi-systématique des caméras de surveillance.
    Je vous parie qu'avant l'année prochaine nous aurons sur le sujet un magnifique "débat" sur le sujet sur nos chaînes de téléachat.

    Si Arrêt sur Images existait encore, il aurait été intéressant de décortiquer ce que ces fameuses caméras ne montreront jamais : l'alliance objective entre un pouvoir sécuritaire (en tout bien décidé à faire croire montrer qu'il agit) et une ou plusieurs entreprises flairant le gros marché. 

    J'imagine bien le deal dialogue suivant, dans les salons feutrés d'un ministère :
    MINISTRE : On va les mettre, ces caméras, mais faut préparer le public, pour l'instant ce n’est pas jouable.
    INDUSTRIEL (voix powerpoint) : L'actualité devrait bien nous aider, quand même, il y a un trend favorable.
    MINISTRE : C'est vrai, mais...
    INDUSTRIEL : T’inquiète, je mets mon agence RP sur le coup, un budget de 300 KE sur un an, ça devrait le faire.
    MINISTRE : Ca me semble honnête. on en reparle dans un an pour le marché.
    INDUSTRIEL : Tope là.

    Je dis ça je dis rien, hein, on en reparle dans un an.

    *** 

    Et parce que je me suis promis d'arrêter de de moins râler, finissons sur une note réjouissante : une journaliste américaine refusant en direct sur le plateau d'ouvrir son journal sur Paris Hilt*n, et déchirant ses notes sous le nez du rédac'chef présentateur vedette (dont je vous recommande la réaction - "you're not a journalist anymore").

    J'imagine que la vidéo a déjà bien tourné - la voici. Enjoy !

  • Cher internaute anonyme (4)

    5475caff298ab93e886f088d78e0b9cc.jpgIl se passe des choses étranges, depuis le 6 mai. Et je ne parle pas seulement du fait que le ciel n’en finit pas de pleurer nos choix hasardeux. Non, non, cher internaute anonyme, je parle de toi.

    D’abord j’ai cru que tu avais changé, que mater des photos de présentatrices télé ne t’intéressait plus. Tous ces mois à chercher le décolleté d’Ariane M*** et soudain, plus rien – bonne nouvelle ! Mais Elise ? Pendant trois mois tu es passé chez moi, limite impoli, en demandant si c’était bien à cet étage qu’on pouvait trouver Elise Chassaing. Certes, je me suis moqué de toi, je me suis gaussé parfois – mais j’avoue que je m’y étais un peu habitué, à te voir débarquer les yeux déjà écarquillés. J’étais inquiet pour toi, alors j’ai demandé à mon ami Google ce qu’il en pensait.
    Et sais-tu ce qu’il m’a répondu ?
    Rien. Mais vraiment, rien. Elise Chassaing n’habite plus à cette adresse, elle a retiré sa plaque en bas de l’immeuble et hop ! disparue. Entre nous, ce n’est pas très grave, hein. Mais tu me connais, je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer le pire – qu’elle m’avait confondu avec toi, sympathique mais bourrin anonyme, et qu’elle avait demandé à ce qu’on ne puisse plus faire le lien entre elle et moi. Terrible…

    Mais passons. Parlons plutôt de toi, cher internaute, et de tes atermoiements. Car oui, ne me mens pas, je sens bien que depuis deux mois tu es désorienté, tu te poses des questions nouvelles. Tu te demandes si tu ne devrais pas prendre le maquis (plan Fougères), t’exiler très loin (Petits hommes verts buzz) ou te vautrer dans la nostalgie chiraquienne (la coupe de cheveux de Bernadette)… Après les législatives, tu as hésité à rentrer dans le rang, tu m’as demandé Pourquoi écrire à un député et Comment niquer la droite… Je ne t’ai pas répondu, mais tu le sais bien, au fond : la réponse est en toi.

    Tout cela, c’était en mai. Depuis, je le vois bien, tu es retourné à la futilité : Combien de sourcils poussent en une semaine (tu as la réponse ?), Fond d’écran belle soirée d’été ou Fond écran gros caca (faut choisir), Cuite au G8, Bimbos et intellos ou encore Deuxième étage s’éclater.

    Tu m’as fait plaisir aussi en cherchant, souvent, les excellentes Stéphanie Rivoal (Darfour) et Sophie Maurer (Asthmes) - mais pourquoi me demander 7 fois si Sophie Maurer (est) mariée ? Et tu continues à taper plus souvent Eliminations directes que Hors jeu – allez, maintenant faut s’y faire, hein, moi-même je m’y suis fait. Mais je sais que tu t’adaptes vite…

    Et puis, bien sûr, pour finir, il y a ce difficile rapport que tu entretiens avec le sexe.
    Un jour tu clames Pas de cul sur mon écran, le lendemain tu cherches du cul à tout prix, des vulves (pas toujours paradoxales) ou un Blog de sexes gratuits (j’aime beaucoup tes pluriels). Tu me confies un jour tes élans romantiques (Deuxième amour, Brune aux yeux verts), pour finir par crier pitoyablement dans l'immensité Googlienne : J’ai envie de niquer à Paris. Pauvre type. Car tu es un homme, n’est-ce pas ? 
    Quoique. Parfois je lis en toi un espoir pour l’avenir et j’aime à croire que tu es une femme.
    La semaine dernière, par exemple, à neuf reprises (neuf!), tu as cherché un « bon coup » sur Google. Je ne sais combien de pages tu as visitées en vain avant de le trouver, ce bon coup, ce fut un long voyage sans doute mais une fois chez moi, me dit Google, tu as posé tes bagages.
    Dans mes bras, anonyme internaute ! Je sens que nous allons passer un bel été ensemble.