Il se passe des choses étranges, depuis le 6 mai. Et je ne parle pas seulement du fait que le ciel n’en finit pas de pleurer nos choix hasardeux. Non, non, cher internaute anonyme, je parle de toi.
D’abord j’ai cru que tu avais changé, que mater des photos de présentatrices télé ne t’intéressait plus. Tous ces mois à chercher le décolleté d’Ariane M*** et soudain, plus rien – bonne nouvelle ! Mais Elise ? Pendant trois mois tu es passé chez moi, limite impoli, en demandant si c’était bien à cet étage qu’on pouvait trouver Elise Chassaing. Certes, je me suis moqué de toi, je me suis gaussé parfois – mais j’avoue que je m’y étais un peu habitué, à te voir débarquer les yeux déjà écarquillés. J’étais inquiet pour toi, alors j’ai demandé à mon ami Google ce qu’il en pensait.
Et sais-tu ce qu’il m’a répondu ?
Rien. Mais vraiment, rien. Elise Chassaing n’habite plus à cette adresse, elle a retiré sa plaque en bas de l’immeuble et hop ! disparue. Entre nous, ce n’est pas très grave, hein. Mais tu me connais, je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer le pire – qu’elle m’avait confondu avec toi, sympathique mais bourrin anonyme, et qu’elle avait demandé à ce qu’on ne puisse plus faire le lien entre elle et moi. Terrible…
Mais passons. Parlons plutôt de toi, cher internaute, et de tes atermoiements. Car oui, ne me mens pas, je sens bien que depuis deux mois tu es désorienté, tu te poses des questions nouvelles. Tu te demandes si tu ne devrais pas prendre le maquis (plan Fougères), t’exiler très loin (Petits hommes verts buzz) ou te vautrer dans la nostalgie chiraquienne (la coupe de cheveux de Bernadette)… Après les législatives, tu as hésité à rentrer dans le rang, tu m’as demandé Pourquoi écrire à un député et Comment niquer la droite… Je ne t’ai pas répondu, mais tu le sais bien, au fond : la réponse est en toi.
Tout cela, c’était en mai. Depuis, je le vois bien, tu es retourné à la futilité : Combien de sourcils poussent en une semaine (tu as la réponse ?), Fond d’écran belle soirée d’été ou Fond écran gros caca (faut choisir), Cuite au G8, Bimbos et intellos ou encore Deuxième étage s’éclater.
Tu m’as fait plaisir aussi en cherchant, souvent, les excellentes Stéphanie Rivoal (Darfour) et Sophie Maurer (Asthmes) - mais pourquoi me demander 7 fois si Sophie Maurer (est) mariée ? Et tu continues à taper plus souvent Eliminations directes que Hors jeu – allez, maintenant faut s’y faire, hein, moi-même je m’y suis fait. Mais je sais que tu t’adaptes vite…
Et puis, bien sûr, pour finir, il y a ce difficile rapport que tu entretiens avec le sexe.
Un jour tu clames Pas de cul sur mon écran, le lendemain tu cherches du cul à tout prix, des vulves (pas toujours paradoxales) ou un Blog de sexes gratuits (j’aime beaucoup tes pluriels). Tu me confies un jour tes élans romantiques (Deuxième amour, Brune aux yeux verts), pour finir par crier pitoyablement dans l'immensité Googlienne : J’ai envie de niquer à Paris. Pauvre type. Car tu es un homme, n’est-ce pas ?
Quoique. Parfois je lis en toi un espoir pour l’avenir et j’aime à croire que tu es une femme.
La semaine dernière, par exemple, à neuf reprises (neuf!), tu as cherché un « bon coup » sur Google. Je ne sais combien de pages tu as visitées en vain avant de le trouver, ce bon coup, ce fut un long voyage sans doute mais une fois chez moi, me dit Google, tu as posé tes bagages.
Dans mes bras, anonyme internaute ! Je sens que nous allons passer un bel été ensemble.