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Second Flore - Page 27

  • Les grands esprits n’ont parfois raison qu’à moitié

    "L'Académie Goncourt me paraît malade :
    ça a l'air d'une maison de retraite pour vieux amis.
    La littérature s'en désintéressera."

    (Jules Renard, octobre 1907)

    Dans le Journal du vieux Renard, on trouve bien d’autres pépites, bons mots ou fulgurances.
    "Il faut écrire comme on parle, si on parle bien", par exemple.
    Ou encore cette phrase banale en apparence, mais où se cache un conseil et une vérité souvent oubliée : "Ecrire, toujours écrire! Mais la nature ne produit pas toujours. Elle donne des fleurs et des fruits dans la belle saison, puis elle se repose au moins six mois."
    Et enfin ce jugement définitif à propos d’un auteur de théâtre un peu trop habitué à la légèreté : "Je crois qu'il n'a pas une vie assez solide pour écrire des choses qui durent."

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    Allez, un mot.
    Pas certain que ma vie soit bien solide, mais la nature a été généreuse, l’an dernier.
    Après la sortie d’un livre on a souvent envie de s’enterrer, c’est ce que j’ai fait, les yeux ouverts et le stylo dans la poche. Pas forcément pour en faire un livre, il est venu tout seul.
    ‘Le métro est un sport collectif’ sortira la semaine prochaine, donc. 26 janvier.
    J’en causerai peut-être ici. Peut-être pas. Pour expliquer le lien avec ce blog? Ou seulement pour quelques anecdotes? Ou alors pas du tout, comme pour B.a.-ba?
    - Faudrait savoir, mec, me souffle un blogueur influent. Faut que t’en parles, évidemment, tweeter occuper le terrain créer le buzz, tout ça.
    Mouais.
    Laissons faire la nature, nous verrons bien.

  • Cher Parti Socialiste,

    Je viens de me désinscrire de ta liste de diffusion pour les présidentielles. J’imagine que tu t’en fous un peu, mais comme mon petit doigt me dit que je ne suis pas le seul, je voulais quand même te dire pourquoi.

    images?q=tbn:ANd9GcQrANzgqaQI99sSLaIGEppOtGRQRRUXiMEZiqsp2rYiSax-lC8jTu ne t’en souviens sûrement pas, mais on se connaît. C’était dans les années 90. J’avais entendu parler de toi, on s’était donné rendez-vous dans le XVe arrondissement, tu m’avais donné ta carte, tu avais même voulu me confier quelques micro-responsabilités parce que de dangereux gauchistes (les "poperénistes" ! ha ha) menaçaient de prendre le contrôle d’une section de ton mouvement de jeunes.

    J’ai fait campagne avec toi, j’ai participé à un de tes Congrès, et comme beaucoup tu m’as désespéré. Je dois reconnaître que tu m’as bien déniaisé, aussi. Je sais maintenant pourquoi Oui Oui ne sera jamais élu. Je sais que pour un homme de valeur il y aura toujours trois hommes d’appareil prêts à consacrer leurs soirées à lui savonner la planche. Grâce à toi je sais comment fonctionnent les réseaux – comment les ficelles tirées d’en haut finissent par déterminer le vote d’un petit groupe local. Je les ai vus, tes jeunes pousses, se jetant dans le combat d’une élection interne à venir, se soûlant de beaux discours sur la justice sociale en rêvant de l’emploi fictif qui les attendait à la Mnef si Machin était élu.
    La plupart t’ont quitté, depuis, parfois pour travailler dans des banques. Quelques-uns, rendons-leur hommage, ont fait honnêtement leur chemin : ils travaillent dans des mairies (au plus près du terrain, diraient tes communiquants) et forcent mon respect quand ils me racontent les situations qu’ils gèrent tous les jours, pragmatiques mais pas cyniques. D’autres, enfin, ont poursuivi sur la voie de leur vraie passion : les réseaux, et le pouvoir. Ou plutôt : les jeux de pouvoir, bien au chaud dans les salons vip, sans avoir à se tacher le costume à prendre des décisions ou à écouter des philosophes et autres responsables associatifs qui décidément ne comprennent rien aux calculs électoraux. On les retrouve dans les think tanks, ils déjeunent avec des lobbyistes qui parlent le même langage, et se placent dans l’état-major de leur champion pour la présidentielle. Ceux-là, quand je les ai connus, faisaient de la com parce qu’au fond ils ne connaissaient que ça ; et ils en font toujours, parce qu’ils ont fini par croire qu’il n’y a que ça qui compte. Pour les idées, bah : on lance des mots dans l’air du temps, on les regarde rebondir, on attend le dernier sondage et on écoute les Barbier et Joffrin commenter le creux de la campagne. Mais cela nous en parlerons plus tard – après tout on ne sait jamais, peut-être François aura-t-il vraiment des choses à nous proposer d’ici avril. Pour l’heure revenons donc à nos moutons, militants et sympathisants.

    FIAC 2010 (2).jpgPeu à peu, dans tes réunions, j’ai vu les mots se désincarner : on disait "service public" comme un mantra, parce qu’on avait besoin des voix des militants historiques, mais il n’y avait plus rien derrière, alors on a privatisé. On disait "les forces de progrès"' mais on ne savait pas trop quoi faire progresser. On écoutait Moscovici (mais pourquoi diable écouter Moscovici?) parler de la nécessité de rassembler, de faire barrage au FN, etc. Tu t’es remis au travail (oui, parfois tu empruntes ta rhétorique aux entraîneurs de foot) et tu as fini par pondre des Projets (ne mens pas, je les ai lus) qui ressemblaient à des disserts de Sciences-Po. Des incantations, tout ça, rien qu’on ne t’imagine vraiment faire si d’aventure tu revenais en responsabilité, comme tu dis si joliment désormais. Rien de très éloigné de ceux d’en face, non plus.

    Bref !
    J’ai déchiré ta carte depuis longtemps, mais comme tous les cinq j’avais le foll espoir que tu allais changer. Au moins un peu. Je suis allé voter aux Primaires, et me suis réinscrit à ta liste de diffusion.
    Alors dans ma boîte mail j’ai reçu ces messages, parfois deux par semaine :
    - Tous ensemble avec notre candidat
        - Nous rassembler pour gagner !
           - Un nouvel espoir à gauche
              - L’alternance, vite.
    Et tu voulais que je les ouvre ? Je te promets que j’aurais préféré d’austères messages techniques. Je ne les aurais peut-être pas plus lus, mais au moins je t’aurais respecté.

    Et puis, la semaine dernière, un nouveau mail. Le changement c’est maintenant. Je ne savais pas encore qu’il allait devenir le slogan de la campagne. Pour moi ce n’était qu’un message creux de plus. Dans un grognement j’ai cliqué sur "Se désinscrire". Puis quand même, par acquit de conscience, j’ai ouvert ta newsletter. Après tout, il se pouvait que derrière le vide du titre se cache un peu de réel. Mais non, bien sûr. Tu me proposais de "revivre une semaine de campagne" comme si tu étais Yves Calvi, et de regarder une vidéo "décalée" sur la TVA sociale, faite par des petits communiquants en roue libre rêvant de bosser pour Ardisson.
    J’ai confirmé la désinscription. Froidement, cette fois. Tu reviendras vers moi quand tu seras prêt à parler pour dire quelque chose.
    J’espère vraiment que ce moment arrivera.
    En attendant, pardonne-moi d’avoir été aussi long, si tu veux je me résume :

    Tu t’es converti aux sondages parce que tu ne croyais plus en grand’chose. Tu t’es vendu à ceux qui parlent bien parce que tu ne savais plus quoi faire. Peu à peu tu as fini par ne plus écouter qu’eux, à parler comme eux. Es-tu donc devenu aveugle à ce point pour ne pas te rendre compte qu’ils ne disent rien ?

     

  • L’art français de quoi, déjà ?

    images?q=tbn:ANd9GcRDyJ3Wa2Qh3np4b4bYeoNhcL-GyQh-VHBAot4xlwzEFTdm4udP0wLimonov, donc. Limonov ! Je ne sais pas si c’est le meilleur Carrère, de toute façon on n’est pas là pour comparer, mais c’est (encore) une réussite. Avec cet art de s’inviter comme personnage de ses livres, à la fois sans fausse pudeur mais toujours au service de son sujet. Et toujours la simplicité dans le récit, cette façon en quelques mots de faire vivre un type, une soirée, une époque – ici la Russie soviétique puis celle des oligarques, celle des soirées poésie, de l’underground moscovite et des prisons d’Etat.
    Je ne m’étends pas. Si vous avez lu du Carrère, vous lirez sans doute celui-la. Si vous n’en avez pas lu, vous en lirez un jour.

    Avec le recul, je me dis que c’est un bel hommage, finalement, que lui ont rendu les jurés du Goncourt en l’éliminant de leur dernière liste pour mieux sacrer Alexis Jenni et son titre parfait comme les dés l’avaient pipé dès le départ.
    Parce qu’on rigolera bien dans quelques années quand on se rappellera le lauréat – ou plutôt quand on essaiera de se rappeler, dis-donc, au fait, c’était qui, le Goncourt 2011 ?

    A propos de Jenni, quand même, un mot. J’ai lu les critiques sur le livre, dès le mois d’août : unanimes. Un chef d’œuvre, un miracle, n’en jetez plus. Maintenant je sais qu’il n’avaient lu que quelques pages. Là-dessus pas grand chose à dire, Gallimard fait bien son job, et les critiques officiels ne sont plus à ça près. Ce qui est amusant, c’est de voir que les quelques lecteurs du Jenni sont eux aussi unanimes : un départ magistral (Daguet gambadant aux côtés de Desert Storm, l’image est parfaite), puis un livre ennuyeux, parfois mal écrit, quelques passages bien sentis mais des longueurs à se demander où était l’éditeur, et une construction linéaire qui vous donne comme la permission de quitter le livre à tout moment. En moyenne, les lecteurs ont lâché le livre page 48. J’ai fait comme eux, picorant ensuite, ici et là, dénichant quelques pépites avant de l’abandonner définitivement.

    Au final, il reste une question toute bête :
    peut-on vraiment donner un prix à un livre qu’on ne finit pas ?
    (et je ne parle pas des jurés, ce sont des gens importants, ils avaient sans doute autre chose à faire que de lire Jenni jusqu’au bout ; non, je parle simplement des lecteurs)

    images?q=tbn:ANd9GcQ9SA6iNT9OGrIQ8QRzattS4ceHQUE1W1bWzmWW9HmDR63gGAXULa réponse n’est pas si simple. Parfois on ne finit pas un livre parce qu’on ne se sent pas à la hauteur : deux fois j’ai commencé Ferdydurke, deux fois j’ai admiré Gombrovicz, deux fois je l’ai rangé avant de le finir. Et un jour, je le sais, je le reprendrai du début. La même chose est peut-être arrivée à des lecteurs des Bienveillantes, ou d’Au-dessous du volcan (que je persiste à trouver illisible, mais j’en connais qui)... Mais un livre qu’on ne finit pas parce qu’il est chiant, hein ?

    Allez, bonnes lectures.

     
    PS 1 - de toutes les tribunes qui se publient chaque année pour dénoncer les prix littéraires, surprise, cette année il y en avait une de pertinente. Elle était signée Luis de Miranda :

    Les prix littéraires tuent car, chaque année, ces manigances élèvent au rang de best-seller une littérature parfois frelatée, sans dimension épique, sans réelle ambition stylistique, créative ou sociétale. Je ne compte plus les lecteurs qui m'avouent, entre la honte et la colère, avoir été déçus par l'achat d'un livre portant la mention "prix Goncourt", "Renaudot", ou autre. Puisque le budget littéraire moyen ne dépasse guère un ou deux livres contemporains par an, nous comprenons en partie pourquoi les éditeurs indépendants vivent une crise sans précédent : les prix littéraires sont en partie responsables du pourrissement du marché, en décevant trop souvent la candeur du lecteur.

     
    PS 2 – une heure hier matin dans la salle d’attente du centre des impôts d’un quartier populaire. Une trentaine de personnes. J’étais le seul avec un livre. Pas un roman, pas un journal, pas même un gratuit ou un Voici. Mes voisins auraient-ils pris un magazine s’il y en avait eu en vrac sur une table basse, comme chez le coiffeur? Je n’en suis même pas sûr. Prenons-le comme un fait brut : rue Riquet, à Paris, France, les contribuables préfèrent regarder leurs genoux.

  • Rester sage

    Ah, j’avais envie de l’aimer, ce livre de Rachid El-Daïf ! Las...
    Je vous en épargnerai la critique – disons seulement que l’écriture est bavarde et abuse des points d’exclamation, chez moi c’est éliminatoire. J’ai poursuivi, pourtant, porté par le souvenir de la belle jeune femme sur le quai. Pas pour moi, voilà tout. Pas grave.
    Alors j’ai refermé le livre comme vous refermeriez la porte d’une pièce où des gens parleraient trop fort sans vous regarder – Oh, excusez-moi, j’ai dû me tromper de salle

    1625600_6_fd97_couverture-de-l-ouvrage-d-arnaud-dudek-rester.jpgLe lendemain, je suis entré avec précaution dans le premier roman d’Arnaud Dudek, et aussitôt je m’y suis senti à l’aise. Arnaud Dudek ne crie jamais, il parle avec une voix posée. Il ne cherche pas la formule mais tombe souvent juste. Arnaud Dudek n’alourdit jamais ses phrases de points d’exclamation, il préfère peser ses mots, et laisser au lecteur de la place pour se projeter dans son histoire, sans oublier pour autant de lui réserver quelques surprises, souvent au détour d’une phrase, en passant avec légèreté d’un personnage à l’autre, du passé au présent.
    Le livre s’appelle Rester sage. On pourrait n’y voir qu’un roman du temps qui passe mais il y a bien plus que cela entre les lignes d’Arnaud Dudek, et certainement plus de fronde que dans beaucoup de romans qui portent leur rébellion en bandoulière.
    De quoi vous faire oublier tous les El-Daïf du paysage littéraire. De quoi me redonner l’envie de lire après deux mois sans goût. Limonov m’attend, j’y cours.

  • Un livre aux lèvres et le rouge aux joues

    Elle avait les cheveux bruns noués en chignon, un manteau de laine à fins carreaux, bas et bottines noires, et une classe qu’on trouve rarement sur ce quai-ci. A ses côtés, un homme au front dégarni, tête ronde et port droit, la quarantaine placide.
    Elle se tenait face à lui, légèrement de côté, les lèvres légèrement avancées comme si elle lui chuchotait un secret. Dans sa main droite, elle tenait un livre, déjà très corné, dont elle lisait le début comme on lirait une histoire à un enfant.

    Direction Porte d’Orléans, prochain train dans une minute.

    L’ado McDo qui me cachait du couple s’est avancé vers le quai. La femme a tourné une page ; à une dizaine de mètres d’eux je ne pouvais rien entendre, mais il n’y avait pas besoin de son pour sentir la fièvre dans sa voix, et le rouge qui lui montait aux joues. L’homme, lui, gardait les yeux rivés vers la bouche de la lectrice. Quand le métro est arrivé, elle a baissé le bras et levé les yeux vers l’homme. Ils ont échangé un sourire et leur opinion, je ne sais plus dans quel ordre.

    Je suis monté dans le même wagon. Ils parlaient du livre - c’était un Actes Sud, ils se reconnaissent facilement, mais pour en voir le titre il aurait fallu que je me contorsionne un peu trop impoliment. Alors pour une fois je l’ai jouée nature. Avant de descendre à Château Rouge, je leur ai demandé quel était le titre du livre. La femme m’en a montré la couverture.
    Qu’elle aille au diable, Meryl Streep! de Rachid El-Daïf.
    Je n’avais jamais entendu parler de l'auteur, et le titre n’allait pas du tout avec la scène et la ferveur de sa lectrice. Alors j’ai pensé que l’homme était peut-être Rachid El-Daïf lui-même.

    (...) Je viens de regarder, ce n’était pas lui.
    Reste le mystère, c’est encore plus beau.
    Maintenant je vous laisse, je vais chercher Meryl Streep chez mon libraire, je vous raconterai.

    En attendant, belle année à tous.

  • Cheveux courts, idées longues

    Ce que j’aime, chez mon coiffeur, c’est que quand il discute ce n’est pas avec moi mais avec ses copains qui ont l’air de passer la journée chez lui, comme au bled. En général la discussion est en arabe avec quelques mots de français mais hier, allez savoir, le français dominait. Un jeune gars que je n’avais jamais vu était assis près de l’entrée, dans le salon on comparait en riant les contrôles policiers du mois écoulé, on échangeait des tuyaux liés aux coutumes locales (les meilleurs magasins de vestes dans le coin, les soldes de janvier), on parlait du temps qui passe mais surtout du temps qu’il fait, ici et à la montagne. Parce que le jeune gars allait partir au ski pour la première fois, que c’était super mais qu’entre amis il pouvait bien leur dire qu’il avait un peu les chocottes. Puis tout le monde a parlé boutique, j’ai compris qu’il était apprenti dans un CFA en région et qu’il dormait là-bas, avec quinze autres jeunes (il l’a dit).
    - Et ça va, c’est pas trop le bordel ? a demandé le coiffeur en chef.

    Et déjà le coiffeur me présentait son miroir pour que je lui confirme que oui, derrière c’était très bien, kolo tamam, et c’était le moment de descendre du fauteuil. Hop hop hop, tondeuse ciseaux rasoir, quinze minutes. Des sourires une coupe parfaite les tempes désépaissies et le cerveau aéré, le tout pour 8 euros pourboire compris, j’ai pensé qu’il y a des gens qui vont chez Jean-Louis David et je les ai plaints.

     

    59114.jpegEt le soir aux Abbesses, au Tremplin Théâtre, Karim Tougui racontait Ma mère s’appelle Chantal. C’était intelligent, c’était malin, c’était bien joué, c’était drôle et ça vous ouvrait l’esprit, les clichés étaient restés à la porte, il n’y avait sur scène que du très singulier et du très universel. Le spectacle se prolonge en janvier, le mercredi soir.
    Bienvenue dans le xviii.

  • Tout le monde veut prendre sa place

    L’autre soir, une jeune femme enceinte qui traverse tous les jours Paris en sous-sol nous racontait les voyageurs qui laissent ou ne laissent pas leur place en la voyant monter en début de ligne.
    Globalement, le récit était assez peu flatteur pour la race humaine, mais les femmes (droit de vote: 1945) et les immigrés (droit de vote: en cours) s’en sortaient pas trop mal. Les félicitations du jury allaient aux petits combattants du quotidien qui jouent des coudes pour rafler la dernière place assise sous le nez de la future maman. Puis qui passent leur quart d’heure de trajet la tête basse, pour éviter les regards noirs de leurs voisins muets. Il y a décidément des gens qui savent bien commencer une journée.

    J’ai pensé à elle ce dimanche, dans le PC. Pour une fois il y avait peu de monde, même pas de poussette, et j’avais trouvé une place assise. Porte Montmartre sont montés trois papis, la soixantaine est-européenne, avec des barbes grises taillées en père Noël (un job saisonnier comme ça, ça se prépare longtemps à l'avance). L’un d’entre eux avait une béquille. Je me suis levé pour lui laisser la place : j’ai à peine eu le temps de croiser son regard qu’un fringant quadra s’était déjà faufilé pour s'installer avec sa grille de sudoku. Sur sa parka de winner, on pouvait lire "Moët & Chandon".
    Joyeux Noël, les papis.

  • Carte postale d'Oslo

    oslo-city-hall-and-statue_11918_600x450.jpgLa première chose qui vous frappera, en descendant sur Oslo vers 15h30, c’est la nuit déjà tombée sur l’Est, tandis que les hublots Ouest se teintent encore d’une lumière orangée.
    La deuxième chose que vous noterez, c’est le prix des transports en commun. Qui ne sera jamais qu’un avant-goût du prix de la pinte, et du reste.

    Mais si vous prenez la ligne 1 du métro, vous ne tardez pas à monter dans la forêt au milieu de cabanes huppées. Une vingtaine de minutes plus tard, vous voici au terminus – Frognersteren. Vos voisins sortent leurs vélos ; de l’autre côté de la voie, vous notez les casiers à ski. La piste commence ici. Vous préférerez descendre la roche sur quelques mètres pour accéder au belvédère, où le fjord d’Oslo se livre à vous : ses îles, sa forteresse, ses quais, et les mouettes silencieuses.
    Sur le chemin du retour vous observerez les lacs, les collines, les sapins qui attendent la neige. Puis le soleil qui se couche lentement sur le fjord. Il est 15h18. La nuit s’annonce longue.

  • Une nouvelle espérance pour la France

    Hervé Morin est candidat à la présidence de la République.

    enfin.

    (Sinon, L'exercice de l'Etat est toujours en salles. L'histoire d'un ministre qui pour un instant se croit intouchable. Enfin un film qui réussit à parler de politique. Comme quoi, on progresse.)