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Second Flore - Page 56

  • Carte postale de Budapest

    Budapest.jpgA Vienne j’étais un Autrichien. A peine 250 km plus loin, je pourrais aussi bien être un Hongrois, hein, mais non. D’abord, on se sent moins chez soi quand la ville entière parle une langue impénétrable. Ensuite, le Danube s'est élargi, mon sourire aussi. Et dans la rue on ne m’interpelle plus pour demander son chemin, quand j'arrive quelque part on me salue en disant Hello! même quand je ne porte pas mon uniforme de touriste. 250 kilomètres.
    Merde, je dois vraiment être un Autrichien alors.

    En vignette de la carte postale : une petite rue tranquille, baignée par le soleil. Des salons de thé, des coiffeurs, des petites cours intérieures. Et puis soudain, une enseigne qui claque : Police Shop. A l’intérieur, des voitures de police miniature, des insignes, un mégaphone, des couteaux, des bombes lacrymo… Comme un indice de la ville qui échappe au touriste.
    Et puis, non loin, une librairie. (à suivre...)

     

  • Dans mes bras, Vladimir !

    "Teachers of Literature are apt to think up such problems as “What is the author’s purpose?” or still worse "What is the guy trying to say ?"…
    Now I happen to be the kind of author who in starting to work on a book has no other purpose than to get rid of that book."

    (V. Nabokov, post-face à l’édition américaine de Lolita, 1956)

  • A la bonne heure (Vienne, 3)

    Question du jour (vous avez 3 minutes) :
    Comment prendre son temps quand on vous donne toujours l’heure ?

    ecran-horloge.jpgEn vacances, pas de montre, pas de téléphone. C’est le soleil qui donne l’heure. (Et puis on s’en fout, de l’heure qu’il est). Ou alors, parfois, c’est l’heure qui vient à vous. Je me souviens, à Francfort, ville de finance, il y avait des horloges partout, parce que time is money. Et des horloges à cristaux liquides, s’il vous plaît, où l’affichage des chiffres donne l’illusion d’une progression continue quand la bonne vieille pendule, elle, nous rappelle bien que le temps n’est que cycles.
    Mais rien de tout ça à Vienne. La finance n’a pas encore gagné. Cette ville ne vous donne jamais l’heure.

    En rentrant, je me suis demandé si Paris était une de ces villes qui vous laisse le temps. Je n’arrive pas à trancher. Mais ça ne change rien, parce qu’à Paris, allez savoir pourquoi, je sais toujours l’heure exacte. C’est bien pour ça qu’il faut s’échapper, de temps en temps.

  • Carte postale de Vienne (2)

    A Vienne, la Pute se consomme nature, lis-je.
    - Qu’appelez-vous Pute, au juste ? je demande à la jolie blonde qui s’amène vers moi avec une grande brune.
    - Ben… C’est une dinde, me dit-elle.

    Dix minutes plus tard, ma dinde arrive, énorme, savamment panée (curieuse conception de la nature), avec une triple portion de frites.
    Heureusement que la brune était bonne.

  • Carte postale de Vienne (1)

    A Paris il fait 5°, disait le journal, ici il en fait une petite vingtaine quand je sors du musée Léopold. Schiele, le Jugendstyl, Klimt et la Sécession, quelques bastons artistiques bien mises en scène – j’ai traversé le musée comme si tout ça s’était passé à Paris, au fond je me sens chez moi en Europe.
    Et une nouvelle fois je me dis qu’un jour il faudra que j’entreprenne un voyage projet à la Geert Mak – quand tu seras grand, petit (ou quand tu voudras le devenir).
    Dans le Burggarten, je me sens tout aussi chez moi. Vienne laisse peu de place au bordel mais c’est ici que sont nés certains des courants artistiques les plus créatifs. Ce serait pas mal que ce soit pareil dans ma tête, tiens.

    Quelques mètres plus tard je me retrouve place Albertine, le nez au vent, à deux pas de l’Office de tourisme. Un sexagénaire m’interpelle en allemand pour me demander leur chemin. Bizarre. Deux minutes plus tard, une jeune femme vient me demander où est la bibliothèque. En Allemand, elle aussi, comme si elle venait de Salzbourg et pensait qu’un vrai Viennois pourrait la sauver.
    Damned, je suis un Autrichien.

     

  • Les Autrichiens sont disciplinés

    , nous dit-on. Voire. Devant moi, à Roissy, un Viennois a tenté de passer en douce un tube entier de dentifrice sans l'avoir dûment enveloppé dans un sachet plastique refermable.
    Heureusement, un fin limier d'ADP s'est rendu compte in extremis du danger.
    Ouf.
    On vit dangereusement, quand même.

    Bon, allez, tout ça pour vous dire salut que j'ai rapporté pas mal de cartes postales - je les ai achetées par paquets de dix. Je les enverrai au compte-goutte, qu'on ait un peu l'impression de prolonger le voyage. Peut-être jusqu'à Noël, tiens. Et d'ici là...

  • Paris, Budapest, Berlin

    J’ai écrit Hors jeu dans plein d’endroits, mais il est deux villes qui ont joué un rôle important – deux villes où je suis parti alors que le roman était bloqué, et qui ont su relancer l’écriture.
    La première fois, j’étais parti sur un coup de tête en Belgique. Quelques aventures à Charleroi en guise de gymnastique, et les bars de Namur, où les serveuses sont aussi jolies que les bières d’abbaye, avaient accouché de cette idée de zone non frimeurs à partir de laquelle le livre devient correct qui m’avait ouvert tout plein de portes nouvelles. Un an plus tard, c’est à Mexico, au milieu des étudiants, que j’avais débloqué toute la fin du livre.
    Un moment j’avais caressé l’idée de mettre leur nom, à ces deux villes, en fin de livre. "Paris, Namur, Mexico – 2003-2007", ça aurait pu en jeter. Mais bon.

    Pour Truc N°2, trois villes ont déjà joué un rôle de déblocage (ça bloque beaucoup, oui). Mais "Paris, Hardelot, Sarreguemines", bizarrement, ça donne moins envie.
    Alors on va repartir, mon cahier et moi, un peu plus loin pour prendre un peu d’élan. Vers l’Est, bien sûr, parce qu’il faut toujours du nouveau.
    Bref tout ça pour dire que, fragile ou non, je me casse. Je vous enverrai peut-être une ou deux cartes postales. Peut-être pas.
    A bientôt.

  • Montecore, donc

    9782268065076FS.gifSi on voulait écrire un roman sensible sur l’immigration française des années 60-70 et les conflits entre la première et la deuxième génération sur fond de montée du racisme, il faudrait sans doute délocaliser l’action pour éviter de prêter le flanc à une critique politiquement idiote d'être étiqueté "témoignage"®. Pour faciliter l’universalité du propos, surtout . On pourrait situer l’action en Suède, par exemple, pour accentuer le contraste avec les grands blonds locaux.

    Ça tombe bien, un tel livre vient écrit par un Suédois.
    Montecore, un tigre unique, donc.
    Un titre un peu étrange, un livre un peu unique, un joli crescendo, une réussite.

    (Pour plus de détails, on en cause ici, … et dans pas mal d’autres endroits, d’ailleurs. Tant mieux)