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Second Flore - Page 62

  • Fruits et légumes

    Dans la jolie barquette en plastique, les fraises avaient l’air jolies. Mais une fois mangée la grosse tentante sur le dessus sont apparus les premiers poils. Il n’y en avait qu’une, toute grise, qui avait pris sur elle toute la pourriture du lot. Celles d’à côté commençaient à être gâtées aussi, on sentait qu’elles résistaient pour que celles du dessus survivent jusqu’à une bouche avide.
    La nature favorise donc les sombres de la grande distribution. Adam Smith aurait adoré. Triste constat.
    J’ai repensé à ce frigo post-ado où deux citrons achetés ensemble avaient été oubliés, longtemps, jusqu’à ce que le proprio du frigo, sans doute alerté par un petit fumet acide, les découvre un jour, serrés l’un contre l’autre.
    L'un d’eux était vert-gris, tout rabougri ; l’autre à côté était encore bien jaune, préservé par son copain. La nature est incroyable.

    ***

    Quelques minutes après avoir jeté la barquette de fraises à la gueule du capitalisme sournois dans le vide-ordures, j’étais de retour en sous-sol. Sur la banquette d’une baignoire chauffée de la ligne 7. Au fond, un cadrounet déguisé bien comme il faut, gueule et veste grises, cravate rose pâle, i-pod aux oreilles, on aurait pu lui épingler une pancarte "Hors service".
    Face à lui, deux paires de jambes étendues, gainées de jeans moulants délavés dépassés tombant sur des baskets à dix balles. Une gueule cassée, la cinquantaine burinée, faciès émacié assorti à la crasse du jean. A côté de lui, sa fille, du genre qu’on ne remarque pas mais qui baignée dans un VIe arrondissement passerait vite pour jolie.
    Les jambes se replient, je m’installe, la jeune fille regarde distraitement la couverture jeune et polie de Standard, puis revient à son père.

    - ça fait longtemps qu’on n’a pas été comme ça, tous les deux…
    Il a du mal à enchaîner mais on sent qu’il fait des efforts – pas autant qu’elle, toutefois, racontant la vie avec la mère, le beau-père, tout ça…
    - Et toi, au fait, ça va ? Ta journée, ça a été ? (c’est la fille qui parle)
    - Ouais... Tranquille...
    - T’as fait quoi.
    - Oh, des trucs. (Il se redresse). J’ai vidé ma boîte mail, par exemple. Parce que c’est dingue, chaque fois que tu fais un tric sur e-bay, t’as un mail, alors fallait…
    Dans le film que je tournais en parallèle, la fille se rend bien compte que son père coule, c’est peut-être vrai d’ailleurs mais l’important c’est qu’elle ne veut pas le voir, alors elle tourne la tête, vise une affiche sur le quai et le coupe, enthousiaste.
    - Regarde, un truc sur les Stones !
    - Ah ouais, les Stones. Je me souv...
    - C’est un film. On ira, dis ?

    Et la vie continue jusqu’à l’arrêt suivant, où ils descendront ensemble, le père s’embrouillant dans les correspondances. A ma droite le jeune costard n’était déjà plus là, on ne l’avait pas vu sortir.
    Elle était presque jolie, vraiment.

    (Aucun rapport entre les deux histoires, bien sûr. (Vous n’avez pas honte ?)
    Ou alors... Mais vraiment, vous avez l'esprit tordu…
    Mais qui était le fruit pourri dans la barquette ? Franchement, je sais pas.)

  • Modèle Standard

    blog_couv18.pngOn m’avait dit que le prochain Standard parlerait de Sabotage et de détournements modernes du pouvoir. Alors j’ai attendu.
    Hier au kiosque, je l’ai trouvé. C’était bien le thème, mais avec ce titre étonnant : « Jeunes et polis ». Alors j’ai acheté.
    Ils appellent ça la subversion de l’intérieur. Un caméléon félon est plus efficace qu’un éléphant rose intelligent, proclame l’édito. Alors j’ai dit oui, et j’ai lu.

    Faut dire qu’il y a des choses à lire, dans Standard. Avec le plaisir de découvrir des choses nouvelles sans qu’on nous balance de la tendance à toutes les pages (On y interroge aussi un rédac’chef de Technicarte… et ici, il dit des choses intéressantes. Si ça, c'est pas de la subversion...).
    Avec le plaisir aussi d’entendre dire tout haut ce qu’on pense, ben... tout haut aussi, mais moins bien – par exemple que 2008 ressemble bien plus à 1848 qu’à 1968, ou que sous couvert d’une subversion en toc ce sont bien les valeurs de la bourgeoisie qui triomphent aujourd’hui.

    Le seul problème, avec Standard, c’est l’impression verticale qu’ils ont choisie pour leurs pages "remue-méninges". Peut-être pour prendre un peu de hauteur (juste ce qu’il faut) par rapport au flot quotidien. Peut-être aussi parce qu’on y donne la parole à des gens qui ont le verbe haut (Gilles Clément, Noël Godin, Alex D. Jestaire…). Mais franchement, les gars, c’est pas pratique du tout pour lire dans son bain. Voilà, c'est dit. Mais c’est très bien pour lire dans son lit.

    J’y reviendrai, sans doute, d’ailleurs je n’ai pas fini ma lecture, j’arrive au cahier Mode. Car oui, il y a des pages mode et même beauté - je dis ça pour les innombrables fashion victims qui passent ici chaque jour en quête de conseils beauté (intérieure). Elles me diront ce qu’elles en pensent.

    Je saute toujours allègrement les pages mode des magazines (je dis ça alors qu’en vérité, c’est sans doute la mode qui me passe au-dessus, mais passons).
    Cela dit, l’intérêt de Standard, c’est qu’il ne cherche pas vraiment à être à la mode. Du coup, ça ne m’étonnerait pas qu’il le soit.

     

    EDIT - à propos de jeunes et polis, voir les malins de la Cellule Françafrique...

     

  • Une femme à Berlin

    1924285668.jpg… Mais pas n’importe quelle femme, puisqu’elle a tenu à rester anonyme.
    Pas n’importe quand, surtout, puisque ce journal démarre en avril 45 pour se terminer deux mois plus tard.
    Petit rappel pour situer le décor : en avril 45, les Berlinois se terrent dans les caves, pris dans une tenaille verticale entre les alliés dans les airs (doctrine anglaise : faire un maximum de victimes civiles pour hâter la capitulation) et les Russes au sol, bien décidés à violer tout ce qui bouge pour se venger des atrocités des SS et tirer leur coup comme des gros bourrins.
    Sans recul (et surtout sans la pose complaisante des documents écrits après coup), ce journal décrit au jour le jour une expérience humaine limite. La première partie concentre ce qu’on peut imaginer de pire : la famine, les pillages, "l’épidémie de viols", la peur, les mesquineries, ces officiers russes dont on accepte les saillies pour éviter celles de leurs hommes. Et malgré ça, le blindage :

    "Quelles que soient les formules ou les bannières auxquelles les peuples se rallient, quels que soient les dieux auxquels ils croient ou leur pouvoir d’achat : la somme des larmes est constante. Les populations gâtées se vautrent dans la satiété. Ceux auxquels le sort a infligé un excès de souffrances, comme nous aujourd’hui, ne peuvent s’en sortir qu’en se blindant. Sinon, j’en viendrais à pleurer jour et nuit. Or, je le fais tout aussi peu que les autres."

    (C’est l’un des quelques passages où l’auteur prend de la distance. La plupart du temps, c’est plutôt Youpi j’ai pu me faire une soupe d’orties, jusqu’à ce : "Moi-même, j’attends le moment où pour la première fois j’ôterai le pain de la bouche d’un plus faible." Et deux pages plus loin, pourtant, une ouvrière qui donne son pain à un prisonnier affamé)

    La deuxième partie, une fois la paix revenue, est plus fascinante encore – une fascination plus raisonnée, de voir comment dans des ruines (celles des habitants comme des bâtiments) la vie reprend finalement très vite, comme un miracle : les rues qu’on déblaie, les cartes d’alimentation, l’eau qui revient, l’électricité aussi et avec elle la distance entre voisins, l’organisation, les journaux qu’on punaise dans les rues, le premier tramway qui passe, un avenir qui commence à se dessiner…
    … Et un livre qui se finit trop tôt, mais c’est ça aussi, la vraie vie. Et les bons livres.

    - Dis-donc, t’as des lectures marrantes, toi, en ce moment !
    - Peut-être... C’est pour mieux être joyeux à l’extérieur.
    - Ah ! OK. A bientôt alors ?
    - A bientôt

  • 15000 – 15000 = 06…

    Il y a des jours comme ça, des lendemains d’une très bonne soirée au mauvais vin blanc, par exemple, où l’on sent qu’on pourrait très bien ne rien faire. Pour se donner bonne conscience, on repense à ces journées de salarié qu’on pouvait perdre en réunions, ou à éteindre en dix heures des incendies allumés au matin pour mieux recommencer le lendemain…
    On se dit ça en allant chercher mollement, en pantoufles, son courrier du matin. Et là, dans la boîte aux lettres, l’incendie. Du genre qui commence par une douche froide pour mieux brûler ensuite. Ainsi donc, sous une noble en-tête, l’organisme X ne s’embarrassait pas de Madame, Monsieur pour me signaler tranquillement que le montant à payer pour 2008 était de… 15 000 euros. A régler au plus tard le 15 avril, bien sûr.

    Le temps d’évacuer une petite suée et la course commence, donc, pour tenter de comprendre comment pourquoi qui et surtout comment faire pour ne pas. Je vous passe les détails (Vous z’êtes bien t’au siège de l’organisme X – tût, tût, etc.) – finalement me voici en milieu d’après-midi, en personne au siège de l’organisme X, dans mon costume de petit garçon pas doué sollicitant la compréhension de la dame-à-l’ordinateur.
    La dame est gentille et son langage aussi confus que technique. Je comprends assez vite l’essentiel – que des 15 000 euros je peux me contenter de ne payer que les trois zéros de la fin. La dame m’explique aussi comment se passeront nos relations à l’avenir. Elle m’explique trois fois, d’ordinaire je comprends ce qu’on me dit mais là non, je suis comme le cancre qu’un prof de maths indulgent a appelé au tableau : l’élève joue le porte-craie, il tente maladroitement de suivre tandis que le professeur fait l’exercice à sa place, et quand l’indulgent barbu demande « tu as compris ? », il dit « oui » en sachant qu’il n’en est rien mais c’est pas grave, il sait que ce coup-ci au moins il aura la moyenne. (mention spéciale : la dame gentille qui me dicte jusqu’à la formule de politesse de la lettre de demande de remise gracieuse qu’elle me propose de lui écrire)

    Vers 16 heures, donc, je sors du siège de l’organisme X, au fond rien n’a changé depuis que je suis sorti de mon lit hormis cette petite aventure, il aurait parfaitement pu ne rien se passer, je me dis, mais bon, 15 000 – 15 000 = la tête à toto, et c’est déjà un peu mieux que zéro.

    *** 

    Sur le trajet du retour, le métro file vers le Nord à l’heure de la sortie des lycées. Face à mon strapontin s’installent trois beurettes du genre mignonnettes, elles n’ont pas le code vestimentaire du cool de banlieue populaire mais elles en ont l’accent, elles s’apostrophent avec ce ton qu’au départ je prends pour de l’agressivité et qui n’est que de la vie qui déborde.
    - Z’y va mate là y’a trois places !
    Elles se lèvent, pouffent ensemble et vont s’asseoir derrière moi. Rapidement je comprends qu’elles ne sont pas seules :
    - Ah non mais faut pas te sentir gêné, hein !
    - Sur ma vie, on t’a vu toutes les trois ensemble
    - Allez, vas-y, file-nous ton 06 !
    Le dialogue se poursuit un peu, mais je sens dans mon dos qu’on se lève. Et c’est un jeune cadre en cravate, tout sourire, qui salue les demoiselles en partant. Je le regarde, je me retourne, je croise un regard revêche.
    - Bon, ben tu vas nous filer le tien, de 06 alors ! me lance Naima, et je comprends bien que je ne compte pas (d’ailleurs j’aime déjà), que c’est sa façon de dire aux copines « j’ai osé », qu’il se joue des trucs importants qui me dépassent. J’ai à peine le temps de penser à la façon dont je vais jouer le jeu qu’un autre cri déchire le wagon – Eh les filles, c’est pas la bonne direction !
    Et les voilà sur le quai, direction Gare du Nord tandis que déjà la rame repart vers le terminus.

    En remontant les escaliers je caresse l’idée d’un livre qui s’appellerait Porte de Clignancourt, et l’idée sourit sous la caresse.

  • Je suis un dieu vivant

    Ecrire n’est pas une question de temps. C’est une question d’énergie. Une énergie qu’on puise en soi, chez les autres, au bout du monde ou au coin de la rue, et parfois dans des livres.
    Hors jeu
    devait beaucoup à la lecture de Ravalec, Jaenada et Gran – le genre de lectures énergisantes, qui donnaient envie de transformer légèrement le réel pour mieux en sourire. De passer du café du commerce avec formules et points-virgules à une création, une vraie, bonne ou pas ce n’est pas la question, l’important est de dominer ce qu’on fait. D’être un dieu vivant avec son petit monde au bout du crayon. Et depuis… pas grand’chose. De très belles lectures, c’est sûr, mais rien qui ne vienne titiller l’envie.

    84626100632860M.gifAprès quelques mois de sécheresse un peu bougonne, je remercie donc Julien Blanc-Gras. Comment devenir un dieu vivant m’a redonné une pêche de printemps. Et l’envie, surtout, de transformer quelques petits élans de râleur rabougri en micro-fiction. Avec un plaisir d’écrire qui me fuyait depuis longtemps.
    Et en attendant d’en faire profiter Roman #2 (oui je rêve toujours de l’élan qui soudain emportera tout et me fera terminer le livre d’une traite, où tout ce que j’ai pu imaginer autour de cette histoire se transforme en vague arrachant tout sur son passage, où tel un dieu connu je prendrais sept jours pour… Bon, d’accord, pas maintenant, je vais faire un peu de ménage)… En attendant d’en faire profiter Roman #2, donc, le plaisir est revenu.
    Le résultat est là.

  • Le Cercle n'était pas fermé

    HAENEL%2520Yannick%2520COUV%2520Cercle.jpgDe loin, on ne voit à travers la foule qu'une veste et un visage un peu fatigués derrière une pile de livres.
    En s'approchant, on ne voit plus que ces yeux bleus-verts, des yeux lumineux et vivants où l'on retrouve tout l'élan de liberté qui fait la force de ce Cercle.

    Ensuite il y aura une conversation tout en retenue, deux lecteurs et un auteur, émotion pudique des deux côtés. Une petite dédicace, un au-revoir discret. De toute façon, il reste le livre.

    A un moment, j’ai entendu une voix. Je me suis retourné. De l’autre côté de la rue, il y avait une statue : c’était Karl Marx - Karl Marx lui même. De loin, il ressemble à Zeus. Peut-être ça explique les paroles : un dieu c’est éternel, ça ne meurt pas, ça parle à travers le temps. Au fond, peut-être que Marx lui-même n’a jamais cessé de parler ; ce sont les vivants qui ont cessé de l’écouter.
    (…)
    A voix haute il a dit que lorsqu’une civilisation se démet de ses capacités symboliques, le calcul multiplie les siennes et rafle la mise. L’argent, dit Marx, occupe toutes les places ; rien n’occupe si rapidement une place laissée libre. Ainsi, le monde qui se défait de son grand récit est-il aussitôt livré à la mise à sac. Celle-ci devient permanente – elle s’installe. Quand plus rien ne s’écrit, c’est que le récit est entièrement remplacé. Alors, dit Marx, l’oubli a beaucoup d’avenir.
    Ce que j’aime, chez lui, c’est qu’il ne s’indigne pas. L’indignation n’est souvent qu’un alibi au renoncement. Les grandes gueules croient ainsi donner le change. Mais une gueule, qu’elle soit petite ou grande, n’a rien à voir avec une tête.
    (…)
    Je me suis dit : ce soir, au téléphone, je dirai cela à Anna-Livia, je lui dirai pour les têtes magnifiques, pour le rhinocéros, et pour Karl Marx. Je lui citerai la phrase de Marx, je lui parlerai de la vie nouvelle.

    Yannick Haenel, Cercle (pp. 360-361)

    (Dédicace private : « La "vie nouvelle", je la vivais. La "vie nouvelle", une fois qu’on y est entré, on n’en sort plus jamais. Même si l’on traverse une mauvaise passe, personne ne peut vous en dépouiller. Car ce qui s’ouvre avec la "vie nouvelle" ressemble au savoir que vous offre l’illumination. Personne ne peut vous dépouiller d’une illumination. Si vous êtes illuminé, l’enfer ne peut rien contre vous - vous le traversez. »)

     

     

  • Le monde n'est pas une marchandise

    qu'il disait, l'ami José.
    Bien sûr que non.
    Le monde n'est pas une marchandise, c'est un grand magasin.

    ... je pensais l'autre soir, en subissant pour une fois le jité de France 2 et le vide dans les yeux de son lecteur de prompteur (ils les élèvent en batterie, je crois - la semaine dernière j'avais vu une autre tête, même vide, les traits n'avaient rien à voir et pourtant on les aurait jurés jumeaux).

    Je me suis dit qu'un jour il faudrait que je regarde la télé deux heures d'affilée, vers 13 ou 20h, pour faire le compte de tout ce qu'on peut nous vendre en 120 minutes : des produits, des gens, des marques, des idées, des valeurs - il doit y en avoir des trucs, dans le Grand Magasin.
    Enfin, ça je me le suis redit, parce que l'idée m'est venue il y a assez longtemps, en fait, mais je vous le dis pour accroître mes chances de le faire vraiment... Avec une seule contrainte : qu'on puisse en rire plus qu'en pleurer.

    (Tiens, au fait, je me souviens de la tête qu'il avait, ce journaliste présentateur: une tête de gondole.)

    (NB - le clou de ce jt de samedi : un "reportage" sur le au Salion du livre, où le journaliste reporter type de France 2 tente d'interviewer Anna Gavalda en pleine séance de dédicace sur le stand du Dilettante. Anna Gavalda a bien précisé qu'elle ne donnerait pas d'interview pour sa Consolante - c'est tout à son honneur. Du coup les journalistes s'affolent ; "Vraie naïveté ou plan marketing ?" Voilà bien la seule question qui intéressait Canal+ et France2 samedi. Passionnante question. Qui vaut bien d'aller foutre son micro sous le nez de Gavakda en pline dédicace, alors qu'une bonne centaine de personnes font la queue depuis longtemps pour la voir. "Vous me dérangez, là", répète l'auteur, (très) agacée. Vous auriez pu être plus méchante, Anna. Bravo.)

  • Tiens, salut, ça va ?

    - Dis-donc, gars, on te voit plus trop par ici
    - C'est vrai. C'est que je passe un peu trop de temps chez moi, devant mon ordi.
    - Ben justement! Facile de nous poster un petit billet, alors. Tu sais qu'on prend vite nos petites habitudes, nous, hein.
    - Euh... Mais tu t'en fous de ma vie, non ?
    - Ah non !
    - Ah si.
    - Bon. Admettons. Et alors ?
    - Alors attends un peu que je sorte de là. C'est quand même plus intéressant de regarder le monde dehors pour écrire, non ?
    - Ca se tient. Mais qu'est-ce que t'attends pour sortir, alors ?
    - Ah! En voilà, une vraie bonne question!
    - A bientôt, alors ?
    - A bientôt.
    - Bon, ben... salut. Tu salueras la rue pour moi.